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- Le Sarcophage

Cette tombe est un vieux et lourd sarcophage datant du (IVème siècle) en marbre qui se trouve à l'air libre dans une courette, au bas d'un mur d'une douzaine de mètre de haut, la cour n'est pas fermée du coté Nord et donne sur une place. Le sarcophage est fait de marbre bleu de Céret, taillé et sculpté d'un X entouré d'un cercle signifiant Iesous Chrestos Jésus Christ. Il mesure 1m,88 à la base et s'évase jusqu'à 1m,92 sur 50 centimètres de large au plus mince à 0m,65 au plus large. Il est posé sur 2 cales de 40 centimètres de côté. Le couvercle de ce sarcophage est aussi épais que les parois, environ 15 centimètres, et repose d'une façon imparfaite sur ces dernières. On peut même glisser les doigts dans l'interstice en plusieurs endroits. Le sarcophage ne repose pas directement sur le sol mais par l'intermédiaire de 2 blocs de marbre. Au dessus on trouve un gisant incrusté dans le mur. C'est celui de Guillaume de Gaucelme, Seigneur du Teillet, qui légua sa fortune à l'abbaye à sa mort le 10 Avril (†1211). Cette sculpture est attribuée à Ramon de Bianya, sculpteur au début du (XIVème siècle), qui a signé 2 gisants dans le cloître d’Elne.

Le phénomène miraculeux présenté par ce sarcophage est le suivant, Chaque jour, il semble se rassembler à l'intérieur du dit sarcophage une quantité d'eau assez importante, de l'ordre d'1 litre en moyenne, quasiment pure et à laquelle on attribue des qualités curatives. On peut puiser l'eau par un petit trou situé sur un des petits côtés, à la jointure du sarcophage et de son couvercle, trou par lequel une petite pompe à siphon est introduite. Il arrive que le sarcophage déborde. La production aurait même atteint quelquefois 800 litres par an. Il n'y a apparemment aucune supercherie, aucune tuyauterie, aucun remplissage extérieur.

- Légende

Tout aurait commencé à une époque indéfinie, alors qu’Arles sur Tech était en proie à la fois à la peste, à des catastrophes naturelles et à des animaux féroces appelés simiots. Ces animaux ont sans doute été représentés de part et d'autre de l'archivolte du portail de l'église Abbatiale d'Arles. Ce seraient des singes monstrueux, en catalan "simi singe" qui auraient peuplé aux temps païens les forêts montagneuses des Pyrénées, notamment en Vallespir. Certains prétendent que ce serait des singes lutins, sortes d'elfes très maléfiques. Afin d'en finir avec cette série de catastrophes, l'abbé Arnulphe décide de partir pour Rome, et d'y obtenir quelque secours du Pape. La suite nous est racontée par Prosper Mérimée. Notes d'un voyage dans le Midi de la France, (1835).

Il faut savoir qu'autrefois, je ne saurais dire précisément à quelle époque le territoire d'Arles fut infesté d'une grande quantité de bêtes feroces, "lions, dragons, ours", qui mangeaient les bestiaux et les hommes. La peste vint encore ajouter aux maux qui affligeaient la contrée. Un Saint homme nommé Arnulphe, résolut d'aller chercher des reliques à Rome pour guérir l'épidémie et chasser les animaux féroces. Pendant longtemps ce fut l'unique remède dans toutes les calamités. Arrivé à Rome, Arnulphe exposa au Saint Père la misère de ses concitoyens et lui présenta sa requête. Le pape, touché de compassion, l'accueillit avec bonté, et lui permit de choisir parmi les reliques conservées à Rome, exceptant toutefois celles de St Pierre et d’un certain nombre de Saints, dont il eût été imprudent de se dessaisir. Arnulphe était embarrassé pour se décider, après avoir passé tout un jour en prières, il s'endormit et eut un songe dans lequel 2 jeunes hommes lui apparurent:

"Nous sommes, dirent-ils, "Abdon et Sennen", Saints tous 2. De notre vivant, nous étions Princes. La Perse est notre patrie. Nous avons été martyrisés à Rome, et nos corps sont enterrés en tel lieu, exhume les et porte les dans ton pays, ils feront cesser les maux qui l'affligent."

Le lendemain, Arnulphe, accompagné d'une grande foule du peuple, et suivi de travailleurs pourvus d'instruments convenables, fit fouiller l'endroit indiqué. On trouva bientôt les corps des 2 jeunes gens, parfaitement conservés, reconnaissables pour Saints à l'odeur. Il les exhuma en grande pompe, et se disposa à les emporter. Arnulphe était un homme prudent, il pensa que, pendant le long voyage qu'il avait à faire pour retourner dans son pays, il pouvait trouver bien des gens qui voudraient s'approprier le trésor qu'il portait, car on se faisait peu de scrupule alors de s'emparer, même par force, des reliques de vertus bien constatées. Pour détourner les soupçons, il mit ses Saints dans un tonneau enfermé dans un autre beaucoup plus grand, qu'il remplit d'eau. Dès qu'il fut en mer, les matelots firent un trou au tonneau, croyant qu'il contenait du vin, mais, s'étant aperçus qu'il n'y avait que de l'eau, ils ne poussèrent pas plus loin leurs recherches. Je passe rapidement sur les événements du voyage, tempêtes apaisées, vents favorables et le reste. Arnulphe, débarque à Reuss avec ses reliques en double futaille, entendit toutes les cloches sonner d'elles mêmes et se garda bien d'expliquer la cause de la merveille.

Le chemin de Reuss à Arles était alors extrêmement mauvais et praticable seulement pour les mulets. Le tonneau est donc chargé sur un mulet, et le Saint homme, avec un guide, se met en route. Dans un sentier dangereux, bordé d'affreux précipices, le muletier, homme grossier et brutal, crut qu'il fallait donner du courage à sa bête et lâche un gros juron. Soudain, le mulet tombe dans le précipice et disparaît. On juge du désespoir d'Arnulphe. Retrouver le mulet était impossible, retourner à Rome en quête d'autres reliques ne l'était pas moins. Il prit le parti de poursuivre sa route et de rentrer dans sa ville natale. Quelle est sa surprise et sa joie en rentrant à Arles, d'entendre sonner les cloches et de voir, sur la place de l'église, tout le peuple à genoux entourant le mulet et son tonneau qui avait déjà opéré la guérison des pestiférés et fait déguerpir les lions et autres bêtes féroces. Il tira d'abord les Saints de leur tonneau et quant à l'eau, il la versa bonnement dans un tombeau vide pour s'en débarrasser, où un lépreux, qui vint s'y laver fut guéri dans l'instant. D'autres malades vinrent bientôt constater la vertu de cette eau miraculeuse.

- Les hypothèses

Mystère irrésolu comme l'a prétendu l'émission Mystères dans son tout 1er numéro diffusé le 8 Juillet (1992) sur "TF 1 ?". Emission qui a présenté l'enquête faite il y a une (trentaine) d'années par des hydrologues, pour conclure que, les études menées jusqu'à présent, laissent un petit peu à désirer, et que, la Ste Tombe ne livre pas son secret. Contrairement à ce qui a été affirmé explicitement dans l'émission et dans différents écrits, l'enquête menée il y a une 30 ans, à la date de l'émission Mystères, par des scientifiques a permis de conclure de manière très nette. Ce sont les résultats de ces hydrologues, MM. Pérard, Honoré et Leborgne, le sous titre sympathique du présent dossier est emprunté à un article de présentation, de ce dernier hydrologue, que nous portons à votre connaissance par de larges emprunts pour un résumé de la publication d'origine.

L'enquête menée s'est faite avec l'accord et la collaboration du Curé d'Arles sur Tech qui a mis la clef, pour ouvrir l'enceinte dans laquelle se trouve le sarcophage, à la disposition des chercheurs, et avec la collaboration de M. Rougé, instituteur en retraite. Durant l'année (1961), pendant 2 mois et demi, une seule interruption de quelques jours pour Pâques en raison des visites de fidèles ou de touristes, des mesures, observations et expériences ont pu être effectuées selon un programme établi à l'avance.

  1. Remontée capillaire par l'intermédiaire des dés, les cales.
  2. Condensation de l'eau contenue dans l'air pendant les heures chaudes de la journée, c'est à dire quand la température des parois du sarcophage est inférieure à celle de l'air ambiant.
  3. Phénomène de rosée, refroidissement du sarcophage pendant la nuit, par suite du rayonnement, avec abaissement de la température des couches d'air voisines et dépôt de gouttelettes d'eau.
  4. En complément des 2 hypothèses précédentes, traversée possible du couvercle par l'eau condensée, et l'eau de pluie, par effet de capillarité et gravité.
  5. Le sarcophage reste d'aspect sec et la température à l'intérieur du sarcophage est supérieure de 2 à 3 degrés à celle de la paroi externe; c'est à dire que la condensation se fait sur la face externe et non sur la face interne du couvercle.
  6. La température, thermomètre enregistreur placé à proximité du sarcophage, bande relevée toutes les semaines.
  7. L'humidité, hygromètre enregistreur placé à côté du thermomètre.
  8. Le niveau de l'eau dans le sarcophage, niveau repéré, sur une réglette graduée, dans un tube relié par un siphon à l'intérieur du sarcophage.
  9. La direction et la force du vent.
  10. La pluviométrie.
  11. Mastiquage du pourtour du couvercle de façon à voir si l'eau venait uniquement de l'air qui peut circuler dans le sarcophage.
  12. Pose d'une housse en nylon sur le couvercle avec un espace de 5 cm laissé pour permettre une circulation d'air. De façon à rendre les résultats plus significatifs, chaque expérience a été faite pendant au moins une semaine et a été précédée et suivie d'une semaine sans expérience.

- En résumé

Les courbes de températures sont régulières, avec une température minimale vers 6 heures du matin, valeur (C) à (C) en Mars, un peu plus élevée en Avril. Le maximum à 14 heures n'a jamais dépassé 19° (C) et la variation journalière moyenne est d'une dizaine de degrés. Les courbes d'humidité relative sont, elles, irrégulières: de 50% certains jours à 80% d'autres. Avec un minimum vers 14 heures et un maximum vers 6 heures et des valeurs très faibles en présence de tramontane. Le point peut être le plus important est le suivant, "2" mois sans pluie correspondent à 2 mois sans variation du niveau d'eau dans le sarcophage, excepté les baisses dues aux prélèvements de M. le Curé. Ce premier résultat constatation est très important. Il montre en effet, qu'il ne se produit pas 1 à 2 litres d'eau chaque jour, et la production n'est donc absolument pas continue, ce qui aurait pu être vérifié depuis fort longtemps.

Le 10 avril (1961), il tombe 5mm,5 d'eau, le lendemain 6mm,9 et le surlendemain le niveau d'eau du sarcophage a changé et s'est élevé d'environ 1 mm. Ces relevés et ceux des jours qui suivent jusqu'au 23 avril sont donnés dans un tableau, transcrit sous forme de courbes. Ces graphiques, hauteur de pluie cumulée, variation du niveau dans le sarcophage et transformée de la courbe du niveau dans le sarcophage, montrent de manière très claire que, le sarcophage profite de la pluie pour se remplir. Les hydrologues, leurs arguments étant étayés par d'autres éléments que les simples tracés précédents, en sont arrivés à conclure que l'eau met en moyenne 5 jours pour traverser le couvercle et que un tiers de l'eau de pluie est récupéré en moyenne dans le sarcophage.

Un coup d'oeil indiscret à l'intérieur du sarcophage par les interstices disponibles avait d'ailleurs déjà montré la présence de grosses gouttes d'eau rassemblées en quelques endroits du couvercle, la pluie précédant cette observation datant de 20 jours avant, cela montre que l'écoulement de toute l'eau peut être assez long comparé à la moyenne. De l'eau versée goutte à goutte sur le couvercle du sarcophage disparaissait presque immédiatement en humidifiant un cercle de plus en plus grand, et bien que la surface du couvercle soit très en pente, le cercle mouillé avait son centre exactement au point d'impact de la goutte. Certaines zones du couvercle sont beaucoup plus poreuses que d'autres. La surface du couvercle est irrégulière et présente notamment des petits trous hémisphériques de 1 à 2 mm de diamètre. qui, une fois remplis, se vident en 45 secondes environ. Des tests de perméabilité ont également été faits sur des échantillons de marbre provenant de la seule carrière qui ait pu vraisemblablement fournir à l'époque le matériau dans lequel a été creusé le sarcophage.

Au passage, l'étude nous apprend que certaines expressions sont trompeuses. Ainsi lorsque l'on dit ou écrit le sarcophage déborde parfois, ce qui fait penser à au moins un filet d'eau qui coule, la réalité contenue dans cette expression est différente puisqu'elle est tirée d'un constat signé par 10 personnes le 3 Avril (1942) et qui dit: le sarcophage est plein, le liquide déborde, une grosse goutte tombe toutes les 2 minutes sur le devant du tombeau. Le tombeau est légèrement incliné, ce qui explique le débordement en un point bien précis seulement.

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