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Glossaire - Biographies
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- St Nicolas de Tolentin

L'église de Bourg en Bresse, surmontée d'un toit de tuiles vernissées polychromes, véritable mausolée princier, renferme en son choeur les tombeaux de Philibert II de Savoie, de Marguerite d'Autriche et de Marguerite de Bourbon. Un splendide ensemble "d'Art Gothique Flamboyant", aux détails finement sculptés, réalisé par les meilleurs artistes régionaux et Flamands de l'époque. Près du choeur, la chapelle de Marguerite d'Autriche est tout aussi remarquable, avec son vitrail de l'Assomption, et son retable en marbre blanc des "Sept Joies de la Vierge". Tel une dentelle de pierre, ce dernier est agrémenté de 7 niches qui représentent respectivement l'"Annonciation, la Visitation, la Nativité, l'Adoration des Mages, l'Apparition du Christ à la Vierge, la Pentecôte et l'Assomption.". Admirer également, les vitraux anciens du choeur réalisés par des maîtres-verriers Lyonnais, ainsi que les stalles en bois et le jubé de pierre, 2 ensembles magnifiquement sculptés, dont la beauté laisse contemplatif.

Construite de (1513) à (1532), l'église de Brou mélange habillement styles, une nef volontairement sobre qui tranche avec la splendeur du choeur, le tout subtilement scindé par un jubé, "un des rares subsistant en France" de décoration flamboyante. Dans le choeur des stalles finement taillées, de gigantesques vitraux colorés, des moulures ciselées mêlant P et M, autour de marguerites et de la devise de Marguerite d'Autriche "Fortune Infortune Fort Une". Sans oublier les 3 tombeaux, avec gisant et transit pour Marguerite d'Autriche et Philibert de Savoie, de 3 styles différents. Quant aux tuiles vernies du toit de l'église, elles sont un doux rappel aux origines Bourguignonnes de Marguerite d'Autriche.

L'église St Nicolas de Tolentin de Brou est une église faisant partie du "Monastère Royal de Brou, à Bourg-en-Bresse dans l'Ain (France)', qui fut construite à la demande de Marguerite d'Autriche (1480)-(1530). C'est un chef d’oeuvre du Gothique Flamboyant du début du (XVIème siècle) en France. Écrin funéraire destiné à abriter les tombes de "Marguerite d'Autriche, de son époux Philibert II et de la mère de celui-ci Marguerite de Bourbon", l’église de Brou devait aussi célébrer la gloire d’une régente des Pays Bas, magnifier les Maisons de "Bourgogne, de Habsbourg et de Savoie".

- Historique

La construction de l'église n'a débuté qu'en (1513), à côté du monastère au style dépouillé. Elle est d’inspiration Flamande. En effet, Marguerite d'Autriche qui fut, par ses mariages successifs, Dauphine de France, Infante d’Espagne, Duchesse de Savoie, puis de (1507) à (1530) Régente des Pays Bas, pour le compte de son neveu, Charles Quint, suivit la construction de Brou depuis Malines, où elle résidait, et c'est de cette résidence qu’elle envoya, pour l’église, les meilleurs artistes et maîtres d’oeuvre dont l'architecte Louis Van Bodeghem (ou Van Beughem).

Durant la Révolution, lors de la vente des biens du clergé, Thomas Riboud, "Procureur Général Syndic de l'Administration Départementale", obtient un décret du 13 Mars (1791) qui range l’église de Brou au nombre des Monuments Nationaux à conserver par l’État. Le clocher de l'église, considéré comme un symbole féodal, est voué à la démolition. Elle commence le 20 pluviôse an II. Mais une lenteur à l'exécution se fait jour et Rollet Marat, le 27 ventôse an II, menace le maire Alban de dénoncer au représentant du peuple Albitte le peu de zèle dont il fait preuve dans cette affaire. Le clocher est démoli le 30 germinal an II. Une tonne de fer provenant du toit est envoyé à la fonderie de Pont de Vaux le 22 pluviôse an II. Le 23 pluviôse an II, un arrêté de démolition touche les tombeaux de l'église qui doivent être néanmoins conservés à la bibliothèque du district de Bourg. Le départ d'Albitte rend caduque cette décision. Des travaux de réfection ont été engagés en (1996) pour restituer à l'église de Brou, d’après les indications de l’époque, sa toiture "à la française" avec tuiles vernissées de 4 couleurs disposées en losanges. En (2010), des travaux de restauration extérieurs cachent une bonne partie du côté Nord de l'église.

Extérieurement, l'église de Brou présente un aspect trapu et une architecture flamboyante. La façade, est richement ornementée, dans un style Renaissance. Les travaux de restauration lui ont rendu sa toiture de tuiles vernissées Polychromes, qui avait disparu au (XVIIIème siècle), remplacé par un toit à la Mansart. La façade de la nef est divisée en 3 registres séparés par des balustrades. Au registre supérieur, un pignon curviligne encadre une rosace et 3 baies triangulaires. Au registre médian, une verrière est précédée d'une statue de St André. Au registre inférieur, 2 portes donnent accès à la nef. Au trumeau figure St Nicolas de Tolentin, à qui l'église est dédiée. Au tympan, Marguerite d'Autriche et son époux Philibert de Savoie son tournés vers un "Ecce homo".

En pénétrant, on est frappé par la couleur claire de la pierre et par la lumière que laissent passer de grandes fenêtres dépourvues de vitraux. La nef, voûtée d'ogives et flanquée de bas côtés et de chapelles, est baignée d'une abondante lumière qui joue sur la pierre d'un blanc doré. Avec ses murs nus, ses puissants piliers et ses verrières incolores, elle est d'une sobriété voulue qui contraste avec le jubé orné de dentelles de pierre. Elle ne contient aucun banc pour les fidèles, car elle n'était pas église paroissiale et seuls les Antonins priaient ici.

- les Tombeaux

Le projet original avait été confié à Jean Perréal. qui réalisa des dessins préparatoires. En (1512), Marguerite d'Autriche, que ce projet ne séduisait plus, fit appel au peintre et dessinateur Jean Van Roome, qui jouissait d'une excellente réputation aux Pays Bas. On ignore dans quelle proportion exacte, sans doute importante, il a modifié le projet précédent. Les documents de l'époque nous apprennent que Marguerite souhaitait que son propre tombeau ainsi que celui de Philibert fussent modernes, contrairement au tombeau de Marguerite de Bourbon, ils comprennent une double figuration, l'une "au vif" et l'autre, à l'étage inférieur, en "linceul". La petite statuaire est clairement l'oeuvre d'un atelier Brabançon. L'exécution des Gisants fut confiée à Conrad Meit.

- le Tombeau de Philibert II

Monument majestueux le tombeau de Philibert le Beau occupe le milieu du choeur. Il comporte 2 étages et 2 Gisants superposés. La partie supérieure, en marbre blanc de Carrare, représente le duc en costume d'apparat, entouré d'anges de style Italien putti. Soutenant cette partie, 10 adorables et gracieuses petites statues féminines, les Sibylles, laissent entrevoir le Gisant.

- le Tombeau de Marguerite de Bourbon

Au Sud, le tombeau de Marguerite de Bourbon témoigne par sa décoration de l'exubérance du Gothique Tardif. Il ne comporte qu'un seul Gisant placé dans un Enfeu. Son Gisant repose sur une dalle de marbre noir. La Princesse est vêtue d'un manteau d'hermine et ses pieds sont appuyés sur une Levrette, symbole de fidélité. Derrière le Gisant figurent des putti portant des écussons avec les initiales de Marguerite et de son époux. Le fond de l'Enfeu est vide. Il s'y trouvait jadis des putti qui furent enlevés lors de la Révolution pour recevoir les tables de la loi Révolutionnaire, mais ils furent brisés lors du transport. Sous le Gisant, des pleurants, comme on en trouve dans les tombeaux des ducs de Bourgogne, alternent avec des putti.

- le Tombeau de Marguerite d'Autriche

Au Nord, sous un dais sculpté à l'image des lits de funérailles, le tombeau de Marguerite d'Autriche comprend également 2 Gisants. Sur le Gisant supérieur la défunte apparaît la tête ceinte de la couronne Ducale et revêtue d'un manteau d'apparat. A ses pieds se trouve également une Levrette. Ce Gisant supérieur la représente à son âge réel au moment du décès, 50 ans, tandis que celui du dessous la montre sous un aspect idéal au moment de la Résurrection. La différence entre les Gisants est ici beaucoup plus frappante que ce n'est le cas pour Philibert, mort jeune. A la tête du Gisant supérieur, 2 angelots tiennent les armoiries de Marguerite. Sur la partie supérieure du dais courent ses devises : "Fortune Infortune Fort Une" et "F.E.R.T..

- les Stalles

Les stalles en chêne sont aussi décorées avec maîtrise. Elles ont été réalisées par le menuisier Bressois Pierre Berchod, dit Terrasson. On compte 74 sièges, répartis de chaque côté sur 2 rangs, 21 en haut et 16 en bas. Les sculptures sont l'oeuvre d'un atelier Brabançon. A droite en regardant vers le fond du choeur, elles sont consacrées à des scènes et des personnages de l'"Ancien Testament", à gauche des scènes et des personnages du "Nouveau Testament". Les sièges sont pourvus de miséricordes.

- les Verrières

Le maître d'oeuvre Louis Van Beughem demanda à un peintre Flamand les cartons des vitraux des grandes verrières du choeur qui renferme les tombes des 2 époux et de la mère de Philibert, Marguerite de Bourbon. Ils furent réalisés sur place par un atelier regroupant temporairement des peintres verriers de Bourg Jean Brachon, de Lyon Antoine Noisin et d'Ecosse Jean Orquois, entre (1527) et (1529). Les 5 baies de l'abside ont un décor en partie héraldique et superposent les 64 blasons des ancêtres et des alliances des 2 époux, d'autres sont en vitrerie losangée ornée de l'écu armorié de Marguerite ou de son monogramme. La verrière de l'Assomption et du Couronnement de la Vierge inclut en partie basse, placés en vis à vis en avant des Apôtres au tombeau de la Vierge, au 1er plan, les portraits de Marguerite d'Autriche et de Philibert de Savoie, agenouillés sur des prie Dieu, accompagnés de leurs Sts Patrons.

- le Retable des Sept Joies de la Vierge

L'autel de la chapelle de Marguerite d'Autriche, dédiée à la Vierge Marie, est surmonté du monumental retable des "Sept Joies de la Vierge", d'une hauteur totale 5m 50 environ et d'une longueur de 3m 25, célèbre pour la richesse et la beauté de son décor sculpté. Pour sa réalisation, on a utilisé un albâtre veiné de gris et une pierre noire. il a également été sculpté par l'atelier Brabançon travaillant à Brou. "L'Annonciation et la Visitation" sont représentés dans le registre inférieur. Au centre figure l'Assomption encadrée de la Nativité, l'Adoration des Mages, l'Apparition du Christ à la Vierge et de la Pentecôte dans les compartiments latéraux. Au couronnement figurent sainte Marguerite, la Vierge à l'Enfant et sainte Marie Madeleine. Marguerite d'Autriche s'est fait représenter sur le retable en prière face à St Thomas. Elle est vêtue du costume de veuve qu'elle porte depuis la mort de Philibert de Savoie en (1504).

- l'Eglise de Brou

Marguerite de Bourbon, femme de Philippe II, Comte de Bresse et Duc de Savoie, avait fait voeu, en (1480), de bâtir à Brou, hameau situé aux portes de Bourg en Bresse Ain, une église et un monastère de l'ordre de St Benoît, si son mari guérissait d'une blessure qu'il avait reçue à la chasse. La mort l'en empêcha, mais sa promesse fut accomplie par Marguerite d'Autriche, veuve de Philibert II, successeur de Philippe. Avec la permission du St Siège, l'église fut élevée, de (1511) à (1536), sous le vocable de "Saint Nicolas de Tolentin", au lieu de celui de St Benoît, par les soins de Louis Wamboglen, architecte Allemand, de Philippe de Chartres, du Bourguignon André Colomban, et du Suisse Conrad Meyt. Elle est de style Gothique, et en forme de croix latine; elle mesure 68 mètres 57 de longueur dans oeuvre, 35 mètres 77 de largeur à la croisée, 20 mètres 23 à la nef, et 20 mètres de hauteur sous clef de voûte.

- la Façade

La façade de l'église de Brou affecte la forme pyramidale. Elle présente, au milieu, une profonde voussure, au fond de laquelle sont 2 portes, séparées par un pilier qui supporte la statue de St Nicolas de Tolentin, les figures du Christ et des anges, du prince, de la princesse et de leurs patrons, et une foule d'ornements travaillés avec goût et délicatesse, surmontent et accompagnent ces 2 portes. Au dessus du portail est une galerie à claire voie, derrière laquelle 3 grandes fenêtres ogivales éclairent la nef principale. Plus haut, on voit une autre galerie de même espèce, et enfin un pignon, percé d'une rosace placée au milieu de 3 fenêtres ogivales disposées en triangle. A droite et à gauche, les pignons des bas côtés sont percés chacun de 2 fenêtres ogivales géminées; la partie de la façade qui est au dessous est divisée par des contreforts ornés de niches et de statues.

En face de la porte d'entrée, on voit, gravé sur le sol, un cadran horizontal et de forme Ovale, si l'on se tient debout sur la lettre qui indique le mois dans lequel on se trouve, l'ombre que l'on projette au soleil passe sur l'heure exacte du jour. L'intérieur est plein d'élégance et de majesté. La nef a de doubles collatéraux, accompagnés de 4 chapelles de chaque côté. La chaire à prêcher est en carton pierre et d'un dessin assez remarquable. A l'entrée du choeur, il y a un Jubé richement sculpté, large de 11 mètres 36, haut de 7 mètres 80, percé de 3 arcades, et couronné d'une balustrade que surmontent 7 statues de marbre blanc.

- le Choeur

Le choeur renferme les mausolées de Marguerite de Bourbon, de son fils Philibert le Beau et de Marguerite d'Autriche, admirables morceaux de sculpture par Michel Columb. Les stalles, en bois de chêne, sont ornées, d'un côté, de 24 statuettes de Patriarches et de Prophètes, et, de l'autre, d'un pareil nombre de Saints et d'Apôtres des scènes de "l'Ancien Testament et du Nouveau Testament" sont sculptées sur les panneaux de ces stalles. Les 5 verrières du rond point qui termine le choeur s'élèvent, à partir de 4 mètres du pavé, jusqu'à la voûte. On admire enfin la riche chapelle de Marguerite d'Autriche, placée sous le vocable de "l'Assomption de la Vierge", et celle des Ducs de Pont de Vaux ou de la maison de Gorrevod, ornée de fort beaux vitraux. Le Maître Autel est moderne, et assez heureusement approprié au reste de l'église. Le clocher de l'église de Brou a 82 mètres de hauteur, c'est une tour carrée, divisée en 6 étages, et soutenue par des contre forts, elle est surmontée d'un dôme Octogonal, couronné par une flèche.

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