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- Abbaye aux Dames (Caen)
- Présentation
* Type : Abbaye
* Rattachement : Ordre de St Benoît
* Début de la construction : (XIème siècle)
* Fin des travaux : (XVIIIème siècle)
* Style dominant : Roman et Classique
* Protection : Classée Monument Historique (1840) - (1976)
- Situation
* Pays : France
* Région : Basse Normandie
* Département : Calvados
* Ville : Caen
- Historique
L'abbaye aux Dames est un monastère de Moniales Bénédictines fondé au (XIème siècle) à Caen, c'est l'une des 2 grandes Abbayes de la ville de Caen. 2 histoires peuvent être avancées pour expliquer la fondation de l'abbaye. La 1ère fait de l'abbaye aux Hommes une oeuvre d'expiation pour les péchés commis par le couple Ducal formé par Guillaume le Conquérant et Mathilde de Flandre. En (1050) ou (1051), le Duc de Normandie épouse Mathilde, fille du Comte de Flandre. Leur mariage est prohibé par le Pape Léon IX, pour des raisons de consanguinité. En contrepartie du pardon accordé par le Pape Nicolas II, ils fondent à Caen en (1059) 2 Abbayes Bénédictines, l'abbaye aux Hommes, dédiée à St Etienne, et l'abbaye aux Dames, dédiée à la Trinité.
Cet acte fondateur Romantique, a des raisons plus Politiques, Guillaume appelé le Bâtard doit combattre pendant toute la 1ère partie de son règne les Barons de Normandie. Il cherche donc à asseoir son autorité sur la Basse Normandie où la rébellion a été la plus forte. Cela passe par la construction de châteaux, mais aussi par la fondation d'abbayes, schéma classique en Normandie depuis le (Xème siècle). Le Duc décide de densifier le réseau d'établissements Monastiques en Basse Normandie, alors beaucoup plus lâche que dans la vallée de la Seine mieux contrôlée par les Ducs de Normandie. L'abbaye aux Hommes, comme l'abbaye aux Femmes, ont toutefois une place privilégiée. En effet, sur les 18 abbayes élevées durant le règne de Guillaume, seules 2 , celles de Caen, sont fondées directement par le Duc, les autres étant créées par des Seigneurs locaux et reconnues ensuite par le Duc. La fondation de l'abbaye aux Hommes et de l'abbaye aux Dames s'inscrit donc dans un dessein politique qui vise à faire de Caen un point d'appui plus proche de la sédition que Rouen qui se trouve dans la partie Orientale du Duché. En choisissant de s'y faire inhumer, en (†1083) à l'abbaye aux Dames pour Mathilde et en (†1087) à l'abbaye aux Hommes pour Guillaume. Ils inscrivent dans la durée l'attention des Ducs et Rois non seulement pour l'abbaye, mais également pour la ville de Caen qui, d'un gros Bourg de constitution anarchique, devient la "Capitale Secondaire de la Normandie". Les descendants de Guillaume confortent ensuite le lien des 2 abbayes avec la dynastie Ducale et Royale. Ainsi, fait exceptionnel, Guillaume le Roux dépose les insignes Royaux "couronnes et sceptres" de ses parents au trésor des 2 abbayes où ils sont inhumés.
- du Moyen Age à la Révolution
Les travaux de l'église de l'abbaye aux Dames commencent en (1062) et sont achevés en (1130). On commence par le Chevet, au (XIème siècle), puis on ajoute de petits arcs boutants à l'extérieur pour renforcer l'édifice. Le 18 Juin (1066), a lieu la Dédicace de l’Abbatiale de la Trinité encore en travaux. Mathilde est morte en (†1083) et son tombeau se trouve toujours dans le choeur de l'église. Au (XVIIème siècle), l'abbesse Laurence de Budos redresse spirituellement l'abbaye en obligeant les religieuses à respecter la règle de St Benoît. Au (XVIIIème siècle), les bâtiments conventuels sont reconstruits sur les plans de Guillaume de la Tremblaye, Moine Architecte chargé également de reconstruire l'abbaye aux Hommes. Les travaux commencent en (1702), mais sont interrompus en (1737), faute de fonds suffisants. Grâce à l'aide du Roi, les travaux reprennent en (1767). A la veille de la Révolution Française, la communauté est dans une excellente situation financière. Mais la Révolution Française éclate et le cloître n'a jamais été achevé. Au (XVIIIème siècle), la voûte est démolie pour être reconstruite.
- l'après Révolution
Pendant la Révolution Française, les Bénédictines sont chassées de leur abbaye en (1791), pour être remplacées par des religieuses Augustines en (1823), quand l'Abbaye devient l'"Hôtel Dieu de Caen", puis l'"hospice Saint Louis", et y restent jusqu'en (1983). En (1865), la Nef de l'ancienne église abbatiale, qui devient église paroissiale du quartier sous le vocable de St Gilles, est profondément restaurée. Au (XIXème siècle), la façade et les tours sont reconstruites intégralement. En juin (1944), pendant le débarquement allié et la bataille de Caen, l'église et l'abbaye sont relativement épargnées par les bombardements, alors que la ville est en grande partie détruite. Une dernière restauration de l'intérieur de l'église intervient entre (1990) et (1993).
Les dimensions de l'église Abbatiale de la Trinité sont plus modestes que celles de l'abbaye aux Hommes, l'Abbatiale St Étienne. Néanmoins si sa Nef est plus courte, moins large et plus basse, l'église de la Trinité est aussi plus ornementée et décorée que son illustre compagne.
Force est de constater que la façade ne présente ici ni la même simplicité, ni la même puissance qu'à St Étienne, le principe de façade harmonique y est néanmoins le même 2 tours carrées encadrant la façade rectiligne de la Nef. 4 contreforts délimitent verticalement la Façade de la Nef et les souches des 2 tours. L'étage inférieur des tours comprend un porche élevé, le 2ème niveau n'est percé que d'une petite baie en plein cintre non moulurée, le 3ème niveau est décoré de 3 arcatures aveugles dont les archivoltes moulurées reposent sur des colonnettes, le 4ème étage est couvert d'étroites arcatures très élancées et décorées. Une rangée d'oeils de boeufs, de gargouilles et enfin, une balustrade de la période classique viennent achever quelque peu maladroitement ces 2 tours. Le portail principal a été défiguré au (XIXème siècle) par un tympan sculpté figurant la Ste Trinité. En (1859), on commande à Adolphe Victor Geoffroy Dechaume un bas relief de 3 mètres 87 sur 1 mètre 95 représentant 3 figures assises et les 4 symboles évangéliques. L'oeuvre est achevée vers (1862), mais en (1866), l'évêque de Bayeux demande sa destruction au motif que la représentation de la Trinité sous la forme de 3 personnes a été prohibée par l'Eglise. La commission des monuments historiques tranche en faveur du maintien de l'oeuvre, dans le rapport de séance rédigé par le Duc, elle se justificie en arguant du fait que :
"quand il s'agit de restaurer un édifice du Moyen Age religieux ou profane, il s'agit d'adopter le style et le système décoratif admis à l'époque dont on reproduit et restaure les exemples" et que par conséquent elle n'a pas à "s'enquérir si dans un édifice religieux le clergé a condamné ou adopté certaines représentations admises aux époques dont on veut reproduire les usages et perpétuer les arts".
Le 2ème étage est percé de 3 larges baies, le 3ème d'arcatures aveugles encadrant 2 baies moulurées. Le tout est couronné d'un Gable décoré. Un cordon saillant relie la base des baies de chaque étage.
- Façade l'abbatiale
La Nef est bordée d'arcades en plein cintre surmontées d'une galerie, le Triforium, qui sert d'appui à la voûte d'Ogive. C'est la 1ère voûte d'Ogives construite en Normandie, elle date de (1130). Le Transept au centre de l'église accueille l'Autel. Le Transept Nord est Roman, il ouvre sur une Absidiole la chapelle du St Sacrement qui abrite le Tabernacle. Le Transept Sud présente des colonnes Gothiques intégrées dans la décoration Romane. Le Choeur se termine en Abside ornée de 4 colonnes et d'une galerie décorée d'animaux fantastiques. On trouve également une Crypte présentant de nombreuses colonnes. L'emprise au sol de l'église Abbatiale est de 1.594 m² 80 mètres de long, 19 mètres de large dans la Nef, 32 mètres entre les 2 bras du Transepts.
- Tombe de la Reine Mathilde
Le tombeau de la Reine Mathilde est situé dans le Choeur de l'Abbatiale. Sur la dalle funéraire qui protège le caveau, est gravée l'inscription suivante :
"EGREGIE PVLCHRI TEGIT HEC STRVCTVRA SEPVLCRI:
MORIBUS INSIGNEM, GERMEN REGALE, MATHILDEM:
DVX FLANDRITA PATER HVIC EXTITIT, ADALA MATER:
FRANCORUM GENTIS ROTBERTI FILIA REGIS:
ET SONOR HENRICI, REGALI SEDE POTITI:
REGI MAGNIFICO WILLELMO IVNCTA MARITO:
PRESENTEM SEDEM, PRESENTEM FECIT ET EDEM:
TAM MVLTIS TERRIS QVAM MVLTIS REBVS HONESTIS:
A SE DITATAM SE PROCVRANTE DICATAM:
HEC CONSOLATRIX INOPVM, PIETATIS AMATRIX:
GAZIS DISPERSIS, PAVPER SIBI, DIVES EGENIS:
SIC INFINITE PETIIT CONSORTIA VITE:
IN PRIMA MENSIS, POST PRIMAM, LVCE NOVEMBRIS"
la traduction proposée :
"Ce magnifique tombeau recouvre la sépulture de Mathilde, qui fut remarquable par les mœurs et royale par la naissance. Elle a pour père le duc de Flandre, pour mère Adèle, fille du roi de France Robert, et sœur d'Henri qui régna sur le trône. Elle fut l'épouse du grand roi Guillaume. Elle fit bâtir cette église et la combla de biens, lui donnant terres et toutes choses nécessaires. Elle fit célébrer la dédicace. Consolatrice des pauvres, aimant la piété, pauvre pour elle-même, elle ne fut riche que de ses dons aux pauvres. Elle gagna ainsi d'avoir part à la vie qui ne finit pas le premier du mois de novembre, après prime."
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