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- Abbaye aux Hommes (Caen)
- Présentation
* Culte : Catholique Romain.
* Type : Abbaye.
*(XIème siècle).
* Fin des travaux : (XVIIIème siècle).
* Style dominant : Roman et Gothique.
* Protection : Classée Monument Historique (1840), (1911).
Inscrit Monument Historique (1927), (1928).
- Situation
* Pays : France.
* Région : Basse Normandie.
* Département : Calvados.
* Ville : Caen.
- Historique
L'abbaye aux Hommes est une des 2 grandes abbayes, avec l'abbaye aux Dames, fondées par Guillaume le Conquérant à Caen, en France. Elle s'élève à l'Ouest du centre ville et donna le nom de "Bourg-l'Abbé" au quartier qui l'entoure. Transformée en Lycée au b>(XIXème siècle), elle abrite depuis les années (1960) "l'Hôtel de ville". L'abbaye offre un très bel ensemble architectural construit entre le (XIème siècle) et le (XVIIIème siècle).
Pour expliquer la fondation de l'abbaye, 2 histoires peuvent être avancées. La 1ère fait de l'abbaye aux Hommes une oeuvre d'expiation pour les péchés commis par le couple Ducal formé par Guillaume le Conquérant et Mathilde de Flandre. En (1050) ou (1051), le Duc de Normandie épouse Mathilde, fille du Comte de Flandre. Leur mariage est prohibé par le Pape Léon IX, pour des raisons de consanguinité. En contrepartie du pardon accordé par le Pape Nicolas II, ils fondent à Caen en (1059) 2 abbayes Bénédictines, l'abbaye aux Hommes dédiée à , et l'abbaye aux Dames dédiée à la Trinité.
Audelà de cet acte fondateur Romantique, il existe des raisons plus Politiques. Guillaume appelé le Bâtard1ère partie de son règne les Barons de Normandie. Il cherche donc à asseoir davantage son autorité sur la "Basse Normandie" où la rébellion a été la plus forte. Cela passe par la construction de Châteaux, mais également par la fondation d'Abbayes, selon un schéma classique en Normandie depuis le (Xème siècle). Le Duc décide donc de densifier le réseau d'établissements Monastiques en Basse Normandie, alors beaucoup plus lâche que dans la vallée de la Seine mieux contrôlée par les Ducs de Normandie. L'abbaye aux Hommes, comme l'abbaye aux Dames, ont toutefois dans ce dispositif une place privilégiée. En effet, sur les 18 abbayes élevées durant le règne de Guillaume, seules 2 , celles de Caen, sont fondées directement par le Duc, les autres étant créées par des Seigneurs locaux et reconnues ensuite par le Duc. La fondation des 2 abbayes s'inscrit donc dans un dessein Politique plus large qui vise à faire de Caen un point d'appui plus proche de la sédition que Rouen qui se trouve dans la partie Orientale du Duché. En choisissant de s'y faire inhumer, en (1083) à l'abbaye aux Dames pour Mathilde et en (1087) à l'abbaye aux u>Hommes pour Guillaume, ils inscrivent dans la durée l'attention des Ducs Rois non seulement pour l'abbaye, mais également pour la ville de Caen qui, d'un gros bourg de constitution Anarchique, devient la "Capitale Secondaire de la Normandie". Les descendants de Guillaume confortent ensuite le lien des 2 abbayes avec la dynastie Ducale et Royale. Ainsi, fait exceptionnel, Guillaume le Roux dépose les insignes Royaux "couronnes et sceptres" de ses parents au Trésor des 2 Abbayes où ils sont inhumés.
La construction de l'abbaye aux Hommes, confiée à Lanfranc, commence en (1063). L'église a été construite entre (1065) et (1083). La conquête de l'Angleterre, en (1066), en apportant des moyens supplémentaires, mais aussi la présence de carrières de pierre à ciel ouvert à proximité, expliquent la rapidité de cette construction. Elle fut dédicacée le 13 Septembre (1077). Le chroniqueur Guillaume de Poitiers décrit la fondation de l'abbaye par Guillaume le Conquérant. "Pour l'établir abbé du monastère de Caen, il lui fallut user, pour ainsi dire, d'une pieuse contrainte, car Lanfranc s'y refusait moins par amour pour l'humilité, que par crainte d'un rang trop élevé. Ensuite, Guillaume le Conquérant enrichit ce monastère de domaines, d'argent, d'or et de divers ornements, il le fit construire à petits frais, d'une grandeur et d'une beauté abordable, et peu digne du "Bienheureux martyr Étienne" par les reliques duquel il devait être honoré et auquel il devait être consacré".
La répartition des "bâtiments conventuels" adopte un plan en (H) perpendiculaire à l'église. L'aile des Moines se trouve à l'Est du Cloître, celles des Hôtes à l'Ouest. Comme dans l'Abbaye aux Dames, les bâtiments actuels datent du (XVIIIème siècle) et ne sont pas exceptionnels.
- l'interieur de l'Eglise
La Nef comporte 8 travées, après un narthex d'une travée. Son élévation est à 3 niveaux. L'étage des tribunes est presque aussi haut que celui des grandes arcades, le mur disparaît presque dans la largeur des baies. Les fenêtres hautes sont coupées en 2 par une colonne. Tous les arcs sont en plein cintre, à double rouleau. Le voûtement est sexpartite (XIIIème siècle) et repose en alternance sur des piles fortes et faibles. Dans les bas côtés, les voûtes d'arêtes originales ont été remplacées par des voûtes d'Ogives. La galerie des tribunes est voûtée en demi berceau.
La Croisée du Transept est illuminée par une tour Lanterne. A la base de la tour, on trouve, sur chaque côté, des ensembles de 3 arcades aveugles en plein cintre, reposant sur de robustes colonnes. Au dessus, 8 baies donnent de la lumière. Les croisillons du Transept sont assez courts, 1 Travée et 1 Absidiole. Les murs de fond sont essentiellement occupés par de larges Tribunes, au dessus des Absidioles soutenues par une pile centrale.
Au Nord, la Tribune est occupée par une grande Horloge. Au Sud, le mur plein est surmonté de 2 arcades aveugles. Le dessous de la tribune est voûté d'arêtes. Le reste des croisillons est voûtés d'Ogives.
Le Choeur Gothique date du (XIIIème siècle). Dans les 4 travées droites du Choeur, les arcs brisés des lancettes géminées du Triforium s'inscrivent dans des arcs en plein cintre semblables à ceux de la Nef. Les grandes arcades ont leurs arcs ornés de motifs Géométriques caractéristiques des écoles "Normandes, Romanes ou Gothiques". Elles sont séparées par des Oculi polylobés et dentelés. Les fenêtres hautes à 2 lancettes sont devancées par un réseau de 3 Arcades et surmontées de Voussures à motifs Géométriques. Le rond point, à 7 pans, est éclairé par des fenêtres hautes à lancettes simples. Les baies des tribunes comprennent toujours 2 arcades Géminées, mais celles ci sont plus étroites et plus hautes. Surmontées par un Oculus quadrilobé, elles sont couvertes par un arc de décharge brisé et non plus en plein cintre. Le sanctuaire est enserré par un déambulatoire qui ouvre sur 7 Chapelles Rayonnantes.
- l'Exterieur de l'Eglise
La façade de l'église St Etienne de Caen est assez austère. La Hauteur des Tours donnent une impression d'étroitesse. St Etienne de Caen est le prototype de la façade Harmonique. Les 3 Portails de la façade sont séparés par d'épais contreforts. La décoration, si l'on excepte les Tympans Modernes, est d'une grande sobriété. Seules les Voussures sont ornées de motifs Géométriques. Le portail Central est surmonté de 2 niveaux de 3 baies en plein cintre et d'un petit pignon. Au dessus des portails latéraux on ne trouve qu'une baie à chaque niveau. Les tours ont 3 niveaux. Le 1er niveau est orné sur chaque face de 7 étroites bandes Lombardes. Les 5 baies qui décorent le 2ème niveau sont un peu plus larges. De plus, elles sont séparées par des colonnettes. Les 2 baies Centrales sont ouvertes. Au dernier niveau, 2 larges baies groupent des arcades Géminées. Le tout est couvert par une flèche Octogonale ornée de Clochetons Octogonaux au Nord, Triangulaires au Sud. La flèche Nord 82 mètres) est plus haute de 2 mètres que la tour Sud.
- le Chevet
Le Chevet, du (XIIIème siècle), est extrêmement élégant. L'étagement des 3 niveaux du Choeur, du Déambulatoire et des Chapelles Rayonnantes est harmonieux. On trouve de petits arcs boutants entre les 1er et 2ème niveaux. De plus, l'ensemble est agrémenté de Tourelles. On en trouve 2 petites au dernier niveau, reliées par un arc à 2 plus grandes tourelles qui prennent naissance au niveau des Chapelles Rayonnantes. Le système de contrebutement du Chevet est donc tout à fait Original. Les grandes tourelles sont à 4 niveaux. Après 2 niveaux percés seulement de Meurtrières, on voit 1 étage orné de baies étroites et aveugles, puis un niveau de baies ouvertes, couvert par une flèche à 4 pans.
- le Déclin de l'Abbaye
La guerre de Cent Ans met l'abbaye en 1ère ligne des combats. Après la prise de Caen par les Français en (1346), les religieux reçoivent l'ordre de fortifier l'enceinte, St Étienne se trouvant en dehors des fortifications de la ville. En (1562) et (1563), pendant les guerres de Religion, l'église est pillée par les troupes de Montgommery puis abandonnée. Les vitraux, les orgues et le mobilier sont détruits. Le tombeau de Guillaume le Conquérant, magnifique mausolée en marbre, surmonté d'un gisant, et qui fut édifié à la demande de son fils Guillaume le Roux, Roi d'Angleterre est profané en (1562) par les Protestants. Les restes sont confiés à un moine de l'abbaye, Michel de Cemallé. Mais en (1563), une nouvelle intrusion des Protestants provoque la fuite des moines et les ossements sont dispersés à l'exception d'un seul os, sauvé par Charles Toustain de La Mazurie, le Poète ami de Jean Vauquelin de La Fresnaye. Cet os est replacé dans le tombeau en (1642) par le prieur Jean de Baillehache, après la restauration du Choeur. En (1742), les moines obtiennent du Roi Louis XV l'autorisation non seulement de déplacer le tombeau dans le Sanctuaire mais aussi de le réduire à un simple caveau recouvert d'une pierre tombale. Ce Fémur Gauche aurait été retrouvé lors de l'ouverture d'un caveau maçonné se trouvant dans le Choeur de l'Abbatiale, le 22 Août (1983).
La tour Lanterne s'écroule en (1566), détruisant les voûtes du Choeur. Le Choeur, en ruines, a failli être rasé sur décision du "Parlement de Rouen". Un moine de l'abbaye, Jean de Baillehache, obtint l'annulation de cette décision et entreprit la reconstruction du Choeur et la restauration de l'Abbatiale. L'église est de nouveau consacrée le 18 Mai (1626).
- le Cloître
Le 6 Juillet (1663), les religieux de l'abbaye signent un traité avec la "Congrégation de St Maur", des 1ers travaux de réfection sont effectués et le 10 Octobre, les religieux de St Maur s'installent dans l'abbaye. Les Mauristes redressent l'abbaye spirituellement, en rétablissant la discipline religieuse, et matériellement en reconstruisant les bâtiments conventuels qui tombaient en ruine. Du cloître, il ne restait alors que les fondations, tandis que les cuisines tombaient en ruine, la plupart des bâtiments avaient également perdu leur toiture. Les travaux de rénovation, menés par le moine architecte Guillaume de La Tremblaye, lui même assisté par les frères Bayeux, débutent en (1704), mais ils sont interrompus faute de moyens en (1706) avant de reprendre en (1710). En (1715), Guillaume de La Tremblaye meurt et le projet est repris par dom Miserey qui le modifie en allongeant l'aile des Hôtes vers le Sud, une aile en retour, parallèle à l'aile du Réfectoire, devait également être construite à la place de la salle des Gardes pour fermer la cour Sud, mais l'éviction des moines pendant la Révolution a entraîné l'abandon du projet. En (1727), les moines font remblayer les terrains à l'Est de l'abbaye afin d'aménager un jardin à la Française sur la grande esplanade ainsi formée. Un nouveau logis Abbatial est construit de (1755) à (1759) dans le Clos de la Pépinière, parcelle comprise entre le rempart du (XIVème siècle) et le mur séparant l'enclos de la rue de l'Abbatiale. Les travaux sont finalement terminés en (1764).
Dans la 2ème partie du (XVIIIème siècle), les édiles Caennaises décident d'aérer la ville Médiévale en programmant plusieurs projets d'urbanisme. Le baron de Fontette, nommé intendant de la "Généralité de Caen" en (1752), mène à bien certains de ses projets. Il décide notamment de créer un nouvel axe pour dévier la circulation de la rue St Martin, axe Historique permettant l'accès à l'Ouest de la ville. En (1755), un accord est passé entre l'abbaye et la ville de Caen en vue de percer une nouvelle rue à travers les jardins de l'abbaye entre la place des "Petites Boucheries" et une nouvelle place Octogonale, aménagée à l'emplacement des anciennes fortifications de la ville et sur laquelle vient déboucher la rue Ecuyère. La partie Sud de ce nouvel axe, appelé rue St Benoît actuelle rue "Guillaume le Conquérant", est lotie par les moines de St Etienne. Sur la place, rapidement baptisée "Place Fontette", on prévoit également d'ériger 2 pavillons à l'entrée de la nouvelle rue, en contrepartie de la construction du pavillon Sud, l'abbaye obtient la propriété des terrains auparavant occupés par les fossés, les contrescarpes et les fortifications de la ville. Le pavillon des moines est achevé en (1758) et les jardins de l'abbaye sont étendus jusqu'à la nouvelle place. Malgré ces travaux, la communauté est à la veille de la Révolution Française dans une excellente situation financière.
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