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Glossaire - Biographies
les Abbés
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- Abbaye de l'Epau


- Position
* Nom local : Spallum, La Piété Dieu
* Diocèse : Diocèse du Mans
* Patronage : Notre Dame
* Fondation : 25 Mars (1229)
* Début construction : (1230)
* Fin construction : (1365)
* Dissolution : (1790)
* Abbaye mère : Abbaye de Cîteaux

* Congrégation : Ordre Cistercien
* Période ou style : Cistercien
* Protection : Classé Monument Historique (1925)
- (1973), (2005)


- Situation
* Pays : France
* Province : Maine
* Région : Pays de la Loire
* Département : Sarthe
* Commune : Yvré l'Evêque

- Historique

A l'origine: une Reine, Bérengère de Navarre se retrouve en (1199). Son mari, Richard Coeur de Lion, né au Mans, est décédé de ses blessures d'un tir d'arbalète reçu au siège de Châlus en Haute Vienne. La Reine est écartée du pouvoir, usufruitière du Comté du Maine elle vient s'installer dans la capitale Plantagenêt en (1204). Selon la légende, elle se serait installée dans la fameuse maison de la Reine Bérengère. Mais il n'en est rien car elle passera la totalité de son temps au palais des Comtes du Maine. Il est communément rappelé que la Reine trouva asile dans la ville, mais non le bonheur. Une partie des pouvoirs locaux, de mèche avec Aliénor d'Aquitaine ou Jean sans Terre, ne cessèrent de batailler contre elle afin de prendre possession de son Douaire, légué par Philippe Auguste. Ce n'est qu'après 26 années d'exil dans la ville que la Reine, à l'âge de 59 ans, décide de fonder une Abbaye.

- La construction de l'abbaye

L'obligation régulière de St Benoit veut que l'abbaye, si elle n'est pas installée au coeur d'une ville active, doive respecter l'"Ascétisme Erémitique". La Reine passe outre puisqu'elle choisit d'installer l'édifice entre forêt et ville, aux portes du Mans. La Reine fit construire l'édifice pour son propre salut. L'histoire et la légende se sont rencontrées en laissant entendre que cette abbaye aurait été construite pour racheter l'existence dissolue de certains Rois Plantagenêts. Le 25 mars (1229), la Reine ordonne la construction de N.D.de l'Epau aux moines de Citeaux. Elle est par ailleurs une bienfaitrice avérée de cet ordre régulier. Le choix des Moines y résidant n'a donc pas été fait au hasard. La Reine est d'ailleurs une grande amie d'Adamé de Perseigne, Abbé du monastère du même nom et ancien confesseur de Richard Coeur de Lion.

Le père de la Reine, Sanche VI avait lui même fondé en (1140) l'abbaye de la Oliva. Le lieu est d'abord choisi car très tranquille au bord d'une Huisne poissonneuse. Louis IX cède le terrain de l'Espal à la Reine mais ce sont les petits Frères Hospitaliers de Coëffort qui mèneront la vie dure à Bérengère. Ces derniers demanderont compensation financière à la Reine, prétendant que le terrain leur a été cédé par Arthur de Bretagne, neveu de Bérengère. C'est à quelques kilomètres du Mans à Yvré l'évêque, sur la rive gauche de l'Huisne, que se situe l'Abbaye Cistercienne de la Piété de Dieu, plus connuesous le nom de l'Epau, dans un immense parc de 13 hectares, délimité par un mur d'enceinte. La Reine Bérengère de Navarre, Comtesse Douairière du Maine, veuve de Richard Coeur de Lion, choisit l'abbaye comme lieu de sépulture. Ce ne fut pas sans mal qu'elle put acquérir les terrains, alors agée de 59 ans, les récupéra des mains de ces religieux au moyen d'une indemnité et fit construire le monastère qui fut appelé de "Pietate Dei - de la Piété Dieu".

Le plan de l'abbaye est classique, la construction respecte l'unité de toutes les fondations Cisterciennes. la période de construction s'étend de (1230) à (1365). Le début de la construction fut assez rapide. (4) ans après le début des travaux, l'évêque du Mans Geoffroy de Laval effectue la dédicace du bâtiment monastique en le mettant sous le patronage à la fois de N.D. et de St Jean Baptiste. Les bâtiments principaux ne furent achevés qu'en (1280).

Des moines Cisterciens s'y installent en (1230). Des dons et la protection de St Louis garantissent la croissance de l'abbaye, dont le domaine foncier s'étend considérablement entre les (XIIIème siècle) et XIVème siècle. L'Abbatiale, consacrée en (1234), est dédiée à la Vierge et à St Jean Baptiste. Le cloître est construit au )XIIIème siècle), ainsi que le dortoir et la Salle des Moines. Un peu plus d'(I siècle( plus tard, durant la guerre de (100) Ans , les Manceaux, craignant une invasion britannique, l'incendièrent et ruinèrent l'abbaye pour les empêcher de s'y installer. Commence alors un grand programme de reconstruction qui s'étalera sur plusieurs siécles. Elle fut reconstruite, mais jamais terminée. A la Révolution, l'abbaye de la Piété Dieu Epau n'abritait plus que 6 moines, ces moines suivaient la règle Cistercienne, ils partageaient leur temps entre la prière et le travail manuel, vivaient très isolés du monde extérieur, et ne possédaient rien personnellement. Ils quittèrent l'abbaye de l'Epau en (1790).

- L'Eglise Abbatiale

Consacrée vers (1234) par Geoffroy de Laval 43ème évêque du Mans, l'église Abbatiale est un merveilleux exemple d’édifice Cistercien. L’art Cistercien est sobre, le choeur est orienté vers l’Est, à l'extérieur on trouve un chevet plat, au fond du transept se trouve la porte des morts, porte qui servait à accéder au cimetière du monastère. De part et d'autre du transept se trouve les 6 chapelles dans lesquelles les moines prêtres célébraient leur messe après l'office des Vigiles. L’église fait écran aux vents du Nord ainsi le cloître devient plus agréable, les colonnes sont simples, elles ne possédent pas de frise. La Rosace avec ses contours en verre date du (XIVème siècle). On remarque, dans l'abbatiale, l'absence de Déambulatoire.

- La façade Occidentale

La façade Occidentale est percée d'un portail brisé surmonté d'un grande fenêtre à 4 lancettes. La façade du transept Nord présente les mêmes dispositions mais le portail est cintré. Conformément aux préceptes de l'art Cistercien, le chevet est plat. Il est percé d'une immense baie qui constitue son seul ornement. La nef est inachevée, elle comporte 3 travées voûtées d'ogives qui ne sont bordées d'un Collatéral qu'au Sud, en effet, le bas côté Nord n'a jamais été construit. On peut remarquer les clefs de voûtes. On trouve plusieurs armoiries, dont celles de l'abbaye,"Agneau Mystique et épée ayant tranché la tête de St Jean Baptiste", le visage de la Reine Bérengère, des motifs floraux ou encore des oiseaux picorant une grappe de raisin. L'élévation est différente au Nord et au Sud, au Nord, on trouve des baies à lancettes dans les 2ères travées puis une fenêtre à 4 lancettes.

Au Sud, le mur qui surmonte les grandes arcades ne laisse place qu'à une toute petite surface vitrée. Les croisillons comportent chacun 3 travées, éclairées par des baies à lancettes sur le mur Occidental et par des ouvertures triangulaires à l'Est. Le croisillon Nord-Est, de plus, éclairé d'une baie à 4 lancettes sur le mur de fond. Sous cette baie, on trouve la "Porte des Morts", qui donnait sur le cimetière. Le transept Sud ouvre sur la sacristie. Celle ci comporte 2 vaisseaux de 3 travées, voûtées d'ogives. Celles ci retombent sur des colonnes engagées et sur 2 colonnes centrales. Les chapiteaux sont très dépouillés. Une fenêtre à 8 lancettes groupées par 4 surmontées d'une Rose Rayonnante du XVIème siècle éclaire le choeur. Il est bordé de 6 chapelles.

- La Sacristie

Des traces de peintures retracant la vie du Christ son arrivée à Jérusalem, le Lavement de Pied, la Cène, sont visibles sur les murs de cette salle. La sacristie, du latin "Sace"r qui signifie "Sacré" abritait les vases sacrés et les Parchemins. Elle est ornée de 2 travées dans la longueur et 3 dans la largeur. Les croisées d'ogives s'appuient sur 10 colonnettes, encastrées dans les murs et sur 2 colonnes centrales en gré.

- La Salle Capitulaire

La Salle Capitulaire, du latin "Caput" qui signifie la "Tête", constitue le coeur d'une Abbaye Cistercienne. C’est là qu'est lu le début d’un texte, le chapitre d’un texte, ce qui justifie que le 2ème nom qui est donné à cette salle, est celle du Chapitre. Des fouilles ont abouti a la retrouvaille de quelques os de la Reine Bérengère morte en (†1230). Son gisant a été enlevé de la Cathédrale St Julien pour être remis à sa place d’origine, dans l'Abbatiale. On y pénètre par un portail en arc brisé, flanqué de 2 baies géminées, surmontées d'un Oculus Polylob. La salle comporte 3 vaisseaux de 3 travées. Au centre, la clef de voûte est ornée de l'Agneau Mystique. On trouve également dans cette salle le gisant de Bérengère de Navarre. Le Scriptorium comporte 2 vaisseaux de 3 travées. Il est voûté d'arêtes

Au Moyen Age c’était un dortoir commun avec une charpente de chêne, en berceau cintré, qui existe toujours. Situé à l'étage, il est éclairée par de petites fenêtres à ébrasements. Il appartient, maintenant, au département de la Sarthe. C’est dans ce dortoir que le conseil général de la Sarthe organisera plusieurs reunions.

- Le Logis des Hôtes

Le logis Abbatial constitue un élégant pavillon du (XVIème siècle) en forme de L. C'est là que résidait l'Abbé lors de ses séjours à l'abbaye. Au milieu d'un groupe de platanes sur la gauche se trouve le logis des Hôtes, c'est là que l'on recevait les hôtes de passage, Pèlerins et autres. C'est également dans ce bâtiment que se trouve le réfectoire, lieu où les moines prenaient leurs repas, ils y pénétraient par une grande porte en Ogive près de laquelle se trouvait le lavabo, passage obligé avant de pénétrer dans la salle.

- le Cloître

Dans les édifices Cisterciens, l'église et les bâtiments d'habitations des moines sont construits autour d'une cour, le cloître, du latin "Claustra" qui signifie un endroit qui est "Clos". Celui ci a complètement disparu de l'Epau. Il en subsiste seulement des doubles Corbeaux en pierre.

- Le gisant de la reine

Bérengère de Navarre tint à sa mort, à se faire inhumer au sein même de l'abbaye. Le doute demeure quant à l'endroit exact où elle s'est fait inhumer, car si son Gisant est bien là aujourd'hui, on ne sait avec certitude où son corps fut déposé. Pierre Térouanne trouva en (1960), un squelette de femme complet et intact dans le sous sol de la Salle Capitulaire. Une petite boîte de chêne a toujours suivi le gisant de la Reine, malgré ses multiples pérégrinations depuis la Révolution. Sur cette boîte était marqué "Ossa Berangeria, 1230-1672-1821-1861". Pourtant, la Reine est décédée alors même que l'abbaye n'a pas fini de sortir de terre. La seule possibilité aurait été celle de l'inhumation dans l'Abbatiale. Sa dépouille serait ainsi située sous le Gisant actuel, une oeuvre d'art Médiéval du milieu du XIIIème siècle. Le style du Gisant est proche de celui d'Aliénor d'Aquitaine à l'abbaye de Fontevrault. La Reine est couchée sur le dos, vêtue d'une longue robe resserrée à la taille par une ceinture. La Couronne Royale est posée sur sa tête, elle même reposant sur un coussin. A ses pieds est représenté un Lion terrassant un Lévrier. La couronne et le lion sont les symboles de la Royauté alors que l'escarcelle se situant près de sa ceinture, représente la générosité. Entre ses mains, repliées sur sa poitrine, la Reine tient un livre dont la couverture représente son propre GisantG.

En (1365), l'incendie a beaucoup atteint l'édifice et le Gisant fut certainement déplacé dans la Salle Capitulaire. Il fut, et c'est une certitude, amené dans l'Abbatiale en (1672). Il y demeura jusqu'à la Révolution et jusqu'à la revente de l'édifice comme bien National du clergé. Le bâtiment devint une gigantesque grange agricole et le Gisant fut vulgairement enfoui sous la paille. Il fallut l'intervention de Charles Albert Shotard, envoyé spécialement d'Angleterre pour veiller aux Gisants des Plantagenêts, pour que le tombeau soit respecté. Le propriétaire de la grange Abbatiale, Pierre Thoré, se résoudra à se séparer du Gisant quelques temps après. Il sera transféré dans le croisillon Nord de la Cathédrale en Décembre (1821). En (1861), le Gisant est déplacé vers le croisillon Sud pour laisser place au Gisant de monseigneur Bouvier. En (1920), le Gisant fait machine arrière et est de nouveau transféré dans le croisillon Nord, pour faire place au monument des prêtres du diocèse morts pour la France. C'est en (1970) que le Gisant est finalement ramené à l'Abbaye de L'Epau, dans la Salle Capitulaire. On le plaça au dessus du mystérieux tombeau trouvé par Pierre Terouanne. Ce squelette indique que la femme morte ici devait avoir une soixantaine d'années, soit l'âge de la Reine au moment de sa mort. Reste à savoir ce qui se trouve vraiment dans la boite attachée au gisant de la Reine.

- L'Epau au début du Siècle

L'Abbaye est vendue à la Révolution, il ne reste que 6 moines dans ses murs. Elle fut transformée en une exploitation agricole après avoir été confisquée en bien National. A l'abandon, l'abbaye n'était plus que ruines, le cloître a disparu au (XVIIIème siècle). Le 18 décembre (1925), un grand chambardement de restauration est lancé sur l'église par l'École des "Beaux Arts". La 2ème Guerre Mondiale stoppe les travaux en(1938). Après la guerre, l'ensemble des élus Sarthois et Mayennais votent à l'unanimité le rachat et la restauration d'une Abbaye ayant vécu pendant (V siècles) au rythme de la vie monastique. L'édifice est acquis en (1958) par le Conseil Général de la Sarthe pour 11 millions de francs anciens. Elle a fait l'objet d'une longue restauration dans un strict respect du style architectural du (XIIIème siècle). On a notamment vu la participation et le contrôle des instituts des Beaux Arts du Mans et de Paris. Les travaux de restauration durèrent près de 30 ans pour que l'Epau devienne aujourd'hui l'une des Abbayes les mieux conservées de France, et conservé dans sa Pureté Architecturale. C'est alors que l'abbaye devient également un lieu d'accueil et de visites. Entre (1965) et (1990), l'abbaye devient un lieu propre aux manifestations culturelles, surtout pour les concerts de "musique classique, les conférences ou les expositions". Le lieu est également l'endroit où siège l'Assemblée Départementale, tout particulièrement dans l'aile (XVIIIème siècle). La rénovation de cette dernière fut achevée en (1990). En (1991), on comptait au total une dépense de 60 millions de francs nouveaux pour l'ensemble des rénovations. En (1961), le bâtiment est classé aux "Monuments Historiques".

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