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Glossaire - Biographies
Jacobins 1 - Chronologie
Photos

- le Couvent des Jacobins

L'Ensemble Conventuel des Jacobins de Toulouse, ancien couvent des Frères Prêcheurs, est un magnifique exemple de construction monastique des (XIIIème siècle) et (XIVème siècle), entièrement réalisé en briques, dans l'art Gothique Languedocien. Les bâtiments monastiques de l'ancien couvent s'agencent selon un schéma qui a su se libérer de la stricte ordonnance des constructions de la période Romane, édifiées sur le plan modèle de l'abbaye de St Gall. Le réfectoire, dans lequel sont organisées des expositions de prestige telle Toulouse, sur les chemins de St Jacques est un des plus amples qui ait jamais existé dans l'architecture monastique. C'est un splendide vaisseau long de 60 mètres, recouvert d'une charpente lambrissée, baigné de lumière qui pénètre par des baies à lancettes trilobées. Cette belle construction, décorée de motifs géometriques du (XVème siècle), a été édifié sous le priorat du Frère Loup et achevée avant la Noël de (1303). C'est là que Gaston Phébus offrit un banquet fastueux au Roi Charles VI et à sa suite lors de leur venue à Toulouse à la fin du (XIVème siècle).

- La restauration des Jacobins

Les malheurs des Jacobins commencèrent au (XVIIIème siècle). Les Dominicains masquèrent en (1770) la façade pour édifier un bâtiment, d'ailleurs charmant, qui abrita ensuite jusqu'en (1964) les petites classes du Lycée.

La Révolution ferma le couvent, l'Empire en attribua en (1810) la propriété à la ville de Toulouse, Napoléon Ier l'affecta à l'armée qui démolit aussitôt les chapelles latérales et imagina de transporter dans la nef et dans le cloître quelques 5.000 mètres cubes de terre pour les mettre de plain pied avec la rue. L'édifice parut assez noble pour recevoir les chevaux et la chapelle St Antonin convenable pour une infirmerie vétérinaire. Les palefreniers furent mis dans les chapelles et, pour qu'ils aient leurs aises, on installa à mi hauteur un plancher, après avoir détruit ou muré les fenêtres. Le cloître, gênant les évolutions des chevaux, fut démoli aux 3 quarts.

En (1845), Mérimée écrivait à Vitet, " Voilà ce que j'ai vu, plus de 500 chevaux mangeant leur avoine et autant de canonniers dessinant ce que je n'ose dire. Malgré les chevaux et les hommes, toute l'Eglise est encore d'une admirable conservation." Il fallut pourtant attendre (1865) pour que le Ministère de la Guerre consentit à abandonner à la ville des bâtiments dont celle ci était propriétaire depuis (1810) en exigeant, à titre d'échange compensé, que lui soient donnés de vastes terrains où seront bâties les casernes.

Pendant de longues années les choses en restèrent là. L'édifice survivait, mais les blessures paraissaient incurables. Toutes les proportions étaient faussées par l'exhaussement du sol. Les baies de la nef, les arcs des chapelles étaient détruits ou murés. La voûte du clocher avait disparu. La brique paraissait trop éclatante et on avait, comme pour St Sernin et St Nicolas, sacrifié à la manie du badigeon. Dans l'aventure, la peinture ancienne, les fresques de la chapelle St Antonin avaient disparu. La couverture menaçait ruine et les parties hautes des contreforts se délitaient, le mobilier avait été détruit ou dispersé, la balustrade de cuivre de l'une des chapelles avait été fondue en (1793), la flèche du clocher démolie en (1795), le gisant de bronze de l'Evêque Raimond du Falgar, la plaque tumulaire de Jean de Bernuy avaient disparu.

Un chantier fut ouvert en (1920) qui, malgré bien des vicissitudes financières, ne devait plus être interrompu. Les progrès au début furent modestes comme les moyens, on s'attaqua aux vitraux, aux peintures de la chapelle St Antonin, à la façade de la Salle Capitulaire, à la partie basse des piliers latéraux. Entre (1939) et (1948), l'architecte Pillet donna au chantier une très heureuse impulsion. Pour les vitraux, Jean Verrier avec un goût très sûr abandonna les teintes neutres qui avaient été choisies avant lui, les verrières résolument modernes du maître verrier Max Ingrand introduisent des notes chaudes, de rouge au Sud, de bleu au Nord, qui s'accordent parfaitement avec la peinture des murs et la lumière venue des rosaces.

En (1950), on en vint aux chapelles latérales, l'administration du lycée qui les occupait les abandonna pour permettre de les reconstruire et de les voûter. Le chantier progressait, mais il menaçait, à ce rythme, d'être éternel. La municipalité de Toulouse parvint à persuader André Malraux, en s'engageant elle même à fournir chaque année 50 millions anciens, elle obtint la promesse que le Ministère de la Culture ferait un effort équivalent. 2 décisions heureuses complétaient cet accord, la désignation comme architecte en Chef des Monuments Historiques de Sylvain Stym Popper, la construction de nouveaux bâtiments pour le Lycée Fermat qui pouvait ainsi abandonner le cloître et les bâtiments qui masquaient la façade et le parvis.

Dès lors, les choses allèrent relativement vite. La réouverture des fenêtres fut terminée en (1962), les peintures de l'Eglise furent nettoyées entre (1965) et (1967), la façade Occidentale fut dégagée en (1964) et la restauration du portail entreprise pour être achevée seulement en (1972). Le grand cloître fut déblayé et Maurice Prin entreprit le travail, méritoire entre tous, de retrouver les colonnes et les chapiteaux qui manquaient. 12 éléments avaient été remployés au château de Maurens Scopons, d'autres au château de Montredon, d'autres enfin sur un monument à Fourquevaux. La ville les acquit, les plus souvent par rachat, et le cloître put être parfaitement reconstitué. Des soins tout particuliers furent apportés à la Salle Capitulaire et à la chapelle St Antonin dont l'élégance et la simplicité ajoutent à la beauté de l'ensemble. La grande sacristie fut enfin dégagée et elle paraît destinée à recevoir un trésor d'art sacré.

La façade Occidentale est achevée, le parvis reçoit ses proportions définitives, le mur Sud dégagé, l'autel dessiné et mis en place. Le pavement du cloître est exécuté en carreaux de terre cuite de Perpignan et dans le sol ont été enchâssées les pierres tumulaires, là même où elles ont été retrouvées. Le puits central à été remonté. Enfin, le pavement de l'Eglise marie harmonieusement les terres cuites d'Algans, le marbre blanc de St Béat et le marbre gris d'Arrudy. L'achèvement des travaux de restauration des Jacobins coïncida avec le 7ème centenaire de la mort de St Thomas et cette coïncidence même imposait de rendre à l'Eglise les reliques du Docteur Angélique. Leur translation à Toulouse, en (1369), avait été l'occasion de fêtes grandioses longuement rapportées dans les Annales. Elles avaient été alors disposées dans une tribune placée derrière les autels du choeur. En (1628), tribune et autel furent abattus et un mausolée fut élevé dont, disent les contemporains, "le travail surpassait la matière".

Le 11 Juin (1791), après le départ des Dominicains, la châsse fut transportée dans la crypte de St Sernin. Le 22 Octobre (1974), jour anniversaire de la dédicace de l'Eglise des Jacobins à St Thomas d'Aquin, par décision de S.E. le Cardinal Guyot, les reliques retrouvèrent leur place. Elles furent enchâssées sous l'autel, une simple dalle de marbre cédée par le Monastère de Prouille, qui dans sa simplicité a paru le mieux convenir à l'édifice.

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