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Glossaire - Biographies
Chronologie - les Abbés
Extérieur - Intérieur

- Les Bâtiments religieux

Vers le religieux, l'ascension s’effectue par une importante série de marches nommée le Grand Degré Extérieur. Cette succession de marches construite au (XIVème siècle) servait aux pèlerins de chemin de procession vers l’abbaye. Large de 4 mètres, ce chemin était coupé à mi hauteur par une porte pivotante censée défendre l’entrée des édifices religieux. Ce passage permet d’admirer longuement la profusion de bâtiments abbatiaux enchevêtrés les uns au dessus des autres dans une habile impulsion verticale. Située au-dessus du Grand Degré, la citerne de l’aumônerie, bâtie au (XVIème siècle), alimentait l’abbaye en eau douce. Au pied du Châtelet, commence le Grand Degré Intérieur qui constitue le seul accès à l’abbaye. Ce grand escalier ombragé est bordé à gauche par les hauts murs des logis Abbatiaux, et à droite par l’imposante église Abbatiale. Il est facilement dissociable du grand Degré Extérieur car il est enjambé par 2 ponts étroits. L’un d’eux, fermé à la manière d’une galerie, est recouvert de pans de bois joliment losangés. Il permettait à l’abbé de passer directement de ses appartements à l’église Abbatiale.

- N.D.sous Terre

L'église Carolingienne de N.D.sous terre, de modestes dimensions 11 mètres sur 13 mètres est le plus ancien édifice du Mont. Elle fut totalement recouverte par les constructions postérieures. Des fouilles ont permis de la redécouvrir à la fin du (XIXème siècle). Son édification se situe aux alentours de (966). Elle offre toutes les caractéristiques et la sobriété de l’art Préroman avec ses larges murs 2 mètres d’épaisseur constitués d’épaisses pierres de granit grossièrement taillées, ses arcs de forme Romaine composés de briques plates alternées de granit. En plein centre, un épais mur médian ouvert sur 2 arcades délimite 2 nefs parallèles qui se terminent chacune par un petit sanctuaire surmonté d’une tribune. On suppose que cette étrange figuration n’est pas d’origine. Elle aurait été ajoutée pour consolider la nef de l’église Abbatiale.

- L’église Abbatiale

La façade de l’église fut reconstruite en (1780), après qu’un incendie l’ait détruite, amputant la nef des 3 1ères travées. Cette façade est assez commune par rapport à l’intérieur. Pour les bâtisseurs, l’impératif était qu’elle résiste avec vigueur aux aléas du temps. Les 3 travées de la nef furent remplacées par une plate forme s’ouvrant sur la mer, nommée le "Plomb du Four". Sur cette terrasse, 2 plaques Tumulaires évoquent les abbés inhumés devant la façade Robert de Torigni et Martin de Furmendi, son successeur.

L’église Abbatiale Romane est implantée entre (1023) et (1085) au plus haut du rocher. Cela engendra certaines contraintes puisque la plate forme supérieure du Mont n’était pas suffisamment grande pour supporter un édifice d’une telle ampleur 80 mètres de long. Les bâtisseurs de l’époque usèrent d’un subterfuge en étendant artificiellement la surface par la construction d’un ensemble de cryptes dont le but était de supporter le choeur et les bras du transept. Pour soutenir la nef, on prolongea et renforça N.D.sous Terre, située dessous. A l’intérieur, les styles Roman et Gothique cohabitent avec une grande harmonie.

Les Transepts Romans reposent sur les cryptes St Martin et N.D.des Trentes Cierges, nommée de cette façon en hommage aux 30 moines vivant dans l’abbaye au moment de son édification. Soutenant le bras Méridional, la crypte St Martin a gardé son aspect d’origine XIème siècle. D’une portée de 9 mètres, son ample voûte est renforcée en son centre par un arc imposant. Ses murs très épais sont ouverts sur des petites fenêtres qui laissent difficilement pénétrer la lumière du jour, valorisant ainsi le beau relief de la voûte. Solidement soutenus par ces 2 cryptes, les bras du transept ont sensiblement la même disposition. Ils se terminent par 2 belles Absidioles. L’Absidiole de droite héberge la plus ancienne statue représentant St Aubert. Il s’agit d’une statue Romane en granit du (XIème siècle).

La Nef Romane ne comprends plus que 4 travées sur les 7 d’origine. Elle est divisée dans sa hauteur en 3 niveaux composés d’arcs de plus en plus petits, jusqu’aux grandes fenêtres supérieures qui reproduisent la forme des arcades du bas. A la suite des divers incendies, ses murs de granit ont acquis une teinte légèrement rougeâtre. La voûte centrale de l’église dispose d’une charpente apparente et, dans la plus pure tradition Normande, elle est couverte d’un lambris en bois qui allège la structure et permet les nombreuses ouvertures vers l’extérieur ainsi qu’une grande luminosité.

Après l'effondrement du choeur Roman, il fut remplacé par un superbe choeur Gothique Flamboyant qui nécessita 70 ans de construction (1446)-(1521). Il forme une Abside entourée d’un Déambulatoire autour duquel s’articulent 5 chapelles Rayonnantes et 2 chapelles rectangulaires. Il s’élève sur 3 niveaux. En bas, les grandes arcades. Au centre, la galerie du Triforium éclairée par de nombreux vitrages. Au niveau supérieur, les larges fenêtres hautes qui occupent toute la surface du mur et rappèlent les arcades du bas. Les énormes piliers des grandes arcades se prolongent par des colonnes plus petites jusqu’aux clés de voûtes sans interruption. Cet agencement lui confère une impression de hauteur et d’élancement alors que sa hauteur n’excède pas 25 mètres.

Le Choeur est supporté avec vigueur par la Crypte des gros piliers située dessous. Cette crypte possède 8 piliers Cylindriques disposés en demi cercle d’une circonférence de 5 mètres, et 2 colonnes centrales plus minces soutenant le Maître Autel. La proximité de chacun des piliers procure à cette salle une impression de massivité. Par contraste, les voûtes offrent un jeu de prismes raffiné qui tranche avec la robustesse des piliers. Cette pièce desservait différentes parties du Monastère.

De l’extérieur, l’Abbatiale est étayée par une superposition d’arcs boutants ornés, au sommet, par d’exubérants décors végétaux en contraste avec la sobriété de l’intérieur. L’ensemble de l’édifice est dominé par une fine flèche Néo Gothique en cuivre culminant à 160 mètres au dessus des grèves. Elle fut réalisée par Victor Petitgrand en (1897). La statue dorée de l’Archange Michel, réalisée la même année par le sculpteur Frémiet, couronne avec superbe l’ensemble.

- l’Abbaye Romane

Entre le (XIème siècle) et le (XIIème siècle), faute de place, les locaux monastiques sont élevés sur 2 étages, directement sur les flancs du rocher. Ils sont érigés autour de l’église Abbatiale et forment un demi cercle. Ces pièces étaient à l’usage des moines. Parmi ces bâtiments, la salle de l’Aquilon, située au Nord, était utilisée pour l’accueil des pauvres. Cette salle austère et sombre doit son nom au vent glacial qui la traversait de part en part. Elle est divisée en 2 nefs par une rangée de colonnes robustes. Elle possède de jolies voûtes renforcées par des doubles arcs brisés.

A ses côtés, le Promenoir des moines offre le même genre de configuration puisqu’il est traversé en son centre par une rangée de 5 colonnes. Cette salle, toute en longueur, est couverte de voûtes sur croisées d’ogives Gothiques assez rudimentaires qui s’encastrent dans des murs épais de style Roman. Cette pièce est donc l’une des 1ères tentatives Gothiques de l’époque.

La chapelle St Étienne construite pendant le (XIIème siècle) au Sud de N.D.sous Terre. Celle ci était utilisée comme chapelle mortuaire. Creusée dans son mur Nord, une grande niche peu profonde recevait le lit mortuaire des moines. A sa place, on peut désormais admirer une pietà datant du (XVème siècle). Au cours du (XIIIème siècle), ses voûtes ont été remplacées par de jolies voûtes sur croisées d’ogives.

A proximité directe, l’Ossuaire, édifié en (1060), présente un enchevêtrement de piliers sur voûtes de différentes hauteurs, avec des entresols à certains endroits. Cela laisse à penser que ce lieu faisait partie d’un ensemble plus vaste n’ayant pas subsisté. En (1820), une grande roue monte charge y fut installée afin d’acheminer la nourriture aux prisonniers de l’abbaye.

- la Merveille

L’Abbaye Gothique, communément appelée la Merveille, est construite au Nord de l’église Abbatiale au début du (XIIIème siècle). Elle est constituée de 2 corps de bâtiments accolés l’un à l’autre. Toujours à cause des contraintes topographiques liées au Mont, cet ensemble est édifié sur 3 niveaux, avec des salles de plus en plus belles, légères et abouties au fur et à mesure de l’ascension. Le 1er niveau comprend l’Aumônerie, le Cellier. A l’étage supérieur se trouvent la salle des Hôtes, la salle des Chevaliers. Enfin, le dernier niveau est composé du Réfectoire et du Cloître, et le jardin suspendu entre le ciel et la mer. A l’extérieur, cet ensemble à flanc de rocher est soutenu par de puissants contreforts situés au Nord.

La fonction de l’Aumônerie était d’accueillir et de nourrir les Pèlerins les plus pauvres. Cette vaste salle de 35 mètres de long remplace la salle de l’Aquilon. Elle est divisée en 2 par 6 colonnes supportant de simples voûtes d’arêtes, par l’intermédiaire d’un chapiteau. Avec le Cellier, elle fait partie des salles les plus simples de la Merveille. Le cellier communique directement avec l’Aumônerie. Dans cette pièce étaient conservées les provisions du monastère car ses étroites fenêtres ouvertes au Nord lui procurent ombre et fraîcheur. Cette salle est légèrement plus haute que sa voisine. 2 séries de piliers cubiques la divise en 3 rangées d’une largeur inégale. Comme l’aumônerie, elle est agrémentée de voûtes simples qui s’appuient directement sur les piliers.

Au 1er étage, la salle des Hôtes était destinée à recevoir les invités les plus Nobles. Elle est donc bien plus ouvragée et semble plus légère que ses voisines du dessous. Cette pièce toute en longueur est traversée par une rangée de colonnes fines et délicates agrémentées, à la base supérieure, par des motifs de feuillage. Le plafond abonde en jolies voûtes sur croisée d’ogives qui contrebutent entre elles, d’où l’impression qu’elles partent en tous sens et offre une jolie perspective. Ses fines fenêtres s’ouvrent au Nord et à l’Est. Cette salle possède 3 cheminés, dont 2 très imposantes disposées côte à côte. Celles-ci permettaient la préparation des repas destinés aux Hôtes de marque. La 3ème, aujourd’hui amputée de sa hotte, permettait de chauffer cette vaste pièce.

A ses côtés, la salle des Chevaliers est soutenue par les imposants piliers du cellier. Son style est assez différent et moins en finesse que sa voisine. Elle est traversée par 3 rangées de colonnes trapues agrémentées à leur sommet par un décor végétal. Le plafond offre des voûtes sur croisées d’ogives accentuées par des moulures imposantes. De vastes baies circulaires installées dans sa hauteur lui confère une grande clarté. Cette salle imposante possède également sa cheminée. Sa décoration générale est très influencée par le style Normand de l’époque. Sa grande luminosité incite à penser qu’elle servait aux moines de Scriptorium. Lieu de copie et d’enluminure des ouvrages Bibliques.

Au 3ème et dernier niveau se situe le Réfectoire, lieu où les moines prenaient leurs repas. Contrairement aux salles des étages inférieurs, traversées de piliers afin de soutenir l’ensemble de la Merveille, le Réfectoire n’eut pas à subir cette contrainte. Aucun support ne vient donc le diviser. Cette pièce spacieuse, toute en longueur, fournit un éclairage homogène d’une grande douceur. Cela est dû à la particularité de ses fenêtres. Certaines contraintes architecturales ne permettaient pas l’ouverture de larges fenêtres sans risques d’affaiblir la structure. Il fut installé, sur les murs Nord et Sud, une série de 59 fenêtres aussi étroites que des meurtrières. Ces fenêtres sont profondément encastrées dans des niches installées de biais, ce qui confère une perspective d’espace fermé bien que la lumière soit diffuse. Le plafond est couvert d’une charpente lambrissée de style Normand, semblable à celui de la nef de l’église Abbatiale.

Au même niveau que le Réfectoire et l’église Abbatiale, le Cloître vient clore avec délicatesse cet ensemble Gothique surprenant. Il est très différent des autres salles de la Merveille car il s’en dégage beaucoup de subtilité, voire une certaine légèreté. Ses 4 galeries peu élevées s’ouvrent sur un joli jardin intérieur délimité par une double série de 137 colonnettes en granit rose disposées en quinconce, et reliées à leur sommet par des arcs diagonaux. Cela procure un contraste entre l’ombre et la lumière. Cette disposition permet aussi de soutenir solidement la toiture en schiste des galeries. A l’intérieur des galeries, l’ensemble des Chapiteaux en calcaire est finement sculpté de rosaces de feuillage, à l’intérieur desquels on peut remarquer, de temps à autre, un écoinçon à l’effigie d’un personnage iconographique. Le mur Occidental s’ouvre sur 3 larges baies avec vue sur la mer. A l’origine, ce passage devait permettre l’accès vers une autre salle la salle Capitulaire qui ne fut jamais construite.

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