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Glossaire - Biographies
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Extérieur - Intérieur - Vert Bois

- les fermes du Monastère

Les moines ont créé près de leurs monastères des fermes qui leur permettaient de subvenir à leurs besoins alimentaires. La volonté d'une certaine indépendance économique exigeait de travailler soi même et en autarcie, d'où l'exploitation de vastes domaines fonciers. Ces exploitations étaient parfaitement ordonnancées à l'image de l'organisation des monastères. La base de cette organisation n'est autre que la règle Bénédictine, de St Benoît, "la règle organise différents éléments et les équilibre selon une certaine cohérence, le cadre matériel était en accord avec le propos spirituel". L'architecture des granges, dimières ou non, n'est pas sans rappeler celle d'une église. Dans les lieux à vocation économique, les piliers et voûtes sont identiques à ceux du cloître et du chapitre, que ces lieux soient inclus ou non dans l'enclos Abbatial, certaines voûtes d'étable ne sont pas sans rappeler les voûtes de cloître. La grande technicité des moines tant dans la gestion que dans la production explique également la qualité architecturale des bâtiments agricoles. L'architecture dépouillée de tout superflu fait converger les nécessités fonctionnelles.

Ils s'adaptent au site et aux matériaux disponibles sur place, pierre, terre, bois. D'où la diversité des matériaux rencontrés dans les constructions. Sur le plan de la production, les moines Blancs ont su retenir les méthodes culturales les plus efficaces, pratiquant l'assolement triennal avec rigueur, effectuant des remembrements, retenant telle race animale ou espèce végétale pour ses qualités observées. Malgré cela, les rendements n'avaient rien d'exceptionnel. Ce qui explique l'importance des domaines. Bien qu'il n'existe pas ou peu d'études sur le sujet, on peut avancer que l'art des cisterciens a été de Rationaliser l'organisation de leurs exploitations selon une conception distributive de l'espace, principe proche de celui des monastères, disposer les différentes activités autour d'une cour carrée ou pour le moins quadrangulaire selon la topographie des lieux d'implantation. Cette organisation permet d'une part une surveillance aisée des différents bâtiments, et d'autre part de ramener en un point central les litières provenant des différents lieux de vie des animaux. On donnera le nom de Cense à ces exploitations lorsqu'elles sont louées à un tiers qui devait payer le Cens redevance due pour le Fermage des terres, le locataire étant appelé Censier. En effet, progressivement le faire valoir direct s'éteint, faute de recrutement de Frères Convers. Aux (XIIIème siècle) et (XIVème siècle) les domaines passent en fermage, mais le style reste. Par une gestion rigoureuse, un sens de l'observation développé, les Cisterciens ont su optimiser les moyens de production au point qu'ils sont devenus un exemple.

- la ferme du Vert-Bois
une ferme Fortifiée ?

Peut être issu d'une villa, grande exploitation agricole Gallo Romaine, le Vert Bois est mentionné dès le (XIVème siècle) sous le terme verbos. Au (XVIIème siècle), ce Fief Seigneurial devient la propriété des Chartreux de Neuville dans des circonstances incertaines. Selon le chanoine Lefebvre, curé d'Halinghem et historien officiel de la Chartreuse, le Vert Bois aurait été donné aux Chartreux par un membre de la famille de Fiennes en expiation d'un duel au cours duquel il aurait tué son adversaire. Les Chartreux n'exploitent pas directement cette terre qu'ils louent à des fermiers. En (1789), le Vert Bois est confisqué et vendu comme bien national en (1791). Le maire de Samer, François Blanquart de la Barrière, Aristocrate, s'en rend acquéreur pour la somme de 110.500 livres. Mais il ne profite pas longtemps de sa nouvelle propriété car il est guillotiné à Arras en (1793) pour sa fidélité au Roi. L'exploitation reste dans cette famille jusqu'en (1855). Elle demeure par héritage la propriété d'une famille Noble.

Le Vert Bois se rattache au type de fermes à cour fermée. Les bâtiments qui encadrent la cour sont jointifs aux angles. Cette disposition est dictée par des principes élémentaires de défense et de surveillance des animaux. Dans le Montreuillois, il caractérise les exploitations isolées où la méfiance vis à vis des intrus est plus forte. La maison est rarement implantée en bordure de rue. Cet agencement répond également à des données de fonctionnement rationnel. La proximité des différentes dépendances évite à l'exploitant des déplacements inutiles. Par ailleurs, lorsque la ferme est implantée sur un plateau, c'est aussi un moyen de la soustraire à l'action du vent.

Le portail monumental (J) est à la fois un élément de prestige et un moyen d'écarter les intrus de la vie de cette ferme isolée sur le plateau. Il est encadré par 2 tourelles construites en craie, de plan Octogonal, à l'origine percées de meurtrières côté rue et côté cour pour des raisons défensives ou dissuasives. La tradition orale rapporte que la chaussée Romaine était une route fréquentée par les contrebandiers de tabac. Côté rue, les meurtrières ont disparu sous l'enduit après une restauration dans les années (30). Le corps de logis (A) a été reconstruit dans les années (1820) après un incendie. Sa toiture couverte d'ardoise est surmontée d'un campanile doté d'une cloche qui rythmait les journées de travail des ouvriers. Le logis est entouré par 2 écuries (B) et (C). Celle de gauche est percée de baies en plein cintre et de fenêtres en demi cercle. Des rubans de brique peints en blanc courent le long de la façade. Les combles de l'écurie comportent des lucarnes passantes également appelées gerbières. Elle permettait de stocker le grain ou la paille sous les toits. Dans les fermes, l'écurie est systématiquement située à côté du corps de logis car les chevaux sont le bien le plus précieux de la ferme. Une trappe percée entre le mur de la chambre et l'écurie permettait au fermier de surveiller les juments lorsqu'elles s'apprêtaient à mettre bas. L'ancien logement des ouvriers agricoles (D) a été aménagé en (1936) en vertu d'une loi interdisant de loger les employés de ferme avec les bêtes. L'ancienne bergerie (E) dont les murs de craie s'élèvent sur un soubassement de silex a été transformée en chambres d'hôtes. Une succession de petites portes signale les porcheries> (F). La dimension des portes était adaptée à la taille des bêtes abritées dans l'étable. Le nombre de granges (G) et leur taille témoignent de l'importance et de la richesse de cette ferme. Edifiées en brique sur un soubassement en damier de grès et de silex, elles sont percées de grandes portes charretières permettant le passage des charrettes. D'autres ouvertures verticales ressemblant à des meurtrières sont en réalité des ouïes de ventilation qui permettent l'aération et évitent l'humidité. Les toitures des 3 granges sont soulignées d'une corniche aux motifs triangulaires. La façade de l'étable à vaches (H) est animée par un ruban qui souligne les baies en demi cercle. Celui ci a une fonction de larmier destiné à empêcher les rongeurs de gagner l'étage où est stockée la paille. Le 2ème niveau comporte des baies rectangulaires permettant l'engrangement. La cour du Vert Bois est une des plus grandes du secteur. Elle est légèrement inclinée en direction du (flot) qui recueille les eaux pluviales. Il servait à l'abreuvement des animaux et constituait une ressource en eau précieuse en cas d'incendie. Devenus rares dans la vallée, les flots étaient présents dans toutes les fermes. Celui du Vert Bois en est d'ailleurs un exemple remarquable. Entouré de 3 murs, il surprend par ses dimensions et aurait une profondeur de 4,50 mètres. Chaque exploitation avait son puits. Celui du Vert Bois est toujours matérialisé par une plaque au sol (I) mais n'est plus utilisé. Il aurait une profondeur de 72 mètres.

- la ferme de la Chartreuse

Accolée au couvent dont elle porte le nom, la ferme de la Chartreuse a des origines très anciennes. Elle existait avant la fondation de la Chartreuse. Elle est donnée aux Chartreux par Jean Courteret, chanoine de la cathédrale de Thérouanne et Guillaume des Prés, tous 2 Chambellans du Comte de Boulogne au moment de la construction de la Chartreuse. Le Prieur Dom Pierre de Berghes s'y installe avec 2 religieux pour surveiller le chantier. Jusqu'au (XVIème siècle), on l'appelle Ferme des Préaux, puis Ferme de la Basse Cour pour la distinguer des bâtiments Conventuels. L'existence de l'exploitation est liée à celle du monastère et connaît les mêmes vicissitudes. Elle est pillée par les Anglais durant la Guerre de (100) ans, puis ravagée par les Espagnols à 23 reprises au (XVIème siècle). Quelques maisons voisines de la ferme étaient particulièrement mal fréquentées. Albert Leroy raconte que les Montreuillois fuyaient la "Police Echevinale de Montreuil" pour se livrer à des orgies. Pour se débarrasser d'un voisinage aussi peu approprié à la vie monastique, le Prieur les rachète et les fait détruire au début du (XVIème siècle). La ferme est directement exploitée par les religieux jusqu'en (1789). Puis elle est louée à Martin Cappe, frère du procureur du monastère. C'est une exploitation conséquente dont le cheptel se compose de plus de 20 chevaux, d'autant de bovins et d'environ 200 moutons. Pendant la Révolution, Martin Cappe est dénoncé par un commerçant de Neuville pour avoir tenu des propos négatifs à l'égard de la Constitution. En (1791), la ferme est vendue avec la Chartreuse comme bien National à un Lieutenant du Roi de Montreuil. Elle est ensuite exploitée par son fils, Alexandre Duval de Conteval et louée par sa veuve à un fermier à la mort de celui ci en (†1866). Rachetée par les chartreux en (1870), la ferme est confisquée en (1903), sous l'effet des lois de séparation des églises et de l'Etat. Elle est cédée en (1907) à la société du sanatorium du Pas de Calais. Elle est de nouveau vendue en (1929) et louée à Monsieur Jean Sailly en (1930). Ses descendants en font l'acquisition en (1974). Le corps de logis date de (1894). La grange construite par les Chartreux en (1871) a été endommagée par un incendie en (1944), les Allemands y ayant laissé des obus. Les terres de la ferme sont criblées de galeries souterraines qui sont des carrières d'où l'on a extrait la craie nécessaire aux restaurations et à la reconstruction des années (1870). Albert Leroy raconte qu'en (1932), pendant les labours, 3 chevaux ont disparu dans une excavation lors d'un effondrement.

- la ferme des Chartroux

La ferme à gauche à l'entrée de Maresville est la ferme des Chartroux. Elle était une possession des Chartreux de Neuville. Sa grange de grande dimension a toutes les caractéristiques de celles édifiées par les monastères. Toutes les dépendances sont construites en pierre du pays. Au centre de la cour se dresse le pigeonnier à proximité de la mare. Le corps du logis en rez de chaussée est tout en longueur. Il est précédé d'un perron. Le centre de la façade est occupé par une tourelle contenant un escalier à vis desservant les greniers.

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