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Glossaire - Biographies
l'Abbaye - Chronologie - les Abbés
Photos

- Abbaye de Noirlac


- Présentation
* Fondation : (1136)
* Début construction : Milieu (XIIème siècle)
* Fin construction : (XIVème siècle)
* Réaménagements : (XVIIIème siècle)
* Dissolution : (1791)
* Abbaye-mère : Abbaye de Clairvaux
* Lignée de : Abbaye de Clairvaux
* Abbayes-filles : Aucune
* Congrégation : Ordre Cistercien
* Styles : Roman et Gothique, Cistercien
* Protection : Classée Monument Historique (1862)

- Situation
* Pays : France
* Province : Berry
* Département : Cher
* Commune : Bruère Allichamps

- Historique

L'abbaye est édifiée pour l’essentiel au (XIIème siècle). L'église est construite suivant le plan Bernardin déjà utilisé pour l'Abbatiale de Fontenay. Elle est consacrée en (1147). La construction du Choeur, du Transept et des 2 dernières travées de l'église est achevé entre (1150) et (1160). Entre (1170) et (1190), construction du mur de l'église longeant le Cloître, de la Salle Capitulaire, de la salle des Moines et du Dortoir des Moines au 1er étage à l'Est du Cloître. Enfin est construit le bâtiment des Convers à l'Ouest du Cloître. Au début du (XIIIème siècle), un Porche est accolé à la Façade, et le Réfectoire au Sud du Cloître est élevé dans les années suivantes. De (1270) à (1280), construction des galeries Nord et Ouest du Cloître. La disparition progressive des Convers entraîne la suppression de la Ruelle des Convers pour accéder au bâtiment des Convers. Elle est remplacée par la galerie Ouest du Cloître qui est complété par les galeries Est avant (1350) et Sud vers (1300).

Un système hydraulique est mis en place dès le (XIIème siècle). Les Moines captent une source très proche, située au Nord du Transept de l'Abbatiale. Des sondages ont montré l'existence d'un grand collecteur d'eau entoure l’ensemble des bâtiments monastiques groupés autour du Cloître. La construction est homogène, d'une hauteur et d'une largeur oscillant entre 80 et 129 centimètres, il est formé de murs en moellons et couvert par une voûte en plein cintre brute de décoffrage, bandée d'arcs appareillés. Il semble avoir été construit au moment où les bâtiments Monastiques sortaient de terre. D'autres installations hydrauliques ont été découvertes dans le monastère, dans le prolongement du grand collecteur. A l'intérieur du cloître, des canalisations aux dimensions bien plus petites, larges de 35 à 50 centimètres et profondes de 50 centimètres, ont été découvertes. Elles semblent avoir été régulièrement entretenues au Moyen Age et au (XVIème siècle).

- Donations

La donation d'Ebbes V de Charenton est confirmée en (1159), à la demande de Pierre de La Châtre, alors Archevêque de Bourges et Primat d'Aquitaine, par Agnès, femme d'Ebbes. L'Abbaye de Bussières qu'ils avaient fondée pour les Moniales, et rattachée à l'Abbaye de Noirlac. Ebbes VI de Charenton, fils du fondateur, confirme les donations de son père en (1189), et en ajoute d'autres à la demande de l'Archevêque de Bourges, Henri de Sully.

Durant toute la 1ère moitié du (XIIIème siècle), les donations affluent, en "bois, terre, vignes, étangs, moulins et maisons de ville", au profit de l'Abbaye de Maison Dieu sur Cher. On ira jusqu'à compter alors jusqu'à 14 Granges, 17 Fermes, 275 Hectares de "forêt, des maisons, des moulins, des près, des dîmes et des cens" dont l'inventaire a été fait par Jean Plat dans son écrit harv|Plat|l'Abbaye de Noirlac. Les Seigneurs de Charenton et les Grands Donateurs sont enterrés dans le Cimetière et dans le Cloître. Les tombes de plusieurs Abbés, d'Ebbes V et de sa femme Agnès, de leur fils Ebbes VI, de la fille de ce dernier, Mahaut, et de son mari Renaud de Montfaucon, devenu Seigneur de Charenton, se trouvaient dans la Salle Capitulaire. La 1ère mention de l'abbaye sous le nom de Noirlac se trouve en (1322).

- la Défense

Pendant la guerre de 100 Ans (1337)-(1454), le Berry et le Monastère sont fréquemment victimes de ravages. Ainsi, de (1358) à (1360), les soldats commandés par le Capitaine Anglais Robert Knolles occupent le monastère. D'autres troubles sont dus aux Grandes compagnies, puis aux Ecorcheurs et à la Praguerie. Pour leur défense, les religieux entreprennent de fortifier l'Abbaye. Un certain Jean Bourguignon de St Amand est chargé de la protection. Un Donjon est construit. En (1423), le Seigneur d'Orval, Guillaume d'Albret, confirme le droit accordé précédemment par son Père, Connétable de France, de faire fortifier l'abbaye et de faire assurer la garde par un Capitaine. Après le traité d'Arras (1435), les Ecorcheurs sont menés dans le Berry, entre (1435) et (1438), par Rodrigue de Villandrando, et par Jean de Bourbon (1420)-(1496). Au Printemps (1437), Villandrando et Jean de Bourbon se dirigent vers St Amand Montrond et font du Château de Montrond, pour un temps leur quartier général. L'abbaye de Noirlac a plusieurs fois subi les conséquences des exactions de ces brigands. Le donjon est encore mentionné en (1724), mais toute trace de cette construction a disparu.

Après la fin de la guerre, la communauté vit la crise morale du mouvement. Car l'afflux de dons qui eut lieu jusqu'à la fin du (XIIIème siècle) au bénéfice de cette abbaye et les revenus que les Moines en tirèrent, firent d'eux des rentiers qui n'avaient plus à oeuvrer pour gagner leur subsistance. Cette situation avait peu à peu engendrée parmi les membres de la communauté Cistercienne de Noirlac des dissensions et déviances. 2 faits divers sont rapportés illustrant cette dégradation, en (1459), un Moine qui avait Apostasié plusieurs fois est pourtant réhabilité par le "Chapitre Général", en (1476), un Moine est condamné à la prison Perpétuelle par le "Chapitre Général" pour avoir Tué un Moine. Diverses enquêtes sont menées, avec les Abbés de Reigny, de Fontmorigny et de Chalivoy, pour éclaircir les agissements des Moines et Punir les Coupables. La dernière tentative de restauration est menée en (1521) par l'Abbé de Bouras qui est chargé par le "Chapitre Général" de visiter l'abbaye de Noirlac et de la réformer.

- la Commende

L'abbaye de Noirlac est mise en Commende en (1510) L'Abbé, nommé par le Roi et non plus élu par le Chapitre, dirige l'abbaye, mais n'a plus l'autorité religieuse. La vie quotidienne va être modifiée. L'Abbé installe son logis dans l'ancien bâtiment des Convers, au dessus du Cellier. L'Abbé et les Moines ont une entrée commune, sous le Donjon. Lorsque l'Abbé ne réside pas en permanence au monastère, un Prieur est nommé pour assurer le bon fonctionnement l'abbaye. En (1569), les Protestants commandés par Wolfgang de Bavière, Duc des Deux Ponts, à la tête d'une armée Huguenote Allemande, traverse le Berry dans sa partie Nord-Est à marche forcée. Elle se contente de piller les églises qui se trouvent sur son chemin. Ce n'est donc pas à cette armée qu'il faut attribuer la destruction du Porche de l'église et celle du Pignon Nord du Transept de l'abbaye de Noirlac, ainsi que l'Incendie de la partie Sud du bâtiment de Convers. Ils semblent seulement responsables du pillage de granges appartenant à l'abbaye. Un livre terrier datant de (1600) décrit les lieux sans noter de dégradations dans l'Abbaye.

La Fronde inflige d'importantes destructions à l'Abbaye. Entre (1650) et (1652), le Prince Louis II de Bourbon Condé, dit le Grand Condé tient la forteresse de St Amand Montrond, assiégée par les troupes Royale. Les troupes des 2 partis prennent et reprennent l'abbaye pendant le siège du Château. Il en résulte de nombreuses dégradations et destructions. La démolition de plusieurs bâtiments de l'abbaye par les soldats des 2 partis est signalée en (1654) par l'Abbé de Noirlac, mais il n'y a pas de réparations importantes. Il ne reste alors plus que 4 Moines à Noirlac.

Dans la 2ème moitié du (XVIIème siècle), les bâtiments sont partagés entre l’Abbé Commendataire qui dispose du bâtiment des Convers, de la galerie du Cloître Ouest et de la grande Cuisine. Les Religieux ont le Cloître, le Dortoir, le Réfectoire, la chambre des Hôtes et les Greniers au dessus des 3 autres galeries du Cloître. Les Moines profitent d'une tolérance accordée par le Pape Alexandre VII pour diviser le Dortoir en Cellules. On connaît l'état de l'Abbaye au début du (XVIIIème siècle) par une visite faite par l'historien et liturgiste Edmond Martène, grand spécialiste de la Règle de St Benoît. Il note :

    " L'Abbaye de Noirlac où je fus de Font Morigni a conservé plus de restes de son ancienne splendeur. Les Cloîtres, le Chapitre, le Parloir, le Noviciat, le Réfectoire, la Cuisine, marquent quelque chose de grand. La cheminée de la Cuisine est d'une structure singulière. Car elle est double et s'avance jusqu'au milieu de la Cuisine, on médit que monsieur le Prince l'ayant vue, ne pouvait cesser de l'admirer. L'église est encore toute entière, les Chaires du Choeur se ressentent de la simplicité du temps de St Bernard. Je n'en ai vu que fort peu de semblables. L'abbé de Clairvaux faisant sa visite, en fit retrancher la moitié."

- Restauration

Malgré les travaux entrepris par l'Abbé Claude de Mauroy, l’Abbaye était en piteux état lorsqu'Antoine Louis d'Aurillac est nommé Abbé Commendataire. Un état des travaux à réaliser est dressé en (1717). L'état de l’Abbaye est dégradé, au point que l’Abbé Commendataire habite à l'hôtel St Vic à St Amand Montrond, et les Moines, mangent dans un lieu malsain où étaient les nécessaires. L'Abbé organise, dans un 1er temps, le partage des biens et revenus de l’Abbaye, l'Abbé reçoit la maison de St Vic, l'actuel musée à St Amand Montrond et le Dortoir des Convers est attribué aux Moines. Les travaux sont à la charge de l’Abbé qu'il finance par les biens et revenus de l’Abbaye. Il débute ensuite un ensemble de travaux dont une 1ère tranche est réalisée de (1724) à (1730).

D'autres travaux d'aménagement sont menés à partir de (1740). C'est de cette période que datent les Chambres confortables dans le Dortoir des Moines.Le bâtiment se trouvant entre l'aile Orientale, le bâtiment des Moines, et l'ancien Réfectoire sont réaménagés en l'agrandissant d'une pièce. L'église reçoit des boiseries. Les Moines font établir des chambres d'Hôtes dans l'ancien Réfectoire. Un escalier monumental est construit pour accéder au chambres d'Hôte. Un rapport transmis en (1766) à l'Archevêque de Bourges décrit l'état de l'Abbaye alors qu'Antoine Louis d'Aurillac est Abbé depuis plus de 40 ans. L'Abbaye ne compte plus que 5 religieux, ils sont tous Prêtres, l'église est bien entretenue, les bâtiments sont en bon état, le Dortoir est neuf avec 7 chambres et une chambre d'Archives et une autre servant d'Infirmerie.

- Révolution Française

En (1790), l'Abbaye est Sécularisée et en (1791), elle est vendue comme bien National à un dénommé Jean Amable Desjobert qui en fait sa résidence de campagne pour 150.000 livres, il est secrétaire des Commandements du Maréchal de Soubise secrétaire du Roi au Parlement de Paris. Veuf, sans enfant, il habite à St Amand. Il est incarcéré comme suspect pendant la Révolution. Il laisse ses terres à la ville qui donne son nom à une promenade.

- la Manufacture

En (1822), Hall, un citoyen d'origine Britannique ayant déjà des intérêts dans des Faïenceries de Creil, Montereau et Gien, rachète l’Abbaye pour y installer une manufacture de Porcelaine. L'activité de la manufacture est attestée de (1822) à (1866). L'église est divisée par un plancher en 2 étages. Des fours à Porcelaine sont placés contre le mur Nord du Collatéral. Les Greniers du Cloître sont rehaussés et agrandis. 2 grandes ouvertures sont percées dans la galerie Sud du Cloître entraînant à terme l'effondrement des voûtes. Les ouvertures de la galerie du Cloître sont murées. Le Cloître est rehaussé pour y établir de grands Greniers de séchage et de stockage des Porcelaines. En (1833), Hall revend l'Abbaye à la famille Pillivuyt de Foëcy, propriétaire d'une Manufacture qui existe encore à Mehun sur Yèvre. Après une période de location, Pillivuyt reprend l’Abbaye en (1848). La fabrique est rattachée à celles du Porcelainier en (1854).

En (1837), Prosper Mérimée visite l'Abbaye. La dégradation due aux aménagements Porcelainiers et le manque d'entretien des couvertures est dénoncée en (1838) dans ses Notes d'un voyage en Auvergne :

    "Il est à regretter qu'une église aussi vaste, et à certains égards aussi remarquable que celle de Noirlac, ait reçu une destination qui la dénature si complètement. Des planchers et des murs de refend cachent toutes les dispositions primitives, la Nef est devenue un Magasin et il n'est pas une salle ancienne ou moderne, à laquelle les besoins de la manufacture n'aient apporté de grands et tristes changements."

Elle est classée Monument Historique en (1862), mais cela n'a en rien empêché les déprédations commises par les propriétaires de l'usine. En (1866), l'exploitation se termine et les ouvriers de la Manufacture sont repris par une entreprise nouvellement créée à proximité, à Bruère Allichamps, la fabrique Avignon, qui existe encore en (2013). Des clichés photographiques réalisés par Jean Eugène Durand en (1877) sont éloquentes. Sur l'une d'elles, on voit la galerie Ouest depuis le centre du Cloître et le bâtiment des Convers. La galerie est murée, le bâtiment est surélevé d'un étage, avec un 2ème étage supplémentaire sous un nouveau pignon central. La Porcelaine sèche devant la galerie.

- son Avenir ?

Après la fin de l'exploitation Commerciale, les bâtiments font l'objet d'examens approfondis. L'Abbé Jules Pailler, Curé de St Amand Montrond, s'investit particulièrement et, au cours des fouilles dans l'Armarium en (1893), il découvre dans un Enfeu un squelette avec à ses côtés une Crosse en Bois qui est probablement celui de Robert de Châtillon, fondateur de l'Abbaye, qui n'avait pas été enterré dans la Salle Capitulaire comme les autres Abbés puisque cette salle n'existait pas au moment de sa mort. L'Abbé achète l'Abbaye en (1893) afin de tenter d'y installer un Orphelinat Industriel et Agricole, mais le projet n'aboutit pas. Entre temps, l'Architecte Départemental des Monuments Historiques Georges Darcy et l'Historien Alphonse Buhot de Kersers alertent le Ministère sur l'entretien du monument, et c'est sur un rapport établi par Paul Selmersheim, Inspecteur Général des Monuments Historiques, que les Monuments Historiques décident de s'associer avec l'Abbé Pailler pour restaurer les bâtiments.

Le Monastère est de nouveau mis en vente, et en (1896), l'Abbaye est achetée par une Communauté qui s'appelait les "Soeurs épouses du Sacré Coeur de Jésus pénitent sis de Loigny Eure et Loir". Cette Communauté est Condamnée par le St Office en (1896). La Communauté Religieuse est dissoute par la loi de (1901) sur les associations et ses biens sont mis sous séquestre.

Le 29 Décembre (1909), Etienne Dujardin Beaumetz qui est alors sous secrétaire d'Etat aux Beaux Arts, visite l'Abbaye. C'est alors que le Département du Cher se porte acquéreur de l'Abbaye avec une aide financière conséquente de l'Etat. Le service des Monuments Historiques fait des travaux Conservatoires. Les travaux sont dirigés par Lucien Roy puis par Henri Huignard.

Entre (1909) et (1910), l'abbaye sert de Colonie de Vacances aux Petits chanteurs à la Croix de Bois.

En (1938) et (1939), l’Abbaye est utilisée comme Camp d’Internement pour les réfugiés Espagnols chassés par la guerre Civile, qui sont plusieurs centaines après la Retirada. Un Hôpital provisoire avec 70 lits est ouvert pour soigner les épidémies et les maladies causées par les carences alimentaires. Le camp est fermé à l’été (1939). Puis, pendant la guerre, l'Abbaye sert d'annexe à l'Hospice de St Amand Montrond.

En (1949), l'Abbaye est à nouveau inoccupée. Les travaux de Restauration débutent en (1950). Ils durent jusqu'en (1980). Les Vitraux de l'église et du Réfectoire ont été réalisés sur les cartons de Jean Pierre Raynaud et mis en place en (1977).

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