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- les Biens de Royaumont

Les biens de l'abbaye peuvent être classés selon les 4 catégories :

* le Temporel : Il serait intéressant de dresser l'inventaire détaillé de celui de Royaumont, ce qui serait possible à la base de l'Inventaire de la Manse Conventuelle de Royaumont conservé aux Archives Départementales et du Cartulaire de Royaumont, retranscrit par François Roger de Gaignières vers (1694) et conservé à la "Bibliothèque Nationale". Ce travail de recherche n'a pas encore été effectué.
* l'Immobiliers : rentes.
* les Terres : champs, pâturages, forêts, vignobles, vergers, étangs et villages.
* les Exploitations : fermes, moulins et pressoirs.

L'abbaye détenait et exerçait la "Justice Seigneuriale" sur ses terres et défendait ce droit en cas de contestations par des Seigneurs voisins. Les possessions les plus importantes de Royaumont se trouvèrent dans les environs immédiats de l'abbaye, à Asnières avec plusieurs Fiefs, dont les Fiefs de Touteville, de la Commerie constitué au plus tard en (1622) et du petit Royaumont, Noisy sur Oisea et Viarmes, auxquelles il faut ajouter la Seigneurie de Montataire, avec le Fief de Gournay qui ne porta pas sur la totalité de l'actuelle commune puisqu'il y avait aussi un Seigneur Laïque, et la Baronnie de Roupy déjà mentionnée. Au (XVIème siècle) au moins, Royaumont possédait également la Seigneurie de La Haye Malherbe dans l'Eure qui était placée sous la Suzeraineté du Roi, alors que l'abbaye fut Suzeraine pour la quasi totalité de ses biens, Suzeraineté qu'elle avait cependant perdu sur certains Fiefs d'Asnières, à un moment indéterminé, au plus tard au (XVIIème siècle) au profit du Roi. En outre, Royaumont détenait des parcelles agricoles ou Fiefs dispersées en de multiples endroits de la région, par exemple à "Andilly, Beaumont sur Oise Fief de Thoury, Belle Église, Compiègne, Luzarches, Précy sur Oise, Senlis", apparemment trop petites et trop éparpillés pour être exploités directement par l'abbaye, Il n'y a pas d'éléments qui permettraient d'établir que Royaumont possédait des Granges, c'est à dire des exploitations agricoles, en dehors de l'abbaye proprement dite. Les fondations Cisterciennes plus anciennes, comme l'abbaye du Val et l'abbaye de Chaalis, se distinguaient de Royaumont sur ce plan. Royaumont loua généralement ces terres et fiefs à des Seigneurs Vassaux, avec tous les droits et devoirs, moyennant des rentes et le prêt régulier de foy et hommages. Concernant les forêts, Louis IX avait donné à Royaumont le bois appelé Bornesius par la Charte de Fondation, couvrant 302 arpents mesure du Roi. Il est probablement question de l'actuel bois Bonnet.

La Charte de Fondation édicté par St Louis donne à Royaumont la libre jouissance de tous les moulins établis sur la Thève entre Lamorlaye et l'Oise, qui deviennent en même temps des moulins Banniers. A ce titre, le moulin de Royaumont est à mentionner en premier lieu, le bâtiment existe encore, fortement remanié, à l'Ouest de l'abbaye. L'abbaye obtient en même temps le droit sur toutes les pêcheries comprises dans cette zone, et le droit exclusif d'en bénéficier, de fermer ou ouvrir les canaux ou de les détourner. Royaumont étant proche de l'Ysieux également, l'abbaye exploita un moulin sur cette rivière, le moulin de Giez situé en amont, à mi chemin entre Royaumont et Chaumontel. Ses bâtiments subsistent également.

Sur le plan des biens immobiliers, Royaumont possédait, entre autres, des hôtels à Paris depuis (1295) et à Montataire, qui ne généraient pas toujours de revenus tant qu'ils furent utilisés pour les besoins propres de l'abbaye. Un autre hôtel Seigneurial que l'abbaye possédait à Asnières et connu comme le Petit Royaumont était par contre généralement loué, et ceci au moins temporairement avec toute la Seigneurie, par exemple au bourgeois parisien Salomon Prevost à partir du 29 Août (1647) pour un loyer annuel de 16.000 livres et pour une durée de 9 années. L'hôtel parisien connu comme l'hôtel de Royaumont acquis en (1316) a été vendu par l'abbé de Ballivières en (1785) contre 3.500 Livres Parisis annuelles de rente qui devaient être investis dans le nouveau Palais Abbatial. Un an plus tard, le petit hôtel de Royaumont dans la même rue a également été vendu, dans le même but, cette vente a rapporté la somme de 78.000 mille livres.

Les rentes pouvaient provenir de legs et donations, ou bien d'échanges contre d'autres biens que l'Abbé avait effectué. On peut assimiler aux rentes, payables en numéraire, les apports en nature auxquels l'abbaye avait droit. Souvent il s'agissait de blé, d'avoine ou de bois, dus à un jour fixe, et que l'abbaye devait récupérer sur place sauf stipulation contraire. La plus infime redevance qu'on devait à l'abbaye, par la volonté de St Louis exprimée en (1231), portait sur une charge d'âne de bois mort à prendre dans sa forêt d'Halatte.

- Situation au début
du XVIIIème siècle

Il existe un inventaire des revenus du 31 Octobre (1702), quand la Mense Abbatiale fut partagée en 3 lots destinés respectivement à l'Abbé, aux Religieux et à la couverture des charges, cet inventaire ne permet toutefois pas de calculer la superficie totale des terres ou l'importance du patrimoine immobilier. Sont concernées 35 communes environ. Voici une liste des 13 communes auxquelles sont associés des revenus dépassant les 500 livres annuelles, au 31 Octobre (1702), en ordre décroissant, avec la désignation de l'objet des revenus et le revenu annuel :

* Royaumont : Seigneurie, plusieurs bâtiments, basses cours, moulin avec dépendances, total 326 arpents, Bois du Bonnet taillis : 5.500 livres.
* Asnières-sur-Oise : Seigneurie, bâtiments, jardins, 2 pressoirs, rentes, greffe, ferme de la Briette total 110 arpents, Seigneurie et moulin de Giez : 3.630 livres.
* Paris : hôtel et basse cour de Royaumont, rentes : 2.869 livres.
* Roupy : Baronnie : 2.300 livres.
* La Haye Malherbe, St-Thomas et La Vaupalière : Seigneurie et dîmes : 1.850 livres.
* Gonesse : redevances : 1.600 livres.
* Belle Église : Seigneurie et terres : 1.500 livres.
* Neufchâtel en Bray : moulins et rente : 1.450 livres.
* Compiègne : blés redevance en nature : 1.100 livres.
* Montataire : Seigneurie et terres : 1.050 livres.
* Chauny : terres : 1.000 livres.
* Bonfosse : Seigneurie et bois : 900 livres.
* Lamorlaye : fief et ferme de Royaumont au lieu dit le Lys avec rentes Seigneuriales et foncières, terre de Beaularis et bois de Beaularis aliéné au Prince de Condé : 894 livres.
* Creil : Seigneurie de Canneville et terres : 600 livres.

Le revenu annuel total s'élevait à 29.693 livres. Cet état n'est pas représentatif de la situation lors de l'époque de florissement de l'abbaye. De nombreuses possessions importantes avaient considérablement diminué depuis, si elles n'ont pas été complètement aliénées. Par exemple, ne restent que 40 livres de revenus à Noisy sur Oise et 40 arpents de terre à Viarmes, rapportant 150 livres de rentes.

- Importance de l'Abbaye

Plusieurs indices permettent de supposer que Royaumont jouait un rôle non négligeable dans l'"Histoire de France" : ce fut une filiale directe de Cîteaux, avec un nombre de Moines très important jusqu'à la fin du (XIVème siècle, richement doté dès l'origine par son fondateur et lié par lui à la Maison Royale des Capétiens directs. En outre, le titre d'un opulent ouvrage sur son histoire, "Histoire de Royaumont". Sa fondation par St Louis et son influence sur la France par Henri Duclos, suggère également que Royaumont fut une abbaye d'un grand rayonnement, que ce soit sur le plan Spirituel ou Théologique, sur le plan Intellectuel, sur le plan Politique ou bien sur le plan Economique. Le présent chapitre consacré à l'abbaye Cistercienne de Royaumont n'a rien relevé qui soutienne l'hypothèse que Royaumont influença l'"Histoire de France". Vraisemblablement, ce fut l'hypothèse de travail d'Henri Duclos, que son travail ne permit pas de corroborer par la suite, sans que l'auteur renonçât pour autant au titre retenu dès le départ. En effet, le Vice Président du Comité Archéologique de Senlis, Nicolas Laffineur, chargé de la rédaction d'un compte rendu de l'ouvrage de Duclos, parvient au jugement suivant sur l'importance de Royaumont dans l'histoire : "Royaumont ne paraît pas au rang de ces monastères qui comme Lérins, Marmoutier ou Saint-Denis" et tant d'autres foyers de vie intellectuelle ou morale, ont rayonné sur la France et sur le Monde. Royaumont a pu produire de grandes vertus cachées au siècle, abriter à l'ombre de ses murailles de nobles âmes, mais enfin, à aucune époque, il n'a produit ni un Homme remarquable ni une oeuvre digne de ce nom. Vincent de Beauvais, n'était même pas Cistercien, il était Dominicain.

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