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- l'Abbaye sous la commende
En (1473), la foudre s'abattit sur l'église et l'incendia. Une partie de la voûte et la flèche Gothique brûlèrent, et la toiture de plomb fondit. Afin de pouvoir financer les réparations, l'Abbé fit une requête auprès du Roi, sollicitant 600 livres de rente. La reconstruction fut complètement terminée en (1500. Bientôt l'ère du dernier Abbé régulier de Royaumont, Guillaume III Sallé de Bruyères, qui resta en poste pendant 30 ans se termine. Il paraît qu'il ne céda pas, contrairement à nombre d'autres abbés même réguliers, à la tentation du luxe, et qu'il ne vivait pas comme un seigneur, mais maintint un train de vie modeste. Sous son gouvernement, Royaumont fait de nombreuses acquisitions de terres à Asnières de la part de différents propriétaires laïques et religieux. Royaumont regagna une très bonne réputation dans cette première moitié du (XVIème siècle).
L'instauration du régime de la Commende fut la conséquence directe, voire l'un des objectifs, du "Concordat de Bologne" qui permettait au Roi de nommer directement les "Evêques et Abbés" afin de pouvoir récompenser des membres de la noblesse et d'en faire ainsi des alliés. Mais selon le point de vue religieux, des effets bénéfiques furent également attendus de cette séparation de la gestion du "Temporel et du Spirituel", on y voyait la soumission des abbayes à des administrations indépendantes et le recentrage de la vie des Moines sur le spirituel. Or, les personnages choisis comme Abbés Commendataires se distinguèrent rarement par leur désintéressement ou leur adhésion à la cause Religieuse. Le premier Abbé Commendataire de Royaumont, Matthieu de Longuejoue, était un ancien maître des requêtes et n'était devenu prêtre qu'après avoir perdu sa femme et son fils, à l'âge de 45 ans. N'étant pas Moine, il ne remplissait pas une condition essentielle pour être Abbé, et fut froidement accueilli à Royaumont. L'abbaye lui avait été donné et les Moines s'en sentirent dépossédés.
Tous les Abbés Commendataires qui suivirent ne furent pas Moines non plus, et se caractérisaient par leur absence du point de vue économique, et par un néant sous le rapport spirituel. Ils vivaient la plupart du temps ailleurs, considérant l'abbaye comme simple source de revenus et ne laissant souvent qu'une partie aussi infime de la Mense aux Moines qu'il leur restât à peine assez pour survivre. Autant qu'il est vrai que la direction spirituelle incombait désormais au Prieur, qui n'avait eu que des responsabilités limitées du temps des Abbés réguliers, autant il faut reconnaître que les moyens pour assurer la bonne marche de la vie Monacale leur faisaient défaut. Ceci n'empêcha pas les Moines de mener une vie digne de leur état, et Royaumont garde une réputation de Sainteté.
Avec le 6ème Abbé Commendataire, Philippe Hurault Abbé de (1594) à (1620), l'abbaye de Royaumont sort de son état complet de misère, et retrouve une administration plus soigneuse et plus intelligente, qui permit de remettre Royaumont sur un excellent pied. Pourtant Hurault n'était qu'un étudiant de 17 ans quand son père le fit pourvoir de 4 abbayes, afin d'assurer son entretien, le Pape devant accorder une dispense car l'âge légal pour être Abbé était de 21 ans. Les autres abbayes étaient "Pontlevoy, St Père en Vallée à Chartres et le Valasse", Cisterciennes également. En acceptant Royaumont, Philippe Hurault père rendit un grand service à son cousin Martin de Beaune, l'Abbé de Lors, car de multiples créanciers tentèrent de saisir l'abbaye. 5 ans plus tard, Royaumont était déjà considéré comme, l'un des beaux biens qui fussent en France, valant à l'Abbé 6.000 livres de revenus, somme qui doubla encore par la suite.
Le (XVIIème siècle) devint un siècle de renouvellement et de vitalité pour l'abbaye. Peu avant (1620), de nombreuses abbayes Cisterciennes se réforment en suivant l'exemple donné par Denis Largentier, Abbé de Clairvaux), qui était retourné vers une Stricte Observance telle qu'elle fut pratiquée avant la guerre de 100 Ans. Royaumont rejoignit ce mouvement, mais avec modération, car elle permit aux Moines de rester dans la Commune Observance et laissa ainsi cohabiter les 2 Observances dans la liberté et la charité. L'ordonnance du 27 Juillet (1634) promulguée par le Cardinal François de La Rochefoucauld visant à supprimer la Commune Observance ne fut pas pour plaire aux religieux de Royaumont, qui s'adressèrent au Cardinal de Richelieu pour obtenir un arbitrage. Richelieu fit étudier la question par un comité consultatif, et les Moines de Royaumont lui offrirent le titre de Perpétuel Administrateur et Restaurateur des Bernardins. Le Cardinal accepta donc de pleine grâce l'invitation à Royaumont en Mars (1635), quand eurent lieu les Conférences de Royaumont sous sa Présidence, avec la participation de l'Abbé de Cîteaux et des Abbés des 4 principaux établissements de l'ordre. 2.000 abbayes partout en Europe regardaient sur Royaumont, mais les conférences n'aboutirent sur rien, de Richelieu ne proposant que le texte de la Rochefoucauld rédigé différemment. Toutefois, n'ayant pas de choix, les participants signèrent en date du 25 Mars (1635) les articles de Royaumont, arrêté de mort des mitigés.
Le Cardinal Jules Mazarin est pourvu de l'abbaye de Royaumont le 20 Mars (1647), où il ne s'est probablement jamais rendu, mais décide de s'en défaire rapidement au profit d'un fils de Henri de Lorraine Harcourt qu'il veut récompenser pour avoir accepté de mener l'expédition de Flandre contre l'Archiduc Léopold. C'est le Prince Louis Alphonse de Lorraine qui devient donc Abbé de Royaumont en (1651). Plus tard, en (1659), son père décida de se retirer dans l'abbaye, et pour ne pas rester désoeuvré, se fit nommer Administrateur du revenu de l'établissement. Les Harcourt vécurent à Royaumont en grands Seigneurs et donnaient des réceptions au Palais Abbatial, tout en maintenant une certaine modestie dans l'élégance car ils n'étaient pas riches. Les femmes ne furent par ailleurs pas exclues du Palais, à commencer par la Comtesse de Harcourt, et souvent, des membres de la famille y séjournaient pendant plusieurs semaines. Une grande tristesse se répandit à Royaumont au soir du 25 Juillet (1666), Henri de Lorraine Harcourt étant frappé mortellement d'apoplexie. La cérémonie des funérailles dans l'abbatiale attira des foules et vit la participations de nombreux personnages importants. Contrairement aux Abbés Commendataires, le Comte de Harcourt avait choisi d'être enterré à Royaumont. Son mausolée est une oeuvre d'Antoine Coysevox, il se trouve aujourd'hui dans le Réfectoire et est à ne pas confondre avec le tombeau en l'église St Roch de Paris. Le Palais Abbatial resta un genre de maison de plaisir des Lorraine, car le fils du Comte de Harcourt resta Abbé pendant 38 ans et son successeur jusqu'en (1728), Prince François Armand de Lorraine Harcourt, fut le neveu du précédent.
Le Moine Benoît Dauvray consacra son temps aux recherches sur l'histoire de Royaumont, et ses mémoires manuscrits sont cités par son contemporain, Louis Sébastien Le Nain de Tillemont, mais ont malheureusement disparu. Vers (1694), Royaumont accueille le collectionneur François Roger de Gaignières, qui s'était fixé comme objectif de visiter l'ensemble des abbayes et monuments français et d'en tracer des dessins. En (1713), Royaumont reçoit 2 savants Bénédictins, Edmond Martène et Ursin Durand, travaillant sur la "Gallia Christiana". Selon eux, la bibliothèque de Royaumont ne brillait pas par la qualité de son inventaire, conservant peu de manuscrits de St Louis d'intérêt. En (1694) également, parut pour la 1ère fois "La Bible de Royaumont", édition populaire et illustrée, cette Bible n'a toutefois aucun rapport avec Royaumont, l'auteur ayant simplement choisi ce nom comme pseudonyme.
Lors d'un violent orage, la foudre frappe l'abbaye le 26 Avril (1760), à 2 heures du matin, et fait éclater un incendie dévastateur, le clocher de l'église et les combles sont entièrement consumés, à l'exception d'une section près de l'Orgue, la voûte du milieu est calcinée et les 6 cloches fondent. Les toits étant couverts de plomb, cet immense bûcher faisait bouillonner des torrents de métal que les tuyaux ou gargouilles vomissent en ardentes cascades, l'oxyde de plomb colore la fumée d'un vert livide. D'autres parties du monastère sont également touchées par l'incendie, et beaucoup de documents d'archive disparaissent. Pour l'abbaye, c'est surtout un désastre financier, mais les travaux de réparation sont toutefois rapidement lancés et prennent moins de 2 ans, financés par une coupe de bois de réserve dans le bois Bonnet. Le nouveau clocher paraissait plus lourd et moins élégant.
Le romancier Abbé Prévost est frappé d'une crise d'apoplexie aux portes de Royaumont à l'automne (1763) et transporté au presbytère. Le bailli de l'abbaye fait chercher le chirurgien de l'abbaye pour ouvrir le corps afin qu'il puisse procéder à son procès verbal or, l'ancien Abbé n'était pas encore mort en ce moment mais décède sous le scalpel.
Le dernier Abbé Commendataire de Royaumont mène une vie diamétralement opposée à l'austérité monastique. Henri Éléonore François Le Cornut de Ballivières est l'aumônier du Roi et vit l'essentiel de son temps à Versailles, en costume civil. Il fut un ami proche de Diane de Polignac, qui vivait avec son frère le Duc de Polignac et de sa belle soeur, la Duchesse de Polignac. Mais il se rend néanmoins à Royaumont qu'il fait visiter au futur Tsar Paul Ier de Russie et au Roi de Suède Gustave III. La dizaine de Moines mènent une vie d'une certaine oisiveté, s'étant affranchi de nombre de contraintes que leur imposait la règle Cistercienne.
Les appartements dont dispose l'Abbé dans l'ancien Pavillon Abbatial ne conviennent pas à son train de vie ni à ses illustres visiteurs, comme le Roi Gustave III de Suède en (1783) venu sans s'annoncer. Détonnant avec les sobres bâtiments Cisterciens du (XIIIème siècle) qui l'entourent, l'Abbé de Ballivières fait édifier à partir de Septembre (1784) un splendide "Palais Abbatial Néoclassique" inspiré du Petit Trianon autant que des villas de Palladio en Vénétie, avec salles de trictrac et de billard. Les travaux d'aménagement intérieur de la résidence ne sont pas achevés en (1789), et Ballivières ne profita point du nouveau palais, s'étant enfui à l'étranger dès les prémices de la "Révolution Française". Selon l'architecte Louis Le Masson, la totalité des frais s'élevèrent à 169.657 livres en Août (1789), rien n'étant encore payé en (1791) et (1792). A titre de comparaison, les revenus annuels d'un Curé portaient alors sur 500 à 600 cents livres, insuffisants pour en vivre, et les revenus annuels de l'abbaye de Royaumont étaient de 22.571 livres.
- la Révolution Française
A la Révolution, l'Abbé de Ballivières ne tarde pas à émigrer, inquiet de son sort, laissant seul les 10 Moines dont le Prieur, Dom Remy Cannone. En Mai (1790), les représentants de la Municipalité d'Asnières procèdent à un 1er inventaire des biens et des revenus de l'abbaye. Les derniers Moines ont alors le choix de retourner à la vie civile ou de conserver une vie monastique, et c'est ainsi que 5 d'entre eux rejoignent l'abbaye des Vaux de Cernay près de Dampierre en Yvelines. En Octobre de la même année, les ordres religieux sont supprimés par l'"Assemblée Nationale" et les biens de la communauté sont expertisés, la valeur de l'abbaye étant estimée à 192.413 livres, dont 48.193 livres pour l'église et 55.790 livres pour le cloître et les bâtiments Conventuels, en mauvais état, et le restant pour le Palais, les annexes et les autres possessions. Le 11 Janvier (1791), les scellés sont posés, et la vente aux enchères de l'ensemble de l'abbaye comme "Biens Nationaux" se déroule en Mars. Le 23, la mise en vente est annoncée et s'effectue en plusieurs lots les 9, 15 et 31 Mai (1791). La plupart des lots est adjugée sans enchères pour un prix total de 642.341 livres au Marquis Jean Joseph Bourguet de Guilhem de Travanet, un industriel, qui avait été le banquier de jeu de la Reine Marie Antoinette et avait épousé la fille de Bombelle, ministre de Louis XVI. Le Marquis de Travanet connaissait l'Abbé de Balivière de la cour de Versailles et avait été un voisin de l'abbaye.
Le Conservateur à la Bibliothèque Nationale Millin, dresse un inventaire du Patrimoine Architectural de l'abbaye et en publie une description, à la suite du mandat obtenu de la Constituante en (1790). Le 22 et 23 Décembre (1791), les bâtiments sont vidés des derniers témoins de leurs activités passées, le mobilier, les livres et les archives, l'argenterie, les cloches mais aussi les sépultures Royales. Leurs cendres furent dispersés ultérieurement en application du décret de la Convention du 12 Octobre (1793), et les tombeaux entamèrent une pérégrination par St Denis, le "Musée des Monuments Français" alors à Versailles, pour se retrouver de nouveau à St Denis, où certains d'entre eux restèrent. La commune de Viarmes acquit l'autel du (XVIIIème siècle), la commune d'Asnières sur Oise les reliques, le tombeau de Henri de Harcourt, les ornements liturgiques ainsi que 3 caisses d'archives, et la commune de Gonesse le restant des archives, des manuscrits et des livres. Il n'est pas sans intérêt que l'ancien Prieur et un autre Moine, Dom Beaugrand, restèrent fidèles à l'abbaye au delà se sa dissolution et disaient alternativement la messe le Dimanche, dans l'ancienne sacristie, pour la famille de Travanet. Dom Beaugrand devint plus tard le Curé de Seugy, et Dom Cannone gérant d'une brasserie à Asnières puis cultivateur d'artichauts pour le marché parisien, jusqu'à son décès en (†1827).
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