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Abbaye de Royaumont


- Présentation
* Diocèse : de Beauvais
* Patronage : Notre Dame
* Fondation : 24 Février (1228)
* Début construction : (1228)
* Fin construction : (1235)
* Dissolution : (1791)
* Abbaye Mère : Abbaye de Cîteaux
* Abbayes-filles : Realvalle (de) (1270) à (1800)
* Congrégation : Cisterciens (1228)-(1791)
* Période ou style : Architecture Gothique
* Protection : Classé Monument Historique
(1927) (1948)

-Situation
* Pays : France
* Province : Ile de France
* Département : Val d'Oise
* Commune : Asnières sur Oise
* Hameau : de Baillon

- Historique

L'abbaye de Royaumont est un ancien Monastère Cistercien situé, à environ 30 kilomètres au Nord de Paris. Louis VIII avait prononcé comme l'un de ses derniers voeux la fondation d'un monastère dédié à la Vierge et affilié à St Victor de Paris. Ses joyaux et couronnes devaient être vendus pour assurer le financement. L'on ignore toutefois pour quel motif le choix de son fils, le roi St Louis, se porta sur l'ordre de Cîteaux, une explication possible est que l'assistance du jeune Roi et de sa mère Blanche de Castille à la consécration de l'Abbatiale de Longpont le 24 Octobre (1227) a pu être décisive. Pareillement Blanche de Castille fit construire 2 abbayes Cisterciennes, Maubuisson (1241) et le Lys (1244). La charte de fondation de Royaumont fut promulguée dès (1228), tout comme l'affiliation à Cîteaux et la consécration à la Vierge. Louis IX acheta les terrains au lieu dit Cuimont, connu aussi comme Coctus Mons, auprès du monastère St Martin à Paris. Le choix du lieu fut sans doute influencé par la proximité avec le château Royal d'Asnières sur Oise, aujourd'hui sur la même commune. Royaumont allait devenir la 199ème abbaye Cistercienne et la 21ème filiale directe de Cîteaux. Avec l'Abbé de cette abbaye, Louis IX négocia l'envoi d'un nombre suffisant de moines, dès le début, il y aura 114 Moines et 40 de Frères Convers. Le lieu Cuimont fut rebaptisé en Mons Regalis dans la charte de fondation rédigée en "latin", traduit par Mont Royal ou Royaumont.

Les recherches n'ont toujours pas su identifier l'architecte de Royaumont, cas fréquent des grandes réalisations du (XIIIème siècle). La construction de l'abbaye fut achevée le 19 Octobre (1235), seulement 7 ans après la charte de fondation. Le chantier fut exécuté avec une rapidité étonnante et engagea une somme colossale, 100.000 livres Parisis selon Guillaume de St Pathus, biographe de St Louis au début du (XIVème siècle). Cette somme correspondait aux revenus annuels de la Monarchie. Pendant toute la période de construction, le Roi surveillait l'avancement des travaux de près, l'on sait qu'il vint 19 fois à Royaumont, soit 2 à 3 fois par an. Lors de sa présence, il participa activement à la vie du chantier en prêtant la main aux artisans, portant pierre et mortier.

Son statut d'abbaye Royale comme son pendant, l'abbaye de Maubuisson, lui confère un statut exceptionnel, elle n'est pas sous la dépendance d'une des Filles de Cîteaux que sont les abbayes de "La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond", mais relève directement de l'abbaye Mère de Cîteaux. L'abbaye est un lieu ouvert et soumis à la volonté Royale, elle accueille le Dominicain Vincent de Beauvais, précepteur des enfants Royaux. Il est probable que la bibliothèque de Royaumont ait d'ailleurs joué un rôle dans l'élaboration de "l'Encyclopédie Speculum Majus". Tout au long de son règne, St Louis favorise Royaumont de dons en argent, en terres, mais également en droits et avantages de toutes natures. En (1235), le Roi accorde une rente annuelle de 500 livres pour l'entretien d'au moins 60 Moines.

Lors de ses passages à Royaumont St Louis partageait la vie des moines tout au long de la journée. Pendant les offices, il prenait place à côté de l'Abbé, mais sinon ne cherchait point à occuper une situation privilégiée. Le Roi servait les moines à table, demandait à leur laver les pieds dans le cloître selon une habitude des Bénédictins et soignait les moines malades, dont un moine lépreux, le Frère Léger. L'abbaye avait un hôpital, pour accueillir les malades et infirmes de tous les environs, fondé sous l'impulsion de St Louis et qui existait encore au (XVIIIème siècle). Dès Juillet (1258), l'abbaye donna tous les jours l'aumône aux indigents des environs au lieu de 3 fois par semaine, fréquence jugée insuffisante par l'Abbé de Cîteaux. Louis donna alors à l'abbaye sa Baronnie de Roupy près de St Quentin. La vie Monastique, rythmée par les prières, permettait à St Louis d'épancher sa soif de l'absolu. L'Abbé entreprit des embellissements de l'église, sans doute dans le but d'offrir au Roi un sanctuaire à sa hauteur, peintures, sculptures, courtines, rideaux autour de l'autel, colonnes surmontées d'anges. Ce fut une infraction à la règle de Simplicité de l'Ordre, et son "Chapitre Général de Septembre (1263) enjoignit l'Abbé de faire disparaître tout ce décor dans un délai d'un mois".

Lors du décès de son frère Philippe Dagobert en (†1233) ou (†1234), le Roi prit la décision de choisir Royaumont comme sépulture des enfants de la famille royale morts en bas âge. Ainsi, il y fit inhumer les corps de 3 de ses 4 enfants morts avant lui, Blanche (†1243), Jean (†1248), Louis de France, qui devait devenir son successeur (†1260). Pour Jean Tristan, disparu peu avant son père, la décision ne fut pas respectée. D'autres enfants de la famille furent inhumés en l'Abbatiale de Royaumont par la suite, jusqu'à la fin du siècle. A la mort du Roi, l'Abbé étant un des exécuteurs testamentaires, l'abbaye reçoit un tiers de la "Bibliothèque Royale" et est l'une des mieux dotées du Royaume. Reste à remarquer qu'aucun des 7 abbés sous St Louis n'entra dans l'Histoire, l'on ignore pratiquement tout d'eux. Par contre, un personnage extérieur à l'abbaye qui y logea entre (1255) et (1264), jusqu'à sa mort, laissa bien des traces dans l'histoire, ce fut Vincent de Beauvais. Il est à peu près certain que des Moines de Royaumont collaborèrent à son oeuvre, à savoir le "Grand Miroir ou Bibliothèque de l'Univers", grande Encyclopédie réunissant toutes les connaissances du (XIIIème siècle), qu'il serait difficile de considérer comme le travail d'un seul homme. C'est en même temps l'unique travail scientifique connu à ce jour que l'on peut attribuer à Royaumont, les Cisterciens se limitant le plus souvent au copiage de manuscritsa.

- l'Apogée de l'Abbaye (1270-1346)

En (1297), intervient la canonisation de Louis IX par le Pape Boniface VIII, fruit de la participation active de Royaumont. La même année, suivant une Charte du Roi Philippe IV, l'Abbé de Royaumont devient le Seigneur d'Asnières sur Oise et de toutes les terres que possède l'Abbaye, dispersées sur un vaste territoire, et exerce désormais la haute, moyenne et basse justice. Les différents fiefs érigés à Asnières par la suite dépendaient tous de l'Abbaye comme Fief dominant. En (1316), l'abbaye acquiert par un échange un hôtel à côté de l'église St Eustache à Paris, rue du Jour, pour héberger les religieux que les affaires de l'ordre appellent à Paris, cette demeure sera plus tard connue comme l'hôtel de Royaumont. 10 ans plus tard, la propriété est agrandie par le rachat de 2 petites maisons contiguës.

L'abbaye continue de vivre dans l'Aura de St Louis qu'elle revendique comme personnage étant exclusivement le sien. Les postulants arrivent par masses pour être admis à la vie du cloître. Jusqu'à l'extinction de la ligne des Capétiens directs avec le décès de Charles IV le Bel, tous les Rois restent fidèles à Royaumont et favorisent l'abbaye par des legs, exemptions et privilèges. Philippe le Hardi, fils et successeur direct de Louis IX, et Philippe le Bel, son fils, confirment l'ensemble des acquisitions territoriales de Royaumont depuis (1228). En (1353), le Roi Jean le Bon exempte l'abbaye de la servitude qui l'avait obligée jusque là d'héberger les équipages de chasse royales, troublant la quiétude et causant parfois des préjudices.

- le Déclin

Avec la bataille de Crécy le 26 Août (1346), débute la guerre de 100 Ans et les soldats Anglais occasionnent déjà des dégâts dans la région, mais Royaumont reste indemne et à l'écart de l'action de guerre pendant les 1ères années. Toutefois, l'abbaye aura bientôt à souffrir du voisinage d'avec Charles le Mauvais, Roi de Navarre, sous la souveraineté féodale duquel la région sera placée pendant quelque temps en (1353), traité de Mantes. Ce prétendant au trône Français ne fut pas étranger à ce que Royaumont fût rançonné par une troupe d'hommes armés, pour moitié Anglais et Navarrois, et dont la base était à Creil. Sous la menace de piller et raser l'abbaye et d'incendier l'église, les moines cédèrent aux revendications. Peu de temps après, ce fut dans les environs immédiats de Royaumont, à St Leu d'Esserent et puis à Boran sur Oise qu'éclata la Jacquerie en (1358), émeute populaire se traduisant par des pillages et des destructions, et caractérisée comme l'un des événements les plus considérables du (XIVème siècle). Les agressions de la part des Anglais des Navarrois continuaient, la population vivait sous la terreur et dut transformer les églises en forteresses, l'agriculture et la famine menaçait. Pour éviter d'être rançonnée de nouveau, l'abbaye de Royaumont acheta la protection des Anglais, sans toutefois parler de dévouement aux Anglais. De ce fait, un acte Royal de Juin (1359) signé par le Régent, le Dauphin Charles, accorda grâce et pardon aux religieux de Royaumont. Sous l'influence de l'insécurité, un certain relâchement de l'observation de la règle de Bernard de Clairvaux fut quasiment inéluctable. En outre, les religieux abusent parfois de leur droit de justice Seigneuriale, par exemple en faisant enfouir une femme vivante du côté de Gouvieux, et simplement coupable de vol.

Le retour au calme et à une vie à peu près normale sous le gouvernement de Charles le Sage Roi de (1364) à (1380) n'est pas durable et la crise s'installe de nouveau après son décès, à plus forte raison à la suite de l'assassinat de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne. Au commencement du (XVème siècle, Royaumont est considérablement affaibli comme l'ensemble des abbayes Cisterciennes, et les possessions de l'abbaye s'effondrent successivement sous le gouvernement de l'Abbé Bertrand de Balneolis (1400)-(1418). Le nombre des moines a considérablement chuté et ne dépassera plus jamais le chiffre de 25 15 seulement pour le (XVIIIème siècle). Déjà en Septembre (1400), le Chapitre Général de Cîteaux décide d'une subside pour la remise en état de l'Abbatiale se trouvant en état de ruine. Signant un acte d'adhésion à la domination Anglaise le 29 Janvier (1421), l'Abbé Gilles de Cupè obtient d'Henri V d'Angleterre 3 diplômes pour la restitution des biens spoliés, la confirmation des possessions et la libre direction du monastère. Sous ce même Abbé, les signes de relâchement plus sérieux, voire de décadence, deviennent pour une 1ère fois manifestes à Royaumont, quasiment un siècle après que les abbayes Cisterciennes plus anciennes avaient été atteintes. Ils concernent le régime alimentaire et la propriété privée, et fait plus grave, le manquement à la stabilité, c'est à dire la fidélité à l'abbaye, les moines s'installent en ville ou dans des forteresses, chez des parents ou des amis, ou bien achètent des maisons, vivant ainsi à leur guise.

La guerre de 100 ans prend fin dans la région avec la capitulation des Anglais à Paris en (1436) et la soumission au pouvoir de Charles VII, des abbayes "d'Asnières, Luzarches, Viarmes, Beaumont sur Oise, Creil et Pontoise". L'ordre des Cisterciens tente de faire revenir les différentes abbayes à l'observance de la règle comme elle fut pratiquée au (XIIIème siècle), des visites par des Abbés d'autres abbayes Cisterciennes et de réformes imposées aux abbayes défaillantes. Dans ce cadre de "fraternelle assistance", la tâche de réformer la puissante abbaye de Chaalis au Sud-Est de Senlis incomba à l'abbaye de Royaumont. En (1463), l'Abbé de Royaumont de Lors, Jean III, eut à intervenir, sous l'ordre du "Chapitre Général", à l'abbaye d'Igny, et en (1466), à l'abbaye de Foucarmont. L'opinion publique demanda à cette époque des profondes réformes à l'ordre de Cîteaux. L'abbaye Mère jugea plus opportun d'assouplir certaines règles, notamment celle de l'abstinence de manger de la viande, que de faire respecter les règles de St Bernard, pour éviter que les religieux ne vivent en désaccord avec les règles. Avec une décision du "Chapitre Général" de (1481), chaque Abbé pouvait désormais dispenser les Moines qui en faisaient la demande. L'Abbé de Royaumont, Jean III de Cirey, réussit de faire revenir l'ordre à l'uniformité en (1485), en instaurant le compromis de manger de la viande 3 fois par semaine, "le mardi, le jeudi et le dimanche", dans un réfectoire spécial. En dépit de toute tentative de réforme, les moeurs se dégradent davantage, et les divertissements profanes entrent dans les habitudes de certains Moines, comme par exemple "le jeu et la chasse". Le Pape Innocent VIII menace ainsi l'ordre des Cisterciens par la suppression en (1487).

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