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- Une Abbaye

Une abbaye du latin abbatia est un monastère ou un couvent catholique placé sous la direction d'un Abbé ou d'une Abbesse, dérivé de l'araméen abba qui signifie Père, lequel sert de Père spirituel à la communauté religieuse. Les ordres monastiques, les chapitres canoniaux de chanoinesses surtout, les communautés de Chanoines Réguliers ont vocation à fonder des Abbayes. L'Abbaye n'est donc pas nécessairement un lieu de clôture monastique. Monastère où le supérieur Abbé ou Abbesse a un pouvoir habituellement autonome. Gouverné par un Abbé ou une Abbesse et où vivent des "moines, des moniales, des chanoines réguliers ou des chanoinesses". Pourvue habituellement d'une autonomie juridique, l'abbaye est cependant soumise à la juridiction de l'évêque du diocèse. Les ordres monastiques, les chapitres canoniaux, de chanoinesses en particulier, les Communautés de Chanoines Réguliers ont vocation à fonder des abbayes. L'abbaye n'est par conséquent pas obligatoirement un lieu de Clôture monastique.

Les abbayes en règle sont dirigées par des abbés réguliers, parfois par des Abesses, qui participent pleinement à la communauté de l'abbaye et qui sont garants de sa fonction religieuse. Souvent l'autorité Royale a modifié le statut des monastères en abbayes en Commende. Ainsi elle nommait à leur tête un clerc non moine nommé abbé Commendataire. Ce dernier pouvait vivre en dehors de l'abbaye, ou alors ne jamais s'y déplacer. Il bénéficiait de revenus liés à l'entretien de sa charge, et les abus étaient habituels. La commende a entraîné le déclin de nombreuses abbayes, avec la paupérisation de la communauté, l'abandon progressif de sa vocation d'origine religieuse, conséquence des frustrations et colères qu'elle a génèrées chez les moines. Certaines villes furent dirigées par les supérieurs d'une de leurs abbayes, c'était par exemple le cas pour St Riquier, Quedlinbourg, Gandersheimi ou Fritzlar. On parle dans ce cas de Prince Abbé.

- Organisation

Le prieuré, le couvent connaissent le même genre d'organisation que les abbayes, mais n'ont généralement pas d'Abbé ou d'Abbesse à leur tête, ils dépendent d'une abbaye Mère ou directement du Supérieur de l'Ordre monastique. Le terme est assez récent comparé à l'histoire du Cénobitisme, on ne le rencontre pas par exemple dans la Règle de St Benoît, qui parle simplement de monastère. Le mot apparaît au (Ier siècle) c'est Cluny qui est à l'origine de l'évolution des appellations et qui définit l'organisation d'une abbaye à proprement parler, ce qui explique pourquoi la notion d'abbaye est essentiellement rattachée au catholicisme. Les conditions pour élever un monastère au rang d'abbaye fluctuent suivant la règle de chaque ordre. A titre d'exemple, chez les moines Trappistes, une maison nouvellement fondée est en premier lieu :

* une Fondation, partie de la maison Mère,
* un Prieuré, Simple ou Majeur, lorsqu'elle atteint un nombre de moines ou moniales, et une autonomie financière suffisants;
* puis une Abbaye, lorsqu'elle est pleinement autonome, que ce soit en nombre de moines ou moniales, en bâtiments et en ressources.

Les 1ères communautés chrétiennes connues consistaient en des groupes de cellules ou de huttes regroupées autour d'un lieu commun, généralement la maison d'un Ermite ou d'un Anachorète reconnu pour sa sainteté ou son ascétisme solitaire, mais sans aucune organisation préalable. Ce type de communauté n'est pas une invention du christianisme, on connaît des exemples antérieurs chez les Esséniens en Judée ou en Égypte.

- le Monachisme

A l'aube du Monachisme chrétien, les ascètes vivaient généralement seuls, indépendamment les uns des autres, non loin d'un village et de l'église locale, subsistant par leur propre travail et distribuant le surplus aux pauvres. La ferveur religieuse, favorisée par les persécutions, a conduit nombre d'entre eux légèrement plus à l'écart de la civilisation, dans les montagnes ou au fond des déserts. Par conséquent, les déserts d'Égypte ont littéralement fourmillé de cellules ou de huttes habitées par ces anachorètes. St Antoine, retiré dans le désert égyptien au cours de la persécution de Maximien en (312), était le plus admiré d'entre eux pour son austérité, sa sainteté et son pouvoir d'exorciste. Sa renommée a attiré auprès de lui la plupart de disciples imitant son ascétisme afin d'approcher la sainteté de leur maître. Plus il se repliait dans une région reculée et sauvage, et plus des disciples affluaient. Ils refusaient de se séparer de leur maître et construisaient leurs huttes autour de celle de leur père spirituel. C'est ainsi que naquit la 1ère communauté monastique, composée d'Anachorètes vivant chacun dans leur propre maison, tous unis sous la direction d'un seul. Comme le remarque Neander dans son Histoire de l'Église.

Saint Antoine a, sans en avoir eu conscience, été le fondateur d'un nouveau mode de vie en commun, le Cénobitisme. Par étapes, les groupes de huttes se sont organisés. Les petites tentes ont été rangées en lignes comme le long d'une rue, ce qui leur a valu le surnom de Laurae ou Laurai, ce qui veut dire rue ou chemin. Le vrai fondateur du mode de vie cénobitique de koinos qui veut dire en commun et bios qui veut dire vie dans son sens moderne est Pacôme, un Égyptien du début du (IVème siècle) de l'ère chrétienne. La 1ère communauté qu'il établit se trouvait à Tabennae, une île sur le Nil. Il fonda 8 autres monastères dans la région au cours de sa vie, totalisant 3.000 moines. 50 ans après sa mort, ils revendiquaient 50.000 membres. Ces entités rassemblaient des villages peuplés par des communautés religieuses d'un seul sexe et fondées sur le travail.

Les bâtiments étaient indépendants, humbles et de petite taille. Selon Sozomène, chaque cellule contenait 3 moines. Ils prenaient leur repas dans un réfectoire commun ou dans une salle à manger à 15 heures, heure jusqu'à laquelle ils restaient à jeun. Ils mangeaient en silence, avec leurs capuches si baissées sur leur visage qu'ils ne pouvaient voir rien d'autre que la table au dessous d'eux. Les moines ne passaient pas leur temps à célébrer des offices religieux ou à étudier les textes, leurs journées étaient principalement consacrées au travail manuel. Vers le (IVème siècle), Palladius, en visite dans les monastères égyptiens, trouva à peu près 300 membres à Panopolis sous la règle de Pacôme, 15 tailleurs, 7 forgerons, 12 conducteurs de chameaux et 15 tanneurs. Chaque communauté scindée avait son propre intendant résidant dans l'établissement principal. Tout le produit du travail des moines lui était confié, puis envoyé à Alexandrie. L'argent récolté par la vente de ces produits permettait d'acheter des boutiques conçues pour soutenir financièrement la communauté, les richesses en trop étant distribuées à des fins charitables. Les supérieurs des différents coenobia se rencontraient 2 fois par an au monastère principal, sous la présidence d'un Archimandrite le chef du troupeau, de miandra qui veut dire berger. Ils devaient en outre, lors de la dernière réunion annuelle, faire le rapport de leur gestion pour l'année passée. Le coenobia de Syrie appartenait à l'institution Pâcomienne.

Nous avons appris énormément de détails concernant les communautés localisées dans les environs d'Antioche grâce aux rédigés de Jean Chrysostome. Les moines y vivaient dans des huttes scindées, les kalbbia, formant un hameau sur les pentes de la montagne. Sujets d'un abbé, ils observaient la règle commune, ils n'avaient pas de réfectoire, mais ils consommaient une nourriture commune limitée à du pain et de l'eau à la fin de la journée de travail, allongés sur de la paille, quelquefois devant leurs portes. Ils ne se rejoignaient que 4 fois par jour pour prier et réciter des psaumes. Dans l'Europe Occidentale, le monachisme fait son apparition à partir du delta du Rhône, Marseille, îles de Lérins, Arles, et remontera dans le couloir Rhodanien. De nombreuses figures toujours particulièrement populaires, ne serait ce que dans les noms de localités marquent ce monachisme, St Martin, évêque de Tours, St Césaire évêque d'Arles. Ces personnages sont caractéristiques de la 1ère période du monachisme où les abbés les plus fameux devenaient évêques, portant par là même l'abbaye parfaite au rang de modèle tant dans l'architecture que dans la morale, ou la discipline du clergé séculier, c'est à dire les prêtres des paroisses. A dater de cette période, les Evêques et les Abbés sont représentés avec les mêmes attributs, crosse épiscopale, mitre, anneau, et croix pectorale.

- Monachisme Latin
et Oriental

Le monachisme se divise dès la naissance des règles de l'Irlandais Colomban de Luxeuil, et de Benoît de Nursie entre monachisme Latin et monachisme Oriental. Chaque abbaye, selon sa règle, est porteuse d'une architecture, d'un coutumier, et d'une filiation qui la relie à l'abbaye dont sont issus les moines qui l'ont fondée, ainsi qu'aux abbayes fondées par les moines qu'elle a constitué. Ainsi, progressivement, un tissu monastique fait de solidarité entre les abbayes prend corps, avec en plus de la solidarité, l'autonomie économique comme principe normatif pour chaque abbaye. Par conséquent, les abbayes deviennent des foyers économiques autour desquels se regroupent des populations. Sur ce schéma cependant, peu de variétés viennent se greffer. Mais un vent de réforme et une obligation de clarifier le statut juridique des personnes amènent, en (1215), le (IVème) concile de Latran, à diminuer à 5 le nombre de règles des instituts religieux. Les nouveaux ordres religieux doivent se greffer sur ces règles pré existantes. Désormais, les ordres religieux se distinguent en 2, les ordres monastiques, avec à leur tête un abbé, qui vivent dans un monastère, devenu synonyme d'abbaye, les autres ordres religieux, qui résident en des couvents.

Quand ils s'agit de chanoines, Prémontrés, Victorins, un couvent peut porter le nom de monastère. Dans les ordres mendiants Dominicains, Franciscains, Minimes, ou Apostoliques Jésuites, les lieux de résidence s'appellent couvent, car ces ordres n'ont pas d'abbé. Le symbole de la mitre et de la crosse qui est quelquefois porté par des membres de ces ordres est alors le symbole de leur élévation à l'épiscopat. Le nom de monastère donné à leurs lieux de résidence indique une occupation monastique précédente, reprise par ces ordres mendiants et apostolique, en conservant le nom d'usage. Pour toute l'histoire du monachisme et des abbayes en Europe Occidentale, la date de (1215) est capitale, elle fige les modèles juridiques, architecturaux, théologiques et sociologiques.

L'architecture des 1ers monastères Orientaux a obligation de se défendre contre les attaques, l'économie d'espace et les besoins de circulation au sein de la communauté ont dicté progressivement une disposition spécifique des pièces dans un monastère. De larges piliers de construction étaient érigés, avec de puissants murs extérieurs capables de résister à l'assaut de l'ennemi. A l'intérieur, l'ensemble des édifices nécessaires étaient disposés autour d'une ou plusieurs cours ouvertes, généralement entourées de cloîtres. L'exemple typique d'un agencement Oriental peut être trouvé dans le monastère de la Grande laure, Ste Laure, Lavra en copte du Mont Athos en Grèce, plus exactement en Macédoine de l'Est, et qui a été édifié en (961)-(963). Laure de St Athanase.

Monastère de la Grande Laure

* A : Entrée.
* B : Chapelles.
* C : Hôtellerie.
* D : Église.
* E : Cloître.
* F : Fontaine.
* G : Réfectoire.
* H : Cuisine.
* I : Cellules.
* K : Entrepôts.
* L : Poterne.
* M : Tour
* N : Le Nord est localisé à gauche du plan.

- le Monastère

Le monastère, comme la grande majorité des monastères Orientaux, est entouré d'un solide mur blanc entourant une zone de 10.000m² à 16.000 m². Le côté le plus long fait près de 150 mètres. Il y a uniquement une entrée principale sur la face nord A, défendue par 3 portes d'acier scindées. Près de l'entrée se trouve une grande tour M, ce qui est une constante des monastères du Levant. Une petite poterne se trouve en L. L'enceinte comprend 2 grandes cours ouvertes, entourées de bâtiments qui communiquent avec les galeries du cloître en bois ou en pierre. La cour extérieure, plus grande, contient les entrepôts, les granges K et la cuisine H, mais aussi d'autres pièces communiquant avec le réfectoire G. Près de la porte d'entrée, on trouve une hôtellerie s'ouvrant sur un cloître. La cour intérieure est entourée d'un cloître E sur lequel s'ouvrent les cellules monacales I. Au centre de cette cour se trouve l'église, un bâtiment carré avec une abside en croix de type Byzantine et un narthex surmonté d'une coupole. Devant l'église se trouve une fontaine de marbre F couverte d'un dôme reposant sur des colonnes. S'ouvrant sur la partie Ouest du cloître, mais se trouvant en fait dans la cour extérieure, se trouve le réfectoire G, un vaste bâtiment en croix large de 30 mètres et long d'autant, décoré de fresques de Saints. A son extrémité, on note un petit recoin circulaire qui rappelle le triclinium du palais du Latran à Rome, et dans lequel est positionné le siège de l'abbé. Cette pièce est aussi utilisée comme lieu de réunion, les moines Orientaux prenant généralement leur repas dans des cellules scindées.

Le plan d'un monastère copte, ci contre, montre une église 3 allées, des absides disposées en cellules et 2 rangées de cellules de chaque côté d'une longue galerie.



* A : Narthex.
* B : Église.
* C : Couloir bordé de cellules.
* D : Escalier.

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