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Glossaire - Biographies
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- Abbayes Bénédictines

En Occident, le monachisme doit en grande partie son développement à Benoît de Nursie, né en (480). Sa règle dite Bénédictine à partir de la fondation du Mont Cassin, s'est diffusée particulièrement rapidement dans toute l'Europe de l'Ouest. Partout, on assista à l'érection de monastères qui excédaient tout ce qui avait pu être vu jusque là par leur taille et leur splendeur. Rares étaient les grandes villes d'Italie à ne pas posséder leur couvent bénédictin, tout comme les grands centres d'Angleterre, de France ou d'Espagne. Le nombre de monastères fondés entre (520) et (700) est surprenant. L'Empereur Louis le Pieux ordonna à l'ensemble des abbayes de son empire de se soumettre à la règle bénédictine. Les abbayes bénédictines n'ont jamais constitué un ordre, elles n'avaient pas de liens entre elles. Avant le concile de Constance en (1415), ce ne sont pas moins de 15.070 abbayes de cette règle qui avaient été fondées. La construction d'une abbaye bénédictine est uniformément disposée selon un plan modifié pour s'adapter aux particularités locales, à Durham ou à Worcester par exemple, où les monastères sont localisés sur les rives d'une rivière.

- Plan de Saint Gall

Nous ne disposons d'aucun exemple subsistant des 1ers monastères bénédictins, aucun n'a résisté aux ravages du temps ainsi qu'aux violences des hommes. Nous possédons cependant un plan élaboré du grand monastère Suisse de St Gall, construit en (820), qui nous sert à connaître légèrement mieux la disposition d'un monastère de "1er" plan au (IXème siècle). Il semble cependant que ce plan soit plus un dessin assez abstrait, représentant l'abbaye bénédictine parfaite telle que définie aux conciles d'Aix la Chapelle en (816) et en (817), qu'un plan topographique précis de l'abbaye de St Gall, dont les fouilles archéologiques ont d'ailleurs démontré que la disposition Médiévale ne correspond pas.

- l'Abbaye de Westminster

L'abbaye de Westminster est un autre exemple de grande abbaye Bénédictine, semblable dans ses grandes lignes à l'abbaye décrite ci dessus. Le cloître et les bâtiments monastiques se trouvent au Sud de l'église. En parallèle à la nef, contre la face Sud du cloître se trouvent le réfectoire et ses salles de bains, près de la porte. Du côté Est, on peut trouver les restes d'un dortoir bâti avec une structure voûtée et communiquant avec le transept Sud. La maison du chapitre> s'ouvre sur la même allée du cloître. Le petit cloître se trouve au Sud-Est d'un cloître plus grand, et plus à l'Est on trouve les restes de l'infirmerie avec son couloir, et le réfectoire pour ceux qui ne pouvaient quitter leurs chambres. La maison de l'abbé forme une petite cour à l'entrée Ouest, prés de la porte intérieure. Il reste des vestiges assez importants de cette abbaye, comme le parloir de l'abbaye, la Chambre de Jérusalem, désormais utilisée pour les Disciples du Roi de Westminster, mais aussi les cuisine et les crèmeries.

- l'Abbaye d'York

L'abbaye Ste Marie d'York montre aussi la disposition bénédictine habituelle. L'enceinte est entourée par un solide mur fortifié sur 3 de ses côtés, la rivière Ouse donnant une protection suffisante sur le 4ème. L'entrée se fait par une solide porte au Nord. Une chapelle s'élevait prés de la porte d'entrée, à l'endroit où se trouve désormais l'église St Olaf, dans laquelle les nouveaux venus payaient leurs dévotions dés leur arrivée. Près de la porte au Sud se trouvait l'hospice. Les bâtiments sont actuellement totalement détruits, mais il reste assez de traces pour nous permettre d'identifier la grande église en croix, la cour du cloître avec la maison du chapitre, le réfectoire, la cour des cuisines et les bureaux attenants et les principaux appartements. L'infirmerie a totalement disparu.

- Le renouveau Clunisien

L'histoire du monachisme est une suite de périodes de déclin et de renouveau. Forts d'une popularité et d'une estime grandissantes, les moines ont aussi vu croître leurs revenus, les amenant à engranger des richesses ainsi qu'à s'approprier des biens matériels encore plus nombreux. Après que les 1ères ardeurs religieuses se furent apaisées, la sévérité de la règle s'est progressivement détendue jusqu'au (Xème siècle). Le relâchement était tel que des moines français de cette époque disaient ne pas être au courant de la règle de St Benoît, ignorant même s'ils étaient soumis à une règle ou pas. Ce laisser aller a conduit à la formation de nouveaux ordres monastiques avec des règles plus strictes, qui nécessitaient une adaptation de l'architecture des abbayes.

- l'Abbaye de Cluny

Un des 1ers de ces ordres était celui de Cluny. Il tire son nom du petit village de Cluny, près de Mâcon, où une abbaye bénédictine réformée a été fondée en (909) par Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, qui l'a positionnée sous la direction de Bernon, abbé de Beaume. Odon, fréquemment décrit comme le fondateur de l'ordre, lui a ensuite succédé. La renommée de Cluny s'est étendue loin au delà du monastère d'origine. Sa règle rigide a été adoptée par la plupart de vieilles abbayes bénédictines qui se sont affiliées à la maison mère, et les nouveaux monastères, de plus en plus nombreux, désiraient tous se ratacher à Cluny. A la fin du (XIIème siècle), le nombre de monastères affiliés à Cluny en Europe Occidentale atteignait les 2.000.

L'établissement de Cluny était un des plus grands et magnifiques de France. On peut se faire une bonne idée de ses dimensions grâce au Pape Innocent IV, qui a visité Cluny accompagné de 12 Cardinaux, d'un Patriarche, de 3 Archevêques, des 2 Généraux des Cartusiens et des Cisterciens, du Roi St Louis et de 3 de ses Fils, de la Reine Mère, du Comte de Flandre, de l'Empereur de Constantinople, du Duc de Bourgogne et de 6 Lords. Tous logèrent au sein du monastère avec leurs suites, sans causer le moindre dérangement aux moines. La quasi totalité des bâtiments de l'abbaye, y compris l'église monumentale, ont été vendus comme biens Nationaux, puis détruits à la fin du (XVIIIème siècle).

A Cluny, l'église et le plan général de la totalité ressemblent de manière frappante à la cathédrale de Lincoln. L'église Cluny III était particulièrement vaste, plus de 141 mètres de long sur 65 mètres de large. Le choeur se termine par une abside semi circulaire entourée de 5 chapelles aussi semi circulaires. L'entrée Ouest était constituée du narthex flanqué de 2 tours. Au Sud de l'église se trouvait la cour du cloître immense, positionnée bien plus à l'Ouest qu'à l'accoutumée. Au Sud du cloître se trouvait le réfectoire, un bâtiment imposant d'environ 30 mètres sur 20 mètres, rempli de 6 rangées de tables en longueur et de 3 en travers. Il était orné des portraits des bienfaiteurs de l'abbaye et d'objets scripturaux. Sur le mur du fond était peint une scène du u>Jugement Dernier. Nous ne pouvons malheureusement pas identifier les autres bâtiments principaux. Restent la maison de l'abbé, toujours partiellement debout près de l'entrée, l'hospice et la particulièrement vaste boulangerie.

La 1ère maison clunisienne en Angleterre a été fondée à Lewes par le comte Guillaume Ier de Warenne en (1077). Il ne reste que quelques fragments des bâtiments de service. Les abbayes clunisiennes les mieux conservées d'Angleterre sont Castle Acre, dans le Norfolk, et Wenlock dans le Shropshire. Les plans sont présentés dans les Antiquités architecturales de John Britton. Ils nous montrent des différences notables avec la disposition bénédictine. Dans chacune d'entre elles, la maison du prieur est d'une remarquable perfection. Toutes les maisons rattachées à Cluny étaient des dépendances Françaises dirigées par des prieurs de cette nationalité. Ils n'ont obtenu leur indépendance que sous le règne d'Henri VI. Malgré son éclat, le renouveau clunisien a été de courte durée. Sa réputation et sa célébrité sont à l'origine de son déclin. Après une croissance énorme de leur ordre, les moines clunisiens sont devenus aussi riches et peu disciplinés que leurs prédécesseurs. Une nouvelle réforme est dans ce cas devenue indispensable.

- les Cisterciens

Le renouveau monastique suivant a été celui des Cisterciens, qui s'est développé au (XIème siècle). L'ordre a bénéficié d'une plus large diffusion et d'une existence plus durable et honorable que son prédécesseur. Il doit sa véritable origine à une communauté différente de Bénédictins fondée en (1098) par Robert de Molesme et Étienne Harding (1060)-(†1134), natif de Dorset, éduqué au monastère de Sherlimite. Son nom dérive de Cîteaux Cistercium, une contrée de la Bourgogne proche de Beaune et de Nuits St Georges. L'étymologie de Cîteaux viendrait selon l'explication la plus couramment admise, de cistels, roseaux qui poussent dans les régions marécageuses. La croissance rapide et la large célébrité que connaît l'ordre sont sans aucun doute dues en grande partie à la piété enthousiaste de St Bernard, abbé de la 1ère communauté cistercienne, laquelle s'établit à l'abbaye de Clairvaux en (1116). La règle rigide privilégiant l'abnégation régissait entièrement cette congrégation, et s'est ensuite étendue aux nouvelles communautés affiliées.

Les 2 caractéristiques centrales des abbayes cisterciennes sont par conséquent leur implicité poussée à l'extrême et une sobriété particulièremnt étudiée. Une tour centrale unique était permise et devait être aussi basse que envisageable. Les artifices superflus et les tourelles étaient aussi interdits. Un triforium, de même, était à exclure. Les fenêtres devaient être claires et non divisées, et il était interdit de les décorer avec des vitraux. Tout ornement inutile se voyait ainsi proscrit. Les croix se devaient d'être en bois, les chandeliers en fer. La renonciation au monde devenait par conséquent une évidence pour tout ce que rencontrait l'oeil. Le même souci s'observe dans l'implantation géographique des monastères, plus un lieu était sauvage, isolé et éloigné de toute civilisation, meilleures étaient ses chances d'accueillir une communauté. Il ne faut néanmoins pas uniquement considérer les cisterciens comme des ascètes, mais également comme des précurseurs ayant permis certains progrès. Les monastères cisterciens étaient en effet fabriqués dans des vallées profondes et bien irriguées, généralement au bord d'un cours d'eau, quelquefois plus en hauteur. Ces vallées, désormais si riches et si florissantes, présentaient un aspect bien différent lorsque les frères les ont choisies comme lieu de retraite, grands marais, marécages profonds et forêts impénétrables étaient des critères de choix. La Claire Vallée de Clairvaux était connue comme une vallée recouverte de forêts et remplie de brigands. C'était une solitude si morne et si sauvage, une terre si stérile qu'au début, "Bernard" et ses compagnons en furent réduits à vivre sur des feuilles de hêtres.

- Les Chanoines Augustiniens

Les communautés de chanoines Augustiniens, dits chanoines Noirs à cause de la couleur de leur habit, possèdent quelques particularités qui les distinguent. L'ordre a son siège à Colchester, en Angleterre, où une maison des augustiniens a été fondée autour de (1105) avant que l'ordre ne se diffuse particulièrement rapidement. Ordre régulier du clergé occupant une position intermédiaire entre les moines et le clergé séculier, et communauté ressemblant à une communauté de prêtres de paroisse vivant sous une règle commune, les augustiniens ont adopté des nefs de grande taille pour pouvoir héberger de grandes congrégations. Le choeur est généralement long, et quelquefois, comme à Lanthony et Christchurch, Twynham, il est entrecoupé d'allées, ce qui n'est pas le cas à Bolton, Kirkham ou ailleurs. Chez les communautés les plus septentrionales, la nef n'a fréquemment qu'une aile Nord, comme à Brinkburn ou au prieuré de Lanercost. La disposition des bâtiments réservés à la vie monastique suivait le plan classique. La maison du prieur était invariablement rattachée à l'angle Sud-Ouest de la nef.

- Abbaye St Augustin, de Bristol


* A : Église abbatiale et sacristie.
* B : Grand cloître.
* C : Petit cloître.
* D : Salle capitulaire ou du chapitre.
* E : Chauffoir et scriptorium.
* F : Réfectoire.
* G : Parloir.
* H : Cuisine.
* I : Cour de la cuisine.
* K : Cellules des moines.
* L : Salle de l'abbé.
* P : Porte d'entrée de l'abbé.
* R : Infirmerie.
* S : Bâtiment des convers.
* T : Salle du Roi.
* V : Hôtellerie.
* W : Porte d'entrée de l'abbaye.
* X : Écuries et autres dépendances.
* Y : Bains.

Ci-dessus, le plan de l'abbaye St Augustin à Bristol, aujourd'hui cathédrale de la ville, montre la disposition des bâtiments, qui se démarque par quelques aspects du modèle bénédictin classique. La maison des chanoines augustiniens à Thornton, dans le Lincolnshire, est remarquable par la taille et la magnificence de son entrée, les étages supérieurs formant l'hôtellerie de l'établissement, mais aussi par sa maison du chapitre Octogonale.

- l'Ordre de Prémontré

Les chanoines réguliers de Prémontré, aussi nommés chanoines Blancs disposaient de près de 35 établissements en Angleterre, dont les représentants les plus emblématiques se trouvent à Easby dans le Yorkshire ainsi qu'à Bayham dans le Kent, la maison principale de l'ordre se situait à Welbeck. Cet ordre était une branche réformée des chanoines augustiniens, fondée en (1120) par Norbert de Xanten à Prémontré près de Laon, dans l'actuelle forêt de St Gobain, Aisne. L'ordre s'est beaucoup répandu. Alors que son fondateur était toujours en vie, l'ordre possédait déjà des maisons en Syrie et en Terre Sainte. Répondant bien aux besoins pastoraux et spirituels de l'époque l'Ordre se relâcha ensuite, comme l'ensemble des ordres monastiques en Europe, pour se ressaisir après le concile de Trente, il eut un nouvel âge d'or au (XVIIIème siècle). Énormément d'abbayes furent supprimées, et les religieux expulsés, lors de la Révolution Française.

Les membres de l'ordre de Prémontré ont investi l'Angleterre à partir de (1140) et se sont installés à Newhouse, dans le Lincolnshire, près de Humber. Le plan de l'abbaye d'Easby est irrégulier à cause de sa situation et du tracé irrégulier de la rivière sur les bords de laquelle il est installé. Le cloître est dûment positionné au Sud de l'église, et les bâtiments principaux occupent leurs positions habituelles autour d'elle. Mais le cloître n'est pas rectangulaire, et les bâtiments qui l'entourent sont positionnés assez difficilement. L'église suit le plan adopté par les chanoines augustiniens dans leurs abbayes du Nord et ne possède qu'une seule allée dans la nef alors que le choeur est long, étroit et dépourvu d'allée. Chaque transept possède une allée à l'Est, formant 3 chapelles. L'église de Bayham était dépourvue d'allée dans la nef comme dans le choeur, ce dernier se terminant dans une abside à 3 côtés. Cette église est remarquable à cause de son excessive étroitesse en comparaison de sa longueur, pour une longueur de 78 mètres, sa largeur ne dépasse pas 8 mètres. Les sévères membres de l'ordre ne voulaient pas de grands rassemblements et ne caressaient aucun rêve de prospérité, ils ont par conséquent construit leur église comme une longue pièce.

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