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Glossaire
Suite - l'Eglise
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- Rumengol


- Situation
* Pays : France
* Région : Bretagne
* Département : Finistère
* Arrondissement : Châteaulin
* Canton : Pont de Buis lès Quimerch
* Intercommunalité : Communauté de communes Presqu'île de Crozon Aulne maritime
* Commune : Le Faou

- Historique

Les origines de Rumengol aurait été un centre religieux des Osismes, sous les ombrages de la forêt du Cranou, on y aurait pratiqué, lors du solstice d'été, des cérémonies Druidiques. Un cantique populaire y fait allusion, rappelant les vers du poète latin Lucain:

"Var ar men ruz e skuillet goad, Hag er C'hrannou e kreiz ar c'hoat, A zindan derven Teutatès, Tud veze lazet eb truez." - "la pierre rouge, en tuant sans pitié, vous apaisez Toutatis, au milieu de la forêt du Cranou"

Les missionnaires chrétiens n'auraient donc fait que christianiser des rites préexistants en élevant sur un lieu de superstitions païennes une église consacrée à la Trinité et à la Vierge Marie. La légende apporte une grande vraisemblance à cette hypothèse, St Guénolé passant au Faou en compagnie du Roi Gradlon vers l’abbaye de Landévennec, après la destruction de la ville d’Ys, aurait aperçu un feu sur une montagne voisine de Rumengol et nommée le Ménez Hom. St Guénolé demanda ce que signifiait ces flammes.

"Ce sont, répondit le Roi Gradlon, les feux allumés par les druides. Ils ont là leur autel et y sacrifient leurs victimes. St Guénolé, indigné, voulut immédiatement courir à eux, le Roi Gradlon l'y accompagna. Tous 2 convertirent les Druides".

A Rumengol, le Roi Gradlon décida de remplacer la pierre Druidique qui se trouvait là par un sanctuaire chrétien. Le nom même de Rumengol pourrait signifier qu'une pierre Druidique se trouvait en effet là, "Ru-mein-gol" ou "Pierre Rouge de la lumière", mais selon une autre étymologie, ce nom viendrait de "Remed-oll, "Notre Dame de Tous les Remèdes - Virgo omnium remediorum" en Latin.

La chapelle actuelle, à l’origine faite en bois, devint célèbre au Moyen Age, détruite pendant une invasion, elle fut reconstruite en pierre, la façade en granit, le porche avec les statues des 12 apôtres en granit Polychrome, et à l’intérieur richement ornée, avec 2 retables du (XVIIème siècle), oeuvres des sculpteurs de la Marine à Brest, dont un représente le Roi Gradlon, cette chapelle date de (1536) comme l'indique une inscription sur la façade en lettres gothiques: "L'an mil ciq cens trente VI, le XIHI jour de may fust fundé. Guenolé go. H. Inisan Fabrique.". Les vitraux datent pour la plupart des (XVème siècle) et (XVIème siècles), et on distingue sur la maîtresse vitre les armes des Quélennec écartelées du Faou et celles des Rosmadec écartelées de Pont Croix.

- Les transformations

En (1669), l'évêque de Quimper autorisa la construction de fonts baptismaux dans l'église et la sacristie fut achevée vers (1700). Le choeur actuel fut construit dans les années (1731)-(1733), puis, en (1740), on édifia enfin la nef de la chapelle. L'ancien cimetière se trouvait autour de l'église, dans l'"Enclos Paroissial". Un grand if qui s'y trouvait fut abattu en (1913). En (1899), Marc Sangnier, fondateur du Sillon, préside à Rumengol un rassemblement de 1.200 jeunes provenant des divers patronages catholiques du Finistère. N.D. de Rumengol au (XIXème siècle) avait un barde, Jean Pierre Marie Le Scour dont des articles et des poèmes en langue Bretonne et Française à la gloire de N.D. de Rumengol ou encore du pape Pie IX ont été conservés. Les fêtes du couronnement de la Vierge de Rumengol en (1858).

L'église de Rumengol reçoit plusieurs distinctions au milieu du (XIXème siècle) en raison de l'importance de son pèlerinage, le pape Pie IX fait en (1855) don de reliques de St Sylvain placées dans un reliquaire en bois d'acajou présentant la forme d'une Chapelle Gothique surmontée d'un clocher réalisé par 2 sculpteurs de Morlaix, le cardinal archevêque de Tours préside le pardon du Dimanche de la Trinité en (1856). Un drapeau pris lors du siège de Sébastopol est offert. Le 30 Mai (1858), dimanche de la Trinité, ont lieu les fêtes du Couronnement de N.D. de Rumengol qui venait d'être autorisé par un bref du pape Pie IX et qui sont présidées par Mgr Sergent. Le journal "L'Ami de la religion et du Roi" en fait la description suivante:

"Les pèlerins, après avoir ceint l'église d'un triple cordon de cire et décrit, à genoux, les cercles accoutumés, autour des murailles extérieures et du grand autel, devaient passer la nuit à chanter des cantiques et à réciter des prières. La procession se fit, comme les années précédentes, et l'attitude de ces pèlerins, pieds nus, couverts de sueur, le bâton blanc à la main, suivant le clergé avec une dévotion sincère, prouvait à elle seule la foi dont ils étaient animés. La foule était déjà compacte. Vers 9 heures, des feux furent allumés. La nuit était calme et sereine. Des milliers de visiteurs circulaient sur la route et sur les places. Ce fut une nuit sans sommeil pour presque tout le monde. A la pointe du jour, les messes commencèrent. Mais déjà approche la grande cérémonie triomphale. La Vierge de Rumengol, posée sur un brancard, est aussitôt descendue de son piédestal et portée processionnellement par les Diacres d'honneur, croix et bannières en tête, jusqu'à l'endroit où la messe doit être célébrée, chantée par Monseigneur l'Évêque de Quimper".

- Le pardon

Le Pardon de la Trinité en (1903), on y venait de loin. Claudius Maria Mayet présente comme banal l'exemple suivant, datant de (1849) ou (1850), dans sa biographie du capitaine de frégate Auguste Marceau, qui vivait alors à Brest:

"Une année, il se mit en route à 7 heures du soir avec un officier de marine. Les 2 jeunes pèlerins marchèrent toute la nuit et firent 7 ou 8 lieues pour arriver le matin à N.D. de Rumengol et recueillir les Saintes Bénédictions de l'Assomption".

Description de Bertrand de Mun en (1887):

"Vers 9 heures, nous arrivions au presbytère. Il y avait déjà une foule de pèlerins venus de tous les côtés. 70 personnes avaient couché au presbytère, les paysans avaient couché dans les granges, beaucoup avaient passé la nuit en route, par exemple, les pèlerins de Morlaix, qui étaient partis à 2 heures du matin et étaient arrivés pour communier. On voyait dans la chapelle des pèlerins les pieds nus".

Anatole Le Braz raconte dans "Au pays des pardons" publié en (1894) qu'alors qu'il se trouvait au Cloître Plourin actuellement Le Cloître St Thégonnec, il rencontre une vieille femme:

"Elle m'apprit qu'elle se rendait à Rumengol, par Berrien, Commana, à travers le pays montueux, Monts d'Arrée. Et il y avait 2 jours qu'elle voyageait, depuis Plounévez Moëdec, dans les Côtes du Nord, qui jouxte la forêt de "Coat an Noz, en Loc Envel". Elle allait prier la Vierge de Tout Remède, pour le prompt trépassement d'un moribond qui souffrait des affres infinies sans pouvoir exhaler son dernier souffle. Pour me retenir plus longtemps à ses côtés, elle se mit à me donner des détails sur les rites qu'elle aurait à accomplir, une fois parvenue à son lieu de pèlerinage. Elle s'agenouillerait d'abord en face du porche où Gradlon est représenté implorant pour les Bretons la tendresse de Notre Dame mère de la Chrétienté. Elle ferait ensuite 3 fois le tour de la chapelle, pieds nus, ses souliers dans les mains, en marchant à l'encontre du soleil et en récitant la très ancienne ballade, en langue Armoricaine, connue sous le nom de Rive de la Vierge.

"Dame Marie la douce en son lit reposait. Quand il lui vint un rêve, son fils passait et repassait devante elle, et la contemplait (etc..)"

Je dus entendre toute l'oraison. Viendrait alors la prière dans l'église.

"La bonne femme allumerait alors un cierge aux pieds de l'image sacrée, le laisserait brûler un instant puis, brusquement, l'éteindrait pour signifier à la Glorieuse Marie quel genre de service on attendait d'elle. Il était à présumer que, là bas, à Plounévez Moëdec, l'agonisant rendrait l'âme. Sinon, elle avait encore une ressource, elle irait à la fontaine de la Sainte et emplirait sa burette. Au retour, elle répandrait quelques gouttes de cette eau sur les paupières du patient, et ses yeux aussitôt se renverseraient dans leurs orbites et la douleur le quitterait avec la vie".

Il n'est pas de grâces que Rumengol ne dispense, il guérit des tourments d'esprit comme des infirmités du corps. On y vient nombreux. Selon Édouard Vallin dans un texte écrit en (1859), 4 fois par an 12 ou 15.000 pèlerins vont implorer la Vierge miraculeuse, sous la protection de laquelle est placée une fontaine dont les eaux merveilleuses guérissent les impuretés de l'âme et du corps. En (1901), la foule est estimée lors du grand pardon de la Trinité à 30.000 pèlerins et 400prêtres. En (1934) pour le grand pardon, la foule est également de 30.000 pèlerins. Ces estimations proviennent des sources catholiques de l'époque et peuvent être quelque peu surestimées. A la fin du (XIXème siècle) et au début du (XXème siècle), le chemin de fer facilite la venue des pèlerins. Rumengol ne disposait pas de gare, les pèlerins venus par le train s'arrêtaient à la gare de "Quimerc'h - Quimerch ! Les voyageurs pour Rumengol descendent ! "écrit Anatole Le Braz dans "Au pays des pardons", mais, certains jours de pardon, les trains s'arrêtaient au passage à niveau de la forêt du Cranou comme en témoigne cet exemple en (1904):

"A l'occasion de cette solennité, la Compagnie des chemins de fer d'Orléans arrêtera, le dimanche 24 courant, les trains au passage à niveau 543 entre Quimerch et Hanvec. De plus, un train extraordinaire aura lieu entre Quimper et la station 543".

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