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Glossaire - Biographies
Suite - Archidiocèse - Chronologie
Photos

- Besançon.


- Présentation
* Culte : Catholique Romain
* Type : Cathédrale
* Rattachement : Archevêché de Besançon
* Début des travaux : (XIIème siècle)
* Fin des travaux : (XVIIIème siècle

* Architecte :
- Mgr Bernoin : (IXème siècle)
- Hugues de Salins : ((XIème siècle)
- Mgr d'Anséri : ((XIIème siècle)

- Campagnes de travaux
* Reconstruction : (IXème siècle)
* Modification : (XIème siècle)
* Reconstruction : (XIIème siècle)
* Restauration : (XIIIème siècle)
* Reconstruction partielle: (XVIIIème siècle)
* Restauration : (XXème siècle)
* Styles : Romane, Gothique, Baroque
* Protection : Classée Monument Historique (1875)

- Situation
* Pays : France
* Région : Bourgogne Franche Comté
* Départements : Doubs

- Historique

La cathédrale St Jean est une église, basilique et "Cathédrale Carolingienne Franc Comtoise" avec des parties Romanes, Gothiques et Baroques construite à l'origine dès le (IIIème siècle) puis reconstruite plusieurs fois et notamment au (IXème siècle et (XIème siècle). L'édifice est l'un des rares à comprendre 2 choeurs opposés et recèle également une trentaine de tableaux classés aux Monuments Historiques, une horloge Astronomique considérée comme un chef d'oeuvre du genre ou encore "la rose de Saint Jean", un autel circulaire datant du (XIème siècle) et entièrement réalisé dans du marbre blanc. Sa légitimité même de siège diocésain fut maintes fois remise en cause, notamment par le proche chapitre de St Étienne, mais le pape Franc Comtois Calixte II rétablit ce droit à cette église, considérée comme la "Maison Mère". De nombreuses personnalités furent enterrées au sein du bâtiment, notamment des comtes de Bourgogne mais aussi des Archevêques de la ville.

L'édifice est construit au sein même du centre historique de la ville dans un quartier nommé "Quartier Capitulaire St Jean" notamment en raison de ses nombreux bâtiments religieux. La cathédrale est blottie au pied du mont St Étienne à proximité de la Citadelle de Besançon, derrière la "Porte Noire Gallo Romaine" et face à l'ancien Palais Episcopal de l'Archevêché de Besançon, sur la route qui monte à la Citadelle de Besançon, dans un terrain à très forte déclivité.

- Origines.

Des Origines au (XIème siècle). Vers la fin du (IIème siècle), l'évêque St Irénée de Lyon envoie 2 Prêtres évangélisateurs, St Ferjeux et son frère diacre St Ferréol originaires d'Athènes en Grèce, fonder l'église Catholique Romaine de "Vesontio" Besançon en latin et évangéliser la "Séquanie Gallo Romaine". Ils s'installent dans une grotte de la commune de St Ferjeux d'où ils mènent leur action, mais se feront martyriser et décapiter le 10 juin (212) et deviennent les Sts patrons de Besançon, sur ordre du gouverneur Romain Claude qui voit dans leur action chrétienne une source de trouble public. Cependant leur objectif est atteint, la Franche Comté s'évangélise peu à peu et on érige l'église de St Ferjeux en leur honneur. Le diocèse est anéanti pendant la période des grandes invasions barbares, les Burgondes et les Alamans envahissent la Séquanie à partir du (IVème siècle) après la chute de l'Empire Romain puis se réorganise au début du (VIIème siècle avec les Rois Catholiques Francs Mérovingiens qui chassent ou intègrent en plusieurs siècles les barbares de France sous la directive des papes catholiques d'occident. Durant la période Carolingienne Féodale, les comtes de Bourgogne disposent pratiquement du pouvoir et du siège des Archevêques bien que les Archevêques soient alors des personnes importantes.

- l'église Mère.

Au début du (IXème siècle), l'édifice est totalement remanié et orienté différemment, de façon à gagner plus de terrain comme en témoigne l'actuelle chapelle dite de Semaine. Le nouvel édifice, de style Carolingien est l’oeuvre de l'archevêque Bernoin qui la consacra un 21 avril, entre (811) et 838). Cette cathédrale comprend 3 Nefs, pas de transept et 2 Absides opposées, pour une taille totale d'environ 65m,60. Ces 2 absides opposées rapprochent le bâtiment des cathédrales construites à l'époque en Germanie, et notamment celle de Cologne. L'édifice comportait également une autre particularité notable, l'Abside principale encadrant l'autel St Étienne ainsi que le trône épiscopal étaient tournés vers l'Ouest, si bien que les célébrations étaient faites face au peuple, usage que la cathédrale conserva jusqu'au début du (XIXème siècle). L'abside secondaire, située à l'autre extrémité, était quant à elle tournée vers l'Est et formait la chapelle dite de Ste Marie).

Ces dispositions permettent de penser qu'existaient au préalable 2 églises, particularité architecturale que l'on retrouvait par exemple au groupe cathédrale de Genève. Le 1er édifice devait accueillir les fonctions principales alors que la 2ème cathédrale avait des Fonctions Episcopales ou alors recevait les célébrations particulières, comme celles de Pâques. Un Baptistère ainsi qu'une résidence pour l'évêque venaient compléter le tout. Au moment où les 2 bâtiments sont détruits pour construire une nouvelle cathédrale au IXème siècle) dédiée à St Jean, les 2 anciens vocables ont été conservés pour les autels St Étienne pour le maître autel et Ste Marie pour l'autel du contre Choeur. Cette particularité architecturale "choeur et contre choeur" est une caractéristique du milieu Rhénan.

C'est à cette époque que le patronage de St Jean apparaît officiellement. On pense que ce choix est le fait de l'archevêque Bernoin, qui aurait consacré le nouveau bâtiment en référence aux origines de l'église de la ville, fondée par St Ferjeux et son frère St Ferréol, disciples d'Irénée de Lyon, lui-même disciple de Polycarpe de Smyrne, disciple de St Jean. Cependant les plus anciens patronages de l'édifice ont subsisté comme l'autel St Étienne ou encore l'autel Ste Marie, ce qui laisse sans réponse précise quant à la dénomination de la cathédrale.

La cathédrale St Jean est rarement évoquée, on parle plus souvent de l'église ou du chapitre St Étienne comme le mentionne un document datant de (944), insistant sur l'église St Étienne et Ste Marie de Besançon. Seul un document du (Xème siècle) atteste de l'appellation officielle de St Jean en parlant de la nouvelle Cathédrale Carolingienne. D'autres éléments nous éclairent sur l'édifice conçu par Bernoin, notamment sur la richesse et le raffinement des décors et en particulier du maître autel dont il est fait mention "de l'éclat incomparable et des gemmes". Ce maître autel est probablement à l'origine d'une Table d'Or qui fut détruite en (1642). Le Baptistère Primitif fut aussi ajouté probablement à cette époque non loin de la nouvelle cathédrale. Ce Baptistère devient alors la nouvelle église St Jean Baptiste "ecclesia baptisterii" qui fut également une église paroissiale dont on retrouve des écrits dans des textes liturgiques du (XIème siècle).

- au XIème siècle.

Hugues de Salins (1031)-(1066) réalisa d'importants travaux au sein de la cathédrale et la consacra de nouveau le 23 septembre (1061). Il ne reste actuellement rien de la cathédrale telle que l'a remaniée Hugues de Salins, si ce n'est 4 hauts reliefs représentant les symboles des 4 Evangélistes. Ces sculptures, intégrées dans des fûts de colonnes antiques pourraient provenir d'un décor rénové de l'ancienne façade latérale nord du (XIème siècle ouvrant l'entrée principale. Cela signifierait qu'ils auraient été épargnés de la démolition au (XIIème siècle) et qu'il auraient été réintégrés sur la muraille près de la porte Noire. Une autre hypothèse est avancée, les reliefs pourraient appartenir à la Façade du XIIème siècle, et pas à celle du (XIIème siècle) et cela signifierait qu'ils auraient été intégrés au XIIIème siècle sur la Porte Noire.

On peut aujourd’hui avoir une description dans les grandes lignes de la cathédrale du XIème siècle), grâce au documents liturgiques de l'époque. Le "Presbyterium" était constitué par l'abside Occidentale et était très surélevé. Le tribunal cathédrale "trône épiscopal" se détachait du centre, à l'arrière du maître autel et était entouré de balustrades, encadrant des banquettes pour les célébrants de divers ordres. En contrebas, s'étendait le choeur des Chanoines et aux pieds du sanctuaire s'établissait l'autel de Prime ainsi que l'entrée de la crypte créée en hommage à St Ferjeux et St Ferréol. Un autel dit de la croix s'élevait devant l'entrée du chœur à hauteur de la porte latérale donnant sur le grand cloître.

L'expulsion des Pénitents le Mercredi des Cendres et leur réconciliation le Jeudi Saint se faisait par des portes donnant à l'extérieur du monument, la porte de gauche et la porte de droite occidentale, la 1ère étant la porte principale et la 2è-me donnant sur le cloître de l'Archevêché. Des "Oratoria" étaient disposés contre la cathédrale, permettant ainsi qu'un plus grand nombre de messes. La chapelle du Chapître St Oyend, qui fut conservée au (XIIème siècle), a été plusieurs fois remaniée, et fut construite sur un axe qui n'est pas perpendiculaire à la nef sud au bâtiment du <(XIIème siècle). Un décalage entre cette chapelle par rapport au petit et au Grand Cloître montre très clairement que la disposition des bâtiments annexes répond à un plan d'ensemble où l'axe de la cathédrale actuelle différait de l'axe d'aujourd'hui adopté pendant la reconstruction de l'édifice durant le (XIIème siècle). La nouvelle cathédrale du (XIème siècle), exécutée par Hugues de Salins était établie sur un nouveau plan suivant un nouveau modèle et un nouvel axe changeant de 8 degrés la position initiale du monument. Ce nouveau plan a permis l'allongement des nefs vers l'Est sans que la route de la Citadelle de Besançon ne soit gênée.

- Querelle des Chapitres.

Les Sceaux du Chapitre de St Étienne datant de (1156) et du Chapitre de St Jean datant de (1128) à (1177). A leurs côtés est dessiné leur Monnaie Estevenante. Entre le (XIIème siècle) et le (XIIIème siècle, un important débat est soulevé, connu sous le nom de querelle des "Chapitres" entre la cathédrale St Jean et l'église St Étienne de Besançon. L'Archevêque Hugues de Salins, qui a remanié la cathédrale St Jean, a également construit l'église St Étienne, près de la Citadelle de Besançon, de (1033) à (1050) sur les plans de Gautier. Hugues de Salins a également bâti un chapitre qui devait coexister avec l'ancien chapitre de la cathédrale St Jean située non loin, nommé chapitre de St Jean et de St Étienne. Les 2 églises participaient à l'élection de l'Archevêque et la Liturgie assignait à chacun son rôle, mais la Cathédrale St Jean restait Prioritaire.

Cependant, le chapitre de St Étienne se plaint en (1092) d'avoir été dépouillé de sa préséance, l'église St Étienne étant la véritable église Mère du diocèse de Besançon. L'argument principal de l'église était que les plus anciens titres de l'église de la ville se nommaient église de St Étienne. Les arguments avancés ne convainquent pas Hugues III, alors archevêque, qui rejeta sévèrement cette prétention. Cependant, les conflits reprirent de plus belle quand le successeur d'Hugues III, l'archevêque Ponce, dut démissionner en (1107) sous la pression de plus en plus insoutenable au sein du diocèse. L'administration du diocèse de Besançon est alors confiée à Gui de Bourgogne, qui se rangea du côté de la cathédrale St Jean, qui affirme sa légitimité de siège ecclésiastique.

Gui de Bourgogne soutint par la suite son successeur Guillaume d'Arguel qui fit confirmer cette légitimité par le pape Pascal II en (1112). Pourtant, l'église St Étienne saisit la cour de Rome pour juger quelle église devait être le siège ecclésiastique de Besançon et de son diocèse. L'église de St Étienne est alors appuyée par Henri V et Pascal II, exaspéré d'une telle situation, convoque un concile. En (1115), ce dernier proclame les bons droits de la Cathédrale St Jean, mais voila qu'un évènement inattendu vient une nouvelle fois tout remettre en question, en effet, le pape Pascal II, circonvenu par les délégués de l'église de St Étienne, désavoue son légat ainsi que le Concile et Prétexte un Vice de Forme pour donner une nouvelle décision. C'est ainsi qu'en (1116) l'église de St Étienne devint Officiellement la Maison Mère, faisant ainsi démissionner l'Archevêque alors en place, un certain Guillaume.

Mais l'élection du Franc Comtois Gui de Bourgogne en pape Calixte II vient une nouvelle fois retourner la situation. En effet, ce dernier était un fervent défenseur de la légitimité en tant que Siège Ecclésiastique de la Cathédrale St Jean et casse la décision de son prédécesseur le 10 mars (1121) et de nouveau le 19 mars (1922). Il dira en Mars (1123) devant le Grand Concile Romain "Autant il est convenable à un successeur de garder les décisions légitimes de ses prédécesseurs, autant il se doit de réformer par des mesures salutaires leurs actes malheureux". Le Concile approuva d'une seule voix la reconnaissance Officielle de la Cathédrale St Jean de Besançon comme Maison Mère et Siège Ecclésiastique du Diocèse de la Ville.

Le chapitre de St Étienne, qui ne put que s'incliner, essaya tout de même de reprendre de son éclat en la personne de l'Archevêque Anseri. Cet archevêque concéda à Pierre de Traves, qui était alors Doyen de St Étienne ainsi qu'à tous ces successeurs la totalité des droits qui étaient les siens sur l'Archidiacre de Salins. Ce nouveau statut fit que l'Archidiacre de Salins promettait fidélité dorénavant au doyen et non plus à l'Archevêque de St Jean, comme il se doit normalement. Cette libéralité hors normes va être une nouvelle fois la source de conflits. L'Archevêque Herbert vit d'un mauvais oeil cette libéralité, affirma ses pleins droits et réclama l'hommage de l'Archidiacre de Salins, et la mesure fut par la suite annulée. Pourtant, de nouveaux conflits entre les 2 églises éclatèrent de nouveau, l'église de St Étienne se croyant exempte de toute autorité de l'Archevêque intenta procès sur procès devant la cour de Rome et s'opposa systématiquement à tous les Archevêques soutenus par la cathédrale St Jean.

En (1238), le Chapitre de St Étienne est Excommunié suite à ses incessantes attaques contre la Cathédrale St Jean. Pourtant, l'abbé de St Vincent, le Prieur de St Paul ainsi et 6 Abbés du diocèse écrivent au pape Honorius III le suppliant de conserver les pleins droit de la Cathédrale St Jean. Voici un extrait de la lettre, "Prière de conserver à l'église de St Jean Évangéliste de Besançon la dignité de Mère Eglise dont elle a joui de tout temps et dont elle jouit encore à l'exclusion de toutes les églises de la province." Une solution radicale mais efficace fut apportée par l'Archevêque Guillaume de la Tour entre (1253) et (1254) la fusion des 2 Chapitres. Une négociation unifie les 2 églises le 30 Septembre (1253) et le pape Innocent IV ratifie officiellement les 2 Chapitres le 1er Août (1254). Un Chronogramme indique cette date de "(1253), MATER eCCLesIa bIsvntIna".

- XIIème siècle.

Le 5 Mai (1148), le pape Eugène III dédicaça l'édifice en aspergeant les murs d'eau bénite, marquant le terme d'une reconstruction du bâtiment. Le pape consacra également 8 autels, l'autel de St Jean situé dans l'Abside Occidentale Autel Majeur, l'autel de la Croix situé près à l'entrée du choeur des Chanoines, l'autel de la Vierge placée dans le chevet Oriental ainsi que les autels de St Étienne, St Ferjeux, St Ferréol, St Vincent et i>St Irénée dont l'emplacement n'est pas déterminé. Bien qu'aucun document ne puisse nous renseigner sur le début des travaux, il est néanmoins très possible que le chantier fut engagé pendant les années (1120), par l'Archevêque Anséri (1117)-(1134). Il fallut attendre la fin de la Querelle des Chapitres, débat entre la cathédrale St Jean et l'église de St Étienne, pour déterminer laquelle des églises était la Maison Mère et donc le siège du Diocèse de la ville, où la Cathédrale St Jean l'emporta, pour commencer la construction d'une nouvelle Cathédrale digne de ce nom, rivalisant de grandeur et de beauté avec l'église de St Étienne. Si le plan de la nouvelle construction reprenait en gros celui de l'ancienne Cathédrale, et que les autels furent consacrés en (1148), il est bien évident que ceci n'était pas le fruit du hasard, en effet l'Archevêque Anséri pensait ainsi affirmer la continuité historique de la Maison Mère et ce de manière tangible afin d'éviter de nouveaux conflits au sein du clergé de Besançon. Ce nouveau bâtiment reconstruit durant le 2ème quart du XIIème siècle) nous est parvenu en grande partie, bien que le Chevet Oriental ait été reconstruit durant le (XVIIIème siècle. Pourtant, le gros oeuvre Roman subsiste toujours sous le nouvel habillage Gothique permettant ainsi de restituer les dispositions primitives.

- le Nouvel Edifice.

La nouvelle Cathédrale de l'Archevêque Anséri comportait comme l'ancien monument, 2 Chevets le chevet principal, qui était dédié à l'apôtre St Jean, était situé à l'Ouest de l'édifice, tandis que l'autre chevet, dit de la Vierge, était situé côté Oriental. Cette disposition était Anachronique au (XIIème siècle), faisant de la Cathédrale de Besançon le seul édifice de ce type en France. Ce choix ne peut être que celui de perpétuer le souvenir de l'ancien bâtiment, d'autant plus que le nouvel édifice n'était pas reconstruit sur les fondations de l'église Carolingienne. Cette nouvelle construction, plus vaste que la précédente, était également de nouveau bâtie sur un axe différent comme en témoignent les cloîtres qui conservent l'empreinte de l'ancienne cathédrale. En effet, l'édifice a été dévié vers le Sud afin de permettre une extension d'environ 10 mètres sur le côté Oriental. Le côté Ouest du monument était occupé par la demeure des Chanoines, le côté Nord leur cloître et une expansion vers le Nord était impossible car elle aurait coupé la principale voie d'accès au quartier Capitulaire, route de la Citadelle de Besançon.

Ce nouvel édifice ne comportait pas, comme l'ancien, de transepts, à cause de la topographie des lieux. Bien que le bâtiment ne comportait pas de façade particulière, un chevet Oriental encadré de 2 imposantes tours de clocher dominait la ville, affirmant la présence du Siège Diocésain de la Ville. Les 2 tours de l'édifice étaient certainement construites sur un terrain inadéquat, certainement en forte déclivité. C'est ce terrain qui sera à l'origine de la disparition de ses tours, ces dernières s'étant effondrées. La tour Sud est actuellement mal connue car seul un soubassement a été conservé jusqu'à l'époque moderne. Des documents datant d'avant (1729) prouvent que la tour Nord avait été partiellement reconstruite et éventuellement surélevée pendant l'époque Gothique, mais son effondrement provoqua la destruction du chevet Oriental qui sera par la suite reconstruit. Bien que les proportions et dimensions du chevet datant du (XVIIIème siècle) ne sont pas les mêmes que celles du chevet Roman et qu'un seul clocher fut bâti sur le flanc Sud du nouvel édifice, le souvenir du plan de la nouvelle cathédrale d'Anséri fut conservé.

- La Nouvelle Nef.

La nouvelle Nef de la Cathédrale est inspirée des grands modèles de l'Architecture Paléochrétienne et du Moyen Age, du Christianisme Primitif. Le choix d'une nef dont les 3 Vaisseaux seraient couverts d'une charpente en bois s'est vite imposé pour la Cathédrale Franc Comtoise, alors qu'à l'époque la mode était aux voûtes monumentales. Cette architecture était en effet un choix aussi étrange soit t-il, et non le résultat d'une contrainte économique ou technique. Cela s'explique certainement par la volonté de reprendre l'expression d'un idéal Intemporel et Insurpassable, en l'occurrence le modèle des églises pendant les 1ers temps Chrétiens s'exprimant dans un renouveau Paléochrétien notamment à Rome, pendant le (XIIème siècle). Ce style d'antan était également visible dans de hautes piles circulaires qui séparaient les 3 vaisseaux de la nef, évoquant les files de colonnes qui furent de règle durant l'époque Carolingienne dont seul 3 grand arcs diaphragmes reposant sur des piliers composés stoppaient la continuité de ces files de colonnes.

Ces 2 dernières soulignaient du côté Oriental la travée qui était encadrée de 2 tours et la 3ème située au centre de la Nef marquait de façon visible la coupure entre le choeur des Chanoines situé à l'Ouest avec l'espace réservé aux laïcs à l'Est. Les 2 parties de la nef comptaient chacune 12 colonnes disposées selon une symbolique du Moyen Age censée représenter les Apôtres et les 12 Prophètes, piliers de l'église au sens propre comme au sens figuré. Les arcs, qui étaient situés en plein cintre à angle vif retombaient sur les files de colonnes de même que la corniche qui court au-dessus des grandes arcades, sont toujours des références au style Paléochrétien. Des murs inarticulés et totalement lisses remplacent, à l'exception des contreforts placés au droit des arcs diaphragmes, les anciens contreforts extérieurs du (XIème siècle) et ses supports engagés qui rythmaient les travées intérieures. Les fenêtres situées en plein cintre renforçaient le style passéiste du bâtiment notamment grâce à leurs ébrasement vers l'intérieur ainsi que l'extérieur.

- le Grand appareil.

L'appareil de cette cathédrale d'un style dit à l'Antique est tout à fait remarquable, notamment par rapport à la qualité de ses parements. Bien qu'elle fut érigée d'un style Roman, on peut s'apercevoir que de nombreux blocs de pierre mesurant parfois plus d'un mètre ont été utilisés, ce qui est tout a fait inhabituel pour une architecture de ce type. Les murs de l'époque devaient très certainement apparaître lisses selon l'idéal antique du mur Monolithique. Anséri puisa probablement son inspiration des ruines Romaines qui entouraient la cathédrale, comme le montre la fidèle reproduction antique des parements du grand appareil ainsi que l'usage d'un outil utilisé durant la Rome antique, la Bretture. Les traces de cet outil sont visibles particulièrement sur le grand appareil dans des endroits où les intempéries ou les restaurations n'ont pas abîmé la pierre, aux creux des murs ou des combles. Cet usage d'un outil tombé quelque peu en désuétude n'était pas seulement expliqué par une volonté de reproduire au mieux les techniques antiques, mais également par des aspects plus techniques, le Bretture évitant les éclats avec ses dents était mieux adaptée pour travailler la pierre calcaire que les autres outils du XIIème siècle). Cet ustensile était également utilisé pour sa régularité et sa douceur incomparable, qu'il conférait aux pierres.

- la Structure.

La Cathédrale St Jean reprenait un style architectural comme aux premiers temps chrétiens, mais tout ne fut pas remanié de la sorte pour autant. Le raffinement des 2 absides et l'élévation intérieure de la nef ainsi que la richesse du décor sculpté étaient conformes à l'architecture de l'époque, affirmant la place prééminente de l'édifice au sein du clergé de la ville. Les parties supérieures de la nef étaient éclairées grâce à des groupes de 3 fenêtres, composées d'une grande encadrée de 2 plus petites, et à l'intérieur de l'édifice, ce rythme ternaire était également employé au niveau des arcatures situées entre les fenêtres et la corniche. Ce niveau d'arcatures était souvent présent dans les bâtiments de l'art Roman tardif et parfois du 1er Art Gothique, et était qualifié de fausses tribunes ou d'ouverture sur comble, notamment parce que les fenêtres ouvraient sur les combles des bas côtés. La fonction de ces éléments permettait d'alléger le mur, pouvant permettre de cette façon une économie de matériaux mais également d'éclairer significativement les combles des bas côtés, qu'ils soient plafonnés ou voûtés.

Ce rythme ternaire se fonde sur l'abbaye de Cluny en Saône et Loire dont le chantier était sur le point de s'achever quand s'ouvrit celui de la cathédrale St Jean. Ce style particulier rencontrait un vif succès particulièrement en Bourgogne, Collégiale N.D.de Beaune, Cathédrale St Mammès de Langres, mais différait de la Cathédrale St Jean, car les murs de ce dernier ne pouvaient être que peu allégés en raison des voûtes. Les ouvertures sur les combles sont également réduites aux maximum et parfois associées à des arcatures aveugles, matérialisant un niveau sans trop affaiblir la paroi, de même pour les fenêtres qui sont de taille uniforme. Toutes ces différences montrent une interprétation unique du style Clunisien, comme si l'Archevêque Anséri avait tiré avantage de la plus grande liberté que pouvait offrir une charpente plutôt que d'une voûte de pierre pour alléger le plus possible le mur et ainsi créer des jeux rythmiques subtils, et d'une rare élégance.

- les Absides.

Les 2 Absides de la cathédrale St Jean comportaient des plastiques murales parmi les plus inventives de leurs temps. Ces derniers incluaient 7 pans délimités à l'extérieur grâce à des contreforts, et furent également couvertes d'une voûte dite en cul de four. L'Abside Occidentale fut quant à elle conservée jusqu'au départ du cul de four, et comprenait des fenêtres qui s'établissaient sur 2 niveaux. Des petites fenêtres qui étaient intégrées à la crypte sont encore visibles au ras du sol, et furent détruites au (XVIIème siècle) quand l'édifice fut réaménagé. Ces fenêtres dont la partie située en plein cintre est divisée dans un grand bloc formant un linteau sont particulièrement remarquables de par leurs perfection, notamment au niveau de leur Stéréotomie. Quant aux fenêtres du 2ème niveau c'est leur ampleur qui frappait davantage, ces dernières, occupant la totalité de l'espace mural compris entre les contreforts, fournissaient au sein même de l'abside une illumination abondante.

Grâce à des documents antérieurs à la destruction de l'abside orientale, avant l’effondrement du clocher en (1724), on peut aujourd’hui imaginer avec précision son élévation extérieure. Cet abside comportait comme l'abside Occidentale 2 niveaux de fenêtres mais à l'instar de cette dernière les 2 niveaux donnaient sur la partie extérieure de l'abside, et les fenêtres les plus amples étaient les fenêtres basses. D'autres monuments de l'époque proposent la même type d'absides à 2 niveaux de fenêtres, tel que la Cathédrale St Lazare d'Autun, ou encore l'Abbatiale de Payerne. Mais c'est avec l'abside de la Cathédrale N.D.de Verdun que les similitudes sont les plus frappantes. En effet ces 2 édifices ont été consacrés en (1148) et présentent des ressemblances au niveau du traitement plastique de l'élévation extérieure, mais aussi par rapport aux contreforts, les 2 Cathédrales disposant de contreforts aux angles soulignés de colonnettes dans l'abside occidentale ainsi que des contreforts à glacis et ordre superposés dans l'Abside Orientale.

On pensait alors que ce fut l'Archevêque Anséri qui copia certains éléments de son édifice de la Cathédrale N.D.de Verdun, construite par l'architecte Garin. Cette hypothèse est appuyée par l'impact en Lorraine qu'eut l'oeuvre de Garrin qui devait connaître une longue descendance dans sa région d'origine, ce qui ne fut pas le cas de la cathédrale St Jean en Franche Comté. Hypothèse renforcée quand on sait que l'Archevêque Anséri, architecte de la cathédrale St Jean, est d'origine Lorraine. Pourtant, les travaux de la Cathédrale St Jean de Besançon qui débutèrent au cours des années (1120) sont antérieurs d'à peu près 10 ans du début de la construction de la cathédrale N.D.de Verdun, qui débuta à partir de (1132). Malgré tous ces éléments, l'hypothèse communément admise est que c'est la cathédrale St Jean de Besançon qui s'inspira de la cathédrale de Verdun, et non l'inverse.

- les Chapiteaux.

Les chapiteaux de la Cathédrale, apparaissent tout comme son architecture, presque un cas unique dans la région Franche Comté, ci ce n'est que la reprise d'un thème dans le cloître de l'Abbaye St Pierre de Baume les Messieurs et dans la nef de l'église du lieu dit Vuillorbe. L'architecture franc comtoise était assez austère durant le (XIIème siècle) ce qui explique la présence si rare de sculptures monumentales dans la région ainsi que dans la Cathédrale St Jean. Bien que quelques légères similitudes existe entre les chapiteaux de l'édifice et ceux de la cathédrale N.D.de Verdun, une certaine réserve s'impose par rapport aux conclusions chronologiques qui pourraient être tirées. 115 chapiteaux sont actuellement visibles malgré la reconstruction du (XIIème siècle, laissés à leurs places initiales d'antan ou réutilisés pour les parties Gothiques. Les chapiteaux Extérieurs et Intérieurs, qui sont de petites dimensions et situés dans l'abside Occidentale, furent tous conservés et surmontaient des colonnettes encadrant les fenêtres organisées en paire symétrique avec un thème différant d'une fenêtre à l'autre. Les chapiteaux extérieurs composés de simples feuilles lisses inspirées du (XIème siècle) surmontant des colonnettes d'angle des contreforts contrastait visiblement avec la décoration remarquable de l'intérieur.

Dans l'abside se trouvent des chapiteaux qui se trouvent êtres les seuls historiés du monument. 2 d'entre eux encadraient la fenêtre d'axe et étaient situés juste au dessus de la Cathèdre sur laquelle prenait place l'Archevêque et représentant le Collège Apostolique. On peut alors faire le rapprochement de ce symbole avec l'Archevêque Anséri sachant que l'édifice fut construit par ce fervent défenseur de la "vita apostolica". Les 2 chapiteaux encadrant la fenêtre adjacente côté Sud représentaient quant à eux les Mages devant Hérode ainsi que l'adoration des Mages, sujet qui était particulièrement prisé durant le (XIIème siècle). La dimension réduite des corbeilles a dû considérablement gêner le sculpteur dans l'élaboration de son oeuvre sur ces 4 colonnes historiées, comme le prouve le choix de tailler la tête des personnages et de plus négliger le corps de ceux ci, qui sont parfois quelque peu atrophiés. Bien qu'en usant de ce subterfuge les compositions apparaissent encombrées et souvent peu lisibles, et il faut s'approcher des oeuvres pour pouvoir admirer leurs splendeurs.

Les chapiteaux ornementaux sont quant à eux tout à fait remarquables pour leurs qualités, notamment les chapiteaux accueillant des personnages nus de taille réduite qui s'ébattent dans une végétation touffue. Il semble cependant que se soit le même sculpteur qui exécuta les 2 oeuvres, comme le prouve le traitement spécial des visages caractérisés par des traits fins et doux ainsi que par leurs nez pointus et leurs yeux chétifs et globuleux. Ce fut également ce même sculpteur qui réalisa la majorité des chapiteaux de la nef, bien que l'ensemble soit moins bien conservé que le reste des éléments de la cathédrale notamment à cause des transformations importantes qui furent apportées au cours du (XIIIème siècle. Les chapiteaux de l'église Romaine surmontant les piles des grandes arcades, qui étaient au nombre de 40, furent peu à peu remplacés pour la plupart pour qu'il n'y en reste que la moitié au (XIIème siècle). Les chapiteaux qui étaient situés près des ouvertures sur les combles ont quant à eux totalement disparu, cependant l'architecte du (XIIIème siècle) en a redéployé certains dans les triplets établis devant les fenêtres pour recevoir les voûtains. Une ornementation fantastique comprenant des réalisations exubérantes dans l'abside sont visibles dans certaines corbeilles des grandes arcades à l'instar des décorations des chapiteaux situés sur les ouvertures sur combles qui sont moins inspirées, comme si d'autres sculpteurs avait participé à l'élaboration de ces chapiteaux en poursuivant l’oeuvre du Maître, mais sans la réactualiser.

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