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Glossaire - Biographies
Notre Dame 1 - Notre Dame 2 - les Curés
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- Cathédrale Notre Dame du Havre


- Présentation :
* Culte : Catholique Romain
* Type : Cathédrale
* Rattachement : Diocèse du Havre, qui appartient à la province
   ecclésiastique de Rouen
* Début des travaux : (1575)
* Fin des travaux : (1638)

* Architecte :
- Spinelli d'Urbino
- Nicolas Duchemin, maître maçon,
- Lucas Guéronnel, architecte et maçon
- Pierre Hardouin
- Marc Robelin
- Jean-Marin Lemarcis, travaux de la façade principale de
-(1827) à (1839)
- Jean-Pierre Paquet, reconstruction partielle et restauration
- de la cathédrale après la Seconde Guerre mondiale

- Autres campagnes de travaux :
* (1827) et (1839), achèvement de la façade principale avec la construction d'un grand fronton cintré et d'un tympan au dessus du portail principal
* (1949) à (1974), reconstruction partielle de la nef et des bas côtés et restauration de la façade principale
* Styles : Gothique Flamboyant, Baroque, Classique et influences de la Renaissance Artistique
* Protection : Classée Monument Historique (1919)
* Classée : au Patrimoine Mondial de l’UNESCO

- Situation :
* Pays : France.
* Région : Haute Normandie.
* Département : Seine Maritime.
* Ville : Le Havre.

- Historique

Avant la 1ère Chapelle Notre Dame de Grâce, 3 édifices, 2 chapelles et une église, se sont succédé en ce lieu depuis la construction de la ville du Havre. Au (XIIème siècle), on trouvait une chapelle Notre Dame de Grâce, bien qu'il n'y eût aucune ville à l'époque, des pêcheurs y habitaient. Cette chapelle a donné son nom au marais, le "marais de Grâce, ou marais de Notre-Dame de Grâce", ce qui donnera plus tard le nom de la ville, "le Havre de Notre-Dame-de-Grâce", puis "le Havre de Grâce". Cette chapelle disparaît en (1419). Lors de la construction de la ville, le Curé de l'église St Michel d'Ingouville, aujourd'hui chapelle, décide de construire en (1520) une petite chapelle en bois et en chaume dont la construction s'achèvera en (1522) et qui sera emportée par la "mâle marée en 1525".

De (1525) à (1527), époque durant laquelle la ville connaît un phénomène d'acqua alta, malgré l'existence de digues en bois, la chapelle est régulièrement victime d'inondations, lors de certaines messes l'officiant était debout sur un banc pour terminer l'office. Ainsi, une chapelle en bois est reconstruite avec des piliers en pierre en (1536), grâce à Jean de Marceille, et devient église. Une tour lui est adjointe en (1540) elle sera abaissée en (1563) par ordre du Roi Charles IX. Sa 1ère pierre, détruite depuis, a été posée en (1539), par Claude de Montmorency, Baron de Fosseux et gouverneur de la ville à l'époque. La tour, élevée par Guillaume de Marceille, trésorier de la ville, était destinée à préparer la construction d'un bâtiment plus grand. Lorsque la ville, livrée par les Huguenots, tombera aux mains des Anglais, elle servira de tour d'artillerie pour bombarder les forces Françaises placées sur les hauteurs de la ville.

En (1549), Henri II visite l'église Notre Dame, des artistes réalisent à cette occasion 2 médaillons représentant Henri II et Catherine de Médicis placés dans le portail Sud du 3ème édifice, et disparus lors des bombardements de (1944). Saccagé par les Huguenots, le bâtiment est ensuite reconstruit en pierre, à partir de (1575). Après la reprise de la ville, livrée aux Anglais par son Gouverneur Protestant, conformément au traité d'Hampton Court, la flèche de style Gothique est détruite et un nouveau sommet est constitué, une petite flèche Octogonale de type classique en forme de dôme. La flèche primitive, entourée de clochetons avec un clocher très élevé, a été utilisée comme phare du port la nuit.

- Construction du bâtiment actuel

En (1572), une réunion présidée par Corberan de Cardillac, sieur de Sarlabos, chevalier des Ordres du Roy gouverneur du Havre, décide la construction de l'église, le maçon Richard Mallet est désigné par le gouverneur pour diriger le chantier, il jette les fondations de l'église mais disparaît en fin d'année (†1573). Le gouverneur désigne le maître maçon Nicolas Duchemin pour continuer les travaux. La 1ère pierre fut posée en (1575) par Duchemin et Sarlobos, lequel poursuivra la construction de l'église jusqu'à sa mort le 5 Mai (†1598).

La construction commence en (1575) pour se terminer en (1610). Le plan de l'église est attribué à un architecte Italien, Spinelli d'Urbino, il aurait gardé certains éléments d'architecture Gothique car cette architecture reste encore aimée des Français à cette époque, mais cette attribution reste sans preuve directe, dans les archives d'Urbino, aucune trace de sa participation au chantier de l'édifice n'a été trouvée, mais Spinelli était bien présent au Havre puisqu'il a dirigé les chantiers de la citadelle du Havre. Nicolas Duchemin est inhumé dans le bâtiment, et un pilier du transept porte une ancienne stèle rappelant la présence de la sépulture de l'architecte dans la cathédrale, avant sa mort il a terminé la nef sans la voûte (1597) et le choeur (1585).

Un procès opposant le Roi et le diocèse de Rouen au Seigneur de Graville s'ouvre de (1583) à (1586), ce procès appelé " Procès pour le patronage" pose en fait la question du découpage paroissial du Havre, le Roi voulant créer une paroisse pour l'église Notre Dame et une autre paroisse pour l'église St François, le Roi étant soutenu par l'Archevêque de Rouen. En effet, les 2 églises Havraises n'étaient que des chapelles succursales de l'église St Michel d'Ingouville, mais le Seigneur de Graville refuse cela et veut que le Havre reste dans la paroisse d'Ingouville faisant partie de son domaine. Le fait qu'avant la création de la ville, les marais de Grâce étaient partie intégrante du domaine du Seigneur de Graville et que François Ier a dû confisquer une partie de son domaine pour créer la nouvelle ville, permet au seigneur de Graville de gagner et les 2 églises restent dans la paroisse d'Ingouville jusqu'en (1802). Néanmoins, si l'église du Curé est celle de St Michel, ce dernier passe le plus clair de son temps dans la ville du Havre, et il célèbre le plus souvent à Notre Dame.

En (1603), Henri IV, visitant le Havre, voit le chantier de l'église, et accorde une rente de 1.500 livres par an pour le terminer et entretenir le bâtiment, cette rente a pris fin avec la révolution de (1789). En l'honneur de cette visite, 2 médaillons représentant Henri IV et Marie de Médicis ont décoré le portail Sud jusqu'en (1945). Ce genre donation par ce Roi, montre encore la nécessité pour lui de continuer à prouver sa véritable conversion au catholicisme, alors que l'ombre de la "Ligue Catholique" est encore présente dans les mentalités. Les portails latéraux ont été construits en (1604) et en (1605). Durant leur construction, le chantier a subi des ralentissements du fait des troubles de la Ligue. Les autels de l'église sont bénis par l'évêque in partibus de Damas en (1605).

En (1605), le trésorier du Havre et Lieutenant du Roi Fleurigant fait élever la chapelle de Ste Madeleine, dans laquelle il fut enterré, la plaque tombale était ornée de cette épitaphe :

    "En cette chapelle git le corps de noble homme Messire Loys Fleurigant, en son vivant conseiller du Roi et Lieutenant particulier en la Vicomté de Montivilliers, par le soin et à la diligence duquel étant trésorier de cette église en l'année (1605) les autels d'icelle ont été bénis par M. l'évêque de Damas et le plus grand revenu du trésor de céans provenant de ses aumônes, auparavant incertain et casuel, rendu plus clerc et assuré sous la faveur de M. le Marquis de Villars Gouverneur de cette ville, et durant le temps de sa charge de trésorier a fait restaurer et construire une bonne partie de ce bâtiment et notamment de cette chapelle en laquelle il a élu les sépultures de lui et des siens. Il est décédé le 3ème jour d'Octobre (†1617)".

La façade principale, quant à elle, est construite de (1611) à (1638). Pour en achever la construction, les architectes Rouennais Pierre Hardouin et Marc Robelin sont appelés au Havre. En (1636) se termine la construction des bas côtés et des voûtes des chapelles. Mais en (1638), la façade principale, tout juste terminée, s'incline vers la rue à cause d'un affaissement du terrain, relevée par le maçon Hérouard, elle reste inachevée jusqu'aux travaux des années (1830), où l'on ajoute le tympan au dessus du portail principal. Le 7 Septembre (1638), le sol s'affaisse à nouveau, mettant à découvert plusieurs sépultures, mais il est refait la nuit même avec un nouveau pavage. A la fin de la construction, l'église n'a jamais été consacrée, comme de nombreuses églises au (XVIème siècle), (XVIIème siècle) et (XVIIIème siècle), en raison de la complexité du rituel de consécration.

pEn (1637), le gouverneur de la ville, le Cardinal Richelieu offre un Grand Orgue, dont le buffet est sculpté par Simon Levesque, et le jeu livré par Guillaume Losselier, facteur d'orgue à Rouen. Il offre également à l'église Notre Dame une cloche nommée Cardinale, par ailleurs, il projette de faire de l'église une Cathédrale, en démembrant le diocèse de Rouen, mais meurt avant d'appliquer son projet. En (1694), la cathédrale subit un bombardement de la flotte Anglaise et Hollandaise, l'aile droite bas côté sud est endommagée et la toiture incendiée. Les réparations de l'édifice s'élèvent à 900 livres.

En (1759), le bâtiment se trouve à nouveau sous le feu de la flotte Anglaise, une partie de la voûte est endommagée, et la chapelle St Sébastien détruite elle a été refaite. En (1756), un ossuaire en bois, accolé à la tour, est détruit. Le rond point n'est pas encore terminé en (1768). En (1777), l'église Notre Dame reçoit de nouvelles cloches, bénies la même année. En (1790), une pierre se détache de la corniche et tue un paroissien en tombant, mais aucune restauration n'est entreprise. En (1794), la couverture du toit est refaite. Lors de la Révolution, l'église, saccagée comme de nombreuses autres, devient un "Temple de la Raison". Les cloches sont descendues et refondues pour devenir de la monnaie ou des canons en (1793). Une seule a été conservée. Elles sont fondues par Claude Poisson de Rouen le 31 Janvier (1777). La cloche principale en bronze portait l'inscription :

    "L'an de J.C. (1777), Louis XVI, étant Roi de France et de Navarre, patron de cette Ville du Havre de Grâce, à cause du Marquisat de Graville, et la Reine, son épouse, Marie Antoinette Joseph d'Autriche, m'ont nommée comme ci dessus, j'ai été bénite par Jean Antoine Mahieu, docteur de la maison de Sorbonne et Curé de cette église, M.M. Denis Mouchel, Jean Baptiste Houssaye, Yves Jean Costé, Pierre Jeau Faure étant Marguilliers."

En (1813), 2 nouvelles cloches sont bénies. L'église et sa tour sont restaurées une 1ère fois sous la Restauration, la réfection est faite dans les années (1820) aux années (1840), un tympan est construit (1839), le sommet de la tour est refait. L'abbé Cochet demande, en (1845), de refaire une flèche Gothique comme la flèche primitive de la tour, mais la municipalité refuse. En milieu d'année (1905), la façade principale est partiellement restaurée, l'année (1904), certaines sources rapportent en effet une dégradation importante, la restauration, achevée le 26 Octobre (1905), se révèle médiocre, le haut de la façade, partie la plus atteinte, est restauré, le grand fronton est restauré avec 7 gros blocs de pierre de St Maximin et les pots à feux sont refaits en pierre d'Euville.

En (1940 Émile Blanchet est ordonné évêque de St Dié en l'église Notre Dame du Havre. Durant la Seconde Guerre Mondiale, les bombardements Allemands, en août (1941), ont fragilisé 2 vitraux originaux, qui ont survécu jusqu'à aujourd'hui, mais tous les autres ont été soufflés, par les explosions. Ces 2 vitraux ont été démontés et cachés dans la campagne Normande. Le 14 Juin (1944), un bombardement Britannique abîme la couverture de la toiture, du côté Sud, et celle de la flèche de la tour. La majeure partie des destructions au Havre est due aux raids Britanniques dans la nuit du 5 au 6 Septembre (1944).

L'église reste debout, malgré les bombardements Britannique, une bombe détruit une grande partie de la nef. La façade Ouest, l'entrée principale de la cathédrale abîmée ne s'effondre pas, la tour reste debout, bien qu'une des cloches tombe et se fissure, la nef, de la façade jusqu'au transept, est détruite, à l'exception d'une infime partie du bas côté Sud. 5 travées sont détruites complètement, les voûtes se sont effondrées, et le grand orgue de Richelieu est détruit. Le transept resté debout ainsi que les portails latéraux et le choeur subsistent, mais les voûtes du transept sont très abîmées. L'abbé Delozanne vicaire de la paroisse Notre Dame et le sacristain sont tués alors qu'ils s'étaient réfugiés, en vain, dans la chapelle de la tour. Un grand nombre d'ossements sont tombés des voûtes, ils proviennent certainement de l'ancien cimetière qui entourait l'édifice, supprimé au (XVIIIème siècle) ou (XIXème siècle), il était de coutume depuis le Moyen Age de placer des ossements exhumés dans les voûtes, par respect pour les défunts concernés.

Plusieurs architectes veulent détruire l'église ou transformer le bâtiment en musée. Mais Auguste Perret, l'architecte en chef qui s'occupe de la reconstruction du centre ville du Havre, sauve l'édifice en décidant de le reconstruire un peu plus à l'Ouest en créant le parvis. De plus, le père Blandin s'assure auprès des responsables des monuments nationaux que le bâtiment reste dédié au culte. Les chantiers de reconstruction et de rénovation débutent en fin d'année (1949). Le lieu est temporairement fermé au culte, bien que le 5 Septembre (1950) une messe commémorative aux victimes des bombardements ait été célébrée à un autel secondaire. En (1952), le culte dominical est repris, mais les messes de semaine n'ont pas lieu à la cathédrale pour ne pas entraver les travaux ; pour les messes, seuls le choeur et le transept sont ouverts. Mais les financements manquent, et en (1969), il ne reste qu'un seul ouvrier dans le chantier pour éviter sa fermeture. A cette époque, le père Blandin fait pression sur l'Etat pour accélérer les travaux. Plus tard, les portails du transept sont rouverts et la nef est restaurée. Puis de nouveaux vitraux, réalisés par Michel Durand sont placés.

En (1980), le Grand Orgue restauré est remis en place et béni par Monseigneur Saudreau qui assiste l'archevêque de Rouen, Monseigneur André Pailler, et Jean Legoupil devient organiste titulaire des orgues de la cathédrale. Le buffet d'orgue a été reconstruit par l'ébéniste Jean Pierre Francelli, et le jeu d'orgue est dû au facteur d'orgues Thes Haerpfer Erman. En (1990), les murs extérieurs de la sacristie sont lavés, car les pierres avaient été noircies par la pollution, et les gargouilles sont restaurées. En (1994), le choeur est rénové et aménagé, des lambris en bois décoré avec des dorures, de style classique, sont mis contre les murs de l'abside, la cathèdre et les 2 tabourets assortis sont restaurés, 4 tableaux présentant des scènes de la vie de Jésus sont restaurés et sont placés sur les lambris, et derrière la cathèdre est placée une gravure représentant Jésus revenant dans la gloire, et les stalles contre les lambris sur la dernière travée. En (1994), les bas côtés Sud, à l'Est du transept, menacent de s'effondrer, les contreforts sont démontés et un imposant échafaudage en bois est mis en place pour les remplacer. Il faut attendre (2001) pour que des travaux commencent.

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