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Architecture - Chronologie - Evêques
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- St Etienne Metz


- Présentation
* Culte : Catholique Romain
* Type : Cathédrale
* Rattachement : Diocèse de Metz
* Début des travaux : (1240)
* Fin des travaux : (1552) apports et modifications
- jusqu’au (XXème siècle)
* Architectes :
- Pierre Perrat.
- Jacques-François Blondel portail occidental.
- Paul Tornow.
* Style : Gothique
* Protection : Classée Monument Historique (1930)

- Situation
* Pays: France
* Région : Grand Est
* Département : Moselle
* Ville : Metz

- Historique

La cathédrale St Étienne est l’église principale du diocèse de Metz en Moselle. Elle est la cathédrale de France possédant la plus grande surface vitrée, près de 6.500 mètres carrés, et présente les plus grandes Verrières Gothiques d’Europe. Sa voûte suspendue à 41 mètres au dessus du sol, la nef est la 3ème plus haute de France. Ce monument fait l'objet d'un classement au titre des Monuments Historiques depuis le 16 Février (1930).

Le 1er lieu de culte dédié à st Etienne est un oratoire du (Vème siècle), il s'agrandit lorsque Metz devient capitale de l'Austrasie. St Étienne est populaire et se voit célébré dans tout l’Empire. L’essor du culte du 1er martyr Étienne en Occident suit l’invention de reliques du Saint à Jérusalem (415). Plusieurs cathédrales françaises lui sont dédiées, Agde, Auxerre, Bourges, Cahors, Châlons en Champagne, Limoges, Meaux, Sens, Toul, Toulouse, et remontent pour la plupart au (Vème siècle).

Vieille cité Gauloise, Metz devient le siège d’un évêché au (IIIème siècle). Comme nous l’apprend un passage de l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours, rédigée vers (576), un sanctuaire dédié à Étienne "Oratorium beati Stephani" qui se trouvait à l’emplacement actuel de la cathédrale, fut le seul monument épargné par les Huns lors du sac de la cité le samedi Saint 7 Avril (451). L’oratoire de St Étienne est dans les grâces divines et devient alors fort populaire. On parle de miracle. Il accueille le siège de l’évêque et devient en quelque sorte la 1ère cathédrale de Metz, à l’intérieur même de celle ci. On peut supposer que le sanctuaire de St Étienne était relativement récent lors du sac de Metz par Attila.

En (1970), l’aménagement du bras Sud du transept, en vue de l’installation d’un nouvel orgue, mit au jour des fondations antérieures à l’époque Romane, sans qu’il fût possible de les dater de manière absolue. Ces vestiges présentent une Abside orientée semblant correspondre à un sanctuaire d’époque Mérovingienne. Le relief ne permettant pas une extension vers l’Ouest, il est permis de penser qu’il fut réutilisé comme transept de l’église Carolingienne, au moment de la reconstruction du choeur sous l’épiscopat de Chrodegang (742) à (766). Ainsi s’explique l’orientation inhabituelle Nord-Est, Sud-Ouest de la cathédrale. Vers (784), Paul Diacre, moine Bénédictin de Lombardie qui séjourna à la cour de Charlemagne et à Metz, écrivit une Histoire des évêques de Metz selon laquelle Pépin le Bref aida financièrement l’évêque Chrodegang, à réaliser des travaux dans le sanctuaire, ciborium, chancel, presbytérium, déambulatoire. Le 28 Février (835), Louis le Débonnaire est solennellement rétabli dans la cathédrale par son demi frère l’archevêque Drogon de Metz. Le 9 Septembre (869), Charles II le Chauve y est couronné par l’archevêque Hincmar de Reims.

- La basilique Ottonienne
(Xème siècle ‑ XIIIème siècle)

Entre (965) et (984), l’évêque Thierry Ier entreprit de reconstruire le sanctuaire primitif avec l’aide financière des empereurs Othon Ier et Othon II. La nouvelle basilique fut achevée sous son successeur Thierry II et consacrée par celui ci le 27 Juin (1040) en présence de l’évêque Gérard Ier de Cambrai. Les fouilles de (1878) à (1881) et (1914) à (1915), dans le sol de la nef et du transept, mirent au jour ses fondations. Il est intéressant de constater que la cathédrale actuelle se superpose presque parfaitement à l’édifice Ottonien. De 3 travées plus court, celui ci présentait une élévation fort différente. Nous pouvons la reconstituer à partir des constantes rencontrées dans l’architecture Ottonienne, dont la perfection géométrique de l’organisation des volumes et des proportions nous est connue. La nef, flanquée de bas côtés, haute d’environ 20 mètres, s’ouvrait sur un transept saillant de même hauteur, long de 42 mètres, pour 12 mètres de large. 2 tours de chevet s’élevaient de part et d’autre de l’Abside centrale. Seule la constitution de la façade nous est inconnue. Vers (1186), la collégiale Notre Dame fut construite contre celle ci. Sa forme de demi rotonde lui valut le nom de N.D.la Ronde. La reconstruction de la basilique Ottonienne débuta moins de (II siècles) après son achèvement.

- La cathédrale gothique
(XIIIème siècle - XVIème siècle)

A la fin de la Renaissance, aux alentours de l’année (1220), selon la volonté de l’évêque Conrad de Scharfeneck l’édification de la cathédrale, dédiée à St Étienne, est entreprise. L’architecte était Pierre Perrat. La construction s’étalera sur 3 siècles pour s’achever vers (1520). Commencée sous l’impulsion de l’évêque Conrad de Scharfenberg, en même temps que les cathédrales de Reims (1211), du Mans (1217), d’Amiens et de Toul (1221). Seule la nef Ottonienne fut à cette époque détruite, jusqu’au niveau des fondations, le chevet et le transept, ainsi que N.D.la Ronde, étant épargnés. De cette 1ère campagne de construction datent les parties basses des murs de la nef et les bases des supports d’arcades. Sous l’épiscopat de Jacques de Lorraine (1239) à (1260), le parti de l’élévation fut modifié. L’élan Gothique devait l’emporter devant toute autre considération. Il fut ainsi choisi de reconstruire la collégiale Notre Dame, pour l’intégrer au nouveau style de la cathédrale. Cette surélévation du projet initial se traduit par une disproportion, entre les grandes arcades 12m,50, et les fenêtres hautes 19 mètres, proportions inverses de celles de la cathédrale d’Amiens 18m,20 et 13 mètres. Une frise d’arcs trilobés masque judicieusement l’épaississement des murs, au dessus des grandes arcades.

Au milieu du (XIIIème siècle), la reconstruction de N.D.la Ronde est entreprise en conservant, semble t-il, les piliers ronds de celle ci, alignés sur l’ancienne nef Ottonienne. Le nouveau choeur de la collégiale, épaulé par les 2 - 1ers contreforts Sud de la cathédrale, indique une construction concertée dès cette époque. Dans la 2ème moitié du (XIIIème siècle), les 2 tours harmoniques de la cathédrale, à double fenestrage, sont achevées. Les supports en attente, actuellement visibles vers les 3ème et 5ème travées des faces Nord et Sud, indiquent que le projet de double fenestrage devait s’appliquer à tout l’édifice, comme à Noyon, Beauvais, ou Troyes. Dans le dernier quart du (XIIIème siècle), une claire voie est ménagée au niveau du triforium, sous les fenêtres hautes. La construction de celles ci, de style Gothique rayonnant, s’achève dans le 1er tiers du (XIVème siècle). Pour récolter de nouveaux fonds, la confrérie de Ste Marie et de St Étienne est créée vers (1330). Le financement de la fabrique est aléatoire, et provoque l’arrêt du chantier à plusieurs reprises. Il dépend, en effet, des dons des fidèles, des ventes d’indulgences, des prébendes vacantes du Chapitre, ou des largesses de l’évêque.

Vers le milieu du (XIVième siècle), la charpente de la toiture est posée, et l’évêque Adhémar de Monteil fait élever une chapelle dans la 5ème travée du collatéral Sud. En (1356), l’empereur Charles IV venu à Metz pour promulguer la bulle d’or est reçu dans la cathédrale de Metz. Cette 1ère campagne de construction s’achève avec le voûtement de la nef, entre (1360) et (1380). La hauteur de ses voûtes 41m,70, place la cathédrale de Metz derrière celle de Beauvais 48 mètres avant effondrement, et celle d’Amiens 42m,30, dans la course aux records Gothiques. A cette époque fut détruite la cloison qui séparait encore la nef de St Étienne de celle de Notre Dame. Le sol de celle ci fut alors abaissé au niveau de celui de la cathédrale, ce qui explique le déchaussement des piliers des 3 - 1ères travées. Seul le choeur fut laissé au niveau primitif. Les grandes baies, notamment le fenestrage de la façade Occidentale, encore occultées par des (ais) de bois, furent vitrées. Un contrat est passé en (1381), entre le Chapitre et le maître verrier Hermann de Münster, pour la réalisation du grand (O), la rose Occidentale. Celui ci eut le privilège d’être inhumé à l’intérieur de la cathédrale. Le maître d’oeuvre, Pierre Perrat, connut aussi par ses travaux à Toul et Verdun, fut également autorisé en (1386) à avoir sa sépulture dans la cathédrale. Ceci nous confirme l’importance accordée, tant aux architectes qu’aux artisans de renom travaillant pour l’oeuvre, ces derniers accédant au statut d’artiste. Il faut attendre la fin du (XVème siècle) pour que la construction de la cathédrale reprenne.

Seconde campagne de construction En (1473), l’empereur Frédéric III et son fils Maximilien assistent à un office dans la cathédrale. La cathédrale est alors un édifice stylistiquement composite, dont la nouvelle nef Gothique épouse, tant bien que mal, l’ancien chevet du sanctuaire Ottonien. Le chantier s’anime de nouveau en (1486), lors de la reconstruction du transept et du choeur Ottonien. Entre temps, la chapelle d’Adhémar de Monteil, dite, chapelle des évêques, est reconstruite par Jean de Commercy en (1440). En outre, un incendie ravagea la toiture en (1468). Cela décida les Bourgeois Messins à reconstruire la partie supérieure de la tour de la Mutte, beffroi municipal. Cette tour, ainsi que la tour du Chapitre au Nord, était alors coiffée d’un colombier de bois. Hannes de Ranconval le remplaça de (1478) à (1481) par une flèche de style Gothique Flamboyant. La 2ème campagne de construction s’ouvre en (1486), avec la démolition du bras Nord du transept, reconstruit aussitôt dans le même style et avec la même élévation que la nef. Les fondations sont creusées, d’après la chronique, à une profondeur dépassant le niveau de la rivière. Le bras Nord du transept est achevé en (1504), avec la pose des vitraux de Théobald de Lixheim. La démolition des vestiges Ottoniens se poursuit par le choeur, ses 2 tourelles, et en (1508) par le bras Sud du transept. Celui ci sera reconstruit avant (1521), date de la pose des premiers vitraux de Valentin Bousch. Le choeur est déjà voûté à cette date, mais les derniers vitraux de Bousch ne seront posés dans cette partie qu’en (1539). Un Jubé, supprimé en (1791), clôture la nef en (1525). La cathédrale sera consacrée le 11 avril (1552). Si la construction de la cathédrale s’achève à cette date, l’édifice connaîtra encore de nombreux aménagements.

- Bossuet

Le 28 mars (1642), Jacques Bénigne Bossuet devient, à l’âge de 13 ans, chanoine de la cathédrale grâce à l’entregent de son père, magistrat de la ville. C’est en la cathédrale de Metz, le 21 Juillet (1652), qu’il prononce son 1er Sermon. C’est encore à Metz, sans qu’on puisse dire avec certitude qu’il fut prononcé au sein de la cathédrale, qu’il donne, le 17 Décembre (1655), sa 1ère Oraison Funèbre pour Yolande de Monterby, abbesse du Petit Clairvaux à Metz. Le 15 Octobre (1657), il prêche un Panégyrique de Ste Thérèse, devant la Reine Anne d’Autriche, suite à quoi il est nommé conseiller et prédicateur extraordinaire du Roi. A partir de là, il partage son temps entre Metz et la cour, à Paris et Versailles. A partir de (1660), sa célébrité allant croissante, il n’est plus que rarement à Metz. Quand il est dans cette ville frontière, tant au point de vue géographique, entre l’Allemagne et la France, que religieux, entre les domaines catholiques et protestant, il se consacre avec zèle et foi à la prédication en vue de la conversion des protestants de la ville. Son oeuvre Réfutation du catéchisme du sieur Paul Ferry, ministre de la Religion Prétendue Réformée, le 1er ouvrage publié par Bossuet et imprimé à Metz, en (1655), est le compte rendu de ses conversations avec le pasteur de l’Église réformée de Metz. Le 22 Août (1664), Bossuet est nommé doyen du chapitre cathédral, fonction qu’il quitte le 19 Octobre (1669), pour devenir évêque de Condom.

-Le portail Néoclassique de Blondel (1764)

Dans la 2ème moitié du (XVIIIème siècle), soucieux de ne pas demeurer en reste par rapport à Nancy qui venait de se doter d’une majestueuse place Royale, mais aussi parce que l’art Gothique n’était plus au goût du (XVIIIème siècle), le maréchal de Belle Isle, gouverneur des 3 Évêchés, décide d’établir une place Royale. Malgré les protestations du chapitre, il fait dégager les abords de la cathédrale par la destruction du cloître et des églises attenantes, St Pierre le Vieux, St Pierre le Majeur, la chapelle des Lorrains. Mais aucun projet ne se construit. L’architecte Jacques François Blondel, protégé par le Duc de Choiseul, alors présent à Metz pour reconstruire l’abbaye St Louis, va opportunément proposer de réaliser un projet d’aménagement qui comprend la création de rues et de places, ainsi que la reconstruction de l’Hôtel de Ville, du Parlement et du Palais de l’évêque. Derrière l’argument avancé de créer une place d’Armes fonctionnelle utile au défilé des troupes, la réalisation d’un nouveau centre politique pour la ville vise à son embellissement. Ce projet est à la fois une oeuvre de la maturité et une expérience inédite pour Jacques François Blondel que le (XXème siècle) retiendra comme théoricien et rénovateur de l’enseignement architectural. Entrepris en (1762), l’aménagement de la place d’Armes, de la place de Chambre et de la place du Marché dégage le tissu urbain Médiéval sur 3 côtés autour de la cathédrale. L’édification de la Mairie, côté place d’Armes, et du Palais des évêques de Metz, aujourd’hui, le marché couvert, côté place du Marché et place de Chambre contribue à constituer un ensemble architectural dominé par l’oeuvre des maitres maçons du Moyen Age. A cette occasion, et dans un souci d’harmonisation de cet ensemble urbain, Blondel construit sur les 3 côtés de la Cathédrale ainsi dégagée, une enveloppe classicisante et en particulier, un sobre et majestueux portail principal, côté place du marché, détruit pendant l’annexion Allemande.

- Refonte Néogothique

Ornements et pinacles de la période Néogothique, pignon de la façade Occidentale. En mai (1877), un feu d’artifice organisé depuis le toit de la cathédrale en l’honneur de Guillaume II, provoque un incendie qui détruit totalement la toiture mais épargne l’intérieur de la cathédrale. L’ancienne charpente de bois et la couverture en ardoise sont remplacées entre (1880) et (1882) par des fermes métalliques à, la Polonceau, avec une couverture de plaques de cuivre. La nouvelle toiture, surélevée de 4m,50 modifie sensiblement la volumétrie extérieure de la cathédrale, réduisant l’effet d’élancement des tours. La surélévation s’accompagna de la création, entre (1883) et (1886), de pignons ornés sur les façades Nord, Sud, et Ouest.

Peu avant, de (1878) à (1881), la rotonde du choeur, oeuvre de Gardeur Lebrun (1791) fut supprimée, et l’accès à la crypte rétabli. De (1874) à (1887), la restauration des piles et des arcs boutants de la nef et du chevet compléta la restauration des voûtes. Le portail latéral Sud, auparavant masqué par les arcades, fut inauguré en (1885). Après dégagement, il fallut le descendre 2 mètres plus bas au niveau de la place d’Armes, les sculptures restantes étant alors démontées et restaurées par le sculpteur Dujardin. En (1888), les restaurations portèrent sur N.D.du Carmel, ancien choeur de la collégiale. Elles consistèrent à refaire la charpente, et à rouvrir les fenêtres occultées par le portique Néoclassique. La chapelle des Évêques le fut à son tour en (1895), alors que les travaux de démolition du portail de Blondel étaient décidés.

De (1871) à (1918), l’Alsace Moselle fait partie intégrante de l’Empire Allemand avec le statut de territoire d’Empire. La mode est alors au Médiévisme comme on le voit, à la même époque, au château du Haut Koenigsbourg, restauré, si ce n’est reconstruit pour l’Empereur Allemand ou à Karlštejn réhabilité pour l’Empereur d’Autriche, mais il n’est pas interdit de penser que des arrière pensées politiques sont présentes dans la décision de supprimer l’enveloppe, Française, de Blondel pour une refonte Néogothique des pourtours de la cathédrale. Les derniers ajouts de Blondel dont le style disconvient à l’idéal Romantique de l’époque, sont détruits en (1898), pour faire place à un portail de style Néogothique inauguré en (1903), sous la direction de l’architecte Paul Tornow. Les sculptures, sur le tympan du portique, représentent le Jugement Dernier. Le nouveau portail emprunte à l’école Champenoise, notamment par l’usage de voussures appareillées.

- Restaurations contemporaines

Cette présentation historique donne l’impression d’un chantier permanent du (XIIIème siècle) à nos jours. Or l’édifice présente une grande unité de style, ce grâce au parti des architectes qui continuèrent d’appliquer jusqu’au (XVIème siècle) un style Gothique Rayonnant devenu archaïque, c’est également la conséquence des transformations du (XIXème siècle), qui bien que contestables sur le plan de l’authenticité archéologique, lui ont donné cette homogénéité formelle. L’aspect actuel de la cathédrale n’est donc pas fortuit, et les restaurations en cours s’inscrivent dans une quête de l’authenticité archéologique.

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