Retour

Glossaire - Biographies
Evêques
Exterieur - interieur - Statues - Tableaux - Vitraux

- Cathédrale St Corentin


- Présentation
* Culte : Catholique romain
* Type : Cathédrale
* Rattachement : Diocèse de Quimper et Léon siège
* Début des travaux : (XIIIème siècle)
* Fin des travaux : (XVème siècle) (XIXème siècle) les flèches
* Style : Gothique Rayonnant le Choeur
* Style : Gothique Flamboyant la Nef et le Transept
* Protection : Classée Monuments Historiques (1862).

- Situation
* Région : Bretagne
* Département : Finistère.
* Ville : Quimper

- Historique

Bien qu'attestée en (1128) et en (1424), la cathédrale Romane n'a pas fait l'objet d'études historiques, ni de fouilles archéologiques. On ignore donc pour l'essentiel ses caractéristiques et l'époque de sa construction. Le seul vestige connu est un chapiteau sculpté dans le style de ceux de Ste Croix de Quimperlé mentionné par René François Le Men en (1877). Sa place au coeur du réseau viaire concentrique du Quimper Médiéval permet néanmoins de supposer que sa construction est liée à la réorganisation de l'espace public situé aux alentours. En effet, ainsi que l'ont démontré les fouilles archéologiques, l'actuelle place Laënnec accueille à partir de (1060) - (1080) un grand Cimetière traversé par des allées convergeant vers la Nef de l'actuelle Cathédrale Gothique, emplacement supposé de la Cathédrale Romane. Jean Paul Le Bihan émet l'hypothèse que ce grand projet urbain est ordonné par le Duc de Bretagne et Comte de Cornouaille Hoël II, dont la famille a fréquemment été associée à la charge d'Evêque de Quimper. Le culte de St Corentin est également très vivace chez les Princes Cornouaillais. Cette période de construction, commençant aux alentours de (1070, est compatible avec le Chapiteau Roman mentionné par Le Men.

Le Bihan fait également l'hypothèse que l'emplacement de la Cathédrale Romane à cet endroit, sous la Nef de l'actuelle Cathédrale Gothique aurait permis la conservation d'un monument plus ancien le temps des travaux et situé sous le Choeur de l'actuelle Cathédrale Gothique. Cet emplacement est également davantage à l'abri des grandes marées qui peuvent remonter le cours de l'Odet. La découverte, en (1992), des vestiges d'une Abside sous le bras Nord du Transept Gothique laisse supposer la présence d'un Baptistère de plan circulaire construit à l'arrière du Chevet Roman. D'après Le Men, le Choeur de la Cathédrale Romane est démoli en (1424) pour laisser place aux travaux de construction de la Nef Gothique. Le Bihan pense que c'est la cathédrale entière qui a été démolie à cette occasion. La cathédrale Gothique a été construite en 3 fois, de (1239) à (1336) est construit le Choeur, à l'Est de la cathédrale Romane qui est conservée pour le culte. La Nef et le Transept sont construits de (1424) à (1485), après démolition de la cathédrale Romane. Les flèches de la façade Occidentale ne seront quant à elles construites qu'à la fin du (XIXème siècle) par Joseph Bigot.

- la Cathédrale Gothique

Au début du (XIIIème siècle), la politique de Philippe-Auguste instaure de manière pratiquement définitive l'influence de l'Ile de France sur la Bretagne, soutenue par une administration d'origine Française. Dès (1239), l'Evêque de Quimper, Raynaud, lui aussi d'origine Française, décide la fondation d'un nouveau Choeur destiné à remplacer celui de l'époque Romane. Il entame ainsi, à l'extrême Ouest, le chantier d'une grande Cathédrale Gothique qui va s'inspirer des constructions d'Ile de France et devenir à son tour un lieu d'expérimentation d'où sortiront plus tard des formules adoptées par toute la Basse Bretagne. La nef est formée de six travées dont une au niveau des tours de la façade et flanquée de doubles bas-côtés, un large et un étroit (fractionné en chapelles latérales) dans le prolongement des dispositions du chœur. Un transept saillant relie ces deux parties, dont l'importance rappelle le programme des grandes cathédrales d'Ile-de-France au début du XIIIe siècle.

- le Choeur

La date de (1239), qui marque la volonté de l'évêque, n'implique pas une construction immédiate. L'observation des profils des piliers, de leurs bases, des chapiteaux, l'implantation des croisées d'ogives du déambulatoire ou l'alignement des travées laissent au contraire imaginer que la construction s'est étalée dans le temps.

Le Choeur présente 4 Travées droites avec Déambulatoire et Chapelles latérales. Il est prolongé vers l'Est d'un Chevet à 3 pans qui ouvre sur un rond point formé de 5 chapelles et d'une chapelle Absidale de 2 Travées et à Chevet plat consacrée à la Vierge. Les 4 piliers circulaires marquent le début du chantier, mais les 4 suivant adoptent un plan en losange qui peut traduire un changement de maître d'oeuvre. Les maladresses dans les voûtements du Déambulatoire Nord, des naissances des Croisées d'Ogives sur les tailloirs du Déambulatoire Sud ou du choix des voûtes en carole du rond point qui permettent le raccordement de la chapelle d'axe au choeur malgré des problèmes manifestes d'alignement traduisent les hésitations et les influences diverses dans ces 1ères campagnes de travaux qui peuvent s'étaler jusques vers le début du (XIVème siècle).

L'élévation à 3 étages, Arcades, Triforium et Baies parait beaucoup plus uniforme et traduit cette fois l'influence de l'architecture Anglo Normande dans l'affirmation de l'épaisseur du mur, "passage normand au niveau des baies", ou des effets décoratifs, "fortes moulurations, frise décorative sous le triforium". Ce chantier a du être mené d'un seul jet. Sans doute interrompu par la Guerre de Succession (1341)-(1364), il s'achève par la construction des voûtes à lierne (1410) et la pose des Vitraux. L'Evêque Bertrand de Rosmadec et le Duc Jean V dont les armoiries vont orner ces voûtes achèvent donc le Choeur avant de lancer le chantier de la Façade et de la Nef.

- la Façade

La 1ère pierre des Tours dont le chantier va durer une trentaine d'années est posée en (1424). Il va être marqué par la volonté Ducale qui se manifeste par un, "mécénat" extrêmement actif qu'on retrouve sur les autres chantiers de l'époque, "le Folgoat, Locronan". Cette façade qui découle de la façade Française à 2 tours, intègre néanmoins l'influence Anglaise avec la présence de 2 baies en plein cintre sous un pignon triangulaire. Les Tours, elles mêmes issues des clochers Normands, découlent des recherches de N.D. du Mur à Morlaix et du clocher du Kreisker à St Pol de Léon. Le jeu décoratif et la prolifération des lignes verticales ne laissent pas percevoir l'importance des contreforts ornés de pinacles qu'on retrouvera partout dans l'architecture Cornouaillaise et notamment serviront de modèle direct à de nombreux clochers "Locronan, Pont-Croix, Saint-Herbot, Saint-Tugen, Carhaix ou Ploaré". Par ailleurs, jusque dans la plus petite chapelle rurale se retrouveront des éléments issus de ce vocabulaire flamboyant jusqu'au (XVIIIème siècle), à l'origine de ce qui apparaît véritablement comme un style Régional.

- la Nef et le Transept

En même temps que s'élevait cette Façade, à laquelle il faut adjoindre les Portails Nord et Sud, démarraient par l'Est les travaux de la Nef qui sera achevée vers (1460). Son plan s'inscrit dans l'exacte continuité du Choeur tandis que les Bas Côtés s'alignent sur le Déambulatoire et les chapelles latérales. L'élévation reprend, avec un Triforium Aveugle, la balustrade en 4 feuille et le passage Normand le parti du Choeur. C'est là un véritable archaïsme au (XVème siècle). Cette unité ne saurait pourtant masquer une esthétique absolument opposée, là où le Choeur affirmait une verticalité avec des colonnettes montant de la base des piliers à la naissance des voûtes, on peut voir au contraire dans la Nef la présence de l'horizontalité, chaque étage étant souligné par un Bandeau.

- la déviation de la Nef

L'absence d'alignement entre le Choeur et la Nef suscite un certain nombre d'interrogations pour lesquelles ont été proposées de multiples interprétations. Présente dans de nombreuses autres églises de façon moins marquée, on y voit généralement une orientation symbolique reprenant la position de la tête du Christ sur la Croix. Des interprétations plus techniques sont cependant souvent avancées, notamment celles évoquant la nécessité d'asseoir la construction de la Nef sur des bases stables en l'éloignant du cours de l'Odet qu'un alignement rigoureux aurait rendu trop proche. Il faut aussi souligner le fait que le chantier du Transept fut mis en oeuvre en tout dernier lieu comme si on avait repoussé au dernier moment les problèmes de raccordement, vers (1460). Il faut noter à cet égard la particularité de la chapelle qu'il a fallu rajouter au Choeur du côté Sud pour se raccorder au Transept. Elle nécessita alors la reprise de la dernière travée du Déambulatoire, qui fut rallongée, laissant ainsi le pilier sans retombée d'Ogive. Pour les voûtements de la Nef et du Transept, on retrouve le même parti que dans le Choeur avec le Lierne continu. Les différentes Armoiries présentes sur les Clefs de voûtes permettent par ailleurs de préciser des datations qui situeraient l'achèvement des voûtes et leur mise en peinture de (1486) à (1500). On peut aussi avancer les mêmes datations pour la pose des Verrières Hautes.

- les Portails

Isolée de son environnement au (XIXème siècle), la Cathédrale est au contraire, à l'origine, très liée à son environnement. Son emplacement détermine les circulations dans la ville et l'orientation de la façade. Le positionnement à proximité de l'enceinte Sud a occasionné des dispositions particulières comme le transfert des Portails latéraux sur les façades Nord et Sud des Tours, le Portail Sud, Portail Ste Catherine, desservant la porte de l'Evêque et l'Hôpital implanté sur la rive gauche, Préfecture actuelle, et le portail Nord, Porche des Baptêmes, véritable Porche Paroissial avec ses bancs et les niches pour les statues des Apôtres tourné vers la ville et complété par un Ossuaire (1514). Le Porche Occidental trouve lui sa place naturelle entre les 2 tours. Toute l'esthétique de ces 3 Portails ressort de l'époque flamboyante, 4 Feuilles, choux frisés, fleurons, grands gâbles qui coupent les moulurations et balustrades. Des Pinacles et des Niches ornent les Contreforts tandis qu'apparaît tout un Bestiaire, monstres, chiens, personnages énigmatiques, Gargouilles et avec eux, tout un imaginaire au service d'un programme Religieux et Politique. Si la plupart des statues de Saints a disparu, par contre subsiste un armorial qui fait des Portails de la Cathédrale une des plus belles pages Héraldiques qu'on puisse imaginer, Hermine Ducale, Lion des Montfort, blason de la Duchesse Jeanne de France voisinent avec les armes des Barons de la Cornouaille avec Heaumes et Cimiers. Il nous faut par ailleurs imaginer l'impact de ce décor sculpté avec la couleur et la dorure qui le complétait.

- les Flèches

Au début du (XVIème siècle) on s'apprêtait à construire les Flèches quand le chantier fut interrompu, sans doute pour des raisons financières. On posa donc des petites toitures coniques au sommet des Tours. Les siècles qui suivirent furent essentiellement consacrés à la mise en place de mobilier, "monuments funéraires, autels, statues, orgues, chaire à prêcher". Il faut noter l'incendie qui fit disparaître la Flèche de la Croisée du Transept en (1620), ainsi que le sac de la Cathédrale en (1793) où pratiquement tout le mobilier disparut dans le "brûlis des Saints".

"Le 1er Février (1620), vers les 7 heures du matin, la Flèche de la cathédrale fut touchée par la foudre, mais ce n'est que dans l'après midi, qu'on vit apparaître de la fumée, puis des flammes. La foule, accourue en grand nombre, crût voir un horrible "Démon vert" se trémoussant dans les flammes. Les Chanoines du Chapitre approchèrent les "Saintes Reliques des flammes, peine perdue, l'incendie poursuivit ses ravages, malgré l'emploi de 150 barriques d'eau et d'une cinquantaine de charretées de fumier et le "Diable" continuait à évoluer en haut du Clocher. Pour lutter contre ce fait de Sorcellerie, les chanoines décidèrent alors de jeter dans le brasier un "pain de seigle renfermant une hostie et d'asperger le feu d'eau bénite mélangée à du lait de femme". Tout aussitôt, le "Démon quitta les flammes et le feu s'éteignit", mais le Clocher était totalement ruiné. La légende affirme que le "Pain de Seigle contenant l'Hostie" fut retrouvé intact au milieu des cendres. Cette anecdote est connue sous le nom du "diable de Quimper Corentin"."

Au (XIXème siècle), Monseigneur Graveran, décide de reprendre le projet des flèches, ébauché par Claude de Rohan. Il impose aux fidèles une contribution 1 Sou Annuel, et ce durant 5 ans, pour financer les travaux. A l'intérieur de la Cathédrale, on reconstitue une atmosphère Médiévale, quitte à supprimer des Retables. Yan Dargent est alors embauché pour orner les murs des Chapelles. Enfin, ce n'est qu'en (1854) que les Flèches sont dressées par Joseph Bigot, architecte du château de Kériolet. A noter entre celles ci, une statue équestre de Gradlon, qui aurait été couronné Roi de Cornouaille en (388). Le peintre verrier Emile Hirsch, va créer jusqu'en (1875), 23 Verrières, sous la direction de Joseph Bigot

La Cathédrale St Corentin a fait l'objet d'opérations de rénovation durant près de 20 ans, subventionnées par le ministère de la Culture, par le biais de la Conservation régionale des Monuments Historiques, service de la "DRAC Bretagne". Il s'agissait de consolider les structures de la Cathédrale, de remplacer les pierres abîmées et de restaurer les fresques. L'inauguration du Portail Occidental de l'édifice, le 12 Décembre (2008), a marqué la fin de ce travail de restauration.

Haut de page