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Glossaire - Biographies
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St Tugdual


- Présentation
* Nom local : Saint Tugdual
* Culte : Catholique Romain
* Type : Ancienne cathédrale, Eglise paroissiale, Basilique Mineure
* Rattachement : Diocèse de Saint Brieuc et Tréguier
* Style dominant : Gothique
* Protection : Classée Monument Historique (1840)

- Situation
* Pays: France
* Région : Bretagne
* Département : Côtes d'Armor
* Ville : Tréguier

- Historique.

La cathédrale St Tugdual, fondée au (VIème siècle) par le moine Gallois Tugdual. L'édifice, primitivement dédié à St André Apôtre, est rebâti vers (970) par un dénommé Gratianus ou Gratias, après le saccage des Normands, puis de nouveau au (XIIème siècle) époque dont il subsiste la tour appelée fort improprement "Tour d'Hasting", à l'extrémité du croisillon Nord. Le chantier de la cathédrale Gothique est entrepris en (1296) en remplacement de la cathédrale Romane. D'autres historiens affirment que c'est en l'année (1339) seulement que l'évêque Richard du Poirier ou du Perrier, "Richardus de Piru" entreprit d'élever une nouvelle cathédrale. Si on en croit les chroniques, l'édifice est détruit ou tout au moins gravement endommagé par les Anglais en (1345). La cathédrale de Tréguier comporte 3 clochers du (XIème XIIIème siècle), la tour Hasting, d'époque Romane, la tour Gothique du Sanctus, et la flèche ajourée reconstruite au (XVIIIème siècle). Les cloches que ces tours contiennent portent les noms de St Tugdual, St Yves, Sacré Coeur, Notre Dame et Balthazar. Tréguier fait partie des petites cités de caractère de Bretagne. Elle le doit notamment à sa cathédrale, dédiée à St Tugdual. L’édifice passe pour être un chef d’oeuvre de l’architecture religieuse Bretonne, accompagné en plus d’un très beau cloître comptant 48 arcades.

- les Porches

Le porche Occidental dit des Ladres, est probablement achevé en (1356), lorsque de Blois vient en pèlerinage. Il est surmonté d'un arc plein cintre, et divisé en 2 arcs trilobés brisés retombant en leur centre sur une fine colonne. Une rosace prend place entre ces 2 derniers. Une balustrade surplombant le porche est ornée de chouettes à chacun des angles. Certaines traces de peinture attestent un décor pictural dans la voûte. Le nom de porche des Ladres provient de sa destination aux lépreux, écartés de la foule des fidèles pendant la célébration de l'office dans le but d'éviter les risques de contamination.

Le porche des Cloches (XVème siècle), en granit. La façade Sud est significative de la construction progressive de l'édifice, particulièrement au niveau des fenestrages où l'on passe d'un arc encore presque en plein cintre à un arc brisé comme celui de la verrière du porche des Cloches. La voûte de ce porche est ornée d'une dentelle de granit, si fragile qu'elle s'effondre un an après sa construction. Le porche du Peuple, situé lui aussi sur la façade Sud et ressemblant au porche des Ladres, est muré lorsque le porche des Cloches est achevé. Il abrite alors les fonts Baptismaux et n'est ouvert à nouveau qu'en (1934).

- les tours

Le clocher du Diable (1785), en granit. A l'origine, la tour des Cloches porte un clocher couvert d'une toiture de plomb mais son poids, ajouté à la foudre, a provoqué sa disparition. Ce n'est qu'après plusieurs tentatives que s'élève en (1785) une nouvelle flèche. Elle est construite en pierre ajourée de 4 signes d'un jeu de cartes, "Pique, Coeur, Carreau et Trèfle". Louis XVI l'ayant financée grâce aux gains pris sur des loteries. Son nom provient d'une légende relevée par Anatole Le Braz, qui affirme que le clergé, découragé par tant de difficultés lors de la construction de la flèche, accepta l'aide du diable, en échange des âmes des paroissiens morts chaque dimanche entre messe et vêpres, pendant un an. Cela explique pourquoi l'officiant enchaîna dès lors les vêpres à la suite de la messe. La légende dit que le diable n'y vit que du feu.

La Tour Hasting, de granit et calcaire. La 1ère cathédrale, dédiée à St André, est édifiée du temps de St Tugdual, c'est à dire au (VIème siècle), mais les parties les plus anciennes encore en place aujourd'hui ne remontent qu'au (XIème siècle). il s'agit de l'actuel transept Nord occupé par la tour Romane dite d'Hasting. Cette tour se trouve, à sa base, percée de 2 arcs en plein cintre soutenus par des colonnes sculptées. Sur les chapiteaux de cette partie de l'édifice, est créé un décor stylisé, typiquement Roman, constitué d'entrelacs, héritage Celte, formant de véritables frises. Un chapiteau historié, près de la porte du cloître, montre un personnage dont le bras, démesurément long, protège 2 autres personnages. Les bases des colonnes sont d'un style plus archaïque, avec des formes géométriques plus simplifiées, chères aux 1ers sculpteurs Romans. Elle s’appuie contre le croisillon septentrional est d’une seule venue, homogène du bas en haut.

Elle possédait au moins 4 étages, le dernier ayant disparu, ainsi que l’escalier à vis qui y menait. Le rez de chaussée et le 1er étage sont voûtés d’arêtes en petites pierres, 2 voûtes géminées. Les matériaux utilisés sont, là encore, amenés de carrières éloignées, non identifiées à ce jour. Autant qu’on puisse en juger, il s’agit de pierres un peu plus tendres que le granite. Toutes les pierres de taille, de poids inférieur à 60 kilos, sont surfacées par piquetage, les traces des pics étant encore bien visibles. Elles sont de couleurs bleues, vertes ou roses. Les pieds des 16 colonnes adossées aux parois du rez de chaussée sont gravés de motifs géométriques. Les chapiteaux sont peuplés d’entrelacs et de décors cordés. Un seul d’entre eux montre un grand personnage, entouré de 2 silhouettes féminines, décors exécutés sur des faces planes entaillées. Nous sommes là, en matière de datation, à la charnière des (XIème siècle) et (XIIème siècles).

Si la cathédrale Romane de St Brieuc, élevée vers (1060)-(1080), fut financée en partie par Eudes Ier comte en Bretagne et comte de Lamballe et Tréguier, celle de Tréguier, (1090)-(1110), fut sponsorisée par son dernier fils, Etienne Ier, duc de Richemond, comte en Bretagne et comte de Lamballe et Tréguier. Les possessions Anglaises de ce dernier, 320 manoirs donnés par Guillaume de Normandie à l’issue de la bataille d’Hastings, dont les revenus sont évalués à 1.000 livres par an, ont sans doute contribué à son achèvement.

- l'Intérieur

La nef, en granit, schiste et calcaire. L'édification de la cathédrale Gothique commence en (1339). Pendant la guerre de Succession, les travaux sont interrompus, et la nef n'est terminée qu'en (1380). De nombreuses interruptions troublent la constrution, dont les résultats sont inégaux, avec des travées et des piliers tous différents. Les 2 - 1ers piliers à l’occident de la nef, possèdent des colonnes circulaires à tambours fractionnés de bonne facture, exécutés à partir de pierres étrangères au lieu. Il s’agit de tufs volcaniques verts et de roches roses à grain fin pour le tore du pilier Sud. Les dimensions des colonnes, 3 pieds de diamètre, 10 pieds de haut, sont semblables à celles des piliers 11 de l’église de Perros Guirec. Tout indique qu’il s’agit de la réutilisation de colonnes romanes dans la construction Gothique de (1338). Le choeur, en revanche, montre une harmonie dans la décoration, car celle ci a été réalisée par une petite équipe d'artisans qu'à la fin du (XIVème siècle) et au début du (XVème siècle). Après le séjour du bataillon d'Etampes le 4 Mai (1794), la plupart du mobilier de la cathédrale est détruit, et il ne reste alors plus que les décors sculptés dans la pierre, comme ce borgne à 2 bouches, grotesques, situé à la retombée des arcs de la nef et du choeur. Il reste aussi quelques sculptures héraldiques en clef de voûte ainsi que plusieurs enfeus sur les murs des bas côtés.

En (1512), les menuisiers de Tugdual, Kergus et Gérard Dru, en bois de chêne, auteurs des 46 stalles sont les seuls vestiges du choeur. L'une des stalles présente St Tugdual exterminant un dragon tandis que celle d'en face montre St Yves se préparant à traverser les eaux du Leff qu'un ange écarte devant lui. Celle ci figure un gourmand illustrant l'un des 7 péchés capitaux.

Les fresques du (XVème siècle), du choeur, a l'origine, toute la cathédrale est peinte. Il reste quelques traces de cette polychromie sur l'un des piliers, ainsi que sur la voûte du choeur. Longtemps recouvertes d'un badigeon, les fresques du choeur montrent, sur un fond ocre, des anges portant phylactères sur lequels sont inscrits des textes liturgiques. Ces fresques ont fait l'objet de restauration, alors que celles de la croisée du transept sont restées en l'état, celles de la nef ont disparu lors de l'écroulement de cette dernière, reconstruite à l'identique mais sans ses peintures. Le choeur est entouré d'un déambulatoire sur lequel donnent 3 Chapelles Rayonnantes.

Le buffet d'orgue du (XVIIème siècle), en bois, l'existence d'orgues dans cette cathédrale est attestée dès le (XVème siècle), et elles occupent le transept Nord jusqu'en (1665). En (1794), le dernier orgue installé dans la cathédrale est détruit par le bataillon d'Etampes, et ce n'est qu'en (1831), que le grand orgue actuel, provenant de l'abbaye Cistercienne de Begard, trouve sa place définitive.

L'apocalypse de St Jean du (XVIIème siècle) en bois, dans le transept Sud. St Jean l'évangéliste, cousin de St Jean Baptiste, occupe une place privilégiée parmi les 12 Apôtres. Il est témoin de la Gloire de Jésus sur le Thabor. L'aigle le représente, car il est le seul à pouvoir s'élever au dessus des nuages et fixer le soleil. Jésus lui confie sa mère au pied de la Croix. Sur ce tableau, St Jean rédige l'Apocalypse, la plume à la main, et des vagues suggèrent son exil dans l'île "Grecque de Patmôs". Marie, quant à elle, dans la douleur de l'accouchement, est représentée auréolée d'étoiles et menacée par un dragon qui attend de dévorer l'Enfant qui va naître.

Dans le transept Sud, St Yves entre le riche et le pauvre, en bois. Ce groupe, restauré au (XXème siècle), est acheté à la fin du (XIXème siècle) par un Trécorrois, marin d'Etat à Brest. Cette statue est remarquée par le recteur, lors d'une procession, le propriétaire l'ayant posée à l'entrée de sa porte. Celui ci décide alors de l'offrir à la paroisse. Juge, Yves se faisait souvent avocat, spécialement l'avocat des pauvres, car il avait constaté que dans les procès, les petites gens se défendre eux mêmes vaille que vaille. Il leur disait, "Jurez moi que votre cause est juste et je vous défendrai gratis".

Dans le transept Nord un retable du (XVIème siècle), en bois polychrome, Ce retable est divisé en 3 parties. Dans sa partie centrale, il est occupé par une Vierge en Majesté, assise sur une nuée décorée de têtes d'anges tandis que les travées latérales sont occupées par les 12 Sibylles. La Vierge est l'oeuvre de l'atelier Quimpérois Le Déan.

Le gisant du Duc Jean V (1947), du sculpteur Armel Beaufils Pierre, dans la Chapelle du duc Jean V. Le 15 Février (1420), Jean V, Duc de Bretagne, est fait prisonnier lors d'un guet apens. Craignant pour sa vie, il fait voeu d'élever un tombeau et une chapelle à St Yves, où il souhaite lui même se faire enterrer. Libéré, il donne l'équivalent en argent de son poids en armure. Son tombeau et celui de St Yves sont détruits lors du passage du bataillon d'Etampes, et leurs morceaux jetés dans le Jaudy. Le nouveau tombeau de St Yves est achevé en (1889) tandis qu'une plaque de marbre au sol et un gisant rappellent la mémoire de Jean V. Le vitrail de la chapelle du duc Jean V des ateliers de maîtres verriers de Tréguier connaissent un rayonnement sur toute la Bretagne du (XVème siècle) au (XVIIIème siècle). Le bataillon d'Etampes détruit tous les vitraux de la cathédrale. Dans celle ci, un seul vitrail date du (XIXème siècle), et 3 autres commémorent la 1ère Guerre mondiale. Les vitraux de la chapelle du duc Jean V ont été offerts par les Avocats de "Bretagne, France, Belgique et Etats Unis". Tous les autres vitraux sont exécutés par Hubert de Ste Marie, originaire de Quintin, en (1970).

Augustin le Mintier Huile sur toile 50 X 60 cm. Dernier évêque de Tréguier avant le Concordat, Mgr Augustin Le Mintier fait construire la flèche de la cathédrale en (1785), publie en (1789) un écrit hostile aux idées nouvelles, et préfère émigrer en (1791) avec Pierre Taupin. Il meurt à Londres en (†1801).

- le Cloître

Le cloître de (1470) à (1479) sur les plans de l'architecte Roland Le Besq, en pierre et bois. Ce cloître, de style Gothique et contemporain du porche des Cloches, de style Gothique, se présente sous la forme d’une galerie ouverte sur 46 arcades, cette galerie est un quadrilatère irrégulier possédant une voûte en bois, le projet d'une voûte en pierre ayant été abandonné. Il reste cependant de ce 1er projet les grands arcs boutants, ils sont demeurés en place. L’harmonie dégagée par l’architecture du bâtiment crée une atmosphère de calme et de sérénité. Le Cloître abrite plusieurs gisants datant du (XVème siècle) au (XVIIème siècle). La galerie Est offre au visiteur une belle perspective sur les 3 tours de la cathédrale, la flèche du (XVIIIème siècle), la tour du Sanctus et la tour Hastings. Pendant longtemps, le cloître fait office de marché, les redevances étaient perçues par le clergé. La croix, au centre du cloître, provient du château de Keralio et remplace, en (1938), une statue de St Yves, placée en cet endroit afin d'éviter que n'y soit enterré Ernest Renan comme il l'aurait souhaité.

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