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Glossaire - Biographies
Abbadia 1
Photos

- Abbadia


- Présentation
* Nom local : Abbadia
* Style : Eclectique
* Architecte : Eugène Viollet le Duc
* Début construction : (1864)
* Fin construction : (1879)
* Propriétaire initial : Antoine d'Abbadie
* Propriétaire actuel : Académie
- des sciences.
* Protection : Classé Monument Historique (1984)
* Protection : Inscrit Monument Historique (2012).

- Situation
* Pays : France.
* Anciennes provinces de France : Labourd
* Région : Nouvelle Aquitaine
* Département : Pyrénées Atlantiques
* Commune : Hendaye

- Historique

Le château observatoire Abbadia est de style Néogothique, dans la province du Labourd à 6 kilomètres de St Jean de Luz et 1 kilomètre d'Hendaye. Construit par Eugène Viollet le Duc et Edmond Duthoit sur une commande d'Antoine d'Abbadie, il est classé comme Monument Historique et Maison des Illustres. Les riches collections scientifiques, d'archives et de mobiliers sont d'origine et représentent un considérable patrimoine culturel représentatif du (XIXème siècle). La famille d’Abbadia d’Abbadie est installée à Arrast Hourristoia dans la province de Soule depuis le (XIVème siècle) au moins. Une maison face à l’église y porte le nom d’Abbadia.

Antoine d’Abbadie naît à Dublin en (1810) de père Basque et de mère Irlandaise. La famille d’Abbadie installée à Toulouse entre (1820)-(1827) vient régulièrement sur la côte Basque. Puis elle s’installe à Paris jusqu’en (1837). Antoine rejoint alors avec son frère Arnauld une expédition d’une douzaine d’années en Abyssinie Ethiopie; le futur château sera imprégné par cette région. Fait courant à l’époque, les 2 frères souhaitaient ouvrir la voie aux Missionnaires Catholiques, sans succès. Ils quittent l’Afrique Orientale fin (1848) et restent en relation avec des Seigneurs Ethiopiens.

Après un 1er court séjour aux confins du Béarn, Antoine s’installe à Urrugne en (1849) et continue de voyager pour ses recherches en Norvège, Espagne, Algérie. En (1852), il est élu à "l’Académie des Sciences de Paris" comme membre Correspondant dans la section de Géographie et de Navigation. Le train arrive à Bayonne en (1855) et à Hendaye en (1864) et facilite les relations entre la côte Basque et Paris. En dépit de tous ses déplacements à l’Académie des Sciences et à l’étranger, Antoine d’Abbadie très attaché à la culture Basque comme l'illustrent les inscriptions et les archives du château, poursuit ses travaux sur la langue Basque. Il crée également à Urrugne des fêtes Basques et lance des concours "poésie, pelote, irrintzina, bétail" à partir de (1851). A sa mort, il sera surnommé "Euskaldunen Aita" en raison son investissement pour la culture Basque.

En (1859), Antoine épouse Virginie de Saint Bonnet (1828)-(1901), originaire du Dauphiné et, de (1864) à (1870), il fait construire le château sur la corniche Basque. Le couple d’Abbadie s'est considérablement investi dans la construction de l'édifice. Dominant l'océan, le château est construit dans le domaine d'Abbadia selon les plans d'Eugène Viollet le Duc et d'Edmond Duthoit dans un style Néogothique entre (1864) et (1879), conçu à la demande d'Antoine d'Abbadie d'Arrast, Astronome et Explorateur et également Anthropologue et Linguiste, membre de "l'Académie des Sciences", qui rêve d'un château Observatoire de style Néogothique où se mêlent ses passions Orientalistes, Africaines et Chrétiennes. L'influence Orientaliste des voyages d'Antoine se retrouve très largement dans toute la décoration intérieure.

En (1857), Antoine d'Abbadie commande à l'architecte Clément Parent, un plan dans le style à Ogives. Le projet de Parent (1859) évoque trop la Renaissance Française. Antoine se tourne alors vers Auguste Magne (1860) et le chantier commence en (1864).

En (1857), Eugène Viollet le Duc restaure le château de Pierrefonds Oise et poursuit une campagne de restauration de forteresses Médiévales dans les années (1860) tout en s’intéressant à l'Egypte ancienne. Le 13 Mai (1864), Antoine d'Abbadie sollicite Viollet le Duc mais celui ci dispose de peu de temps à consacrer au projet Néogothique et le confie à son disciple Edmond Duthoit qui s'enthousiasme pour l’architecture Arabe, il est alors "Directeur en Chef des Monuments historiques en Algérie". Finalement, les plans de Parent sont conservés mais les façades modifiées. Les maîtres d'oeuvre se succèdent "Darrigo, Delarocque, Fréson et Dartéguy".

Viollet le Duc remania l’organisation horizontale proposée par Parent, notamment en ce qui concerne l'accueil et la logique de circulation. Duthoit qui a effectué des relevés de monuments Arabes, s'en inspire dans les salons Orientaux du château Abbadia et de Roquetaillade dans la chapelle St Michel. Son goût pour l'art Arabe et la Polychromie trouve sa source dans ses voyages scientifiques avec le Marquis de Voguë. En (1858), un 1er Observatoire Astronomique circulaire est construit; il sera détruit par la suite et remplacé par l’actuel bâtiment parallélépipédique. En (1865), les 2 ailes Occidentales et Orientales sont couvertes. La conception architecturale de Viollet le Duc à Abbadia propose un art total sans doute annonciateur des prémisses de l’Art nouveau.

-les Architectes et Artistes

L’architecte paysagiste Eugène Bühler travaille au parc d’Abbadia, crée la ferme Aragorri les communs du château et réalise un remaniement territorial du quartier de Subernoa où le château est implanté et dont Antoine d’Abbadie est le principal propriétaire. Ami intime d'Antoine, Bühler apparaît comme un véritable conseiller en matière d’architecture et de décoration. Le réseau artistique du château d'Abbadia compte des noms réputés du monde de l’art du (XIXème siècle):

    - "Charles Laurent Maréchal (vitraux), Adrien Guignet (peinture), Dantan jeune (sculpture), Léon Parvillée (céramique orientaliste), Schoch-Läderach (céramiste), la faïencerie de Gien, Placide Poussielgue Rusand et Jean Alexandre Chertier (arts précieux), Philippe-Joseph Brocard (émailleur sur verre), Raulin (ébénisterie chinoisante) et la firme berlinoise Renaissance (mobilier)".

Eclectisme, luxe et raffinement s'allient aux progrès technologiques et sociétaux du temps; des commandes sont adressées aux entreprises Anglaises "Simpson & Son, Maw & Co et Hart, Son, Peard & Co" et aux enseignes Parisiennes comme "Au Bon Marché et aux Grands Magasins du Louvre".

- la Main d'oeuvre et les Matériaux

Le recrutement des ouvriers repose sur la population Basque, plus que pour de traditionnelles raisons logistiques, par solidarité culturelle; d'Abbadie avait conscience du moteur économique que représentait son projet. Le chanoine Inchauspé et le Père Biscayen Arana sont impliqués dans le recrutement de la main d’oeuvre.

Les Gargouilles, Crocodiles, Serpent qui décorent le porche d’entrée du château sont taillés dans du calcaire de Béhobie. Moellons roses, blancs et noirs constituent les façades. La carrière d'Iharxekoborda, proche du château, a fourni les matériaux, un calcaire blanc ou un peu rougeâtre, le calcaire de Lasseube, pour les moellons des murs comme la carrière de Lohia, au pied de la falaise, et qui était la propriété d'Antoine. Les moellons noirs proviennent vraisemblablement de la carrière de Laffitenborda à Urrugne et les moellons roses de la cité de Fontarrabie. Ils constituent une autre nuance du calcaire de Lasseube acheminé par bateau à travers la Bidassoa et débarquée à Ondarralzu, plage d'Hendaye aujourd’hui endiguée. La majorité des encadrements, portes et fenêtres, vient de la carrière de Sorgin Silo, entre la baie de Lohia et la maison Haïçabia. Enfin, la pierre blanche est un calcaire Albien d’Ascain, acheminé sur la Nivelle jusqu’à St Jean de Luz puis par charrette à boeufs jusqu’à Abbadia.

- les Eléments du Château

L'architecture extérieure de l'édifice est de style Néogothique Irlandais et se compose d’un bâtiment central d’où partent 3 ailes ayant chacune une affectation : la Bibliothèque et l'Observatoire, la Chapelle et enfin, l'Habitation. L'ensemble porte des tours crénelées. La décoration intérieure Polychrome, chargée de motifs Orientalistes, rappelle les explorations des frères d'Abbadie et les formes décoratives Médiévales Occidentales ou Mauresques de Duthoit.

- Citations et Bestiaire

Les animaux emblématiques et symboliques témoignent du goût du (XIXème siècle) pour l’Orientalisme. Crocodiles, Serpents, Eléphants, Singes, Coquillages, etc., une faune exotique couvre les murs extérieurs du château sur les façades, les escaliers, les colonnes, etc. Chien, Grenouille, Escargot, Chat chassant le Rat complètent le cortège. Sous le porche d’entrée, une citation en Gaélique accueille le visiteur par "Cead Mile Failte - Cent mille bienvenues". D'autres formules ornent par exemple une des cheminées, "Plusestre que paraistre et Transit vita sicut fumus - la vie passe comme la fumée". Des dictons en basque comme "Jainkoa bera langile on izanagatik, nahi du lankide - Dieu étant bon ouvrier, il veut un compagnon de travail" ou "Bizi bedi euskara" célébrent le Pays Basque. Des érudits comme Jules Mohl, membre de l’Académie des inscriptions et Belles Lettres, participent à l’élaboration des inscriptions ornementales. A la porte principale, 2 Crocodiles veillent redoutablement sur l'entrée. Le Crocodile symbolise le voyage en Abyssinie. Un Serpent constitue un symbole ambivalent de la culture Musulmane, hayya évoque le mythe de la création, Eve et El Hay, un des noms de Dieu, le Vivifiant.

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