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Glossaire - Biographies
Photos

- Anet


- Présentation
* Période ou style : Renaissance
* Architecte : Philibert Delorme
* Début construction : (XVIème siècle)
* Fin construction : (XVIème siècle)
* Propriétaire initial : Diane de Poitiers
* Propriétaire actuel : Jean de Yturbe
* Protection : Classé Monument Historique (1993)

- Situation
* Pays : France
* Anciennes provinces de France : Ile> de France
* Région : Centre
* Département : Eure et Loir
* Commune : Anet

- Le Château de Diane

Avant le château actuel, Anet avait déjà connu 2 autres châteaux, le 1er, une "Forteresse Féodale", avait été bâtie au (XIIème siècle). Philippe II Auguste fut un hôte régulier de ce château qui était un point de départ pour l'invasion de la Normandie occupée à cette époque par les Anglais.

En (1378), cette forteresse, propriété de Charles le Mauvais, Roi de Navarre et Comte d'Evreux. Elle est en bonne partie rasée, et démantelée par Charles V, son beau frère le Roi de France pour s'être révolté.

De ce château, il ne reste que quelques vestiges dans les fondations, les emmarchements et les caves. Un 2ème château, sous forme de manoir de briques et de pierres, situé en arrière de la chapelle actuelle et dont il reste encore un bâtiment, fut édifié vers (1470) par Jacques de Brézé, grand Sénéchal de Normandie. En effet, en Décembre (1444), Charles VII donna à son conseiller et Chambellan, Pierre de Brézé, le père de Jacques, les Seigneuries de Nogent le Roi, Anet, Bréval et Montchauvet en récompense des services rendus contre les Anglais lors de la reconquête de la Normandie.

Jacques de Brézé épousa Charlotte de Savoie, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel, demi soeur de Louis XI. Cette union se termina dans le sang le 15 Juin (†1476), date à laquelle il assassina son épouse au manoir de Rouvres pour l'avoir surprise en flagrant délit d'adultère avec un de ses veneurs. Cette acte déclencha la colère de Louis XI qui le fit arrêter, puis condamner à la peine capitale, sentence non exécutée, après lui avoir confisqué ses biens. Louis XI rendit le château à son filleul Louis de Brézé, mais Charles VIII cassa le jugement et rendit le château à Jacques de Brézé.

En (1546), Diane, veuve de Louis de Brézé, décide de faire construire un château plus imposant que le manoir des Brézé qui lui a servi de demeure jusqu'ici. Elle fait appelle à l'architecte Philibert de l'Orme, et auxquels collaborèrent Benvenuto Cellini, Germain Pilon, Jean Cousin, Léonard Limousin. Les travaux débutent en (1547). La chapelle est construite en 3 ans (1549)-(1552). Par la suite, c'est le corps de logis qui est construit et les jardins. A partir de cette date, fêtes et réceptions se succèderont à Anet, pour le plus grand bonheur d'Henri II et de Diane de Poitiers qui était devenue sa Maitresse.

- Catherine de Médicis

Le Roi Henri II meurt en (†1559), à la suite d'un tournoi où il a été mortellement blessé par le Capitaine de sa garde écossaise, Montgomery. François II étant encore trop jeune pour gouverner, c'est Catherine de Médicis qui assure la régence avec l'aide des Guise. Diane, humiliée, quitte la Cour pour Anet, Catherine de Médicis se contentant de lui échanger le château de Chenonceaux contre celui de Chaumont. Diane de Poitiers se consacre à l'administration de ses nombreux domaines. Sentant sa mort proche, en (†1565), elle rédige son testament dans lequel elle demande qu'une 2ème chapelle soit construite à Anet pour abriter son tombeau. Après un dernier voyage dans le Dauphiné, elle rentre à Anet et meurt d'une brusque maladie le 25 Avril (†1566). Selon son désir, et pour abriter son tombeau, magnifique oeuvre de Pierre Bontemps, sa fille Louise de Brézé, Duchesse d'Aumale fit élever près du Château une chapelle Funéraire qui vient d'être restaurée.

Au (XVIIème siècle), le château appartint aux Ducs de Vendôme qui y apportèrent de profonds remaniements, l'escalier d'honneur fut construit par Claude Desgots en (1680) ainsi que le "Pavillon du Gouvernement". Le canal fut creusé à cette époque sur des plan de Le Nôtre .

Au (XVIIIème siècle), la Duchesse du Maine, puis le Duc de Penthièvre y menèrent grand train. La révolution et les années qui suivirent, faillirent amener l'anéantissement du château. Confisqué, vendu comme "Bien National", il fut d'abord mis à sac, puis les démolisseurs s'attaquèrent à l'édifice, le corps du logis central et l'aile droite furent détruits.

A partir de (1840), commence l'ère des restaurations. 5 générations de propriétaires appartenant à la même famille ont réussi avec goût et patience, à rendre à ce beau domaine, un des joyaux de l'"Architecture Française", une part de sa splendeur d'autrefois. Le château est entouré par un magnifique parc de 100 hectares, parc traversé par un canal dévié de la rivière Eure. Ce canal sur 2 niveaux mesure environ 3.000 mètres de long sur 40 mètres de large. De superbes arbres centenaires se mirent dans ses eaux.

- L'Après Diane de Poitiers

La seconde fille de Diane, Louise de Brézé, Duchesse d'Aumale, hérite de la seigneurie d'Anet. Avec son époux Claude de Lorraine, Duc d'Aumale, elle reçoit Charles IX en son château en (1567) et elle fait construire pour sa mère par Claude de Foucques, la chapelle sépulcrale, une grande bâtisse en briques et en pierres visible à gauche de l'entrée du château. Au décès de son mari, Louise cède le château à son fils, Charles d'Aumale qui fait inhumer le corps de sa grand mère dans la chapelle sépulcrale. En (1581), Henri III et Catherine de Médicis viennent à Anet assister au baptême du fils de Charles dans la chapelle du château. Pendant les "Guerres de Religion", Charles d'Aumale compte parmi les ennemis les plus virulents d'Henri IV. Lorsque la "Ligue Ultra Catholique" est défaite, il s'enfuit en Espagne où il est condamné à mort pour crime de lèse majesté. Cette sentence ne sera pas non plus exécutée car Charles a pris la fuite à Bruxelles.

Le château qui aurait du être rasé par voie de conséquence est préservé par le Roi Henri IV qui reste en bon terme avec l'épouse de Charles, la duchesse d'Aumale, Marie de Lorraine, à qui il rend visite en (1610) avec la Reine Margot. Néanmoins ruinée, la Duchesse vend le château à Marie de Luxembourg, Duchesse de Mercoeur et belle soeur de Henri III en (1615). La fille de la Duchesse, Françoise de Mercoeur, épouse César de Vendôme, le fils naturel d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées. César de Vendôme et ses fils passeront la plus grande partie de leur temps à comploter contre Richelieu puis Mazarin. Il animera la cabale des Importants qui cherchera à imposer à la régente Anne d'Autriche, la tutelle des "Grands Seigneurs", après le décès du Roi Louis XIII. Sa vie durant, soit il trouvera refuge à Anet, soit il s'exilera pour échapper aux représailles Royales. Il finira par se calmer, tandis que son fils, le Duc de Beaufort épousera une des nièces de Mazarin auquel il a fini par se rallier. César de Vendôme décède en (†1664). La Duchesse Françoise de Mercoeur reste à Anet jusqu'à son décès en (†1669). Son petit-fils, le Duc Louis Joseph de Vendôme hérite du domaine en (1669). Il y réside quand il n'est pas sur un champ de bataille. Les réaménagements qu'il fait réaliser ont sensiblement touché l'édifice, en particulier sur l'aile gauche, celle qui subsiste.

- Louis XIV et Anet

Le château revient à son petit fils le Duc Louis Joseph de Vendôme, en (1669), fils aîné du Duc de Mercoeur. Louis Joseph était un soldat, qui a participé à toutes les grandes campagnes de Louis XIV avec son frère cadet Philippe, futur "Grand Prieur de France". Louis Joseph entreprendra la restauration du château et sa modernisation. Ces travaux seront conduits par Claude Desgots, neveu de Le Nôtre, "Inspecteur des Bâtiments du Roi" mais Le Nôtre lui même participe aussi à la rénovation des jardins d'Anet. Le Duc de Vendôme, "Maréchal de France", recevait beaucoup à Anet et y menait un grand train de vie. Il y invitait des artistes et écrivains célèbres, Lulli, Molière, La Fontaine, et autres écrivains de renom, ainsi que le "Grand Dauphin" qui se rendra à 7 reprises au château. Le faste est de retour à Anet. Louis Joseph épouse Marie Anne de Bourbon Condé, mais Louis XIV le rappel en (1710) pour aller porter secours à son petit fils, Philippe V, devenu roi d'Espagne, en guerre contre l'Angleterre et l'Autriche. Louis Joseph remporte la victoire à Villaviciosa et sauve la monarchie Espagnole. Il décède en (†1712) à Vinaroz et est inhumé à l'Escurial, dans le tombeau des Rois.

Marie Anne de Bourbon Condé continue à occuper Anet jusqu'en (†1718) où elle décède, très jeune, sans postérité. C'est donc sa mère qui hérite d'Anet, jusqu'à son décés en (†1723). Le château revient ensuite à Anne Louise Bénédicte de Bourbon, Duchesse du Maine, épouse de Louis Auguste de Bourbon, fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Cette dernière apporte de nouvelles modifications au château, 2 nouveaux appartements son aménagés. Louis XV rend visite au château en (1749). A son décès, le château revient à un de ces fils, le Prince de Dombes qu'il enrichit de nouvelles acquisitions jusqu'à son décès en (†1755) où le château revient à son frère, le Comte d'Eu qui y mène une vie paisible de chasseur. A son décès, en (†1775), le château revient par décision testamentaire à son cousin le Duc de Penthièvre, Gouverneur de Bretagne et grand Amiral de France. Le Duc, un des plus riches propriétaires foncier du royaume entretiendra particulièrement Anet mais aussi toutes ses autres propriétés fort nombreuses.

- La Révolution

Par égard pour ses bienfaits, le château du Duc de Penthièvre n'aura pas à souffrir de la Révolution. Toutefois, le château sera confisqué par les révolutionnaires, la sépulture de Diane de Poitiers sera profanée et ses restes enterrés dans une fosse du cimetière de la paroisse d'Anet. Les meubles, l'orfèvrerie, la vaisselle, les objets d'art seront vendus. Mais, Alexandre Lenoir, créateur du "Musée des Monuments Français" va faire racheter par l'état une partie du mobilier du château. En (1804), Demonti acquiert le château, vendu comme Bien National, qui le considère comme une carrière et en commercialise les pierres. La démolition du bâtiment commence en (1804), le logis central et l'aile droite sont détruits, il détruit les arbres et attaque les bâtiments à la dynamite. Les habitants d'Anet se soulèvent et le vandale prend la fuite, l'opération s'arrête en (1811).

Le domaine, en piteux état, est racheté par Louise Marie Adélaide, Duchesse Douairière d'Orléans, fille du Duc de Penthièvre. Elle meurt en (†1821), son fils, le Roi Louis Philippe, vend le château à Louis Passy, receveur général du département de l'Eure. C'est en (1840) que le Comte Adolphe de Caraman rachètera le château à Louis Passy pour entreprendre des travaux colossaux de restauration. En (1851), les travaux sont terminés, et le ministre de l'Intérieur accorde au propriétaire une importante subvention après avoir déclaré le château "Monument Historique". Néanmoins en difficulté financière, le Comte de Caraman revendra le château d'Anet en (1860) à Ferdinand Moreau, député de la Sein et conseiller général d'Eure et Loir qui continuera la restauration. Il a été bien entretenu depuis, aujourd'hui subsistent l'aile gauche, les 2 pavillons, le portail, la chapelle de Diane de Poitiers et la chapelle funéraire de son tombeau.

Ce dernier, regarnira les pièces du château avec des meubles provenant du château qui seront retrouvés dans la région, le lit de Diane, des buffets, des vitraux, de l'orfèvrerie, des tapisseries et des tableaux. Le parc sera reconstitué. En (1884), Ferdinand Moreau meurt, et c'est sa fille et son gendre, le Comte Guy de Leusse qui héritent d'Anet pour l'améliorer et l'enrichir encore de façon très importante. Pendant la guerre de (1914), la Comtesse dirigera un hôpital qu'elle fera installer dans son château. Le château est ouvert au public après la 1ère guerre mondiale. Le château subira encore les affres de la 2ème guerre. La Comtesse décède en (†1944). Elle lègue son château à sa petite fille, Madame de Yturbe qui reprendrons activement des travaux de restauration jusqu'à ce jour.

- Ce qu'était Anet

On dispose d'une bonne représentation du château d'Anet grâce à l'ouvrage de Jacques I Androuet du Cerceau, les Plus excellents bâtiments de France (1576)-(1579). L'ensemble était articulé autour d'un logis central en forme de "U" entourant une cour centrale. A droite et à gauche du logis se situaient des cours secondaires et à l'arrière un jardin d'agrément, la chapelle était attenante à l'aile droite, dans la cour de droite. En façade, les 3 cours étaient fermées par une entrée monumentale et par des terrasses. L'ensemble était entouré d'un fossé. De nombreuses dépendances étaient réparties autour du noyau central mais il n'en reste aucune trace.

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