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Glossaire - Biographies
Intérieur - Extérieur

- Chantilly


- Présentation.
* Style : Renaissance Eclectisme
* Type : Palais
* Architecte : Jean Bullant, Honoré Daumet
* Début construction : (1358)
* Fin construction : (1882)
* Propriétaire initial : Guy de Senlis
* Destination initiale : Résidence
* Propriétaire actuel : Institut de France
* Destination actuelle : Musée Condé
* Protection : Classé, et Inscrit Monument
- Historique (1988)

- Situation
* Pays : France
* Région historique : Valois
* Région : Hauts de France
* Région : Picardie
* Département : Oise
* Commune : Chantilly

- Historique

Le château de Chantilly se dresse au coeur d'un vaste domaine de 7.800 hectares de terres situé au coeur d'une des plus grandes forêts des environs de Paris. Chantilly fut d'abord une ancienne "Forteresse Médiévale", cantonnée de 7 tours et entourée de douves en eau, construite sur un terrain marécageux de la vallée de la Nonette, qui contrôlait la route de Paris à Senlis. Le château appartenait primitivement à Guy de Senlis, Bouteiller du Roi Louis VI à la fin du (XIème siècle). La famille prend le nom de Bouteiller et conserve le château jusqu'au (XIVème siècle). Pillée en (1358) par les Jacques, la forteresse est vendue en (1386) par Guy de Laval, héritier des Bouteiller, à Pierre d'Orgemont, ancien Chancelier de Charles V. Celui ci fait reconstruire le château entre (1386) et (1394). La famille d'Orgemont possède le bâtiment pendant 3 générations aux (XIVème siècle) et (XVème siècles). Il ne reste de l'ancienne "Forteresse Médiévale" des Orgemont que la base des 7 tours, baignant dans les douves. En (1484), Pierre d'Orgemont, sans enfant, lègue Chantilly à son neveu Guillaume de Montmorency.

- Montmorency

La puissante famille des Montmorency va posséder Chantilly du (XVème siècle) au (XVIIème siècles) et y fait réaliser d'importants travaux de modernisation. Le grand et le petit château de Chantilly au (XVIIème siècle). C'est le plus illustre membre de cette famille, le Connétable Anne de Montmorency, qui fait rénover la Forteresse par Pierre Chambiges en (1528) et, en (1551), construire la Capitainerie, ou "Petit Château", partie la plus ancienne de Chantilly, par l'architecte Jean Bullant, qui avait travaillé dans son château d'Écouen. Il fait également aménager en (1538) la terrasse sur laquelle se dresse sa statue équestre fondue sous la "Révolution", elle est remplacée aujourd'hui par une oeuvre de Paul Dubois, (1886) et édifier 7 chapelles dont 3 ont été conservées. C'est également lui qui fait tracer les 1ers jardins.

Henri Ier de Montmorency fait construire dans la partie haute du parc la Maison de Sylvie qui subsiste aujourd'hui, quoique remaniée. Destiné à recevoir Henri IV, ce petit pavillon était le refuge de la Duchesse de Montmorency, surnommée "Sylvie" par le poète Théophile de Viau (†1626), qui y passa les derniers mois de sa vie sous la protection d'Henri II de Montmorency. En révolte contre l'autorité Rale, Henri II de Montmorency est exécuté à Toulouse en (1632). Ses biens sont confisqués par Louis XIII qui en restitue la majeure partie à ses soeurs mais conserve toutefois Chantilly, qui l'intéresse du point de vue cynégétique. En (1643), Anne d'Autriche restitue le domaine à la dernière des soeurs d'Henri II de Montmorency, Charlotte de Montmorency, femme d'Henri II de Bourbon Condé, dont le fils Louis II de Bourbon Condé venait de remporter la Bataille de Rocroi. Chantilly passe ainsi à la maison de Condé, branche Cadette de la maison de Bourbon.

- le Grand Condé

Aux (XVIIème siècle) et (XVIIIème siècles), le château de Chantilly s'identifie à celui des Condé dont le domaine constitue la principale propriété. Louis II de Bourbon Condé (1621)-(1686), dit "le Grand Condé", ayant pris parti contre Mazarin pendant la Fronde, se fait retirer Chantilly entre (1652) et (1659). Éloigné de Versailles, il consacre tous ses soins à son domaine. Il fait dessiner le parc par André Le Nôtre, qui n'a pas encore travaillé à Versailles. Il canalise la Nonette pour créer le "Grand Canal" (1671)-(1673), dessine les parterres Français au Nord du château, fait construire par Daniel Gittard le "Grand Degré", et crée la perspective actuelle allant de la grille d'honneur à la terrasse.

Le "Grand Condé" reçoit à Chantilly des écrivains comme "La Fontaine, La Bruyère, Bossuet, Mme de La Fayette, Mme de Sévigné", en leur honneur, les 2 allées parallèles, qui encadrent les parterres de Le Nôtre, prennent le nom d'allées des Philosophes. On donne à Chantilly des fêtes magnifiques. Molière y crée Les "Précieuses Ridicules" en (1659) et y joue "Tartuffe". Sous la direction du célèbre maître d'hôtel François Vatel, la chère y est raffinée, c'est à cette époque qu'on y aurait inventé la crème "Chantilly". En avril (1671), le "Grand Condé" scelle sa réconciliation avec Louis XIV en le recevant à Chantilly. Selon Mme de Sévigné, c'est à cette occasion que Vatel se serait suicidé en ne voyant pas arriver la livraison de poisson attendue.

- le XVIIIème siècle

Le fils du "Grand Condé", Henri Jules de Bourbon Condé, dit "Condé le Fol", fait moderniser le château par Jules Hardouin Mansart. Les travaux sont achevés par Jean Aubert. De (1723) à (1726), ce dernier construit également pour Louis IV Henri de Bourbon Condé, dit "Monsieur le Duc", les exceptionnelles "Grandes Écuries". Principal ministre de Louis XV de (1723) à (1725), Monsieur le Duc affectionne Chantilly, où il fut exilé en (1726). Il fait décorer les appartements du "Petit Château" par "Oudry, Desportes, Huet et Nattier", aménage un cabinet d'histoire naturelle et crée la manufacture de porcelaine de Chantilly.

A partir de (1720), Monsieur le Duc fit aménager la partie boisée située à l'Est du château et dénommée, petit parc ou parc de la Caboutière. La Caboutière était un bâtiment construit au temps de Louis XIII pour acclimater la Tulipe Hollandaise, ce à quoi s'occupait un riche amateur, un avocat parisien du nom d'Antoine Caboud. Il fit tracer une allée en direction de la Caboutière, appelée, allée du Quinconce, car elle rejoignait un quinconce planté derrière ce bâtiment. Cette allée formait une patte d'oie avec l'allée du pont du Roi, située dans l'ancien axe d'entrée du parc, Est-Ouest, et l'allée de la porte Vaillant à gauche. Dans les 2 secteurs délimités par cette patte d'oie furent aménagées des salles de verdure reliées par des allées en zigzag.

L'avenue de droite mena à un carré boisé où l'on construisit un jeu de l'"Oie Géant", avec ses différentes stations, "le pont, le puits, la prison", qui fut l'une des grandes attractions du parc de Chantilly entre (1730) et (1770). Le fils de Monsieur le Duc, Louis V Joseph de Bourbon Condé, édifie le "Jeu de Paume" en (1756) et, entre (1769) et (1772), fait construire par Jean François Leroy le château d'Enghien, long bâtiment de style classique situé à droite de la grille d'honneur. En (1774), il fait dessiner un jardin Anglo Chinois, inauguré le jour de Pâques (1775), et construire un hameau qui inspirera Marie Antoinette lorsqu'elle fera construire le hameau de la Reine à Trianon.

- la Révolution

Louis V Joseph émigre sous la "Révolution Française" et Chantilly est confisqué comme "Bien National" dès (1790). En (1792), le château est envahi et pillé par une bande de Gardes Nationaux. Dévasté, le château est utilisé comme prison sous la Terreur. En (1799), il est vendu pour la somme de 11 millions en assignats, environ 100.000 francs. Les adjudicataires, Damoye et Boulée, entreprennent aussitôt de le démolir pour récupérer les matériaux de construction. Seuls sont épargnés le "Petit Château" et les "Grandes Écuries", les entrepreneurs s'étant vu retirer le marché avant d'avoir pu les détruire. La partie du parc située à l'Ouest du château, qui abritait les jeux d'eaux conçus par Le Nôtre et qui faisaient l'admiration des contemporains, est lotie. Des noms de rue, comme la rue des Cascades, en rappellent le souvenir, ainsi que le pavillon de Manse, qui abritait la machine hydraulique conçue par le Fermier Général Jacques de Manse. Occupées par l'armée, les "Grandes Écuries" sont sauvées de la destruction et sont miraculeusement très peu abîmées. On envoie juste à la fonte la statue et sa fontaine dans la cour des chenils ainsi que la Renommée qui surplombait le dôme.

- Sous l'Empire

Chantilly est inclus dans l'apanage d'Hortense de Beauharnais, qui possède à proximité le château de St Leu. Lorsque Louis V Joseph de Bourbon Condé rentre en possession du domaine à son retour d'émigration en (1815), il se borne à faire faire quelques réparations sommaires pour mettre le château hors d'eau. Il parvient à racheter une partie des terrains, mais il ne peut reconstituer le parc, désormais coupé en 2 par la route de Chantilly à Vineuil St Firmin, créée à l'époque révolutionnaire. Pour la masquer, son fils, Louis VI Henri de Bourbon Condé, fait traiter la partie Occidentale du parc en jardin à l'Anglaise, créé entre (1818) et (1820) par son architecte Victor Dubois.

- le Duc d'Aumale

A la mort du dernier des Condé, Louis VI Henri de Bourbon Condé, en (1830), c'est Henri d'Orléans, Duc d'Aumale, fils du Roi Louis Philippe Ier qui hérite de son immense fortune et, en particulier, du domaine de Chantilly. Arrasé au niveau du rez de chaussée, le "Grand Château" a piètre allure. Le duc d'Aumale projette des travaux de reconstruction qu'il ne parvient pas à mener à bien. En effet, après la chute de la Monarchie de Juillet, il prend le chemin de l'exil et réside de (1848) à (1870) à Twickenham, près de Londres. Il s'emploie à réunir les collections qui se trouvent aujourd'hui à Chantilly. Il revient en France en (1871), veuf et ayant perdu ses 2 fils. De (1876) à (1882), le Duc d'Aumale fait reconstruire le château sur les anciennes fondations, sur les plans de l'architecte Honoré Daumet. Il y accumule d'admirables collections. Sans descendance, il lègue ce magnifique ensemble à l'"Institut de France" en (1886), ce qu'il justifie ainsi dans son testament,

"Voulant conserver à la France le domaine de Chantilly dans son intégrité, avec ses bois, ses édifices et ce qu’ils contiennent, trophées, tableaux, livres, archives, objets d’art, tout cet ensemble qui forme comme un monument complet et varié de l’Art Français dans toutes ses branches et de l’histoire de ma patrie à des époques de gloire, j’ai résolu d’en confier le dépôt à un corps illustre qui, sans se soustraire aux transformations inévitables des sociétés, échappe à l’esprit de faction, comme aux secousses trop brusques, conservant son indépendance au milieu des fluctuations politiques."

Durant la 1ère Guerre Mondiale, Chantilly servit de quartier général au Maréchal Joffre et abrita plusieurs conférences entre les Alliés.

- le Château Neuf

De la Forteresse Médiévale des Orgemont ne subsiste que la base des tours. C'est donc le Petit Château du connétable de Montmorency, construit en (1551), qui constitue aujourd'hui la partie la plus ancienne du château.

Le "Petit Château" comprend, au 1er étage, les grands appartements. Ceux ci comprennent 3 salles décorées au (XIXème siècle), dont l'antichambre et la salle des Gardes, élevées sur l'ancien bras d'eau qui séparait le "Petit Château" et le "Grand Château", ainsi que l'appartement des Princes de Condé décoré vers (1720) par Jean Aubert de superbes lambris, comprenant la chambre de Monsieur le Duc, le cabinet d'angle, le boudoir décoré d'une grande singerie de Christophe Huet, la galerie des actions de Monsieur le Prince, et le salon de musique.

Le château du Duc d'Aumale, qu'on représente aujourd'hui comme une merveille, est un des plus tristes spécimens de l'architecture de notre époque, on y entre par le 2ème étage et l'on y descend dans les salons.

- les Grandes Écuries

Les "Grandes Écuries" ont été construites par l'architecte Jean Aubert entre (1719 et (1740). Longues de 186 mètres, elles sont exceptionnelles par leurs dimensions tout comme par leur magnificence. Le Prince de Condé en était si fier qu'il n'hésitait pas à recevoir à dîner sous la majestueuse coupole, haute de 28 mètres, où soupèrent notamment Louis XV, le futur Tsar Paul Ier et Frédéric II de Prusse. Les écuries pouvaient abriter 240 chevaux et 500 chiens, utilisés pour les chasses quotidiennes dans la forêt de Chantilly. En (1982), le Musée vivant du cheval y a été installé par Yves Bienaimé. En (2006), les écuries ont été réunies au château par son Altesse "Karim Aga Khan IV" dans le cadre de la Fondation pour la Sauvegarde du domaine de Chantilly.

- le Parc

Le parc de Chantilly couvre 155 hectares, dont 25 hectares de plans d'eau, auxquels il faut ajouter les 60 hectares du parc de Sylvie. La forêt de Chantilly, qui s'étend sur 6.310 hectares, fait partie intégrante du domaine.

- le Jardin de Le Nôtre

Chantilly était la création préférée de Le Nôtre. Selon son habitude, il a structuré le parc autour de 2 axes perpendiculaires. Le 1er, Nord-Sud, dans l'axe de la majestueuse terrasse édifiée par le Connétable de Montmorency, est perpendiculaire aux courbes de niveau et met en évidence le vallonnement du site. Le 2ème Est-Ouest, est occupé par le grand canal le long de la vallée. Entre la terrasse et le grand canal, au Nord du château, Le Nôtre a ménagé des parterres à la Française. Ces parterres sont agrémentés de bassins et ornés de vases et de statues de pierre, dont la plupart datent du (XIXème siècle) et représentent les personnages illustres liés au riche passé du domaine. Les parterres étaient originellement de forme Trapézoïdale, supprimé par la reconstitution du (XIXème siècle), qui leur a donné la forme de Rectangles parfaits. Les broderies végétales furent somptueuses, il en subsiste des témoignages dans le jardin de la Volière, au pied du château, côté Ouest, ainsi que dans le jardin de la maison de Sylvie (1671).

Les parterres de Le Nôtre sont aujourd'hui encadrés de 2 jardins paysagers qui n'existaient pas du temps de leur création. Celui qui se trouve à l'Est date du (XVIIIème siècle) et est traité en hameau rustique. Celui de l'Ouest est traité à l'Anglaise et remonte à la 1ère moitié du (XIXème siècle). De l'autre côté du grand canal, l'amphithéâtre du Vertugadin, prolongé par une allée forestière, prolonge l'axe des parterres à travers la forêt. La grille d'honneur se trouve située en contre bas par rapport au château et surtout à la terrasse. En arrivant au château, celle ci masque la perspective, qui se découvre tout d'un coup lorsque le visiteur y accède, l'effet est saisissant.

- le Petit parc

Le "Petit Parc", appelé aussi parc de la Cabotière est situé sur le plateau calcaire qui surplombe la vallée depuis les parterres jusqu'au grand rond. Espace de transition entre la forêt et le parc, il est aménagé par Le Nôtre qui y trace des allées et des bosquets le reliant à la forêt environnante. Son neveu Desgots y dessine en (1679) un Labyrinthe qui sera détruit vers (1770). Au (XVIIIème siècle), Henri Jules de Bourbon Condé le relie à la terrasse en jetant le pont du Roi par dessus le fossé sec qui marque la limite du plateau. Ce jardin devient alors un espace de divertissements et de promenades, ponctué de chambres de verdures, dont certaines sont toujours visibles, telle la "Chambre du Sanglier".

Vers (1738) ou (1739), un jeu de l'"Oie Géant", dont le pions étaient les joueurs eux mêmes, est aménagé sous la forme d'une spirale de 2 km de long, dont certains éléments restent encore visibles, comme le pont ou le puits, ou encore certaines dalles de pierres numérotées figurant les cases. Très en vogue auprès des visiteurs des Princes durant une bonne partie du siècle, il fut volontairement arasé et nivelé vers (1770), lorsque la mode en fut passée.

- le Jardin Anglo-Chinois

A l'Est des parterres de Le Nôtre, le jardin Anglo Chinois aménagé dans la prairie en (1772) est ponctué de fabriques au détour de petits chemins serpentant au milieu de canaux conçus pour être parcourus en, pirogues. Quelques unes de ces fabriques, le rocher, les petits ponts de pierre, ont été conservées. En (1774) y fut adjoint un hameau d'agrément. Le "Hameau de Chantilly" comportait 7 petites maisons rustiques dont 5 ont été conservées, "salon, billard, salle à manger, cuisine et moulin". Il servait de lieu de fêtes et de plaisirs estivaux.

- le Jardin Anglais

Adossé à la route de Chantilly à Vineuil St Firmin et Creil, le jardin Anglais, dessiné par l'architecte Victor Dubois en (1817), incorpore quelques vestiges des aménagements de Le Nôtre, l'île d'Amour, les Fontaines de Beauvais, intégrés sous forme de fabriques. Les allées sinueuses ménagent des vues intéressantes sur le château. Une seule des fabriques introduites dans le jardin au moment de sa création a subsisté jusqu'à ce jour, le temple de Vénus, récemment restauré par les "Monuments Historiques".

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