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- Château de Montal


- Présentation
* Nom local : Château de Montal.
* Type : Renaissance.
* Propriétaire actuel : Etat.
* Protection : Classé Monument Historique (1909).
* Inscrit : Monument Historique (1955), (1995).

- Situation
* Pays : France.
* Région historique : Quercy
* Région : Occitanie.
* Département : Lot
* Commune : St Jean Lespinasse

- Historique

A l'origine, les Seigneurs de Miers, sur le causse dominant la Dordogne, avaient fait ériger un petit Château "Repaire de Saint Pierre". En (1474) Robert de Balsac épousa Antoinette de Castelnau. Ami intime des Rois Louis XI, Charles VIII et Louis XII, il prit part aux guerres d'Italie et se maria avec une Vénitienne. Sa fille Jehanne, ayant subi l'influence de l'Italie et de la "Renaissance Italienne", voulut s'en inspirer et décida en (1523) de remplacer le "Repaire" par le château que nous voyons aujourd'hui. Montal se dresse avec ses 3 tours rondes, coiffées de toits en Poivrières et sa tour Quadrangulaire à Tourelles, sur un léger mamelon, dans une dépression du Causse, à proximité de la ville de St Céré. Construit en pierres calcaires dorées de Carennac, sa beauté lui vient de sa célèbre Cour d'Honneur dont la richesse constraste avec la sévérité extérieure, et une magnifique frise court sur la façade exhibant avec fierté "Moulures, feuillages, sirènes à ailes d'oiseaux, génies enrubannés, armes de Montal". Son escalier à double Révolution dont la disposition unique fait sa célébrité, justifierait à lui seul le classement de Montal parmi les monuments les plus remarquables de la "Renaissance Française".

- le Château

Montal est, avec le château d'Assier, le plus exceptionnel témoignage de la pénétration des modèles architecturaux de la 1ère Renaissance Française en Quercy. Construit par une Femme, alors qu'Assier est l'oeuvre d'un Homme attaché au fait militaire, il reflète un art de vivre et une harmonie jusque dans les plus infimes détails de ses décors. Il est aussi l'expression d'une profonde culture humaniste dans la lignée des grandes figures intellectuelles du (XVIème siècle).

Le site actuel de Montal correspond probablement à celui mentionné au cours du Moyen, Age sous le nom de Repaire St Pierre. Ce nom de Montal, celui d'une terre Cantalienne appartenant aux Seigneurs de Laroquebrou, apparaît seulement dans le 2ème quart du (XVIème siècle), avec la présence de Jeanne de Balsac, épouse d'Amaury de Montal Seigneur de Laroquebrou. Jeanne était fille de l'ambitieux Robert de Balsac, sénéchal d'Agenais, expert en art de la guerre, et d'Antoinette de Castelnau de Bretenoux. Elle avait donc des liens avec ce territoire Quercynois, où la présence de la noblesse du Cantal était attestée déjà de longue date.

On ignore la date exacte d'acquisition de cette Seigneurie de St Pierre par la Famille de Montal. En (1503), Gilles de Miers est encore mentionné Seigneur de St Pierre, mais c'est bien Jeanne de Balsac qui signe le contrat de construction d'une nouvelle demeure en (1519).

L'année où commence la construction de Chambord, la commande de Jeanne est lancée et les travaux débutés dès (1520). Le château ne sera jamais terminé: 2 ailes seulement sur les 4 prévues sont terminées en (1534). Contrairement à la tradition qui fait de la mort de Robert de Montal, le fils aîné de Jeanne, la disparition de ce fils tant aimé en (†1523). Lors d'une campagne Milanaise de l'armée Française, est profondément inscrite dans le décor de Montal, mais elle a bien au contraire exalté la volonté maternelle de lutter contre l'adversité en poursuivant l'oeuvre entreprise et en assurant le maintien de la lignée des Montal par le mariage de son 2ème fils, Dordet, avec sa cousine Catherine de Castelnau. Le nouveau château a succédé à un édifice, dont le seul vestige visible est une fenêtre placée à l'angle de la façade Nord-Ouest et de la tour Ouest. Les sobres façades Septentrionales s'inscrivent encore dans une tradition Médiévale, qu'accentue la présence des 3 tours d'angle coiffées en Poivrière, et munies de Canonnières en partie basse. Nombre d'éléments indiquent l'évolution des années (1515)-(1520), les grandes fenêtres à Meneaux, accostées de Pilastres, Corniches des Tours formées de Corbeaux décoratifs reprenant d'ailleurs les motifs visibles sur une tour du château d'Assier.

Le contraste est plus saisissant avec la cour intérieure, dont l'ordonnancement est caractéristique de la 1ère Renaissance, avec un quadrillage en damier. Moulures, large frise horizontale et Corniche à coquilles séparent les niveaux, rythmés par des Pilastres auxquels répond la verticalité des hautes Lucarnes, elles aussi sculptées. Les 2 corps de logis placés en équerre sont desservis par un escalier d'Honneur placé dans un Pavillon rectangulaire terminé par une salle haute. Définitivement éloigné du modèle de l'escalier en vis hors oeuvre, l'escalier droit de Montal, d'une grande modernité, est célèbre pour le décor de ses revers de marches entièrement sculptés L'ornementation suit la progression du visiteur vers le 1er étage, aux motifs géométriques et Héraldiques, succède un répertoire décoratif avec Putti, trophées d'armes, oiseaux et dauphins affrontés. Jeanne de Balsac s'y affirme, par la présence de son portrait sculpté en Médaillon et ses initiales répétées, comme la maîtresse des lieux.

Les sculptures extérieur, fait également de Montal un Château Unique. Les décorations de la Frise placée entre le rez de chaussée et le 1er étage mêle figures Mythologiques et Allégoriques "Hermès chevauchant une Licorne, Hercule et Antée, Mars et la Victoire", Angelots, personnages et animaux fabuleux, Blasons et initiales de Jeanne et de ses fils Robert et Dordet, rinceaux habités. A l'étage noble, le décor prend une autre dimension, avec la série de Bustes en haut relief placés sur les parois aveugles entre les fenêtres à meneaux, accompagnée de statues des Vertus Cardinales "la Force et probablement la Prudence".

Chaque buste est surmonté d'un fronton triangulaire accosté de Personnages, d'Animaux fantastiques ou de Volutes. Les 7 portraits sont ceux de Jeanne et de ses proches, parents, époux et fils aînés disparus à l'époque de l'exécution. Seuls Dordet, le fils cadet, et le neveu de Jeanne, Abbé de Vézelay, sont encore vivants. Les morts sont donc ici honorés avec les vivants intégrés dans ce monument Funéraire. Ce procédé ne peut être isolé de l'ensemble de la conception décorative, où le culte de la Mort et du Souvenir est porté à un haut niveau littéraire et humaniste, intégrant l'idée de la quête de la Vertu comme exigence spirituelle. Le décor des lucarnes est en revanche dédié à l'humaine colère d'une Mère désespérée par la mort de son Fils, folie furieuse agitant ses grelots, allégories du désespoir accompagnées de la fameuse devise "Plus d'espoir".

Passé à la fin du (XVIème siècle) à la famille de Pérusse d'Escars, Montal, peu habité par les descendants de Jeanne de Balsac, est finalement vendu en (1771) aux Plas de Tanes. Ceux ci y mènent grand train pendant quelques années: de leur présence, subsistent 2 cheminées au décor Rocaille dans la tour Sud-Est.

Abandonné à la Révolution, transformé en ferme, Montal est la proie de Spéculateurs à la fin du (XIXème siècle): dépouillé de ses Sculptures, privé de ses Lucarnes, de ses portes ornées et de ses Cheminées, il offre un spectacle de désolation. Sa Renaissance est l'oeuvre de Maurice Fenaille, Industriel aussi fortuné qu'érudit, l'un des plus importants Mécènes des musées Français entre (1880) et (1930).

Maurice Fenaille acquiert le château en (1908), consacre 5 années à son exemplaire restauration, rassemblant avec une énergie peu commune les Sculptures vendues dans le monde entier, faisant exécuter des copies de pièces non restituées par des Artistes oeuvrant pour son ami Auguste Rodin.

Le 13 septembre (1913), le Président de la République Raymond Poincaré reçoit solennellement à Montal la donation du Monument et de ses Collections d'oeuvres d'art consentie quelques mois plus tôt par Maurice Fenaille à l'Etat Français.

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