retour
Glossaire - Biographies
Photos

- Plessis Bourré


- Présentation
* Période ou style : Renaissance
* Type : Forteresse
* Début construction : (1468)
* Fin construction : (1473)
* Propriétaire initial : Jean Bourré
* Propriétaire actuel : Privé
* Protection : Classé Monument Historique (1931)
.
- Situation
* Pays : France
* Région : Pays de la Loire
* Département : Maine et Loire
* Commune : Ecuillé

- Historique

Le château du Plessis Bourré est situé sur le territoire de la commune d’Ecuillé en Maine et Loire, à 15 de kilomètres au Nord d’Angers, à mi chemin des vallées de la Mayenne et de la Sarthe. Il figure parmi les châteaux de la Loire n’ayant que peu subi de modifications quant à son architecture extérieure depuis sa construction, il y a plus de (V siècles), ce qui en fait un lieu très sollicité pour des tournages. Cette majestueuse Forteresse Médiévale semble avoir traversé les siècles pour nous offrir un témoignage exemplaire d’un chef d’oeuvre architectural où s’entremêlent la symbolique du pouvoir issue du Moyen Age et l’élégance des décors annonciateurs de la Renaissance.

Grand Argentier et Principal Confident du Roi de France Louis XI, Jean Bourré a fait l’acquisition du domaine du Plessis le Vent, propriété de la famille de Sainte Maure, le 26 Novembre (1462). Sur cet ancien manoir, il fit construire, de (1468) à (1473), le château actuel. Considéré comme le 2ème personnage de l’État, cet homme érudit, passionné d’alchimie, a orné son château de nombreux symboles magiques et ésotériques constituant autant d’énigmes à découvrir tout au long de la visite. A ce titre, le plafond à caissons de la salle des gardes affiche une "symbolique des hermétistes" avec les trois grands principes, "le soufre, le sel et le mercure". Jean Bourré étant souvent absent, c'est sa femme, Marguerite de Feschal, qui veille au bon déroulement des travaux depuis le château de Vaux. Plus tard, Charles Bourré fut Chambellan du Roi, Seigneur de Vaux et de Beaumont.

Le château reçut la visite de 2 Rois de France, au (XVème siècle) :
* Louis XI, le 17 Avril (1473), lors d'un pèlerinage à N.D. de Béhuard,
* Charles VIII, le 10 Juin (1487), accompagné de sa sœur aînée, la Régente Anne de Beaujeu.

En (1751), le château est acheté par la famille de Ruillé, dont un membre, Jean Guillaume de Ruillé, est mis à mort, en (†1794), par des révolutionnaires d’Angers.

En (1850), le château est à vendre. Personne ne veut l’acheter et le château risque d’être transformé en carrière de tuffeau, quand maître Avenant, notaire à Angers, soucieux de préserver le site, décide de l’acquérir, en (1851).

En (1911), il est acheté par Henri Vaïsse, neveu de Claude Marius Vaïsse, Préfet et Sénateur de Lyon sous le Second Empire, et surnommé le "Haussmann Lyonnais". A son décès, Henri Vaïsse lègue le château à son neveu, François Reille Soult, Duc de Dalmatie et Député du Tarn, descendant des Maréchaux d'Empire Soult, Reille, et Masséna, qui l’ouvre au public et crée le circuit de visite. Le château du Plessis Bourré est, au (XXIème siècle), la résidence de 2 descendantes du Duc de Dalmatie:
* Geneviève de Croix, épouse d'Aymeric d'Anthenaise.
* Antoinette de Croix, épouse de Bruno de Ferrières de Sauveboeuf Regisseur (1978) - (2009) Maire d'Ecuillé qui vécurent avec leurs 3 enfants Victor (1976), Matthias (1978) et Jean Baptiste (1980) plus de 30 ans au sein même du château. Le château est classé avec la "pièce d'eau, les douves et les avenues" au titre des Monuments Historiques, par arrêté du 1er Juin (1931).

- Architecture

L’espace aménagé autour du château recrée l’illusion que le château sort des eaux qui l’entourent. En raison de ses larges douves que franchit un pont de 44 mètres de long et d’une architecture clairement défensive, double pont levis, donjon et chemin de ronde, c’est une forteresse, mais aussi une résidence d’agrément. C’est cette particularité qui lui confère les qualités d’un château dit de transition, car il témoigne de l’arrivée de la Renaissance, hautes fenêtres à meneaux, grands salons, tout en conservant les caractéristiques de la place forte, 4 tours massives, douves, ponts levis et chemin de ronde. Particularité architecturale, les douves ne baignent pas directement les murs de la forteresse, une petite terrasse, large de 3 mètres, permet aux artilleurs de prendre position tout autour du château.

Il abrite aussi des chefs d'oeuvre, tapisseries, tableaux, boiseries et meubles. Le plafond à caissons de la salle des gardes forme 24 tableaux. L’auteur des peintures du plafond à caissons est anonyme. 6 grands caissons comprennent chacun 4 hexagones, 16 de ces tableaux affichent une symbolique des alchimistes de l’époque, notamment inspiré des 3 grands principes actifs, "le mercure, le soufre et le sel ", les 8 autres représentent des scènes proverbiales et sont "d’esprit malin et hardi". Cette hardiesse est telle que les tableaux furent dissimulés au (XVIIIème siècle) au regard des hôtes. Une Vierge aux douleurs, en bois polychrome. 2 tapisseries des Flandres, inspirées des Actes des Apôtres. Une tapisserie du martyre de St Etienne. Un portrait de Jean Bourré en (1461), un autre de Marguerite de Feschal, son épouse et un portrait de Charles Bourré, peints au (XVIIème siècle). 2 natures mortes signées de Quentin de la Tour, de nombreux meubles sont aussi des objets classés.

En (1945), l’Hermétiste Eugène Canseliet publie "2 logis alchimiques", en marge de la science et de l'histoire qui prolongent Les demeures philosophales de Fulcanelli, et dans lequel il affirme que le château du Plessis Bourré est orné de symboles alchimiques et ésotériques. Il n’y a cependant aucun élément historique qui permette cette interprétation, et, "l’idée que des monuments ou des œuvres d'art contiennent un symbolisme alchimique ne remonte qu'au (XVIIème siècle).

Le château a servi de décors à de nombreux films films parmi lesquels :
* (1970) : Peau d’Ane, film de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve et Jean Marais.
* (1980) : Louis XI, un seul roi pour la France, téléfilm de Jean Claude Lubtchansky.
* (1989) : Jeanne d’Arc, le pouvoir et l’innocence, téléfilm de Pierre Badel.
* (1997) : Le Bossu, film de Philippe de Broca.
* (2003) : Fanfan la Tulipe, film de Gérard Krawczyk, avec Vincent Perez et Pénélope Cruz.
* (2008) : La Reine et le Cardinal, téléfilm de Marc Rivière, diffusé en (2009), avec Philippe Torreton.
* (2010) : La Princesse de Montpensier, film de Bertrand Tavernier.
* (2010) : Louis XI, le pouvoir fracassé, téléfilm d’Henri Helman, diffusé en (2011), avec Jacques Perrin.

Le château est construit d’un seul trait entre (1468) et (1473) par un des "hommes nouveaux" de cette fin du Moyen Age, le Financier Jean Bourré, trésorier de Charles VIII, constructeur dans les mêmes années, en (1465)-(1469), du château de Langeais. Le bâtiment ne subit pas de transformation majeure par la suite. L’édifice reflète l’ambivalence de l’architecture à cette période, pour répondre à l’insécurité endémique, recours aux formes Médiévales bien adaptées à la défense, porte fortifiée, douves larges et tours circulaires à mâchicoulis aux angles de la construction, mais déjà, exigences de confort et d’esthétique préludant à la Renaissance, qui s’expriment dans l’agencement de la cour et dans la conception du Corps de Logis, avec la façade d’un Gothique raffiné et à l’ordonnancement déjà régulier.

Au 1erétage, la salle des Gardes est conservé l’un des 1ers plafonds à caissons peints du (XVème siècle) et du (XVIème siècle), célèbre pour ses motifs énigmatiques et facétieux. Mesurant 11 mètres de long par 7,55 mètres de large, le plafond est divisé en 6 caissons comprenant chacun 4 panneaux hexagonaux soulignés de feuillages et ornés au centre d'un losange. L'ensemble est rehaussé de bordures bicolores, rouge et bleu, et de motifs décoratifs, largement repeints au (XIXème siècle). Toutes les scènes sont en grisaille et se détachent sur un fond bleu couvert de fins rinceaux végétaux caractéristiques de la fin du (XVème siècle).

L'interprétation de cet ensemble fantastique reste mystérieux, à l'exception des représentations accompagnées de légendes, placées de chaque côté de la cheminée. Elles illustrent des fables satiriques, comme "La Bigorne et La Chiche face", ou des proverbes, dans des formules didactiques et directes très appréciées aux (XVème siècle) et du (XVIème siècle. Si la compréhension des scènes accompagnées de légendes est aisée, il en va tout autrement des animaux réels ou fabuleux qui complètent le décor, comme "l'âne chantant à l'aide d'une partition, la truie jouant de la cornemuse ou encore l'éléphant monté par un singe".

- La visite du Château

Pour accéder à la cour du château, on enjambe un pont long de 43 mètres, suivit d'un pont levis, toujours en état de marche. On passe ensuite par une tour carrée à vocation défensive, puis on se trouve face au logis central. Sur la gauche, une galerie à arcades témoigne de l'influence italienne à la Renaissance. On pénètre ensuite dans le logis Seigneurial, en passant par une porte surmontée d'une arche en accolade.

Le rez de chaussée est occupé par une suite de salons richement décorés de meubles de divers styles et éclairés par de hautes fenêtres. Le 1er salon est le plus ancien puisqu'il contient des meubles datant du (XVème siècle). Vous y verrez notamment une belle tapisserie de Bruxelles et un imposant meuble sculpté de style Gothique. On découvre ensuite successivement un salon Louis XVI, puis un autre de style Louis XV, caractérisé par des pieds de meubles courbés. Le salon suivant est le plus spacieux et est aménagé de meubles de la période Régence. Vous y verrez notamment un meuble Boulle, du nom de l'inventeur de la marqueterie. On voit ici l'utilisation de 3 matières pour la construction du meuble, le cuivre, l'étain et l'écaille de tortue.

La visite se poursuit avec la salle de Justice dont les murs sont recouverts de boiseries "en pli de serviette". On peut observer dans cette pièce le blason du Roi de France, en haut du plafonnier et sur la cheminée. La fleur de lys est composée de 3 branches, chacune ayant sa signification, "foi, sagesse et chevalerie". On pénètre ensuite dans la salle du Parlement, qui se caractérise par son plafond voûté en Ogives. Cette pièce servait de salle à manger et a conservé sa belle cheminée, en haut de laquelle ont été sculptées des feuilles de vigne en hommage à la production locale. Les murs de cette pièce sont couverts de belles tapisseries, l'une provenant de la célèbre manufacture d'Aubusson, les autres de Belgique.

Vient ensuite la pièce la plus remarquable du château, la salle des Gardes. Elle a fait la réputation du monument grâce à son plafond à caissons en bois peint dans les tons bleus et rouges. La fabrication de ce plafond fut ordonnée par Jean Bourré, dont on découvre un portrait dans la pièce. Les peintures représentent des scènes de la vie quotidienne, des scènes humoristiques ou morales et des figures allégoriques. On est surpris par la liberté de ton de ces représentations, qui, on l'imagine, pouvaient choquer pour l'époque. Ce plafond fut d'ailleurs recouvert d'un double plafond par un descendant de Jean Bourré, qui trouvait les peintures trop osées. Cela explique en partie son excellent état de conservation.

Se succèdent ensuite 2 chambres, l'une avec du mobilier Empire et l'autre Renaissance. On notera plus particulièrement, dans une chambre, un monumental lit Espagnol en bois sculpté. Cette chambre est reliée à la Chapelle par une galerie, qui devait permettre au Roi de se rendre directement de sa chambre à la Chapelle, ou à la loge Seigneuriale qui dominait la Chapelle au bout de cette galerie. Le Seigneur pouvait ainsi tranquillement assister aux offices depuis cette loggia, sans être vu. La galerie est aménagée en Bibliothèque contenant plus de 3.000 ouvrages, dont les plus anciens datent du (XVIème siècle).

La visite se termine par la charmante Chapelle, qui abrite de nombreuses oeuvres d'art. Vous y verrez notamment une Piéta du (XIVème siècle), un surprenant Lutrin en forme d'aigle et 2 belles stalles sculptées. A la fin de la visite, ne manquez pas de faire le tour des douves pour découvrir le château sous tous ses angles. Vous croiserez en chemin les habitants du parc, les cygnes et les canards.

Haut de page