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(Belle Ile, île de France, dans le Morbihan, Bretagne.)

- Une Citadelle dans une Ile.

Belle Île, en "breton" "Enez ar Gerveur", ce qui veut dire "l'île de la citadelle", est une île du département du Morbihan. Belle Île a été très tôt séparée du continent, vers (6.000) ans avant notre ère, contrairement à ses voisines Houat et Hoëdic qui étaient encore reliées, à cette époque, par une chaussée. L'île est malgré tout occupée dès le Néolithique mais on trouve peu de traces remontant à cette époque, peut être à cause de la mauvaise qualité du schiste local. A l'Age du bronze, le nombre de sépultures semble traduire une augmentation de la population, c'est sans doute la conséquence du développement de la navigation propre à cette période. Durant l'Age du fer, plusieurs éperons sont fortifiés sur la Côte Sauvage, dont le plus important, 5 hectares, se trouve sur la presqu'île du Vieux Chateau au Nord Ouest de l'île, c'est la plus grande île Bretonne.

Un proverbe Breton dit "Qui voit Belle Isle", voit son île. Belle Île est la plus grande des îles Bretonnes. Située à 14 km au large de la presqu'île de Quiberon, elle se présente sous la forme d'un plateau de 17 km de long sur 9 km de large d'une altitude moyenne de 40 mètres entaillé par de nombreux petits vallons. La côte de l'île, constituée d'une roche friable faite de Schistes et Mécaschistes mêlée de Quartz, subit une érosion intense de la mer surtout sur la façade Sud-Ouest tournée vers le large, la Côte Sauvage. Il en résulte une côte très découpée, constituée en majorité de falaises. Témoin de cette érosion rapide, l'îlot de Lonègues, qui au Moyen Age prolongeait la pointe des Poulains, a aujourd'hui pratiquement disparu sous les eaux. Sur la façade Nord-Est, plus abritée, débouchent 2 Rias qui ont permis la création des 2 ports de l'île, Le Palais et Sauzon. Sur cette même façade on trouve la grande plage de l'île, les "Grands Sables".

- Histoire, de Belle Ile

L'abbaye de Ste Croix de Quimperlé propriétaire de l'île durant (V siècles). A l'époque Romaine, elle est appelée "isulae Veneticae", en latin île des Vénètes, par Jules César et Vindilis par le géographe Ptolémée, ce qui a donné Gwezel ou Gwedel" en vieux breton, l'étymologie est discutée, dénomination qui a disparu au profit de Gerveur à la fin du Moyen Âge. Des découvertes de monnaies et de tuiles attestent que Belle Île fut occupée durant l'époque Gallo Romaine. L'île à cette époque était désignée sous le nom de Vindilis. A la chute de l'Empire Romain, Belle Île fait partie, comme la "Basse Bretagne", des terres colonisées par les bretons venus d'Outre Manche. Elle est rebaptisée île de l'Unité sous la Révolution Française puis Île Joséphine sous Napoléon Ier, avant de retrouver ses noms traditionnels ar Gerveur en breton et Belle Île en Français. Belle Ile en Mer, pour sa position stratégique, ses richesses naturelles et notamment l'abondance de ses eaux douces fut sans cesse convoitée, envahie, pillée. C'est naturellement sur l'éperon rocheux dominant le port et la rade de Palais, le meilleur mouillage de l'île, que se concentrent tout au long de l'histoire les efforts mis en oeuvre pour la défense de l'île. Dès le Moyen âge, les moines de Redon puis ceux de Quimperlé construisent un 1er château fort à l'emplacement actuel de la citadelle.

Au (IXème siècle), Belle Île appartient au comte de Cornouaille. Celui ci, pour relever l'île dévastée par les invasions des Vikings, la cède aux Bénédictins de Redon. L'île prend alors le nom breton de Guedel. L'île change de nouveau de propriétaire en (1029) le comte de Cornouaille confie, pour des raisons politiques, l'île aux Bénédictins récemment installés à Quimperlé, ils construisent un premier château fort à l'emplacement actuel de la citadelle. La gestion de l'île est déléguée à un prévot qui dispose du pouvoir spirituel et temporel, droit de "basse, moyenne et haute justice" qui s'exerce tantôt à Belle Île tantôt à Quimperlé. En (1408), la justice n'est plus exercée qu'à Quimperlé. 2 officiers sont désignés par l'abbé de Quimperlé, l'Official gère le Spirituel et le Commandant a en charge le Temporel de l'île ainsi que la défense des côtes. L'île est constamment la cible, à cette époque, de pirates des régions voisines, Saintonge, Charente, ou de pays plus lointains, Hollande, Angleterre.

En (1548), le Roi Henri II décide que cet emplacement stratégique doit être fortifié, François de Rohan y fait débuter la construction d'un fortin carré. Mais, malgré les injonctions Royales, les fortifications avancent lentement. Les moines toujours propriétaires de Belle Île avancent que les revenus dégagés sont insuffisants pour financer les travaux demandés. Charles IX confie à Albert de Gondi,favori de Catherine de Médicis, la charge de défendre Belle Île, ce qu'il fait en augmentant considérablement l'emprise et les défenses du fortin déjà édifié, jusqu'à sa disgrâce qui survient en (1661). Belle Île est pillée par les Espagnols en (1567), puis en (1573) par Gabriel de Montgomery, chef militaire Protestant.

Louis XIV. reprend alors en main la défense de l'île où son commissaire général des fortifications, Vauban, vient par 3 fois, en (1683), (1685) et (1689), établissant les projets d'une défense complète de la ville et de l'île. Il constate que l'emplacement choisi pour la forteresse n'est pas approprié car dominé par plusieurs positions alentour. Faute de moyens, il se contente de faire aménager ce qui existe, renforcement de l'enceinte, suppression du quartier du haut Boulogne situé sur le glacis Ouest de la forteresse. Mais les principales améliorations demandées par Vauban ne sont pas réalisées, construction de défenses suffisantes le long de la plage des Grand Sables qui constitue un lieu de débarquement idéal, construction d'une enceinte entourant la ville du Palais. Seuls les travaux de la citadelle, restructurée et agrandie, sont effectués. En (1686), les troupes de la coalition Anglo-Hollandaise tentent de débarquer sur la plage des Grands Sables mais sont repoussés. Un stratagème, qui fait croire que l'île est défendue par des troupes nombreuses, dissuade les assaillants de poursuivre leurs tentatives de débarquement.

En (1718), l'île est rachetée au petit fils de Nicolas Fouquet et est rattachée directement au domaine Royal. En (1720), l'île est confiée à la Compagnie des Indes, le Palais et Sauzon deviennent des ports francs. Les malversations qui s'ensuivent conduisent le Roi à confier l'île à des Fermiers Généraux jusqu'en (1759) puis à compter de cette date à la province de Bretagne. Attaquée maintes fois au cours du (XVIIIème siècle), la citadelle tombe aux mains des Anglais en (1761). Belle Île ne sera rendue à la France que par le Traité de Paris, en (1763), et vivra désormais en paix. Son aménagement se poursuit toutefois tout au long du (XIXème siècle), jusqu'à ce que les progrès de l'artillerie et l'amélioration des déplacements en mer lui fassent perdre tout intérêt stratégique.

- l'Occupation

Pendant la guerre (1914)-(1918), des officiers Allemands y sont enfermés. Après (1936), des Espagnols fuyant le régime Franquiste y sont installés. Enfin, elle est occupée par l'armée Allemande jusqu'au 10 Mai (1945) et, avec la fin de la 2ème guerre Mondiale, elle est définitivement déclassée du domaine militaire. Inscrite à l'inventaire supplémentaire des "Monuments Historiques" depuis le 1er Mai (1933), la citadelle, à l'état de ruine, est vendue par l'administration des domaines, le 12 Août (1960). La citadelle du Palais, qui depuis la fin du (XIXe siècle) n'était plus un lieu stratégique, ainsi que les fortins dispersés sur la côte sont vendus à des particuliers.

Elle devient alors la propriété de Madame et Monsieur André Larquetoux qui ont consacré, pendant presque 45 ans, toute leur passion pour son relèvement et sa mise en valeur. Un musée d'art et d'histoire, une salle de la marine, une saison culturelle agrémentent la visite de cette cité militaire qui se présente en ordre de bataille, auréolée de tout le lustre du "Grand Siècle". Sous l'égide des Hôtels Particuliers, propriétaires de la citadelle depuis le 31 Mars (2005), une hôtellerie de qualité de quelque 60 chambres permettra au plus grand nombre de venir ajouter quelques nouvelles pages à cette très riche histoire.

- Chronologie


* 6.000 : av. J-C Belle Île est isolée par la montée des eaux.

* IV ème siècle : ap. J.C. l'itinéraire Antonin maritime mentionne Vindilis.

* 1004 : l'île de Guédel est donnée aux Bénédictins de Redon.

* 1029 : Belle Île est confiée aux Bénédictins de Quimperlé.

* 1549 : François de Rohan commence la construction d'un premier fortin.

* 1573-1658 : Marquisat des Gondi.

* 1617 : Le poète St Amant compose ses Solitudes à la cour des Gondi.

* 1658-1661 : Marquisat de Nicolas Fouquet.

* 1674 : Descente Hollandaise qui entraîne le déménagement du bourg de Palais.

* 1682 : 12 empoisonneuses sont enfermées dans la citadelle.

* 1683-1685-1689 : Vauban vient à Belle Île afin d'en améliorer l'état des défenses.

* 1718 : Rattachement de l'île au domaine Royal.

* 1720-1722 : Belle île est inféodée à la Compagnie des Indes.

* 1759 : Bataille des Cardinaux.

* 1761-1763 : Siège de la citadelle puis occupation Anglaise .

* 1765 : Installation de 78 familles Acadiennes.

* 1800 : Complot de Cadoudal pour s'emparer de Belle Île.

* 1802-1870 : Edification de l'enceinte urbaine de Palais.

* 1846 : Ouverture de la 1ère conserverie de sardines.

* 1850 : Incarcération de Barbès et Blanqui.

* 1886 : Séjour de Claude Monet à Kervilahouen.

* 1894 : Sarah Bernhardt découvre la pointe des Poulains.

* 1945 : 10 Mai libération de Belle Île.

* 1960 : 12 Août l'administration des domaines vend la Citadelle.

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