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(Bitche, chef lieu de Canton de la Moselle, 57 Lorraine.)
- Historique.
La 1ère mention du nom de Bitche se trouve dans une lettre datée du milieu de (XIIème siècle)
et dans laquelle le Duc de Lorraine Matthieu Ier demande au Comte de Sarrewerden de respecter les limites ainsi que les
habitants de sa Seigneurie. Dans cette lettre écrite en lettres Gothiques mais en Latin, les limites de cette seigneurie
sont parfaitement établies. Dès (1170), un "Bitis Castrum" apparaît dans un document où Frédéric Ier de Lorraine se dénomme
lui même "Dominus de Bites", Seigneur de Bitche. La tradition situe ce 1er château de Bitche, ou Altbitsch, sur le
Schlossberg au Nord du village de Lemberg, il donnera son nom à la Seigneurie puis à la ville de Bitche. Ce château
semble plutôt être un pavillon de chasse situé dans la proche forêt de Lemberg.
Sans pouvoir dater l'évênement, un autre pavillon est construit sur le Schlossberg à l'emplacement de
l'actuelle citadelle. L'intérêt stratégique de ce promontoire avec vision panoramique sur plusieurs vallées n'a pu
échapper aux Seigneurs de l’époque. Le second château fort est donc sans doute construit à la fin du (XIIIème siècle) par
le Comte Eberhard de Zweibrücken, décédé en (†1321), sur le rocher actuel de la ville de Bitche. Il est partiellement
détruit au début du (XVème siècle) pendant la guerre des Paysans.
- Bitche devient lorraine
Au (XIIIème siècle), la Seigneurie de Bitche étant le seul territoire du Duc de Lorraine à se trouver
dans le domaine linguistique Allemand et du fait du morcellement des possessions des Comtes de Deux Ponts, elle se trouve
géographiquement isolée. Le Comte Eberhard II de Deux Ponts propose alors un accord d'échange au Duc de Lorraine. Cette
transaction se fait par 2 traités, celui du 13 Mai (1297) et celui du 1er Juillet (1302). Le Comte Eberhard II de
Deux Ponts épouse en (1309) Agnès de Bitche, fille de Thiébaud II de Lorraine et prend le titre de Comte de Deux Ponts et Seigneur de Bitche et après l'avoir transformé, fait du château de Bitche sa résidence principale.
Jusqu’au début du (XVIème siècle), la Seigneurie de Bitche dépend en définitive du "St Empire Romain
Germanique". Lorsque Reinhard de Bitche meurt en (†1531), ses 2 fils se partagent son domaine. Mais bien vite, ils se
brouillent et se querellent si bien que le Duc de Lorraine commence à avoir des visées sur cette Seigneurie. En fin de
compte, Amélie de Bitche, fille de feu Simon Wecker et épouse de Philippe de Limange, vend la terre de Bitche au Duc de
Lorraine Charles II pour la somme de 50.000 écus. Il semble pourtant que les choses ne se passent pas très facilement
puisqu'en (1563), le Comte Jacques de Bitche rachète les maisons en bas du promontoire rocheux, les fait raser et fait
construire des remparts pour se protéger des Ducs de Lorraine auxquels il ne veut pas payer les aides. Jacques meurt
en sans laisser de descendants directs, il est le dernier Comte de Bitche Zweibrücken.
Il faut attendre la 2ème partie du (XVIIème siècle) pour se faire une idée du château et de son site.
Une vue cavalière, signée de la Poincte, fournit quelques détails intéressants. Cette vue ne correspond cependant pas tout
à fait à la réalité, le dessinateur s'étant laissé emporter par son imagination. La surface du plateau, en réalité
nettement plus étroite, sa longueur n'est que de 400 mètres et sa largeur moyenne de 33 mètres, est en effet augmentée
exagérément. Cette représentation nous donne toutefois une idée en ce qui concerne la répartition des bâtiments et le mur
d'enceinte, comportant une série de tours de flanquement.
- Bitche possession Française
En (1634), Richelieu, pour punir le nouveau propriétaire, Charles IV de Lorraine, décide de le
déposséder de ce qui lui reste encore. Le Maréchal d'Humières est chargé de prendre le château de Bitche qui se rend après
un siège de 10 jours. Les Français s'installent dans le pays et les malheurs continuent. Lorsque Louis XIV s'empare de
Bitche en (1680), le château des Comtes de Deux Ponts Bitche, restauré à plusieurs reprises, est en ruine. Durant l'hiver
(1673)-(1674), Turenne prend ses quartiers d'hiver dans le Palatinat et vient visiter Bitche. Impressionné par l'importance
stratégique du site, il finit par convaincre Louis XIV de fortifier ce point et en (1679), le Roi charge de ce travail
l'ingénieur Vauban, concepteur de la ligne défensive entourant le royaume. Les travaux ont lieu de (1683) à (1697) et coûtent
à la France 2.500.000 livres d'or, une somme énorme pour l'époque. Vauban fait découper le rocher en 3 parties bien
distinctes, séparées par 2 gorges profondes. Grâce à une série de bastions, à un réseau de souterrains, à un chemin
couvert, à des bâtiments militaires très modernes et à un armement puissant, la forteresse est considérée comme imprenable.
Bitche occupera alors dans le système des fortifications du Nord-Est du royaume une place essentielle,
mais qui ne durera que quelques années. En effet, la citadelle est totalement démantelée en (1698) par suite des clauses du
traité de Ryswick qui cède la ville de Bitche à Léopold Ier, Duc de Lorraine. Les nouvelles fortifications construites
avec tant de peine doivent être rasées et un régiment entier, originaire des Flandres, se charge de cette besogne de
l'automne (1697) à l'été (1698). En (1701) éclate la guerre de Succession d'Espagne et, une nouvelle fois, une garnison
Française vient occuper Bitche. Les soldats s'efforcent aussitôt à reconstruire les fortifications construites par Vauban
et rasées peu de temps avant. En (1735) et (1736) sont signés des accords spécifiant que le Duc de Lorraine François Stéphane
renonce aux Duchés de Bar et de Lorraine au profit du Roi de Pologne en exil Stanislas Leszczyński, dont la fille a épousé
le Roi de France Louis XV. Le Roi déchu vient donc s'installer à Lunéville et prend le titre de duc de Lorraine.
La situation avantageuse du site de Bitche n'échappe pas au Duc de Belle Isle, gouverneur des
3 Evêchés. Placé entre Landau et Sarrelouis, occupant le défilé des Vosges et commandant le carrefour où aboutissent
de nombreuses routes stratégiques, il se doit d'être fortifié. Belle Isle effectue de nombreux déplacements à Bitche et il
parvient à convaincre le ministre de la guerre de Louis XV de faire procéder dans un 1er temps à un rétablissement
provisoire du château, dès (1738). De nombreux mois sont nécessaires pour dégager les souterrains et pour trouver la
continuité de l'ancienne enceinte sur la berme, car les travaux de démolition effectués par les Français avant leur départ
ont été exécutés à la perfection. Le Roi s'était réservé le droit de refortifier les principales places fortes Lorraines,
grâce à la convention secrète de Meudon, signée en (1736).
La place forte de Bitche est donc intégrée au système défensif des frontières Françaises, sous la
direction du Maréchal de Bournay. Quand celui ci meurt en (†1740), il est remplacé par un homme providentiel pour la ville
de Bitche, le Comte de Bombelles. La décision officielle de reconstruire le château est prise. Celui ci se met à l'ouvrage
dès (1741) et lorsqu'en (1744), les mercenaires guerroyant pour l'Autriche s'approchent de Bitche, il sont repoussés. Les
travaux de fortification durent jusqu'en (1765), comme l'indique la plaque que Louis XV fait poser à l'entrée. Le tracé
de Vauban est respecté et renforcé par d'autres ouvrages. Les ingénieurs en chef, Desboz et de Chermont et par la suite
le Directeur des fortifications, Cormontaigne, conçoivent un château s'inspirant du tracé de Vauban, mais qu'ils peuvent
doter des dernières perfections, grâce à des fonds importants. Cormontaigne rénove les casernes, les bâtiments pour les
officiers du génie et le gouverneur, les magasins pour l'artillerie et la poudre, les corps de garde et la défense des
glacis. De (1755) à (1760) a lieu la construction de l'ouvrage avancé et en (1765) l'aménagement de l'esplanade au pied du
glacis. Les travaux engloutissent annuellement plus de 100.000 livres, somme considérable pour l'époque. Il est à noter
que cet ouvrage Français est entièrement financé par les Lorrains.
- Guerre de 1870
Partiellement détruite lors de l'avancée Prussienne en (1870)-(1871), la citadelle est modernisée par
les Allemands de (1871) à (1900), puis à nouveau endommagée en (1944)-(1945) par l'artillerie Américaine. Les faits les plus
victorieux pour les défenseurs de la citadelle sont l'attaque de (1793) et la guerre Franco Allemande de (1870). La
citadelle ainsi que les souterrains sont inscrits à l'inventaire des "Monuments Historiques" depuis (1979).
- Aujourd'hui
Le 23 Mai (2006), 3 cloches sont fondues à l'occasion de l'inauguration officielle du nouveau
parcours de visite, en présence de représentants politiques. Christiane Leroy, épouse du président du Conseil Régional, la
marraine et Gérard Mordillat, le réalisateur de la Forteresse assiégée, le parrain, ont coulé avec les ouvriers de
l'entreprise Strasbourgeoise Voegele le mélange de cuivre et d'étain. Le 25 Mai (2006), les fondeurs ont cassé les gangues
d'argile et de crottin de cheval pour révéler les 3 cloches. La plus lourde, pesant 63 kilos et frappée
aux armoiries de la ville et du commandant Teyssier, sonnera à la volée tandis que les 2 autres, pesant 40 et
20 kilos, rejoindront l'unique cloche d'époque pour sonner l'heure. Le carillon, quant à lui, ne fonctionnera qu'en (2007)
, date de la restauration de la chapelle de la citadelle.
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