- Reine de France "Si mort a mors"
(Née à Nantes le 25 Janvier (1477) - meurt le 9 Janvier (†1514) à Blois.)
On l'a surnommée
"la duchesse en sabots".
Le 26 Juin (1471), François, Duc de Bretagne, épouse Marguerite de Foix. Le 25 Janvier (1476), naîtra leur première fille, Anne. Elle grandit dans la Tour Neuve du château des Ducs de Bretagne à Nantes. Son éducation fut confiée à Françoise de Dinan, fort savante et versée dans les lettres et les arts.
Anne apprendra le français, le breton, le latin et le grec et même un peu d’hébreux. Elle chante, danse, joue de la musique, peint et brode. Ses contemporains la décrivent comme une enfant à l’esprit net, au sens droit, une Princesse accomplie, à l’intelligence ouverte, et qui est aussi très généreuse mais n’oublie ni les injustices, ni les offenses. Son enfance eut été des plus heureuses si le duché de Bretagne n’avait été menacé en permanence par le Royaume de France et son Roi, le fourbe et cruel Louis XI, aux exactions innombrables. Louis XI meurt en Août (1483) mais sa fille Anne de Beaujeu, Régente du Royaume, continue sa politique belliqueuse et, grâce à ses mercenaires, l’armée Royale infligera à l’armée ducale une sanglante défaite à Saint Aubin du Cormier le 28 Juillet (1488).
Anne
est formée dès son plus jeune âge aux affaires de
l'état. A la mort de son père François II Duc de
Bretagne, elle n'a que 12 ans mais déjà les
prétendants affluent. Entre temps, Anne aura été couronnée Duchesse de Bretagne en Février (1489) à Rennes, comme le veut la tradition. Et c’est le 19 Décembre (1490) qu’Anne épouse Maximilien par procuration à Rennes lors d’une cérémonie pour laquelle le Duc d’Autriche s’est fait représenter par Wolfgang de Polham, suivie d’une messe dans la cathédrale célébrée par Mgr Michel Guilbé.
Cette union mécontente
Charles VIII, déjà lié par un mariage blanc avec
Marguerite d'Autriche, car la France se retrouverait cernée
à l'Est et à l'Ouest par une telle alliance. Le chef de guerre Poitevin La Trémoille au nom du nouveau Roi de France, Charles VIII met le siège devant Rennes, avec ses soudards en octobre (1491). Mais Rennes, ou s'est réfugiée Anne, résiste. Le roi y vient en personne et propose à Anne de l’épouser. Les bretons
supplie la Duchesse de rompre avec Maximilien et de consentir à
l'union avec Charles VIII, Roi des français. Elle rencontre le
Roi, à la surprise de tous, ils sympathisent. Ils se fiancent
à Rennes, Rome consent à les libérer de leurs
engagements. Les noces sont célébrées à
Langeais au Château Royal, loin de la Bretagne et dans un quasi secret, le 6 Décembre (1491). Entouré d’un fort parfum de rapt ce qui amènera le pape Alexandre VI à n’accorder sa dispense qu’après une déclaration solennelle d’Anne affirmant qu’elle n’avait été l’objet d’aucune violence.
Afin
de régler la question des droits de chacun à la
succession de Bretagne, on avait opté pour la formule de
l'abandon mutuel au profit du dernier survivant si l'union des
époux demeurait stérile. Au cas où le Roi
décéderait avant sa femme, celle ci redeviendrait
automatiquement duchesse de Bretagne mais devait s'engager, soit
à ne jamais se remarier, soit à épouser le futur
roi de France ou, à défaut, le premier dans l'ordre de
succession au trône. Quelles que fussent les circonstances, la
Bretagne se trouvait donc condamnée, de toute façon, au
rattachement à la France.
Elle
donne naissance au dauphin Charles Orland qui décéda de
la variole à l'âge de trois ans. Elle eut trois autres
enfants, morts en bas âge ou à la naissance.
Le roi Charles VIII meurt d'un stupide accident en (†1498), il se cogne
le front contre un linteau d'une porte basse, dans un couloir du
château d'Amboise. Anne profite de ce deuil pour frapper sa
monnaie, rétablir la chancellerie et réunir ses
états, elle reprend avec énergie les rênes de son
duché.
Louis
d'Orléans, devenu Louis XII, propose un nouveau mariage à
Anne de Bretagne. C'est une souveraine indépendante qui accepte
librement de se donner au Roi de France sans pour autant avoir
l'intention d'aliéner sa patrie. Le mariage a lieu à
Nantes, le 8 Janvier (1499), il sera suivi de la naissance d'une fille,
Claude, en Octobre de la même année, puis de Renée,
en (1510).
En
(1504), Anne réussit à faire signer le traité de
Blois qui stipule le mariage de la princesse Claude et de Charles de
Luxembourg, futur Charles Quint, elle considérait que
l'indépendance de la Bretagne serait mieux sauvegardée
par un mariage autrichien que par un français. Suite à
une grave maladie, Louis rédige un testament où il rompt
les fiançailles de Claude et Charles et ordonne un mariage aussi
rapide que possible avec François d'Angoulême, futur
François Ier. Les efforts d'Anne pour garder
l'indépendance de son duché échouent une nouvelle
fois. La seule possibilité de sauver la Bretagne est de marier
rapidement Renée et lui donner la Bretagne en dot, mais la
maladie ne lui laisse pas le temps de terminer les entretiens en ce
sens.
François Ier, qui veut en finir avec cette situation instable,
obtient la réunion de la France et de la Bretagne le 4
Août (1532).
Anne
meurt à Blois le 9 Janvier (†1514). Reine de France, Anne de
Bretagne a des funérailles dignes de son rang.
Le convoi funèbre arrive à Paris le 12 Février
au soir. Le 15 Février dans la matinée, une messe est
dite en la cathédrale Notre Dame. Le lendemain, le cercueil
d'Anne rejoint la basilique de Saint Denis, où celui de Louis
XII la retrouvera un peu plus tard. Son coeur sera
transféré dans la capitale du Duché de Bretagne.
Placé dans un réceptacle d'or fin qui en épouse
étroitement les contours. Transporté de Blois à
Nantes par la garde personnelle de la Duchesse. Autour de la couronne
de fleurs de lys et de feuilles de trèfle entrelacées au
sommet de ce vaisseau d'or, figurait en lettre émaillées
de rouge, "Coeur de vertus orne dignement couronne".
Le convoi arrive à Nantes le 13 Mars. Le coeur de la Duchesse
et Reine est déposé par le Chancelier entre les cercueils
de François II et de Marguerite de Foix, les parents d'Anne,
dans le magnifique tombeau qu'elle avait fait ériger pour eux
dans la crypte. Ce coeur en or, hélas vide, se trouve aujourd’hui au musée Dobrée de Nantes qui l’a prêté au musée du château des ducs de Bretagne.
Le blason des ducs de Bretagne était
d'hermines plein, et portait la devise "Potius mori quam foedari",
ce qui signifie "Plutôt mourir qu'être souillé". On
raconte qu'un jour en chassant, Anne vit une hermine qui
préféra la mort face aux chasseurs plutôt que de
salir son pelage en traversant une mare de boue. Émue, la
duchesse lui laissa la vie sauve, et en souvenir de cet incident elle
adopta la queue d'hermine comme symbole.
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