Jean Nicolas Barras

-Paul François Jean Nicolas
Vicomte de Barras

Paul François Jean Nicolas Vicomte de Barras, né le 30 Juin (1755) à Fox-Amphoux, Provence, aujourd'hui Var, et mort le 29 Janvier (†1829) à Paris, Général de Brigade et homme Politique Français de la Révolution et de l’Empire. Années de service (1771)(1795) Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Député à la Convention pendant la Révolution Française, il vota la mort de Louis XVI. Il apparaît comme l’un des hommes-clés de la transition vers le Directoire, dont il devient l'un des principaux Directeurs à partir du 31 Octobre (1795), et jusqu'au coup d'Etat du 18 Brumaire An (VIII) 9 Novembre (1799)). Né dans une famille de vieille Noblesse Provençale, il est le fils d'un Capitaine d'Infanterie de l'Ancien Régime, cousin de Jacques-Melchior de Barras de Saint-Laurent. Il entre dans l’armée à l’âge de 16 ans en (1771). Il sert aux colonies, Isle de France, et prend part à des actions militaires aux Indes sous M. de Bellecombe et le Bailly de Suffren. Il concourt en Inde à la défense de Pondichéry contre les Anglais en (1778). Fait prisonnier, une fois libéré rentre en France en (1780) sur le Sartine qui s'échoue à l'entrée du port de Marseille. Lors de son 2ème engagement il se trouve a bord de l'Actif de l'escadre de Suffren. Rentre définitivement en France en (1783) à bord de la Julie bien-aimée. En (1786) il met fin à sa carrière, en donnant sa démission au Maréchal de Castries, Ministre de la Marine sous prétexte de maladie. Il se retire avec le grade de Lieutenant sa promotion ayant été refusée, et vient à Paris.

Nommé Représentant en mission, il est chargé de réprimer l'insurrection Royaliste à Marseille puis à Toulon. Après la soumission de la ville de Marseille, il organise le siège de Toulon et la reprise de la ville, qui sera réalisée le 19 Décembre (1793). Il est promu Général de Brigade le 1er Août (1795). De (1783) à (1789), il se trouve fort dépourvu et désœuvré à Paris. On l’a accusé d’avoir fréquenté les maisons de jeux qui pullulaient à l’époque. Bel homme, il fréquente les femmes les plus spirituelles de l’époque, en particulier la cantatrice Sophie Arnould. C’est par hasard qu’il assiste à la prise de la Bastille le 14 Juillet (1789). Jusqu’alors, le Vicomte de Barras n’a pas d’idées politiques bien arrêtées. Il rencontrait Mirabeau chez Sophie Arnould. Peut-être est-ce cette rencontre qui l’incite à adhérer à la Franc-Maçonnerie, puis au club des Jacobins et à se lancer dans la politique comme Républicain. Il se présente à la législative, et est élu délégué du Var, parmi 554 autres délégués. Il n’est pas élu Député, mais membre de la Haute-Cour d'Orléans. Celle-ci devant être dissoute, il rentre à Paris, et est nommé Commissaire près de l’armée d'Italie.

- Sous la Convention

Elu Député suppléant du Var à la Convention en (1792), il siège avec les Montagnards et vote la mort du Roi Louis XVI. Après la mort de ce dernier, la Convention, attaquée de toutes parts, nomme des représentants délégués dans les provinces et aux armées. Il part en mission dans les Basses et les Hautes-Alpes, puis une nouvelle fois à l’armée d’Italie. Face à l’insurrection qui se forme à Toulon, puis à Marseille, il fait preuve d’initiative et de courage et, persuadé de la trahison du Général Brunet, il le fait arrêter au milieu de son armée. C’est là qu’il reçoit l’ordre de reprendre Toulon qui, insurgée sous l’action du parti Royaliste, a ouvert le port aux flottes ennemies, Britannique et Espagnole, et livré une partie de la flotte aux Britanniques. Craignant un débordement des ennemis, Barras confie à un jeune Capitaine d’artillerie, Bonaparte, la défense des côtes de Provence. Bonaparte, écrit Barras dans ses mémoires, faisait preuve alors de beaucoup d’activisme, et n’hésitait pas à se dire Ultra-Montagnard. Barras lui accorde sa bienveillance et sa protection, mais ne lui attribue qu’un rôle secondaire dans la prise de Toulon "Le meneur de la prise est le Général Dugommier". Pourtant, après le siège de Toulon, Bonaparte est nommé Général de Brigade, avec ordre de se joindre à l’armée d’Italie. Il charge et couvre Fréron qui exerce une répression sanglante sur la population Toulonnaise, fusillade de masse, fosses communes sur le champ de Mars à l'entrée de la ville, débaptisée et appelée Port-la-Montagne. Il rappelle Bonaparte plus tard, le 13 Vendémiaire an (IV) 5 Octobre (1795), lors de l’insurrection Royaliste qui menace la Convention.

- Sous la Terreur

De retour à Paris, il est acclamé à la Convention et félicité pour avoir bien mérité de la Nation. Par contre, l’accueil du Comité de Salut Public est glacial. Eloigné de Paris depuis un certain temps, il est surpris de voir la Terreur atteindre un tel paroxysme. Bientôt on l’accuse. Il est dénoncé pour avoir destitué le Tribunal Révolutionnaire de Marseille. Ulcéré, il se bat et obtient gain de cause à la Convention et au club des Jacobins. Quelque temps plus tard, c’est en vain qu’il se rend avec Danton et Laignelot, Danton avait été accusé de pillage lors d’une mission en Belgique chez Robespierre. Le 11 Germinal an (II)< 31 Mars (1794), Danton est arrêté. Il participe à la chute de Robespierre, le 9 Thermidor 27 Juillet (1794). Commandant de la force armée de Paris, il s’empare de la personne de Robespierre.

- Sous le Directoire

Un peu plus tard il est nommé membre du Comité de Sûreté Générale Décembre (1794) puis Président de la Convention Thermidorienne Février (1795). Il est chargé de défendre la Convention contre les Insurgés. Son rôle dans la journée du 13 Vendémiaire an (IV) 5 Octobre (1795) est capital. Secondé par le Général Bonaparte, il disperse l’insurrection par la mitraille. Il est élu au Directoire dès sa création le 31 Octobre (1795). Il joue un rôle-clé sans discontinuer pendant 4 ans, incarnant une gauche Thermidorienne, mais ferme face aux menées Royalistes. Il forme avec Reubell et La Réveillère une sorte de Triumvirat. Pour assurer leur puissance, ces 3 directeurs organisent le coup d'Etat du 18 Fructidor an (V) 4 Septembre (1797) et proscrivent 2 de leurs collègues, Barthélemy et Lazare Carnot, le Président du Conseil des Anciens André-Daniel Laffon de Ladebat ainsi qu’un grand nombre de membres des 2 Conseils, accusés de tendances Royalistes comme les Députés Jean-Charles Pichegru, Willot ou encore Viénot-Vaublanc. Il participe aussi au coup d'Etat du 22 Floréal an (VI) 11 Mai (1798). Peut-être a-t-il entamé en (1799) une négociation avec les Bourbons en vue d’une restauration de Louis XVIII, mais il est devancé par le coup d'État du 18 Brumaire.

- Le 18 Brumaire et l’exil

A son retour d’Egypte, Bonaparte et Sieyès renversent le Directoire et à la suite du Coup d'Etat du 18 brumaire, Barras démissionne. D’abord relégué dans son domaine de Grosbois, il est contraint à l’exil à Bruxelles. Il revient ensuite en Provence, avant un nouvel exil à Rome. Il meurt oublié le 29 Janvier (†1829), accablé d’infirmités, à Chaillot, près de Paris, où sous la Restauration il est autorisé bien que Régicide et Patriote, à rentrer après la chute de l'Empire Cela s'explique par le fait qu'il était un des rares Régicides à n'avoir pas adhéré pendant les Cent-Jours à l'Acte Additionnel aux Constitutions de l'Empire. Il est inhumé dans la 28ème division du cimetière du Père Lachaise à Paris. Les papiers personnels de Paul Barras sont conservés aux Archives Nationales.

Avec sa vie accidentée et sa personnalité provençale haute en couleurs, le personnage de Paul Barras se prête aux anecdotes et aux légendes. C’est lui qui fait épouser Joséphine de Beauharnais, dont il sera le témoin, et Napoléon Bonaparte. Devenu Empereur, Napoléon Ier l’exile à Rome en (1810) puis le fait interner à Montpellier. Pour la petite histoire, Barras était connu dans les salons parisiens pour aimer s’entourer de femmes belles et spirituelles. Il est en particulier le grand ami de Thérésa Cabarrus, surnommée "Notre-Dame de Thermidor", parce qu’elle avait poussé son amant d’alors, le conventionnel Tallien, à renverser Robespierre. Elle lui tint lieu d’épouse et recevait pour lui, si bien qu’on la surnomma cette fois "la reine du Directoire". Il avait épousé, en (1791), une jeune fille de son pays, qui demeura sa vie durant à Fox-Amphoux et ne le rejoignit à Paris que peu avant sa mort.

- Remarques

Pendant la période Révolutionnaire, un certain nombre de communes ont changé de nom. La commune de Saint-Maximin (Var) a ainsi pris le nom de Marathon. Celle de Saint-Raphaël (Var), voisine, a décidé de s’appeler Barrathon, en arguant que si leurs voisins rendaient hommage à Marat (Marat-thon), eux rendaient hommage à Barras (Barras-thon). Le Directoire et son Gouvernement sont une période mal aimée de l'histoire de la Révolution, certains historiens estiment même que la Révolution s'est achevée le 10 Thermidor an (II). Paul Barras pâtit du même discrédit, entretenu par la mythologie Napoléonienne. Pourtant, comme le soulignent notamment les historiens Jean Tulard et George Lefebvre, de nombreuses réformes attribuées au Consulat et à l'Empire ont été préparées et élaborées par le Directoire. Une facette méconnue de Barras a été mise en lumière récemment par un chercheur, à 2 reprises en (1796) et (1797), Barras chargea son ami, le prospère entrepreneur Christophe Potter, d’une négociation secrète auprès de l’Angleterre. Il s’agissait d’une proposition visant à rétablir la Monarchie Française en échange d’une forte somme, 15 millions de Francs. A cet effet, Potter rencontra le Ministre Anglais, James Harris, 1er Comte de Malmesbury, qui ne prit pas sa proposition au sérieux. Ce Lord Anglais et le Comte Vincent-Marie de Vaublanc, parent par alliance de Potter, ont attesté tout deux de ce fait, dans leurs mémoires "Cf.Valfré Patrice, Christopher Potter, le potier révolutionnaire, et ses manufactures de Paris, Chantilly, Montereau, Bagneaux sur Loing, (2012), p. 143 à 145."

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