- Le Fondateur du Monachisme Bénédictin

(Naissance vers (750), Mort vers (†821)

Au milieu du (VIIIème siècle), tous les monastères ne suivent pas la même règle. Charlemagne, par nature, se méfie des hommes qui vivent à part et s'isolent du monde, même si c'est pour mener une vie Sainte. Il veut des familles monastiques stables dirigées par un Abbé de valeur, s'adonnant au travail manuel et intellectuel et surtout à la liturgie, car il compte sur les prières que les moines adressent à Dieu pour le succès de ses entreprises. Les capitulaires et les canons des conciles rappellent continuellement les principes du Monachisme : observance des voeux, chasteté, pauvreté, intervention des Evêques dans les monastères, interdiction de toute activité extérieure, etc. A la fin de son règne, Charlemagne se rendit compte que le meilleur moyen de réformer les monastères était d'imposer partout la règle qui lui paraissait excellente, celle de saint Benoît. En (813), il demande à l'abbé du Mont-Cassin de lui envoyer une copie de la règle, et il fit diffuser partout ce texte. Il est certain que l'Empereur connaissait alors l'activité de celui qui allait devenir le second fondateur du monachisme bénédictin, Benoît d'Aniane.

- Benoît d'Aniane

Ou St Benoît d'Aniane, est un moine bénédictin dont l'oeuvre de réforme du monachisme est essentielle dans l'essor de l'ordre Bénédictin en Europe. A l'origine, Benoît s'appelait Witiza, fils d'un aristocrate languedocien Wisigoth, Aigulphe, comte de Maguelonne. Son éducation est faite à la cour de Pépin le Bref, où il devient échanson de la Reine, puis à celle de Charlemagne. Quelques années plus tard, vers (773), il participe avec Charlemagne à l'expédition contre les Lombards en Italie. Il est destiné à une brillante carrière militaire. Cependant, en (774), à la suite d'un événement dramatique en voulant sauver son frère d'une noyade, il fait profession monastique dans un monastère à Saint-Seine près de Dijon, préférant la bure à la cote de maille. Là, il étudie les nombreuses règles en usage, règles de saint Pacôme et de St Basile mais aussi la règle de Saint Colomban. Élu abbé de ce monastère, il s'inspire des Pères orientaux et des Irlandais et applique une ascèse très rigoureuse. Pourtant malgré ses efforts il n'arrive pas à ramener ses frères à un mode vie plus stricte, qu'il trouve beaucoup trop relâché.

Il s'en alla dans le Languedoc, son pays natal, à Aniane prés de Montpellier. vers (779), et s'établit comme ermite près du ruisseau d'Aniane, affluent de l'Hérault. Il mène alors une vie d'anachorète, iI y acquit une réputation de sainteté qui attira près de lui de nombreux disciples. Il fonde une Abbaye en (782), sur les bords de l'Aniane, en Languedoc, avec des disciples, et choisit comme modèle le Cénobitisme. L'Abbaye d'Aniane connut grâce à son abbé, un succès et un essor considérable. Il obtint de Charlemagne des lettres d'immunités et la reconnaissance de la liberté d'élection de l'Abbé. Le développement est toutefois freiné par la rigueur exigée. Benoît se tourne alors vers la règle de St Benoît de Nursie, qu'il veut faire appliquer au sens strict. Il modifia et compléta cette règle avec celle de Colomban. Il rédigea la "Concorde des Règles", s'appuyant sur ses commentaires de la règle de St Benoît de Nursie. Plus de 300 moines formés dans ce monastère s'éparpillèrent dans tout l'empire pour répandre la règle Bénédictine, réformer les anciennes Abbayes et en fonder de nouvelles.

- Benoit et Louis le Pieux

En (792), l'Abbaye devient Royale, et par conséquent un centre de rayonnement d'où Benoît cherche à imposer le Bénédictisme en Aquitaine. Le Languedoc, l'Auvergne, la Bourgogne vont s'y adapter. Fort de l'appui de Louis, Roi d'Aquitaine, de l'amitié d'Alcuin, abbé de St Martin de Tours, et l'évêque d'Orléans, Benoît réforma plus de 20 monastères en Aquitaine et ailleurs, dont principalement Gellone, St Savin et Massay. Le sud de la Loire va aussi progressivement profiter peu à peu de cette réforme. Il composa alors la "Concordia regularum", commentaire de la règle de St Benoît de Nursie, avec citations extraites des règles de Basile, de Pachôme, et de Colomban de Bobbio. Lorsque Louis devient empereur en (814), il appelle auprès de lui Benoît d'Aniane, et l'installe dans le Monastère d'Inden, actuellement Cornelimünster, à 6 kilomètres d'Aix la Chapelle.

Louis le mit à la tête de tous les moines de son Empire pour que, de la même manière qu’il avait instruit l'Aquitaine et la Gothie de la règle de salut, de même il réforme la Francie par l'exemple salutaire. C'est alors que l'empereur et l'abbé préparent 3 Synodes traitant de la réforme du Monachisme de (816) à (819). Ils imposent la règle de St Benoît, la libre élection de l'Abbé. Des "missi monastici" veillent à l'application des décisions. Benoît veut intégrer l'Abbaye dans les institutions de l'Empire, tout comme Louis Le Pieux. L'Abbé devient un véritable Chef de Communauté. Les documents portent sur les Chanoines, Moniales et les Moines. En (817), l'empereur réunit à Aix les abbés de tout l'Empire dans une sorte de Chapitre Général et fait approuver le "Capitulare Monasticum" préparé par Benoît, ce texte de 83 articles codifie l'usage des Coutumes Monastiques selon l'esprit de la règle Bénédictine. Des "Missi" sont envoyés partout pour faire appliquer la réforme.

Sans entrer dans les débats suscités par ce nouveau capitulaire, reconnaissons que tout en restant fidèle à l'esprit de la règle Bénédictine, Benoît d'Aniane apporte quelques innovations qui ont été reprises dans le Monachisme Médiéval, il augmente l'importance de l'office, ajoute des prières, donne au chapitre un droit de regard sur les charges de l'Abbé, institue un contrôle plus strict sur la vie des moines, réserve l'école aux seuls futurs moines et même institue dans chaque monastère une prison. Par la suite, on a pu reprocher à Benoît un désir de centralisation contraire à l'esprit d'autonomie des monastères. En cela, la réforme de Benoît est conforme à l'effort entrepris par les Rois Carolingiens. On a dit avec raison que Benoît d'Aniane avait préparé l'oeuvre de Cluny.

Jusqu'à la fin de sa vie (821), Benoît poursuit l'application de sa réforme. Chaque monastère doit envoyer à Inden un ou 2 moines afin qu'ils puissent étudier la vie de ce Monastère modèle et qu'ils puissent la faire connaître à leur retour. Benoît aurait voulu la libre élection des Abbés dans les Monastères Royaux, mais ceci fut difficile à obtenir.

L'oeuvre de Benoît n'est pas seulement une oeuvre d'unification. Il lutte contre l'adoptianisme, diffuse la liturgie Romano-Franque, et l'écriture minuscule. Les changements apportés se diffusent très vite en Saxe et Italie dés (820)-(830). Le Bénédictisme va s'imposer en Europe, pour finir par créer Cluny. Toutefois, dans cette règle unique vont se créer des traditions propres à chaque Abbaye.

* Le délitement du pouvoir Impérial au cours du (IXème siècle), à la fois par la montée en puissance des pouvoirs féodaux.
* Le chaos résultant des ravages causés par les Sarrasins et autres Normands.
* L'arrêt brutal des mesures de centralisation et de surveillance, qui avaient été concentrées entre les mains de Benoît et qui cessèrent après sa mort. Le Monachisme retomba donc pour beaucoup dans l'individualisme des couvents, à l'exception de ceux qui avaient été fondés ou réformés par Benoît lui-même.
* De nombreux monastères refusèrent d'adopter la règle Bénédictine et certaines d'ente-elles se transformèrent en communautés Canoniales, de Chanoines, et d'autres ne seront pas réformées avant le (Xème et même le XIème siècles), moment où la réforme de "Witiza" commencera de s'inscrire dans la durée. Le culte de St Benoît lui même n'est pas, hors de Fleury, spécialement important, les moines étant attachés au Saint lié à leur propre sanctuaire, sur la base duquel s'est souvent érigé leur couvent.

Haut de page