J.J. Régis Cambacérès

-Jean Jacques Régis de Cambacérès

Jean-Jacques Régis de Cambacérès, Duc de Parme, Deuxième Consul, puis Archichancelier de l'Empire, est un Jurisconsulte et un homme politique Français, né le 18 Octobre (1753) à Montpellier et mort le 8 Mars (†1824) à Paris, dans une famille de Magistrats appartenant à la vieille Noblesse de Robe de la ville, il fit ses études de droit à la faculté de Montpellier. Lorsque son père, Jean Antoine de Cambacérès, Maire de Montpellier, connut des difficultés financières, il fut mis au ban de la société, ce qui marqua fortement Jean-Jacques Régis. Ses frères sont Etienne Hubert de Cambacérès qui sera Archevêque de Rouen, Cardinal et Sénateur et Jean Pierre Hugues Cambacérès, Général. Fils du précédent, son neveu, Marie Jean Pierre Hubert de Cambacérès, connu sous le nom de Duc de Cambacérès, est Pair de France sous Louis-Philippe, puis Sénateur et Grand Maître des cérémonies sous Napoléon III. Reçu Avocat en (1771), il renonce à sa charge afin de protester contre la "réforme Maupeou", puis il succède à son père dans la charge de Conseiller à la Cour des Comptes, Aides et Finances, de Montpellier en (1774). Il devient Pénitent Blanc de Montpellier, en compagnie de son frère Etienne Hubert, en (1763). Il reste toute sa vie attaché à cette Confrérie dont il est Prieur en (1790) et à qui il fait un legs important à sa mort.


- Sous la Révolution

Dès (1789), il participe activement à la Révolution Française, au Conseil Municipal de Montpellier, puis comme Procureur Syndic du district et Président du Tribunal Criminel de l'Hérault. En (1792), il est élu Député de l'Hérault à la Convention Nationale. Pendant le procès de Louis XVI, il proteste que la Convention n’avait pas le pouvoir de siéger comme tribunal et exige que le Roi disposât des moyens nécessaires pour sa défense. Il ne vote pas la mort, mais demande que Louis soit gardé en otage jusqu'à la paix, et qu'en cas d'invasion du territoire, il soit exécuté. Entré au Comité de Sûreté Générale, il vote l'arrestation des Girondins en Juin (1793). Il est chargé en (1793), avec Merlin de Douai, de la classification des lois et de leur réunion en un seul corps. Il rédige de nombreuses Lois, dont la Loi des Suspects, et fut chargé de coordonner la rédaction du Code Civil des Français par les Montagnards. deux premiers projets sont présentés en (1793) et (1794). Le premier est rejeté car trop long et pas assez Révolutionnaire. Le second suit le même sort : trop court. Un troisième projet échoue encore en (1796), victime également des luttes politiques. La version définitive n'aboutit qu'en (1804). Il devient, en (1794), Président de la Convention, puis préside le Comité de Salut Public. En Janvier (1791), Cambacérès se porte acquéreur du domaine de Saint-Drézéry, alors propriété du Chapitre de la Cathédrale de Montpellier et vendu comme bien National par la Municipalité. Alors Vice-Président du Conseil Municipal, Cambacérès se sert d'un prête-nom pour acheter le domaine qu'il légue à sa mort à la Cathédrale de Montpellier.

- Sous le Directoire

Il est élu au Conseil des Cinq-Cents en (1795). Puis en Septembre sa candidature au poste de Directeur est refusée par l'Assemblée qui lui prête des sentiments Monarchistes. Il exerce des fonctions diplomatiques et négocie la paix avec l'Espagne. Le 22 Octobre (1796), il est élu au poste de Président du Conseil des Cinq-Cents, il prépare un troisième projet de "Code civil", toujours sans suite. Il n'est pas réélu en tant que Diplomate en (1797) et, en (1798), son élection est annulée. Le 20 Juillet (1799), il devient Ministre de la Justice, poste qui lui permet d'appuyer le coup d'Etat du 18 Brumaire 9 Novembre.

-Sous le Consulat
et sous l'Empire

Le 11 Nivôse an (VIII) 1er Janvier (1800), il est nommé Deuxième Consul, en remplacement de Sieyès, qui était auparavant Consul Provisoire. En (1801), il est l'un des Fondateurs de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, avec Jean-Antoine Chaptal et Benjamin Delessert. En (1803), il est nommé Membre de l'Académie Française, dont il sera radié en (1816). Il est nommé Prince-Archichancelier lors de la proclamation du Premier Empire en (1804). Lors des nombreux déplacements de l'Empereur sur les théâtres des opérations Militaires, il assure la Présidence du Sénat et du Conseil d'Etat, ainsi que la Direction de l'Administration. Nommé Prince de l'Empire et Duc de Parme le 24 Avril (1808), il accumule une Fortune Considérable et sa table est renommée pour ses fastes. Il participe à la renaissance de la Franc-Maçonnerie Française et prend la direction de toutes les Obédiences. Ainsi, le 13 Août (1806) il est installé Chef Suprême du Rite Français, il est Grand Maître du Grand Orient de France de (1806) à (1814). On lui prête le mot : "En public appelez-moi : Votre Altesse Sérénissime", en privé "Monseigneur suffira". En (1814), il est, sans le titre, le véritable Régent de France, ce qui ne l'empêche pas de voter au Sénat la déposition de Napoléon Ier. Il eut la part principale dans la rédaction du Code Civil Français et sut mettre à profit les travaux des grands Jurisconsultes des siècles précédents, surtout ceux de Portalis ; c'est lui qui est l'auteur du "Discours préliminaire du Projet de code civil". Le 30 Ventôse an (XII) 21 Mars (1804), grâce à la stabilisation politique apportée par le Consulat, le "Code Civil" est enfin promulgué.

- Sous la 1ère Restauration
les Cent-Jours et la
2ème Restauration

Retiré de la vie Politique lors du retour de la Royauté, en (1814), il reprend du service pendant les Cent-Jours. Réintégré dans toutes ses dignités au retour de l'île d'Elbe, il est nommé le 2 Juin (1815) Pair de France, Président de la Chambre Haute et, par intérim, Ministre de la Justice, dont les fonctions sont exercées par M. Boulay de la Meurthe, Conseiller d'État. Après la chute définitive de Napoléon il s'exila à Bruxelles d'un commun accord avec le gouvernement de Louis XVIII. Ayant perdu son titre de Duc de Parme, il prend celui de Duc de Cambacérès, titre qui sera confirmé à sa famille en (1857) sous le Second Empire. Il se réfugie alors dans la piété et Louis-Désiré Véron écrit de lui :
    "Quand je dis Cambacérès, il faut vous figurer un vieillard respectable, en perruque et en habit marron, allant tous les matins à Sainte-Gudule, notre cathédrale, près de laquelle il était logé ; un domestique le suivait portant un gros livre d'heures. Là, Cambacérès s'agenouillait sur la terre nue, entendait la messe et restait plongé dans de longues méditations : Quantum mutatus ab illo".
    Il est autorisé à rentrer en France en (1818), mais ne jouera plus aucun rôle politique, et il meurt à Paris en (†1824). Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

- Homosexualité

L'hypothèse de son Homosexualité et de son attirance pour les jeunes garçons repose sur des anecdotes et des allusions satiriques; ainsi, on rapporte qu'alors que Cambacérès arrivait en retard, disant à l’Empereur qu'il avait été retenu par des dames, Napoléon aurait eu ce bon mot :
    "Quand on a rendez-vous avec l'Empereur, on dit à ces dames de prendre leurs cannes et leurs chapeaux et de foutre le camp".
    On cite aussi l'anecdote selon laquelle Talleyrand, voyant passer les trois Consuls Bonaparte, Cambacérès et Lebrun, les nomma :
    "hic, haec, hoc, en latin : celui-ci, celle-là, ça",
    faisant référence à l'Homosexualité de Cambacérès et à l'insignifiance de Lebrun. Dans une pièce satirique parue en (1815), Cambacérès ne reconnait pas un jeune homme.
    "Allons, dit Napoléon à ce dernier, retournez-vous, que son altesse sérénissime vous reconnaisse."
    Selon Frédéric Martel, il avait reçu le sobriquet de Tante Turlurette. Pour des biographes comme Chatel de Brancion, cette réputation serait due à ses nombreux ennemis politiques qui avaient trouvé ce moyen pour l'atteindre à partir de sa situation de célibataire.

- Distinctions
* Grand Aigle de la Légion d'Honneur.
* Grand Dignitaire de l'Ordre de la Couronne de Fer 3 Août (1813).
* Grand Commandeur de l'Ordre Royal de Westphalie, Royaume de Westphalie.
* Grand Croix de l'Ordre de Saint-Étienne de Hongrie.
* Chevalier de l'Ordre de l'Aigle Noir.
* Un écrin contenant 41 de ses décorations est conservé au musée de la Légion d'Honneur.

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