Georges Jacques Danton

- Georges Jacques Danton

Georges Danton né le 26 Octobre 1759, Arcis-sur-Aube, et mort guillotiné le 5 Avril 1794, 16 Germinal an II à Paris. Fils d'un procureur d'Arcis-sur-Aube, et sa seconde épouse, Jeanne-Madeleine Camut en Champagne, il est baptisé le même jour en l'église Saint-Étienne d'Arcis-sur-Aube.

Danton, au café du Parnasse, qu’il fréquente, il rencontre sa future femme, Antoinette Gabrielle Charpentier, fille du propriétaire, jeune, jolie et de manières douces. Il se marie le 14 Juin 1787 en l'église Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris, le couple s’installe au n°20 de la cour du Commerce, dans un grand appartement de 6six pièces au 1er étage.

Avec la dot de 20 000 livres qu’elle lui apporte et des prêts cautionnés par sa famille d’Arcis, il peut acheter en 1787 la charge d'avocat au Conseils du Roi de Me Huet de Paisy pour la somme de 78.000 livres, somme qu'il payera en plusieurs fois, la dernière échéance le 3 Décembre 1789 grâce notamment à l’argent du Roi Louis XVI ou celui de son cousin le Duc d'Orléans. L’Etat actuel de Paris de 1788 indique au n°1 de cette cour : Cabinet de M. d'Anton, avocat ès conseils. Sa laideur et sa vigueur, sa vénalité aussi, le font surnommer le "Mirabeau de la Canaille". En avril 1790, il fonde dans l'ancien couvent des Cordeliers, à Paris, la "Société des amis des Droits de l'Homme et du Citoyen", plus connue sous le nom de "Club des Cordeliers".

La Révolution

Avocat modeste et inconnu à la veille de la Révolution, la chute de la Monarchie, du 10 Août (1792) le hisse à des Responsabilités qui en font un des Chefs de la Révolution. Il participe aux élections du Tiers Etat aux Etats Généraux de (1789) 412 votants dans le district des Cordeliers; 11.706 pour Paris qui compte environ 650.000 habitants et doit élire 40 députés. Il est élu et réélu Président, puis Assemblée de Section qui se réunit au café Procope, créé en Avril (1790) dans l’ancien Couvent des Cordeliers, avant de s’inscrire au club des Jacobins.

Danton, comme Mirabeau, est une, "gueule", un personnage théâtral, "figure, repoussante et atroce, avec un air de grande jovialité" selon Mme Roland qui le Hait. On sait que Danton a touché de l’argent de la Cour selon le plan de Corruption, proposé à Louis XVI par Mirabeau. Avec cet argent il a remboursé les emprunts faits pour acquérir son office d’Avocat et acheté des biens Nationaux à Arcis-sur-Aube. Il s’insurge en Janvier 90 pour soustraire Marat aux poursuites Judiciaires. Si Danton ne participe pas directement aux Grandes Journées Révolutionnaires 14 Juillet, 6 Octobre, 20 Juin, 10 Août il les arrange, les prépare. Le 13 Juillet, il harangue les troupes Cordelières. Le 16 Juillet (1791) dans l’après-midi, la veille de la Fusillade du Champ de Mars, il va lire la Pétition des Jacobins au Champ de Mars sur l’Autel de la Patrie. Mais le 17, il est absent lorsque la garde Nationale commandée par La Fayette tire sur les Pétitionnaires, faisant une cinquantaine de victimes. Des mesures répressives contre les chefs des sociétés populaires suit cette journée Dramatique, l’obligeant à se réfugier à Arcis-sur-Aube, puis en Angleterre.

Après l'amnistie votée à l'Assemblée le 13 Septembre, il revient à Paris. En Décembre (1791), lors du renouvellement de la Municipalité, il est élu 2ème Substitut adjoint du Procureur de la Commune Manuel. A la veille de la Chute de la Monarchie, journée du 10 Août (1792), Danton est un des hommes en vue des clubs parisiens Cordeliers, Jacobins. Premier passage au Gouvernement Août – Septembre (1792) Ministre de la Justice, le nouveau Conseil Général de la Commune 288 membres se réunit en permanence comme une Assemblée Nationale. Un homme se détache : Robespierre.

Le Comité de surveillance de la Commune est chargé de la police politique et de la coordination des comités de surveillance des sections. 10 membres y siègent, dont Marat. Danton est le bénéficiaires de cette journée à laquelle il n’a pas participé personnellement. Sa section, le Théâtre Français, a joué un rôle Actif dans l'Insurrection. L’Assemblée Législative n’a d’autres choix que de suspendre Louis XVI et de lui substituer un Conseil Exécutif Provisoire de 6 membres composé des anciens ministres Girondins. Ils font nommer Danton au Ministère de la Justice. Condorcet, qui bien qu’adversaire malheureux de Danton aux élections de substitut et dans le débat sur la guerre, soutient sa candidature, explique son vote :

    "Il fallait dans le Ministère un homme qui eût la confiance de ce peuple dont les agitations venaient de renverser le trône, qui par son ascendant pût contenir les instruments très méprisables d’une Révolution Utile, Glorieuse et Nécessaire, qui par son talent pour la parole, par son esprit, par son caractère, n’avilît point le ministère. Danton seul avait ces qualités."

    Et Condorcet ajoute cette considération significative :
    " D’ailleurs Danton a cette qualité si précieuse que n’ont jamais les hommes ordinaires, il ne hait ou ne craint ni les lumières, ni les talents, ni la vertu."

Danton s’installe place Vendôme, et fait entrer ses amis au Ministère, Desmoulins est nommé secrétaire du Sceau, Fabre d'Eglantine secrétaire Général de la Justice, jusqu'alors un seul fonctionnaire occupait les 2 postes, Robert chef des secrétaires Particuliers. Dans un climat de violence, il va devenir, par sa personnalité, le vrai chef du Conseil Exécutif. Louis XVI est emprisonné au Temple. Une Convention Nationale élue au suffrage universel chargée d’élaborer une Constitution et met en place le dispositif de ce que l’on a appelé, "la première Terreur" qui préfigure celle de (1793), 1er Tribunal Révolutionnaire, qui ne fera guillotiner que 3 Conspirateurs.

" Là où commence l’action des agents de la Nation doit cesser la vengeance populaire" dit Danton.

Le 21 Août, on apprend la 1ère insurrection Vendéenne. Le Duc de Brunswick avec une armée de 80.000 Austro Prussiens s’avance vers Paris. Le 28 Août, Roland, soutenu par Servan et Clavière, propose d’abandonner Paris et de se retirer au-delà de la Loire avec l’Assemblée et le Roi. Seul des Ministres Danton s’y oppose avec tant d’indignation et de menaces que les autres y renoncent. Le même jour, devant l’Assemblée, il félicite la Commune pour les mesures déjà prises, puis fait décider l’envoi dans les départements de commissaires, c’est lui qui les choisira, presque tous parmi les membres de la Commune, qui procéderont aux levées de volontaires 30.000 hommes à Paris et dans les départements voisins et à la réquisition des denrées nécessaires au ravitaillement des armées. Le 2 Septembre, Paris apprend que le Duc de Brunswick a occupé Verdun, que ses troupes sont à 2 jours de la Capitale. Danton, en costume Rouge, monte à la tribune de l’Assemblée et prononce son célèbre discours, salué par une ovation assourdissante :

    " Il est bien satisfaisant, messieurs, pour les ministres d’un peuple libre, d’avoir à lui annoncer que la patrie va être sauvée. Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre ! Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France sera sauvée"

Le 4 Septembre, pendant les massacres, le Comité de Surveillance de la Commune où siège Marat lance des mandats d’arrestation contre Roland et Brissot. Cette fois Danton intervient et, s’opposant à Marat en une altercation caractéristique des 2 hommes, fait révoquer les mandats, de même, il réussit habilement à faire échapper Adrien Duport, Talleyrand et Charles de Lameth. Le 20 Septembre, Valmy sauve la France de l’Invasion et donne le signal de la détente. Le même jour, la Convention se réunit, 1ère Assemblée élue au Suffrage Universel à 2 degrés, mais seuls les Militants Révolutionnaires ont osé paraître aux Assemblées Primaires. A Paris, Robespierre est élu le 1er, puis c’est le tour de Danton qui obtient le plus grand nombre de voix : 638 sur 700 présents. Ses amis, Camille Desmoulins, Legendre et Fabre d’Eglantine sont élus avec lui. Il opte pour la Députation, quittant le Conseil Exécutif.

- la Convention Nationale

Danton aurait souhaité sauver Louis XVI. Il aurait cru que c’était une des conditions de la Paix. Robespierre écrira en Mars (1794), il voulait qu’on se contentât de le Bannir. La force de l’opinion détermina la sienne. Théodore de Lameth, venu de Londres pour tenter de sauver le Roi, raconte dans ses Mémoires que Danton lui a promis de l’aider,

    "Je ferai avec prudence mais hardiesse tout ce que je pourrai. Je m’exposerai si je vois une chance de succès, mais si je perds toute espérance, je vous le déclare, ne voulant pas faire tomber ma tête avec la sienne, je serai parmi ceux qui le condamneront."

    - Ajoutant cependant sans illusion,
    "Peut-on sauver un Roi mis en Jugement ? Il est mort quand il paraît devant ses juges."

    - Pour sauver le Roi, il faut des fonds. Talon, interrogé en (1803) par la police de Bonaparte, déclare avoir proposé, de la part de Danton, à William Pitt et au Roi de Prusse,
    "de faire sauver, par un décret de déportation, la totalité de la Famille Royale"

    - et ajoute,
    "Il me fut démontré, n'ayant pu avoir aucune réponse, que les puissances étrangères se refusaient aux sacrifices pécuniaires demandés par Danton".

    - On sait cependant que le banquier Le Couteulx versa 2 millions à Ocariz, qui représentait l’Espagne à Paris pour acheter des voix durant le procès du Roi. Dans ses mémoires l'ancien Montagnard René Choudieu admit mais sans donner de nom l'existence d'une telle Corruption. Georges Lefebvre conclut,
    "J’admets qu’on laisse en suspens la question de savoir si Danton entendait ou non garder pour lui une portion des millions qu’il demandait, mais qu’il les ait sollicités, je ne parviens pas à en douter."

    - De retour à Paris, les 16 et 18 Janvier, "double jeu ou pas, il vota la mort" et rejeta le Sursis.

- Membre du Comité
de Salut Public

Le Comité de Salut Public, chargé de surveiller et d’animer le Conseil Exécutif des Ministres devient très vite le véritable pouvoir exécutif de la Convention. Composé de 9 membres rééligibles tous les Mois par la Convention, il se réunit au 2ème étage du pavillon de Flore, devenu le pavillon de l’Egalité et ses délibérations demeurent secrètes. Dominé par Danton, il va être réélu intégralement le 10 Mai et le 10 Juin, il s’agrandit à cette date de 4 adjoints, 3 Robespierristes, Saint-Just, Couthon, Jean Bon Saint André, et un ami de Danton, Hérault de Séchelles. Danton, le plus modéré des Montagnards, se refuse aux mesures Révolutionnaires réclamées par les sections et les Clubs Parisiens, la Terreur ne sera mise à l’ordre du jour qu’après son départ.

Le 16 juin, Danton se remarie. Il épouse Louise Gély, jeune fille qui s’occupe de ses enfants, amie de sa première femme. Elle est charmante, jeune, ans et pieuse. Pour l’épouser, il consent se marier devant un prêtre insermenté échappé aux massacres de septembre. La dot de 40.000 livres apportée par la jeune fille est en réalité payée par lui et le régime est celui, rare à l’époque, de la séparation des biens. Danton semble las, usé par les défaites de l’été. Attaqué vivement le 8 à la Convention, il ne se défend pas. Le 10 Juillet, lors du renouvellement du Comité de salut public, il demande à la Convention de l’écarter, par fatigue ou par calcul, ou les 2 à la fois.

Danton avec Delacroix, le 11 Août (1793), va demander la dissolution de la Convention et l'application immédiate de la nouvelle Constitution de l'an I votée le 24 Juin 1793, ce que leur reprochera Robespierre en mars (1794), son exécution fut repoussée par le reste de la Montagne pour la fin de la guerre. Le 25, il est élu Président de la Convention. Mais les Hébertistes, qui sont aussi candidats à la succession du pouvoir avec l’appui des Sans Culottes, l’accusent de modérantisme : "Cet homme peut en imposer par de grands mots, cet homme sans cesse nous vante son patriotisme, mais nous ne serons jamais dupes" dit Vincent aux Cordeliers, le vieux club de Danton. Le 5 et le 6 Septembre, Danton prononce des discours révolutionnaires très applaudis à la Convention qui décrète "qu’il soit adjoint au Comité". Après 2 jours de réflexion, il refuse. "Je ne serai d’aucun Comité, s’écrie-t-il le 13 Septembre, mais l’éperon de tous." Et puis, subitement, du 13 Septembre au 22 Novembre (1793), il va disparaître. Le 13 Octobre, le Président communique à la Convention la lettre suivante :

    " Délivré d’une maladie grave, j’ai besoin, pour abréger le temps de ma convalescence, d’aller respirer l’air natal ; je prie en conséquence la Convention de m’autoriser à me rendre à Arcis-sur-Aube. Il est inutile que je proteste que je reviendrai avec empressement à mon poste aussitôt que mes forces me permettront de prendre part à ses travaux."

Danton rentre le 20 Novembre pour venir au secours de ses amis, compromis dans l'affaire de la falsification du décret de suppression de la Compagnie des Indes, Chabot et Bazire, ont été arrêtés le 19 novembre par le Comité de Salut Public. Fabre d'Eglantine, lié politiquement à Danton, reste libre. Car Robespierre a besoin de Danton et des modérés pour combattre la Déchristianisation dans laquelle il voit une manœuvre politique de débordement par les Hébertistes. De Décembre au milieu de Janvier, il se forme un axe Robespierre-Danton sur la base d’une vigoureuse offensive contre la Déchristianisation. Camille Desmoulins lance un nouveau journal, Le Vieux Cordelier, dont les 1ers numéros s’attaquent aux Hébertistes et à tout le courant Déchristianisateur. Danton incarne alors un courant le plus modéré de la Montagne qui pense qu’avec le redressement de la situation militaire il convient de mettre fin à la Terreur et de faire la paix.

Mandat d'arrêt de Danton et de ses amis par le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale. On a l’impression que ces quelques lignes raturées et surchargées ont été écrites au cours d’une discussion dans un certain désarroi. Barère aurait tenu la plume. Billaud-Varenne signe fermement le premier. Carnot aurait dit en mettant sa signature : "Songez-y bien, une tête comme celle de Danton en entraîne beaucoup d’autres." Robespierre signe tout en bas un des derniers. Du Comité de salut public, seul Lindet refuse de signer. Danton n'écoute pas ceux qui lui conseillent de fuir : "On n'emporte pas sa patrie sous la semelle de ses souliers." Le 30 Mars, le Comité ordonne son arrestation et celle de Delacroix, Desmoulins et Philippeaux. C’est Saint-Just qui est chargé du rapport devant la Convention. Soutenu par Robespierre, il veut que les accusés soient présents à la lecture du rapport et qu’on les arrête en fin de séance. La majorité du Comité s’y oppose par crainte d’un débat dangereux. "Si nous ne le faisons pas guillotiner, nous le serons." De rage, Saint-Just aurait jeté son chapeau au feu.

Le lendemain, à la Convention consternée, Legendre demande que les accusés puissent venir se défendre. Une partie de l’assemblée est prête à le suivre. C’est Robespierre qui intervient :

    "Legendre a parlé de Danton, parce qu’il croit sans doute qu’à ce nom est attaché un privilège. Non, nous ne voulons point de privilèges, Nous ne voulons pas d’idoles, Nous verrons dans ce jour si la Convention saura briser une prétendue idole pourrie depuis longtemps, ou si dans sa chute elle écrasera la Convention et le peuple français". Et fixant Legendre : "Quiconque tremble est coupable."

Après son intervention et celle de Barère, Saint-Just présente son rapport rédigé à partir des notes de Robespierre, ces notes ont été publiées en (1841). Comme pour les Hébertistes, on associe aux accusés politiques, les prévaricateurs, Fabre, Chabot, Basire, Delauney, et des affairistes comme l’abbé d’Espagnac, les banquiers Autrichiens Frey et le financier Espagnol Guzman, étrangers de surcroit pour rattacher les accusés à la "conspiration de l’étranger". Le procès, ouvert le 2 avril, est un procès politique, jugé d’avance. Au bout de 2 séances, l’accusateur Fouquier-Tinville et le Président Herman doivent réclamer l’aide du Comité :

    " Un orage horrible gronde… Les accusés en appellent au peuple entier. Malgré la fermeté du tribunal, il est instant que vous vouliez bien nous indiquer notre règle de conduite, et le seul moyen serait un décret, à ce que nous prévoyons."

Un projet de complot en vue d’arracher les accusés de leur prison, Lucile Desmoulins aurait proposé de l’argent, pour assassiner les patriotes et le Tribunal, permet à Saint-Just de faire voter par la Convention un décret mettant les accusés hors des débats. La défense de Danton est étranglée comme avait été étouffée celle des Girondins. Le procès-verbal du Tribunal Révolutionnaire a été très "arrangé" et son grand discours purement supprimé. Certaines de ses réponses ont été conservées :

    "Moi vendu ! Moi ! Un homme de ma trempe est impayable"
    Interrogé sur ses nom, prénoms, domicile :
    "Bientôt dans le néant, et mon nom au Panthéon."

    "Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine"

Danton est guillotiné le 5 avril à trente-quatre ans. Passant en charrette devant la maison de Robespierre guillotiné le 28 juillet, il s'écrie :
    "Robespierre, tu me suis, ta maison sera rasée ! On y sèmera du sel".

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