- Dom Guéranger

(Né à Sablé le a Avril (1805) meurt le (†1875).)

Né à Sablé, le 4 Avril (1805). Issu d’une famille de la petite bourgeoisie, Prosper Guéranger avait souvent, dans son enfance, pris Solesmes comme but de ses promenades. Il aimait le charme de l'église et des saints de pierre. Il aimait cette solitude. Prosper Guéranger est très jeune marqué par les idées romantiques. Le Génie du Christianisme de Chateaubriand, qu’il lit précocement, lui inspire notamment une vision idéalisée et romantique du christianisme médiéval. Une vocation sacerdotale précoce le mena, après ses études au lycée d'Angers, au séminaire du Mans. Il fut attiré par l'étude approfondie de l'histoire de l'Eglise. La découverte d'un passé ou le monachisme avait été florissant et le contact avec les grandes oeuvres des Mauristes éveillèrent en lui un certain désir de la vie monastique. Sous l’influence des doctrines ultramontaines de Félicité de Lamennais, il entre au petit séminaire en (1822). Ordonné prêtre en (1827), il poursuit ses travaux à Paris, puis au Mans. Là, il entreprend d’utiliser le Missel Romain pour les offices, contrairement aux divers missels français traditionnellement employés par le clergé Gallican. Ce choix révèle d’une part son souci d'unité avec Rome et d’autre part, un amour romantique pour le passé, et le parfum d’antiquité que dégagent les formules Romaines, dans le cadre d’un renouveau des pratiques liturgiques, qu’il veut plus riches en symboles, plus mystérieuses et solennelles.

- le Prieuré de Solesmes

A la nouvelle de l'imminente démolition du prieuré de Solesmes, l'idée lui vient, en (1831), de s'en porter acquéreur pour y reprendre la vie bénédictine. Aidé par quelques amis, encouragé par son évêque, il réunit avec peine de quoi louer le monastère, avec 3 compagnons et s'y installe, le 11 Juillet (1833).

Tout est humble et misérable: les bâtiments délabrés, la petite communauté sans argent, sans éclat pour attirer les vocations et surtout sans expérience de la vie monastique. Son supérieur de 28 ans n'en a lui-même qu'une connaissance théorique. L'entreprise paraît un acte de folie, elle connaît, des heures difficiles. Mais le jeune prieur, soutenu par sa confiance absolue en la Providence, par son humilité, et son optimisme naturels, fait preuve d'une calme ténacité. Il s'inspire des plus saines traditions monastiques, recherchant avant tout le véritable esprit de St Benoît, tout en acceptant quelques adaptations matérielles nécessaires à l'époque moderne. Par son sens très sûr des choses bénédictines, de la liturgie, de la vie spirituelle, il est l'exemple vivant de ses Moines. Au temporel, les 1ers amis du nouveau Solesmes ont pourvu aux dépenses les plus urgentes. Ils inaugurent une longue liste de bienfaiteurs: les Cosnard, les Landeau, les Gazeau, puis Mme Swetchine, Montalembert, le marquis de Juigné, et tant d'autres, qui vivent toujours dans le souvenir des Moines.

- Quatre années plus tard

Après 4 années d'essai, Dom Guéranger va à Rome en (1837) solliciter une approbation. Le Saint-Siège non seulement reconnaît comme authentiquement bénédictine la communauté de Solesmes, mais encore érige le petit prieuré en abbaye chef d'une congrégation française de l'ordre de saint Benoît, succèdant aux anciennes congrégations de Cluny, de Saint Vanne et de Saint-Maur. Le 26 Juillet, Dom Guéranger émet sa profession solennelle entre les mains de l'abbé de Saint Paul hors les Murs, à Rome.

Dès lors commence pour Solesmes une histoire nouvelle. Les épreuves et les contradictions ne cessent pas, mais ne peuvent entraver l'essor de la jeune Abbaye. Voulant restaurer un centre de prière et d'étude au service de l'Eglise, Dom Guéranger souligne dès les débuts le primat de l'Office divin, dissipant ainsi les illusions sur les Savants Bénédictins. Il sait néanmoins que la recherche persévérante de la vérité est la condition pour les Moines de vie spirituelle et il organise sérieusement les études, consentant à de gros sacrifices pour la bibliothèque. Maître remarquable, à la parole particulièrement vivante et enjouée, il encourage ses Moines au labeur intellectuel et leur en donne l'exemple, aidé par sa grande puissance de travail. C'est par le nombre et l'autorité des publications de son Abbé que Solesmes a d'abord acquis une réelle influence, en France d'abord, puis dans l'Eglise Universelle.

Dom Guéranger est connu surtout par la part qu'il prend à la restauration de la liturgie. Le sens et la valeur des cérémonies étant alors bien oubliés, l'abbé de Solesmes, grâce surtout à son "Année liturgique", qui connaîtra de multiples traductions et rééditions, en rend l'intelligence aux fidèles. Il leur apprend à vivre dans et par l'Eglise, à prier avec elle et comme elle. C'est à lui que l'on doit, pour une grande part, le retour des diocèses de France à la liturgie romaine, et ce grand courant de piété, à la fois antique et moderne, que l'on a appelé "vie liturgique" et qui aboutira au mouvement liturgique actuel.

- La vie Liturgique

Tenant le chant de l'Eglise pour l'expression parfaite de sa prière liturgique, l'Abbé de Solesmes entreprend, avec ses Moines, la restauration des mélodies Grégoriennes, que des siècles d'incompréhension et l'évolution du goût ont rendues méconnaissables. L'atelier de la Paléographie musicale naîtra un jour de ces recherches. Rome a reconnu elle-même quel précieux secours elle pouvait attendre de Solesmes. Pie IX confie à Dom Guéranger, en (1851), un travail en vue de la définition du dogme de l'Immaculée Conception, et, en (1860), une étude sur la pensée moderniste. L'ouvrage de l'abbé de Solesmes sur la Monarchie Pontificale joue, au moment de la proclamation de l'infaillibilité Pontificale, un rôle décisif reconnu par un bref de Pie IX. A sa mort le 30 Janvier (†1875), il laisse une oeuvre solide, qui reçoit le témoignage de la reconnaissance de l'église dans un Bref de Pie IX. Dom Guéranger, repose dans la crypte de l'église abbatiale de Saint Pierre. Selon son désir, son coeur sera enseveli dans le sanctuaire de l'abbaye Sainte Cécile. Il demeure et demeurera toujours pour ses fils le Père et le Maître très aimé.

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