- Sultan des Arabes.

(Né à Mascara le 6 Septembre (1808). Meurt à Damas, le 26 Mai (†1883).

Abd el Kader "Abd el-Qadir Nasr-Ed-Din" naît dans la région de Mascara, à la Guetna de l'oued al Hammam. Il est le quatrième fils de Zohra bint Sidi Omar Doukha et d'Abd el Kader Mehi Ed Din. Ce dernier, qui est le Moqaddem de la Confrérie Soufie des Qadiriyya, un chef religieux donc, destine l’enfant à lui succéder. Aussi Abd el Kader reçoit une éducation religieuse, à Arzew en (1822), puis à Oran dans l'école de Si Ahmad ben Khodia, un grand intellectuel. A l'âge de 15 ans, il se marie à sa cousine, Leila Kheira bint Abu Taleb. Avec son père, le jeune musulman effectue en (1828) un pèlerinage à La Mecque, en Arabie, marqué également par un séjour à Damas, Bagdad et Jérusalem. Il apprend les sciences religieuses, la philosophie la littérature Arabe, l’histoire, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, Platon et Aristote, Alghazali, Ibn Rushd et Ibn Khaldûn lui sont familiers, comme en témoignent ses écrits. Toute sa vie, il étudie et développe sa culture.

Proclamé "Sultan des arabes" en (1832), après le départ du Dey d’Alger, il fonde un état qui couvre les deux tiers du territoire Algérien, puis, à la suite de son père, reprend le flambeau de la "guerre sainte" contre la colonisation Française. Le 16 Mai (1843), un escadron de 500 hommes commandé par le duc d'Aumale enlève la Smala d'Abd el Kader. La Smala est une véritable ville itinérante de 30.000 personnes, essentiellement composée de femmes, d'enfants et de serviteurs. Le duc d'Aumale, qui est le propre fils du Roi Louis Philippe 1er, fait 3.000 prisonniers et remporte un immense butin. Vaincu, il se réfugie au Maroc, où il continu la lutte avec l’appui du Sultan.

Le général Thomas Bugeaud avait cru avec la signature du traité de La Tafna, il laissait à l'émir Abd el Kader l'arrière-pays algérois. Mais le jeune Emir lance un appel à la guerre sainte. Bugeaud revient aussitôt en Algérie avec le titre de gouverneur général, il réagit avec toute la brutalité dont il est capable. Il constitue des colonnes mobiles qui ravagent les régions insoumises, brûlent les récoltes, détruisent les villes, enlèvent femmes et enfants. Des centaines de villageois sont parfois enfumés ou emmurés dans les grottes où ils ont malencontreusement cherché un abri contre les colonnes infernales.

Cet exploit est le point d'orgue de la guerre de plus en plus brutale menée par les Français en Algérie. Jusqu'à 93.000 soldats y sont affectés pour soumettre la population, bien que celle-ci compte à peine 2 millions d'individus, un chiffre très faible comparé aux 36 millions de Français de l'époque. Jusqu’à la victoire Française de l’Isly, le 14 Août (1844), ou les troupes Marocaines sont surprises par Bugeaud sur l'oued Isly, non loin de la frontière. Les 11.000 soldats français mettent en déroute les 60.000 cavaliers marocains. Après 3 ans de combats sporadiques, Abd el Kader se rend au Général Lamoricière. A Paris, on s'indigne lorsqu'on apprend, qu'en (1845), des centaines de malheureux de la tribu des Ouled Riah ont péri dans les "enfumades" des grottes du Dahra, à l'initiative du colonel Pélissier. Le général Bugeaud, interpellé, assume la responsabilité de ce crime de guerre en faisant valoir qu'il ne voit pas d'autre moyen de gagner la guerre! Le général Bugeaud reçoit son bâton de maréchal pour ses faits de gloire en Algérie. Il est fait duc d'Isly par le Roi. Il ne lui est pas tenu rigueur des innombrables crimes de guerre commis sous son commandement contre les civils algériens.

Abd el Kader interné en France. Après 3 mois passés au fort Lamalgue, à Toulon, l’émir est transféré au château d'Henri IV à Pau, avant d’être installé au mois de Novembre (1848) à Amboise. Là, il reçoit le 16 Octobre (1852) la visite de Napoléon III, qui l’invite à Paris. L’hôte de l’Empereur des Français, après un séjour dans la capitale, gagne Marseille au cours d’un voyage triomphal, d’où il s’embarque pour la Turquie, le 21 Décembre (1852), avec une pension du gouvernement français. Abd el Kader recevra de Napoléon III la grand croix de la Légion d'honneur pour avoir protégé en (1860) plusieurs milliers de maronites de Syrie, victimes d'émeutes meurtrières. Mais selon sa volonté il se tiendra sur la fin de sa vie à l’écart de tout engagement politique. Abd el Kader décède à Damas, le 26 Mai (†1883).

Haut de page