- Marquis de Puyguilhem.

(Né en Gascogne en (1633). Meurt en (†1723).

Lauzun était un pauvre cadet de famille, connu d'abord sous le nom de marquis de Puyguilhem. Louis XIV le remarqua chez la comtesse de Soissons et ne tarda pas à en faire son favori, le nomma successivement gouverneur du Berry, maréchal de camp et colonel général des dragons. Il lui avait promis la charge de Grand Maître de l'Artillerie, (1669), mais Lauzun s'étant vanté de cette promesse, le Roi la révoqua, et l'ambitieux courtisan s'oublia dans sa fureur jusqu'à briser son épée devant lui. Louis jeta sa canne par la fenêtre pour ne point frapper un gentilhomme, mais Lauzun fut envoyé à la Bastille.

Il en sortit peu de jour après, rentra en faveur, fut nommé capitaine des gardes et, l'année suivante, est célèbre par sa grande faveur auprès de Louis XIV, et par le consentement d'abord accordé, et puis refusé à son mariage avec mademoiselle de Montpensier, petite fille d'Henri IV. Le Roi était, près de signer, lorsque la Reine et les princes du sang lui représentèrent cette alliance comme injurieuse pour la famille royale. Les 2 amants furent réduit à se faire donner secrètement la bénédiction nuptiale. Nommé lieutenant général en (1670), il commanda l'armée qui accompagna le Roi en Flandre.

Le Roi instruit de ce mariage clandestin, et irrité, des propos outrageants de Lauzun contre madame de Montespan, à qui il attribuait en partie sa disgrâce, le fit arrêter et conduire à Pignerol,le 1er Décembre (1671), où était depuis 10 ans l'infortuné Fouquet. Lauzun et Fouquet furent étonnés de se rencontrer dans la même prison, Fouquet surtout, qui, dans sa gloire et dans sa puissance avait vu de loin Péguillin dans la foule, comme un gentilhomme de province sans fortune, le crut fou, quand celui ci lui conta qu'il avait été le favori du roi, et qu'il avait eu la permission d'épouser la petite fille de Henri IV, avec les biens immenses et les titres de la maison de Montpensier.

Lauzun fit ce voyage dans un si grand désespoir qu'on ne le quittait pas un moment. On voulut le faire descendre du carrosse dans un endroit dangereux. Ces malheurs à, dit-il, ne sont pas faits pour moi. En entrant dans la prison il s'écria, "In soecula soeculorum", et 4 ans en exil à Angers. Après avoir langui 10 ans en prison, il en sortit enfin, mais ce ne fut qu'après que madame de Montespan eut engagé Mademoiselle à donner la souveraineté de Dombes et le comté d'Eu au duc du Maine, encore enfant, qui les possédera après la mort de cette princesse. Elle ne fit cette donation que dans l'espérance que Lauzun serait reconnu pour son époux, elle se trompa, le Roi lui permit seulement de donner à ce mari secret les terres de SaintdFargeau et de Thiers, avec d'autres revenus considérables, que Lauzun ne trouva pas suffisants.

Elle fut réduite à être secrètement sa femme, et à n'en être pas bien traitée en public. Ses bienfaits furent payés de la plus noire ingratitude. On prétend que Lauzun revenant un jour de la chasse, lui dit, Louise D'Orléans, tire moi mes bottes. Cette princesse s'étant récriée sur cette insolence, il fit du pied un mouvement qui était le dernier des outrages. Alors la femme de Lauzun se rappela qu'elle avait failli être celle d'un empereur, elle en prit l'air et le ton, je vous défends, lui dit elle, de vous présenter jamais devant moi.

Lauzun passa en Angleterre en (168), lors de la révolution qui détrôna Jacques II. Toujours destiné aux aventures extraordinaires, il se rendit en Angleterre, où Jacques II lui confia le soin de conduire la Reine et le Prince de Galles auprès de Louis XIV. En (1689), il commanda 6.000 hommes dans l'expédition d'Irlande. Il obtint de revenir à Paris par les sollicitations de Melle de Montpensier, qui livra même au duc de Maine le comté d'Eu,le duché d'Aumale et la principauté de Dombes. Sans recouvrer toute la faveur à la cour, il fut élevé à la dignité de duc en (1692). Il mourut oublié, comme tout ceux qui n'ont eu que de grands évènements sans avoir fait de grandes choses.

On trouva dans des cassettes des portraits de femmes sans nombre, les cheveux de toutes ses maîtresses, en ordre et étiquetés, et une foule de billets où on reconnut que les femmes les plus prudes de la cour n'étaient pas les moins fragiles.

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