- Yves Le Goff.

(Né en (1595). meurt en (†1660).

Au (XVIIème siècle), vivait à Cast, un Saint homme, Yves Le Goff, dont nous empruntons la notice biographique à l'historien du Vénérable Père Julien Maunoir, le Père Boschet. Un laboureur, nommé Yves Le Goff, de la paroisse de Castre Cast, alla trouver le P. Maunoir au collège de Quimper, en (1655), pour le consulter sur de fréquentes apparitions que lui faisait la Ste Vierge. Le Père lui ordonna de se rendre le Carême de l'année suivante à Plonéour, où il lui promit qu'il examinerait le fait dont il s'agissait, cependant, il lui enjoignit, la 1ère fois que cette dame qu'il prenait pour la Ste Vierge lui apparaîtrait, de lui donner à adorer la Croix qu'il portait sur lui. Yves Le Golf se trouva à Plonéour au temps marqué, et le Père, qui y prêchait le Carême, l'engagea à lui rendre compte de sa vie et à lui faire le détail des apparitions dont il était en peine. Ce bon homme lui dit, J'ai environ 60 ans, j'eus, dès l'enfance, de la dévotion à la Ste Vierge, et depuis l'âge de 6 ans je n'ai pas manqué à réciter le Chapelet au moins une fois par jour. Je suis marié, j'ai élevé mes enfants dans la crainte de Dieu et je vis avec ma femme selon ma créance. Jusqu'à l'âge de 35 ans, j'avais mené une vie commune. Mais en (1640), le jour de l'Assomption, comme je revenais de faire mes dévotions dans une chapelle de la Vierge, je vis devant moi une fille qui avait à la main une Croix Rouge. Cela m'étonna si fort que, mangeant alors un morceau de pain, dont je faisais mon disné, le pain me tomba de la bouche et je ne pus manger de tout le jour. Ayant toujours durant 4 mois ce mesme objet devant les yeux et ne sachant ce que cela voulait dire. Je m'adressais aux prêtres de notre paroisse, les uns disaient que j'étais fou, mais je sentais bien que je ne l'étais pas, les autres, que j'étais déçu du malin esprit, moi j'avais peine à le croire parce que le signe de la Croix, qui fait fuir les démons, faisait approcher la personne qui m'apparaissait.

J'avais donc recours à la Ste Vierge et j'allais tous les jours dans une de ses chapelles "N.-D. de Quillidoaré" la prier de m'apprendre ce que signifiait cette vision. Enfin, le jour de l'Immaculée Conception, 8 Décembre (1640), comme je récitais ma prière dans la même chapelle, la personne qui m'avait apparu jusque là sans me parler, me demanda: "Voulez vous bien assister vos frères" ? Je lui répondis: "Comment, mes frères ! Je n'ai qu'un frère et qu'une soeur qui sont à l'aise et qui n'ont pas besoin que je les assiste". Elle ajouta: "Vous êtes pécheur, et tous les pécheurs sont vos frères, ne voudriez vous pas bien les assister" ? En ce moment là, comme j'étais en peine qui était la personne qui me parlait, elle me dit, "Je suis la Mère de Dieu, que vous invoquez plusieurs fois chaque jour, mon Fils est irrité contre les pécheurs, ce sont des ingrats qui ont oublié sa Passion. Je vous ai choisi pour leur reprocher leur ingratitude et pour les exhorter à la pénitence, voudriez vous bien rendre ce service à vos frères" ? Alors je dis: "Mon Dieu, j'abandonne mon âme et mon corps à votre service. Je suis prêt à faire et à souffrir tout ce qu'il vous plaira" Aussitôt, la Ste Vierge me déclara que je n'aurais plus de joie sur la terre, et elle m'ordonna, pour obtenir la conversion des pécheurs, de communier les fêtes et les Dimanches, les Lundis et les Vendredis, et de jeuner les Vendredis sans prendre d'autre nourriture que l'Eucharistie. Je lui témoignais que ces communions si fréquentes et ce jeune des Vendredis me feraient de la peine. Elle me commanda de lever les yeux au ciel, et je vis des choses ravissantes que je ne puis exprimer qu'en disant que c'étaient les joies du Paradis. Ensuite, elle me commanda de regarder en bas, et je vis un abyme plein de feu et les tourmens de l'Enfer. Pour lors, toutes mes répugnances cessèrent, et depuis ce moment je n'eus plus de peine à rien.

J'accomplissais fidèlement ce que la Ste Vierge m'avait prescrit, et je croyais que c'était tout ce qu'elle me demanderait. Mais le Mercredi après la Sexagésime de l'année (1641), elle me commanda, pour attirer la miséricorde de Dieu sur les pécheurs, de jeuner 15 Carêmes, sans boire ni manger qu'une fois la semaine, le Dimanche, après avoir entendu 3 messes. Elle m'assura qu'avec la grâce de Dieu ce jeûne me deviendrait possible et qu'il serait d'un grand mérite. Elle m'avertit lorsque la faim ou la soif me presserait le plus, d'implorer le secours de Notre Seigneur et le sien, et elle me promit non pas de diminuer ma peine, mais d'augmenter mes forces. J'ai déjà jeuné de la sorte 11 Caresmes et j'en suis présentement au 12ème. Vous aurez peut être peine à me croire si je vous dis que je ne m'en porte que mieux. Cela est pourtant vrai. Je n'ai pas perdu pendant tout ce temps là une heure de sommeil. Avant que je jeunasse ainsi, j'avais de grands maux de côté, à présent je n'en ai plus. Je ne souffre pas même beaucoup, excepté les Vendredis; ces jours là, je participe à la "Passion de Notre Seigneur", j'ai une faim et une soif extrêmes, mais je redouble mes prières et, selon la promesse de la Ste Vierge, je reçois de nouvelles forces. Voilà, mon Père, le compte que vous avez voulu que je vous rendisse de ma vie .

Le P. Maunoir, voulant prendre du temps pour examiner la conduite de cet homme, le remit jusqu'après Pâques et lui ordonna de demeurer avec lui tout le Carême. Cependant, l'ayant fait observer par des personnes sûres et l'ayant observé lui même fort exactement, il trouva qu'il ne mangeait ni ne buvait de toute la Semaine que le Dimanche, après avoir entendu 3 messes; qu'il communiait les jours qu'on lui avait marqués, qu'il passait chaque jour au moins 14 heures en prières, et qu'il avait beaucoup de douceur et d'humilité. Le P. Maunoir, pour éprouver s'il n'y avait pas d'entêtement dans le jeûne d'Yves Le Goff, le fit venir le Samedi Saint chez le Recteur de Plonéour où il dînait et, sur la fin du repas, il lui présenta un pruneau et lui commanda de le manger. Le bonhomme le prit sans faire aucune difficulté et le porta à la bouche. Le Père, aussitôt, lui défendit de l'avaler, et le bonhomme obéit à ce 2ème commandement avec la même soumission qu'au 1er. D'où le Père jugea qu'un homme si obéissant n'était pas conduit par l'ange rebelle, mais par la Ste Vierge, la plus humble et la plus soumise des créatures. Ainsi l'ayant pris en particulier, il lui conseilla, lorsque la Mère de Dieu lui apparaîtrait, de la prier, si c'était le bon plaisir de Dieu et le Sien, de le laisser dans la voie obscure de la foi, qu'il préférait à la voie des visions dont il se croyait indigne. Enfin, le Père Maunoir présenta sur papier toute la relation que je viens de rapporter à Yves Le Goff, qui la signa, déclarant qu'elle ne contenait rien qui ne fut très véritable. Et alors le Père, l'ayant embrassé, le renvoya. Le bonhomme, fort content du Père, s'en retourna dans sa paroisse. La SteVierge lui fit toujours la grâce de le conduire elle même. Il jeuna les 3 derniers Caresmes qu'il avait à jeuner, et il mourut quelque temps après vers (1660) à Castre, en odeur de Sainteté. "MM. Peyron et Abgrall, (1905)".

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