Jean Paul Marat

- Jean Paul Marat

Jean Paul Marat, né à Boudry, principauté de Neuchâtel, le 24 Mai (1743) et mort à Paris le 13 Juillet (†1793) est un Médecin, Physicien, Journaliste et homme Politique Français. Il fut Député Montagnard à la Convention à l’époque de la Révolution. Son assassinat par Charlotte Corday permit aux Hébertistes d'en faire un martyr de la Révolution et d'installer pendant quelques mois ses restes au Panthéon. Marat naît dans une maison sur la place du village, maintenant appelée place Marat, dans la principauté de Neuchâtel, Prussienne à l'époque, et dont le territoire correspond à celui de l'actuel canton de Neuchâtel en Suisse, il est le fils de Jean Baptiste Marat, un capucin défroqué d'origine Sarde1 né à Cagliari en (1704) et dessinateur en Indiennes converti au Calvinisme, et de la Genevoise Louise Cabro dont la famille Calviniste était originaire du Rouergue, la famille Marat, originaire d'Espagne, a donné plusieurs personnalités remarquables comme son frère cadet David (1756)-(1821) qui fut Professeur de Littérature Française au Lycée Impérial de Tsarkoïe Selo.

Il quitte Neuchâtel et sa famille en (1759), après ses études au collège et devient Précepteur des enfants d'un armateur Bordelais. Après un séjour à Paris de (1762) à (1765) où il complète ses études et acquiert en Autodidacte une formation de Médecin. Il se fixe à Londres, puis à Newcastle en (1770), où il exerce comme médecin et Vétérinaire. Entre (1770) et (1772), il écrit Les Aventures du jeune Comte Potowsky, un roman épistolaire dans le goût du temps, qui demeure inédit. En (1772), il publie anonymement "An Essay on the Human Soul", puis, après son retour dans la capitale britannique, en (1773), un second écrit Philosophique, "A Philosophical Essay on Man", qui est réédité en (17753). Disciple de Rousseau, il attaque plusieurs fois Helvétius, traité d'esprit faux et superficiel, dans cet ouvrage, mais aussi Voltaire, qu'il qualifie d'inconséquent et qui lui répond par le persiflage dans un petit article paru dans le Journal de Politique et de Littérature le 5 Mai (1777).

Après un court séjour dans les Provinces Unies (1774)-(1775) et l'obtention de son diplôme de Médecin à l'Université de St Andrews Ecosse, le 30 Juin (1775), il s'installe à Paris, où il publie en (1776) une édition Française de son traité De l'homme. Le Comte d’Artois lui octroie, le 24 Juin , le Brevet de Médecin de ses gardes du corps. Il ouvre un cabinet d'expériences où il fait des recherches en Physique Expérimentale, en particulier sur la nature du Feu, la Lumière et l'Electricité Médicale. En Août (1783), ce dernier thème lui vaut d'être couronné par l'Académie de Rouen. En (1779), Benjamin Franklin est invité par son ami Jean Baptiste Le Roy à assister chez le Marquis Maximilien de Châteauneuf de L'Aubespinen, dans son grand hôtel de la rue de Bourgogne, aux expériences de Marat, qui veut faire ses preuves aussi bien en Physique qu'en Médecine. En (1778), celui ci a présenté un mémoire sur la nature du Feu, et Jean Baptiste Le Roy qui a été nommé membre de la Commission chargée d'enquêter sur le bien-fondé des théories de Marat, a réussi à y attirer Franklin :
    " Ayant exposé sa tête chauve au foyer du microscope solaire, instrument inventé par Marat, nous l’aperçûmes ceinte de vapeurs ondulantes qui se terminaient en pointes torses, elles représentaient l'espèce de flamme que les peintres ont fait l'attribut du génie."

Ces recherches lui valent des critiques défavorables de l'Académie des Sciences de Paris. Tombé malade en (1782), il connaît des revers de fortune, avant de perdre, en (1784) sa charge de médecin auprès du Comte d'Artois. Dans les années (1780), Marat continue de soigner Claire de Choiseul, Marquise de l'Aubépine de Châteauneuf (1751)-(1794) qui le soutient financièrement et avec laquelle il aurait eu une liaison intéressée si l'on en croit les éditeurs de Jacques Pierre Brissot. Quelques années aux appointements du Comte d’Artois en qualité de médecin, Marat se lie, si l’on en croit le journal L’Observateur, avec le libraire Laurent. Celui ci passe pour l’âme damnée du Ministre Calonne qui, à Londres, organise la Contre Révolution avec l’appui inavoué du gouvernement Anglais. Un autre contemporain qui connaissait particulièrement bien Marat et sa famille, l'ex abbé Jean Louis Giraud Soulavie, un Républicain qui fut envoyé comme Ambassadeur résident à Genève en (1793) et (1794), confirme ces informations plus tard corroborées par Barère de Vieuzac :
    " Marat sorti de Genève en (1782) et fanatisé à Londres où il retourna en (1790) car poursuivi par La Fayette, revint en (1791) se mettre à la tête des Cordeliers, principaux agitateurs de la populace. Ses 2 collègues étaient Gasc, associé de d'Yvernois dans l'Administration des Subsides Anglais, et Jannot Lançon. C'est près de ces aventuriers que je fus envoyé par la République Française et c'est contre eux que j'eus à lutter, surtout quand je leur prouvai que, sous le voile trompeur de leur Démocratie, ils étaient le canal de la distribution dans Lyon des Sommes envoyées par la Cour de Londres aux Chefs Patriotes et aux Chefs Royalistes qui dévastèrent en (1793) ce point central de notre commerce." Marat fut un temps pressenti, sans succès, pour fonder une académie à Madrid par le ministre Floridablanca, en (1788). Souffrant de graves crises inflammatoires et croyant ses jours en danger, il rédigea même son testament l'été de cette année, qu’il confia à l’horloger suisse Abraham Breguet.

- la Révolution

Le 25 Juillet (1789), le comité de Constitution présentait à l’Assemblée, par la voix du député Mounier, un 1er projet. A ce moment précis, Marat publie, début Août, une feuille de 8 pages Le Moniteur Patriote, entièrement consacrée à la critique du projet de Constitution, critique nourrie, entre autres par son expérience du modèle Constitutionnel Anglais. Il s'adresse également en ce sens, à la fin du mois d'Août, à l'Assemblée Nationale dans une lettre intitulée "Tableau des vices de la Constitution Anglaise, présenté en Août (1789) aux Etats Généraux comme une série d’écueils à éviter dans le Gouvernement qu’ils voulaient donner à la France".

- Marat journaliste

Le 12 Septembre (1789), Marat publiait le 1er numéro du Publiciste Parisien, journal Politique, libre et impartial journal quotidien connu sous le titre "L’Ami du Peuple". Il comportait normalement 8 pages in-8°, parfois 10 ou 12, quelques fois 16. De Septembre (1789) à Septembre (1792), Marat fera ainsi paraître près de 1.000 numéros. Sous la Constituante, il défendit la cause des citoyens passifs, des victimes du marc d'argent. Il écrivit ainsi une "supplique du citoyen passif". Il prit même position sur les questions Coloniales entre Mai (1791) et Avril (1792). Imprégné de la pensée de Montesquieu auquel il avait rendu hommage dans un Concours Pré Révolutionnaire pour l'ironie de son texte De l'esclavage des Nègres en Mai (1791) il défend la cause des gens de couleur libres, condam>ne l'amendement Rewbell du 15 Mai qui reconnaît la citoyenneté à certains mais en discrimine d'autres. Il publie même le 18 Mai (1791) un plan d'abolition progressive de l'esclavage des Noirs avec indemnisation des planteurs. A l'Automne (1791) à l'annonce de l'insurrection d'esclaves à Saint Domingue il radicalisera sa pensée prenant fait et cause pour les insurgés, dont il prédit le 12 Décembre (1791) l'accès à l'Indépendance. Juste avant son Assassinat, ayant reçu une lettre d'un ami créole emprisonné après une intrigue de colons blancs, Philippe Rose Roume, il s'apprêtait à reparler de la situation à Saint Domingue dans une lettre à la Convention. Roume sera libéré peu après sur initiative de Chabot.

- Massacres de Septembre

Après la journée du 10 Août (1792), il incite à l’élimination des royalistes emprisonnés, il est cette fois suivi par une partie de la presse, notamment girondine. La publication de l’Ami du peuple cesse au 21 Août, et son dernier appel au meurtre date du 19, il est probable qu’un placard anonyme du 26 Août est de sa main. Le 2 Sseptembre (1792), il fut nommé adjoint au Comité de Surveillance de la Commune de Paris. . Il évoquait ceux et celles qui avaient assuré la défense du château des Tuileries et la protection de la famille Royale. En fait, le tribunal du 17 Août avait déjà commencé à fonctionner et 3 serviteurs des Tuileries avaient été exécutés, en particulier Arnault de Laporte, l’intendant de la liste civile et l'écrivain Farmain du Rosoy. Les sectionnaires extrémistes trouvaient cependant que ce tribunal acquittait trop facilement, et jugeait trop lentement. A la fin Août, les visites domiciliaires effectuées pour trouver des armes aboutirent à de nombreuses arrestations, le 30 Août (1792), les prisons de Paris étaient pleines.

Les révolutionnaires se rendirent alors aux prisons, et y massacrèrent, du 2 au 6 Septembre, d’abord Prêtres Insermentés, puis gardes Suisses et gardes du corps du Roi, aristocrates suspectés de complot, enfin de nombreux prisonniers de droit commun, il y eut environ 1.500 morts. Dès le 3 Septembre, il signe, et probablement rédige, la circulaire du 3 Septembre imprimée sur ses presses et envoyée aux départements et municipalités de toute la France, et appelant à la généralisation des massacres.

- Triomphe de Marat

Il se montra très légaliste sur le sort à infliger à Louis XVI. Au contraire de Robespierre, de Saint Just, de Jeanbon Saint André, il voulait un vrai procès. Il entendait aussi expurger les crimes et délits antérieurs à Septembre (1791), fuite du Roi à Varennes et fusillade du Champ de Mars dans la mesure où ils avaient été amnistiés. Seule la journée des Tuileries pouvait donc être retenue contre Louis XVI comme un crime dûment établi. Il n'en vota pas moins la mort du Roi dans les 24 heures et rejeta bien sûr l'appel au peuple et le sursis. Il s'en prit particulièrement à Lebrun Tondu qu'il accusait d'entretenir des liens avec des " agents de l'étranger" », notamment Edouard de Wackiers sa famille et les représentants de la banque internationale. Depuis qu'il avait été élu à la présidence des Jacobins, le 5 Avril (1793), une circulaire au coup d'État fut publiée sous sa signature. La contre révolution, est dans la Convention Nationale. Mettons en état d'arrestation tous les ennemis de notre Révolution et toutes les personnes suspectes. Exterminons sans pitié tous les conspirateurs si nous ne voulons pas être exterminés nous-mêmes. Dumouriez marche sur Paris pour rétablir la Royauté Aux armes. Le 12 Avril, Guadet donna lecture de ce manifeste et, en conclusion, demanda l’arrestation de Marat. La Convention vota l'arrestation, qui ne s'effectua pas grâce au soutien de ses partisans. Le lendemain, 13 Avril, le décret d’accusation de Marat fut émis, à la suite d'un vote nominal, par les conventionnels à la majorité de 220 voix contre 923. 48 membres se récusèrent. Le 23 Avril, l'acte d'accusation contre Marat arriva au ministère de la justice et celui ci se constitua prisonnier. Confronté le 24 Avril à ses accusateurs et à ses défenseurs, Marat bénéficia d’un jury qui lui était acquis d'avance. Acquitté le 24 Avril, Marat, couronné de lauriers, fut porté en triomphe.

- L’assassinat de Marat

Depuis le 3 juin 1793, Marat ne se présente plus à la Convention. L’évolution de sa maladie l’empêche de paraître en public. D’après le docteur Souberbielle, l’origine du mal était herpétique. Le docteur Cabanès a avancé la probabilité d’une forme grave d’eczéma ou des conséquences d’un diabète. D'autres maladies sont évoquées, dermatite herpétiforme, scabiose, dermite séborrhéique. A partir du 20 Juin, son état s’aggrave et l’oblige à prendre continuellement des bains curatifs au soufre dans sa baignoire sabot en cuivre, ainsi qu'à envelopper sa tête d'un mouchoir trempé de vinaigre pour soulager ses migraines. Mais de cette baignoire équipée d'une écritoire il envoie régulièrement des lettres à la Convention qui ne sont jamais.

Marie Anne Charlotte de Corday d’Armont, issue de la noblesse de Caen et descendante en droite ligne de Pierre Corneille, prend connaissance des événements Révolutionnaires en rencontrant plusieurs députés Girondins qui se sont réfugiés à Caen après leur mise en accusation par la Convention. Bien qu'ouverte aux idées nouvelles, la jeune femme est indignée par les excès de la Révolution. Considérant Marat comme un tyran et le principal instigateur des massacres révolutionnaires, elle décide de l'éliminer. Le 11 Juillet (1793), elle arrive à Paris dans l’intention d’assassiner Marat dans l’assemblée, mais doit revoir ses plans en ayant appris son absence à la Convention. Le 12 Juillet, Marat reçoit la visite de députés jacobins, dont le peintre Jacques Louis David, qui sont les derniers à le voir vivant. Le 13 Juillet Charlotte Corday se présente une première fois au domicile du tribun, rue de l'Ecole de Médecine, en fin de matinée mais Simone Evrard sa compagne refuse de la laisser entrer, elle essaye une deuxième fois d’entrer en contact sans succès, mais elle fait communiquer une lettre qu’elle a écrite donnant des informations sur un prétendu complot. A la troisième tentative, c’est Marat lui même qui demandera qu’on la laisse entrer. Après un entretien qui, selon Simone Evrard dure environ un quart d’heure, Charlotte Corday sort un couteau et frappe Marat à la poitrine, le trajet de la lame qui traverse le poumon droit, l’aorte et le cœur, entraîne sa mort dans sa baignoire. Charlotte Corday est arrêtée sur les lieux du meurtre et, après son jugement par le Tribunal Révolutionnaire, exécutée le 17 Juillet (1793). A la suite de l’assassinat, plusieurs villes de France, comme Saint Nazaire sur Charente ou Le Havre se baptisèrent Marat. Ce fut l’affaire de quelques mois.

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