- Abbé Mayeul
"Cluny 963-994"

(Né vers (910) à Valensole, mort le 11 Mai (†994).

Mayeul naît à Valensole en (910), près de Forcalquier, dans une riche famille alleutière de Haute Provence. Dans son enfance en (916)(918), il fuit avec les siens la Provence ravagée par les guerres féodales, conflits entre les familles aristocratiques provençales et les familles bourguignonnes amenées en Provence en (911) par Hugues d'Arles, au cours desquelles ses parents trouvent la mort. Il se réfugie en Bourgogne, Il étudie au monastère de l'Ile Barbe sur la Saône, au Nord de Lyon, à Mâcon, puis retiré dans un ermitage proche de la Saône (940).

Il entre dans le clergé séculier, étudie ensuite à Lyon, devient ensuite chanoine de la cathédrale Saint Vincent de Mâcon, puis archidiacre. En (930), il refuse l’archevêché de Besançon. Ce n'est que 10 ans plus tard qu'il entre comme moine à Cluny, où il prononce ses voeux en (943) ou (944). Il exerce alors la fonction "d'Armarius", garde des livres et maître des cérémonies. En (948), l'Abbé Aymard de Cluny, devenu aveugle, lui laisse diriger le monastère comme Coadjuteur en (954). après le bref Abbatiat d'Aymar, il lui succéda comme Abbé de Cluny en (965).

Mayeul étant d’une grande culture, les copistes du Scriptorium de Cluny furent très actifs pendant son long abbatiat. Il visita les monastères clunisiens et réforma ou fonda de nouvelles communautés, jusqu'à Lérins, Pavie, Auxerre. Il se liera aussitôt avec les grands de ce monde. Mayeul enrichit l'institution et étend son rayonnement à l'ensemble de l'Occident, C'est à lui que l'on devra l'achèvement de l'église abbatiale de Cluny II commencée par l'abbé Aymar et dédicacée le 14 Février (981), par l'archevêque de Lyon. Eglise aujourd'hui disparue, c'est au coutumier de Farfa, Abbaye voisine de Rome, que nous devons sa description ainsi que celle des bâtiments conventuels qui furent construits simultanément. En (972). Mayeul est pris en otage par les Sarrasins, établis à La Garde Freinet, près de l'actuel port de St Tropez, dans le massif des Maures. De nombreux objets de culte et d'orfèvrerie du trésor de Cluny furent fondus pour payer sa rançon. Dès sa libération, le Comte Guillaume de Provence organise, au nom de Mayeul, une guerre de libération contre les Sarrasins, qu’il chasse de Provence après la bataille de Tourtour (973).

Ses bonnes relations avec Adélaïde, soeur du Roi de Bourgogne Conrad le Pacifique (937)-(993) et épouse du Roi de Germanie Otton Ier, empereur dès (962), lui confèrent une certaine influence tant à sa cour qu'à celle de son fils Otton II du Saint Empire. Il intervient jusque dans des querelles privées de la famille Impériale, ce qui lui valut de se voir proposer le siège Pontifical après la mort de Benoît VI ou Benoît VII, siège qu'il refusa, se jugeant plus utile au milieu de ses moines. L'Impératrice Adélaïde et Othon 1er le Grand, son mari, lui confient la réforme des grands monastères en terre d'Empire, Ravenne, Pavie, Payerne, Parme. Mayeul resta à la mort d'Othon 1er, l'ami et le conseiller d'Othon II puis d'Othon III. Il est aussi très proche de Gerbert d'Aurillac, qui deviendra Pape sous le nom de Sylvestre II. Dans cette continuité d'alliances au sein desquelles son rôle familial et politique contribuera à affirmer la primauté clunisienne sur les 2 rives d'Empi et de Riaume.

Dès (967), Mayeul poursuit également l'oeuvre de réforme initiée par Odon, instaurant la règle bénédictine dans de nombreux monastères, renforçant ainsi l'influence de Cluny en Occident. Il diffuse ainsi la religion clunisienne dans des régions éloignées, comme Pavie qui la propagera à son tour. Ses liens avec l'Empire favorisèrent l'extension de "l'Ecclésia Cluniacensis" vers l'Est, débutée avec Odon, elle connaît un essor important assuré par le contrôle étroit de Cluny sur l'ensemble des monastères qui lui sont liés. Les 3 monastères de Cluny, Souvigny et Charlieu en forment alors le coeur. Il fut certainement l'un des conseillers de Hugues le Grand, duc des Francs, ce qui lui permit de réformer des monastères et d'y placer des Abbés réguliers. Enfin, il poursuivit les relations qu'Odon avait nouées avec la Papauté. Mayeul prit à coeur le développement financier de l'Abbaye, gérant avec soin les donations qui affluaient vers un Abbé dont le renom était immense. En tout ce sera environ 900 villages, droits et revenus paroissiaux, dîmes, etc., des alentours de Cluny, des régions de la Loire, du Bourbonnais, du Nivernais, des vallées de la Saône et du Rhône, qui enrichirent l'Abbaye. Ces donations sont, pour nombre d'entre elles, liées à l'organisation nouvelle de la mémoire des morts. Le culte qui leur est consacré prend à Cluny une grande importance. Outre les moines, il s'adresse aussi aux bienfaiteurs du monastère.

- La fin de l'Abbatiat de Mayeul

Lors de l'un de ses voyages à Rome, il ramène avec lui Guillaume de Volpiano. Quoique profondément attaché à sa recrue, Mayeul préfèrera Odilon pour lui succéder à Cluny, confiant au premier l'abbaye de St Bénigne de Dijon d'où il réforma de nombreux monastères notamment en Normandie. Appelé par Hugues Capet à réformer Saint Denis, Mayeul s'éteint en route, au prieuré de Souvigny le 11 Mai (994) à 84 ans. Le Roi prend en charge ses funérailles, enterré d'abord au Puy en Velay puis à Souvigny, jusqu'à la Révolution, sa dépouille sera l'objet d'une dévotion fervente. Le culte de Mayeul se répandit très vite et son tombeau devint bientôt un lieu de pèlerinage très fréquenté. Avant sa mort, il avait fait élire Odilon pour diriger la destinée de l'Abbaye. Mayeul fut l'organisateur de la réforme monastique au (Xème siècle), il fut un personnage, ferme, austère, brillant et séduisant. À cette époque, le bourg de Cluny, alors situé au Nord-Ouest de l'Abbaye, se développe et se dote d'une église. Il dépend de l'Abbaye, véritable seigneurie incluant probablement une cour de justice.

- Le culte de St Mayeul

Le culte de St Mayeul a revêtu une importance considérable au Moyen âge en Occident. La reconnaissance de la sainteté de Mayeul est attestée dans les 1ères années qui suivent sa mort. - Dès (996), le Roi de France Hugues Capet se rend en pèlerinage à Souvigny sur son tombeau. La bulle d’exemption délivrée par le Pape Grégoire V le 22 Avril (998) évoque "la bienheureuse mémoire de St Mayeul" ce qui constitue une sorte de brevet de sainteté.

* En (999), une chapelle du monastère Sainte Marie de Pavie est placée sous le vocable de Saint Mayeul, ce vocable est étendu par la suite à l’ensemble du monastère.
* L’arrêt à Souvigny de Robert le Pieux, Roi de France en (1019)-(1020) atteste un pèlerinage désormais bien établi. Son culte se répand jusqu’en Bretagne, Saint Mayeux, Côtes d’Armor, et dans le Jura, Chapois et le Lyonnais, Ternais, Rhône.
* Libérateur de la Provence grâce à la guerre menée en son nom contre les Sarrasins, il est aussi, dans la perspective clunisienne, le premier abbé de Cluny reconnu comme Saint, figure emblématique de l’Eglise Clunisienne affranchie de la tutelle des Laïques et des Evêques.

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