- Abbé Odilon "Cluny 994-1049"
(Né en Auvergne en (961 ou 962), mort la nuit du 31 Décembre (†1048) au 1er Janvier (†1049).
Il fut d’abord
Chanoine de St Julien de Brioude, paralysé des jambes, la
tradition veut qu'il obtienne la guérison de Marie et s'en aille
en Bourgogne, convaincu par Maïeul de le suivre à Cluny,
vers (990), où il se verra d'abord confier la charge des oblats,
ces enfants confiés par leurs parents aux monastères. Il
devint rapidement le bras droit de Maïeul, qui le choisit comme
Coadjuteur en (993). Il devint Abbé de Cluny
l’année suivante à 29 ans. Contrairement à
ses prédécesseurs, Odilon conserve le titre d'abbé
de Cluny dans les monastères qu'il réforme. Par le biais
de ses relations privilégiées avec Otton III, à
qui il rend visite à Pavie en (997), il obtient pour son abbaye
l'année suivante, du pape Grégoire V, un privilège
d'exemption, qui précise en détail les biens
détenus par le monastère, d'un côté des
biens qu'on pourrait qualifier de seigneuriaux, "villae et curtes", de
l'autre des biens plus ecclésiastiques, "églises, celles,
monastères". Mais, par dessus tout, c'est l'indépendance
vis à vis des Evêques que recherche Odilon, et qu'il
obtiendra pour tous ses moines, ceux de l'Abbaye mère, mais
aussi ceux des Abbayes filles, qui ne dépendront plus du
diocèse où ils se trouvent, mais dépendront de
l'Abbé de Cluny, lui même ne relevant que du
Saint Siège :
" Nous décrétons, sous peine d'anathème
pour les contrevenants, qu'aucun Evêque, aucun membre de l'ordre
sacerdotal, ne pourra venir dans votre vénérable couvent
pour consacrer l'église, ordonner des prêtres et diacres
et célébrer la messe sans y avoir été
invité par l'Abbé, et qu'il sera en revanche permis aux
moines de recevoir les ordres là où il te plaira,
à toi (Odilon) et à tes successeurs".
C'est
pendant son Abbatiat que commença le rayonnement, tant sur le
plan spirituel que temporel, de Cluny, aux dimensions de tout
l’Occident latin. Autour de l’an (1.000), le patrimoine du
monastère continua de s’accroître et, dans un
contexte de désagrégation du pouvoir politique, se
constitua la seigneurie Clunisienne. Odilon créa
également "l'Ordre de Cluny", vaste réseau
d’établissements dépendants de l’Abbaye
Mère.
C'est
de son époque que date la constitution d’une
historiographie proprement clunisienne. Sa propre oeuvre
d’écrivain nous montre une dévotion eucharistique
et mariale. Il écrivit des textes hagiographiques en
l’honneur de son prédécesseur Maïeul et de
l’impératrice Adélaïde. Il apparaît
comme le véritable fondateur de l'Ordre de Cluny, Il contribue
plus qu'aucun autre Abbé à l'expansion de l'ordre
Clunisien, c'est avec lui que l'ordre prendra sa forme et sa dimension
définitives, celui ci devient une véritable puissance
politique et, bien sûr, spirituelle. Comme ses
prédécesseurs, Odilon fait son possible pour limiter les
guerres féodales. Il sera plus que jamais le
conseiller et le conciliateur des Princes, le soutien inconditionnel de
la Papauté, le pacificateur et le civilisateur d'une
société Féodale violente,"ce n'est pas Dieu qui a
fait les nobles, mais l'usurpation et la force brutale"
avait il coutume de dire.
Il instaure la "Trêve de Dieu", par cette convention, les seigneurs s'abstiennent
de combattre pendant un certain nombre de jours consacrés à Dieu, du mercredi soir au lundi matin comme à
certain jours de fête liturgiques et nombreuses, le tout représentant quelques 300 jours de paix par an, un
véritable tour de force.
L'Abbé,
diplomate affirmé, se montre aussi proche des humbles, pendant
une terrible famine, en (1006), il vend ses ornements et se fait
lui même mendiant parmi les mendiants. Il sera le
réformateur des moeurs ecclésiastiques, Avec Odilon,
s'amorcera l'idée de reconquête sur les musulmans
d'Espagne, prémices d'une autre grande entreprise et c'est avec
lui que prendra corps cette notion nouvelle "d'Empire Monastique" qui
s'étendra tout au long des grandes voies du Moyen Age, marquant
ainsi ce rôle prestigieux joué par Cluny au cours de son
histoire. On lui doit
également l'institution de la "Fête des Morts", au lendemain
de la Toussaint, le 2 Novembre. C'est encore lui qui videra
les greniers du monastère et vendra ornements d'église et
autres objets précieux pour venir en
aide aux victimes de la grande famine de (1031). Odilon, qui avait
trouvé un "cloître de Bois" le
laissera "de Marbre"! Il mourut en dans la nuit du 31 Décembre
(†1048) au 1er Janvier (†1049), au prieuré de Souvigny et y fut
inhumé aux côtés de St Odon.
Haut de page
|