- Abbé de Cluny
"1049 à 1109"

(Né en (1024), mort le 29 Avril (†1109).

Hugues du germain "hug : "intelligence", fils de Dalmace, comte de Semur, naquit en (1024), est né au château familial de la seigneurie de Semur en Brionnais "Senemurium", puis "Semmurum", élevée à la baronnie. Agé de 7 ans il partit chez son grand oncle Hugues, Evêque d’Auxerre, afin d’y recevoir une éducation religieuse, plutôt que d’opter pour la carrière des armes. Il avait à peine 15 ans quand il intégra la communauté des chanoines de St Etienne d'Auxerre, à l’Abbaye St Marcel de Chalon et 2 ans plus tard il est à Cluny, vite remarqué par Odilon, Abbé de Cluny, pour son intelligence, il le nomme grand prieur de Cluny. A 20 ans (1044), Hugues est ordonné prêtre. A la mort d'Odilon, et à l'unanimité, les moines de Cluny le prirent pour abbé, et, pour la 1ère fois de l'histoire de Cluny, cet Abbé ne fut pas désigné du vivant de son prédécesseur. Hugues a 25 ans. Il va tenir les rênes de l'abbaye de Cluny pendant 60 ans.

L'abbatiat d'Hugues de Semur est sans aucun doute marqué par la collusion du temporel et du spirituel. L'abbé de Cluny, en effet, fera beaucoup de va et vient, entre les sphères politiques et les sphères ecclésiales. Dès l'année de son élection, en (1049), Hugues va participer au grand concile de Reims, dirigé par Bruno, ou Brunon de Toul, devenu le Pape Léon IX (1049)-(1054), il suivit ce dernier à Rome pour le Concile de Pâques (1050). Là il se lia d’amitié avec Frédéric, Abbé du Mont Cassin, élu Pape sous le nom de Etienne X, et avec Hildebrand, Abbé de Saint Paul, Hildebrand devint Pape quelques années plus tard sous le nom de Grégoire VII (1073)-(1085). Hugues fut à plusieurs reprises nommé légat du Pape, envoyé en missions difficiles dans l’empire de Germanie et même en Hongrie. En même temps qu'il prend part aux réformes, Hugues renforce les liens existants entre l'abbaye de Cluny et sa famille seigneuriale, l'Aristocratie Brionnaise et Charolaise en particulier. Le prosélytisme familial entraînera de nombreux membres de famille à se retirer au couvent en donnant à Cluny des biens assez considérables. C'est ainsi qu'autour de (1054)-(1055), Geoffroy II, frère d'Hugues, offrira à Cluny la terre de Marcigny, non loin de Semur en Brionnais, pour y fonder un monastère de "Dames Nobles", où beaucoup de femmes de la famille y prirent le voile. En fait, le prieuré de Marcigny sera une espèce de monastère double, accueillant 2 communautés en son sein, l'une composée d'hommes, l'autre de femmes, ce qui n'était pas très courant. 18 couvents de moniales seront ainsi fondés par la congrégation clunisienne, jusqu'à ce que le pape Hugues V (1199)-(1207) décide ne ne plus autoriser les nonnes à entrer à Cluny.

A la demande de l'empereur Henri III, dont l'épouse est sa propre Nièce, Hugues sera à Cologne pour tenir sur les fonts baptismaux le futur Henri IV qu'il assistera à nouveau, beaucoup plus tard en (1051) à Canossa, lorsqu'il viendra s'humilier aux pieds du Souverain Pontife et lui reconnaître sa seule suprématie spirituelle et sa seule autorité sur le clergé d'Empire, nouvelle tentative de remédier à cette, querelle des Investitures, qui opposait depuis si longtemps Rome à l'Empire. Avec l'Abbé Hugues, c'est l'éclatante affirmation de l'omnipotence de l'Ordre. Hugues doit aussi, comme ses prédécesseurs, défendre l'abbaye de Cluny de la rapacité des puissants : En août (1063), un concile extraordinaire se tient encore à Chalon. Son objectif est de traiter la plainte des moines de Cluny pour l'empiétement de leurs libertés par l'évêque de Mâcon. Ce concile s'ouvre sous la présidence de Pierre Damien, évêque d'Ostie, mais surtout légat du pape. Parmi les évêques on trouve Aganon d'Autun, Achard de Chalon, Drogon de Mâcon, Hugues de Nevers, Geoffroi d'Auxerre, mais aussi l'archevêque Hugues de Besançon et l'abbé Hugues de Cluny. Le légat rappelle les textes de fondation de Cluny, qui sont reconnus par l'assemblée, et Drogon ne peut que s'incliner : Cluny dépend du Saint Siège et non pas de l'Evêché de Mâcon.

La communauté est alors forte de 350 moines. C'est un va et vient incessant des puissants et des humbles, Papes, Empereurs, Rois, Voyageurs, Pèlerins et Indigents confondus se pressent aux portes de l'Abbaye. Les campagnes de travaux vont bon train, infirmerie, église Notre Dame de l'Infirmerie, Réfectoire, Hospices, la mise en chantier de la 2ème église abbatiale, "Cluny III", et si, du temps d'Odilon on avait dû construire grand pour recevoir quelques 400 hôtes, il fallait aujourd'hui en loger plus de 1.000. Les subsides arrivent de partout, Alphonse VI d'Espagne, réinvestit, dans l'église en construction le butin de guerre pris sur les Infidèles à la conquête de Tolède, en (1085), relayé en cela par Henri 1er d'Angleterre. Le rythme accéléré des affiliations de grands monastères, d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et de Pologne, fait de Cluny une Capitale. C'est l'apogée de la puissance et du rayonnement Clunisiens. L'Abbé de Cluny peut se flatter d'avoir changé l'Église et l'Occident.

Le pouvoir centralisateur qui est le sien, son extraordinaire personnalité et ce qu'on appellera plus tard sa Sainteté l'autoriseront aux côtés des puissants de ce monde à le régenter et à le réformer, en (1049), il voyage beaucoup, conseille les grands et s'entremet dans leurs querelles. Il est à la pointe de la grande Réforme Grégorienne qui adoucit les moeurs Féodales de l'Occident Chrétien et impose l'Indépendance de l'autorité Spirituelle vis à vis du pouvoir Séculier, celui des Seigneurs et des Souverains. Le principal promoteur de cette réforme majeure est un moine de Cluny, Hildebrand, élu à la Papauté sous le nom de Grégoire VII. Le Pape Urbain II poursuit et approfondit la réforme Grégorienne avant de prêcher la 1ère Croisade, né à Chatillon sur Marne sous le nom d'Odon de Lagery, il séjourne à Cluny avant d'être lui même élu Pape. Hugues est à Rome aux côtés du Pape Léon IX pour y juger et sanctionner d'abusives et illégales nominations d'Abbés ou d'Evêques. St Hugues rencontra également à plusieurs reprises Pierre Damien, grand conseiller des Papes pour la réforme de l’Eglise. Hugues mourut le 29 Avril (†1109), qui était le mercredi de l’octave de Pâques. Calixte II, qui avait été élu pape à Cluny même en (1119), revint à Cluny le 1er Janvier suivant et ordonna de solenniser par un culte liturgique l’anniversaire de la mort d’Hugues. Le culte de St Hugues fut célébré dès cette date, dans l’ordre clunisien.

- Notons enfin quelques particularités de l'abbatiat d'Hugues de Semur :

* Il décida que tous les novices devaient prononcer leurs voeux à Cluny.
* Il réduisit sensiblement le nombre des Oblats.
* A contrario, les domestiques et les tenanciers grossirent en nombre, à cause de l'orientation de plus en plus spirituelle de l'activité monastique, alors que le travail manuel ne représenta plus pour les moines de Cluny qu'une portion congrue de leur quotidien.
* L'Abbé de Cluny prenait régulièrement l'avis de 12 frères âgés et expérimentés.
* Renforcement du rôle des Prieurs, "Grand Prieur et Prieur claustral", dû en particulier à l'éloignement fréquent de l'Abbé de la maison mère de Cluny, en raison de l'organisation de tous les établissements monastiques de l'ordre.

La fin de l'abbatiat d'Hugues de Semur est une période un peu difficile pour l'abbaye de Cluny, mais Hugues a une bonne recette pour mettre un baume sur les soucis de son coeur, il se retire fréquemment dans la chapelle privée qu'il a fait construire, pour se ressourcer, c'est la Chapelle aux moines de Berzé la Ville. Vers (1080), Cluny entra dans le système de circulation monétaire, ce qui fit apparaître les énormes besoins budgétaires de l'abbaye, travaux d'aménagement, de réfection, frais de personnel rémunéré, dû à l'improductivité des moines, tournés vers la prière. De plus, l'apparition de nombreuses formes de monachisme, la querelle des Investitures, associée à celle d'avec l'épiscopat, qui gagne quelques batailles de prééminence en cette fin du (XIème siècle) :

* (1089 : Urbain II (1042)-(1099), pape en (1088) décide que nul Abbé ne peut recevoir d'église sans autorisation de son Evêque, et que nul Laïc ne peut donner de dîme à un monastère.
* (1094) : Le Pape interdit aux moines de servir des églises paroissiales.
* (1097) : Le Pontife décide que tout desservant nommé par un Abbé reste dans la juridiction de son Evêque.

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