Emmanuel-Joseph Sieyès

- l'Abbé Sieyès

Emmanuel Joseph Sieyès ou l'abbé Sieyès, prononcer [sjejɛs], né le 3 Mai (1748) à Fréjus et mort le 20 Juin (†1836) à 88 ans à Paris, est un homme d'Eglise, homme Politique et essayiste Français, surtout connu pour ses écrits et son action pendant la Révolution Française. Fils d'un employé des impôts et maître de poste, il fait ses études à Draguignan puis au séminaire de Saint Sulpice à Paris. Il entre dans les Ordres comme Prêtre en (1774) mais sans Vocation. Par la suite, il devient en (1775) Chanoine de Tréguier, attaché comme secrétaire de l'évêque de Lubersac, l'aumônier de Madame Sophie, la tante de Louis XVI, puis Vicaire Général de Chartres en (1787) et Conseiller Commissaire à la Chambre Supérieure du Clergé. Sieyès devient célèbre dès (1788) par son Essai sur les Privilèges. Mais c'est plus encore sa brochure de (1789) sur le tiers état ?, texte fondateur de la Révolution Française, qui obtint un grand retentissement et assure sa popularité. Il prend ainsi une part active à la Révolution Française jusqu'à sa fin, par sa participation au coup d'Etat du 18 Brumaire.

En (1789), élu député du Tiers Etat aux Etats Généraux, il joue un rôle de premier plan dans les rangs du parti patriote du printemps à l'automne (1789) et propose, le 17 Juin, la transformation de la Chambre du Tiers Etat en Assemblée Nationale. Il rédigea le Serment du Jeu de Paume et travailla à la rédaction de la Constitution.

- Député

Elu dans 3 départements à la Convention, il siégea à la Plaine mais dans le procès du Roi il vota avec la Montagne contre l'appel au Peuple pour la Mort et contre le Sursis. Il abandonna sa charge de prêtre selon les modalités en vigueur de la Constitution civile du Clergé. Pendant la préparation de la Constitution du 2 Thermidor de l'an III, le 20 Juillet (1795), il prononça un discours resté célèbre au cours duquel il proposa la mise en place d'un Jury Constitutionnaire, 1er projet d'un contrôle étendu de la Constitutionnalité des Actes des Oganes de l'Etat. Sous le régime politique du Directoire, il fut Président, en (1797), du Conseil des Cinq Cents. En (1798), il fut envoyé comme ambassadeur à Berlin. En (1799), il se résolut à entrer au Directoire en tant que Directeur. Il prépara le Coup d'Etat du 18 Brumaire selon lequel il démissionna de son poste de Directeur, puis il fut nommé Consul Provisoire par Bonaparte. Il devint Président du Sénat conservateur sous le Consulat. Il est nommé Comte d'Empire en Mai (1808). Pendant la seconde Restauration, après les Cent Jours de la fin de (1815) à (1830), il s'exila durant 15 ans pour Régicide à Bruxelles. Il ne rentra en France qu'en (1830). Il est inhumé le 25 Juin (1836) dans la division 30 du cimetière du Père Lachaise.

- Sieyès Politiques et Philosophies

Benjamin Constant dit de lui : "Personne jamais n'a plus profondément détesté la noblesse".

Ernest Seillière relève chez Sieyès une exhortation à l'opposition entre le tiers état, vu comme d'origine gallo-romaine, contre l'aristocratie, décrite comme étant d'ascendance Germanique, Franque. Sieyès proposait de "renvoyer dans les forêts de la Franconie toutes ces familles, Nobles, qui conservaient la folle prétention d'être issues de la race des conquérants et de succéder à leurs droits".

Il oppose le Gouvernement Représentatif, qu'il promeut, et le Gouvernement Démocratique, qu'il rejette :

     "Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet Etat Représentatif, ce serait un Etat Démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie, et la France ne saurait l’être, le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses Représentants. Discours du 7 Septembre (1789)".

Sieyès est alors vu en Science Politique comme un Contradicteur des théories de Jean Jacques Rousseau, alors que Rousseau se prononçait pour la Démocratie directe et fustigeait le modèle représentatif Britannique, Sieyès, moins confiant dans le peuple que Rousseau, choisit de défendre le système Représentatif. Dans le système représentatif, le peuple élit des représentants munis d'un mandat représentatif qui, eux, décident des lois qui s'appliquent, alors que la Démocratie directe suppose que le peuple décide des lois qui lui sont appliquées et que les délégués qu'il élit lui sont soumis par des Mandats Impératifs. La Doctrine Juridique parle souvent de "Souveraineté Nationale" pour qualifier l'idée de Sieyès de Gouvernement Représentatif en l'opposant à celle de "Souveraineté Populaire", celle de Démocratie Directe, soutenue par Rousseau puis revendiquée par l'aile Gauche du parti des Jacobins, celle dite des Montagnards dirigée par Robespierre, lequel avait surnommé Sieyès "la Taupe de la Révolution".

Sieyès, de plus, s'est montré Favorable au Bicamérisme, mais il soutenait un Bicamérisme différent de ceux Britannique et Américain, il réclamait un Bicamérisme pour éviter une Dictature d'Assemblée, sans Chambre Haute donc. Il a soutenu cette idée déjà dans des propositions pour la Constitution du 3 Septembre (1791). Ce sont ses idées en plus de celles de Bonaparte qui servent à concevoir la Constitution de (1799) instituant le Consulat. Ainsi, Sieyès est souvent considéré comme un précurseur de la Révolution du fait de son ouvrage Qu'est-ce que le Tiers Etat ?, mais aussi comme celui qui a déclenché le coup d’Etat mettant fin à la période révolutionnaire. Sieyès était partisan du Suffrage Censitaire. Il considérait que le vote est une fonction et que par conséquent seuls les individus ayant les capacités, intelligence, niveau économique, d'exercer cette fonction doivent y participer.

Il déclarait que "L’objet du Physicien", c’est d’expliquer les Phénomènes de l’Univers Physique. Puisque cet univers existe indépendamment de lui, le Physicien doit se contenter d’observer les faits et d’en démontrer les rapports nécessaires. Mais la politique n’est pas la physique, et le modèle de la nature ne s’applique pas aux affaires humaines. Pour Sieyès, la société est une construction Artificielle, un édifice, la science de la société devrait donc être, à proprement parler, une architecture sociale. De même que le jeune Marx devait reprocher à la Philosophie Hégélienne d’interpréter le monde, sans montrer comment le changer, de même le jeune Sieyès rejeta très tôt l’idée selon laquelle la seule tâche du Philosophe serait d’énoncer les faits Sociaux. Sa critique avait d’abord pris pour cible le Despotisme des faits sur les principes, qu’il décelait dans la Physiocratie. A la veille des Etats Généraux, il trouva une nouvelle cible dans l’approche historique adoptée par les disciples de Montesquieu et dans leur vénération, leur "extase gothique, pour le modèle de la Constitution Anglaise".

- à l'Académie Française

En (1795), Sieyès fut en premier lieu membre de la classe des Sciences Morales et Politiques, future Académie des Sciences Morales et Politiques de l'Institut de France. Lors de la réorganisation de (1803), il fut en outre élu dans la deuxième classe, qui succédait à l'Académie Française après plusieurs années de disparition, et où il remplaça, au fauteuil 31, Jean Sylvain Bailly, Guillotiné le 12 Novembre (†1793). Après la Seconde Restauration de (1815), Sieyès fut exclu de l'Académie, en (1816), en tant que Régicide, et remplacé aussitôt par le marquis de Lally Tollendal, nommé par Ordonnance Royale.

- l'abbé Sieyès, à l'Assemblée Nationale

Sieyès participe activement aux travaux de la Convention sur la Réforme de la Carte Aadministrative, et il propose d'adopter un découpage de la France en carrés de 5 km de côté pour les Communes, et de 50 km de côté pour les Départements.

- Sieyès et la Littérature

Son nom est toujours associé à ceux de Fouché et de Talleyrand dans "le brelan de prêtres", selon l'expression ironique de Carnot. Il est mis en scène par Honoré de Balzac dans Une ténébreuse affaire où Henri de Marsay fait le récit du complot contre Napoléon auquel Sieyès participe : "Fouché connaissait admirablement les hommes; il compta sur Sieyès à cause de son ambition trompée, sur monsieur de Talleyrand parce qu'il était un grand seigneur, sur Carnot à cause de sa profonde honnêteté". Un personnage portant ce nom est également présent dans l’œuvre La dernière campagne du Grand Père Jacques, d'Emile Erckmann, où il est cité comme créateur d'une constitution. Stendhal cite Sieyès dans son roman Le Rouge et le Noir au début du chapitre XII : "On trouve à Paris des gens élégants, il peut y avoir en province des gens à Caractère".

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