- Colomban de Luxeuil

* Naissance : (540) Navan en Irlande.
* Décès : le 21 Novembre (†615) à 75 ans Bobbio en Italie.
* Nationalité : Irlande.
* Béatification : (627).
* Canonisation : 23 Novembre (642).

* Vénéré par :
* l'Église : catholique romaine.
* Église : orthodoxe.
* Église : gallicane.
* Fête : 23 Novembre.

- Serviteur de Dieu
"Vénérable" "Bienheureux" "Saint"

Colomban de Luxeuil, le plus célèbre des St Colomban, à Bobbio en Émilie Romagne, est un moine Irlandais qui a évangélisé les populations campagnardes de Gaule, d'Allemagne, d'Helvétie, et d'Italie. Il est fêté le 23 Novembre car il est mort le jour de la présentation de Marie au Temple 21 Novembre.

Colomban, après avoir quitté l'Irlande, sillonne les Cornouailles Anglaises, il aurait débarqué en Bretagne, à St Coulomb près de St Malo, dans les années (570) puis, entre (570) et (575), évangélisé la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche et l'Italie. Après les troubles apportés par les invasions Germaniques, son oeuvre évangélique en Europe occidentale fut capitale pour la conversion des populations Germaniques, et la rechristianisation des campagnes. Ce "messager de Dieu" fascine encore ceux qui voient en lui un vecteur pour la promotion d'une Europe unie, aujourd'hui porteuse d'espoirs de paix et de fraternité entre les peuples. Des institutions religieuses se réclament de l'esprit de St Colomban. Un réseau européen d'échanges, regroupant des hameaux et des villes, se tisse sur les traces de St Colomban.

- Au VIème siècle son Chemin

En l'an (540), Colomban nait à Nobber, dans une riche famille du comté de Meath dans la province d’Aileach au Nord-Ouest de l'Irlande. Sa mère voyait pour lui un bel avenir mais, très vite Colomban rejette les plaisirs du monde pour devenir étudiant de Semell à Cluain Inis dans le comté de Donegal. Vers 20 ans, il devient moine, sous la direction de Comgall, au monastère de Bangor près de Belfast. Colomban est formé dans le contexte particulier du Christianisme Celtique, coupé de l'Église Romaine. Le Monachisme Irlandais est caractérisé par la règle du Saint qui met l'accent sur l’ascèse, le jeûne et autres mortifications. Sur le territoire de ce qui deviendra la France, il y a plus de 200 monastères mais aucune règle ne les relie encore. La vie ecclésiale se base sur un clergé séculier centré sur la cité ou diocèse, l’évêque réside dans le chef lieu et s'occupe de la cathédrale. La qualité du clergé est parfois contestable, surtout dans les paroisses rurales. Les populations ont mêlé le Paganisme à leurs pratiques Chrétiennes. Au (VIème siècle), St Benoît définit sa règle de vie monastique. Mais celle-ci ne prend de l'importance que plus d'un siècle plus tard. Il remplit plusieurs fonctions pendant près de 30 ans et il fonde le cloître de Durrow et l’abbaye de Kells. Dans la tradition des moines voyageurs Irlandais, il décide de s'exiler définitivement vers (580). Il part avec 12 compagnons vers l'Europe, Gall, Autierne, Cominin, Eunoch, Eogain, Potentin, Colomban le jeune, Desle, Luan, Aide, Léobard, Caldwald. Ils traversent la mer d'Irlande sur leur "curragh", bateau souple fait de lattes enveloppées de cuir. Puis ils longent les côtes de la Cornouailles Anglaise et font étape près de Tintagel. Les 2 villages de St Colomb Major et St Colomb Minor témoignent de ce passage.

- An 570 le Débarquement

Après l'éclatement de l’Empire Romain au (Vème siècle), la Gaule est envahie par les Germains venus de l'Est. Les Francs sont au Nord, les Wisigoths au Sud-Ouest et les Burgondes au Sud-Est. Clovis étend le royaume Franc à toute la Gaule mais, au début du (VIème siècle), sa succession redivise le pays. En se faisant baptiser vers (498), Clovis Ier devient le 1er Roi barbare à se convertir à la religion chrétienne. Au Nord-Ouest, la Neustrie est gouvernée par Clotaire II et Frédégonde, à l'Est se trouve l'Austrasie de Thierry II de Bourgogne et Brunehilde, au Sud-Est la Burgondie. L'Armorique reste un monde à part. Dans les traditions ils débarquent sur la plage du Guesclin en St Coulomb près de St Malo en Bretagne. Une croix en marquerait le souvenir et un lieu dit portant le nom d'ermitage serait une trace que le groupe a séjourné en ce village. Ensuite, ils se dirigent vers Reims en passant par Rouen et Noyon. Colomban souhaite rencontrer Childebert II, le Roi d'Austrasie pour solliciter un lieu de séjour. Il obtient le droit de s'installer dans ce royaume. Le groupe repart alors vers Châlons en Champagne, Langres, à la recherche d'un endroit propice à leur installation.

- An 587 "Annegray"
et An 590 "Luxeuil"

Ils arrivent dans les Vosges et se fixent sur le site d'Annegray "Anagrates" au pied de la montagne St Martin, sur la commune de La Voivre en Haute Saône, sur le site d'un ancien "castrum" Romain ruiné. Les moines entreprennent le défrichement des bois, la construction de bâtisses de chaumes. En même temps, ils accueillent les malades et commencent la formation de nouveaux moines. Colomban effectue une 1ère retraite dans une grotte de la montagne, actuellement sur le territoire de Ste Marie en Chanois. Selon la légende, la grotte était occupée par un "Ours" qui la lui céda, et c'est Colomban lui-même qui aurait fait jaillir la "source miraculeuse" située à proximité. Devant le succès des vocations, Colomban décide de créer un nouveau monastère à Luxeuil, lieu plus accessible et pourvu de sources aux vertus thermales. Lui et ses moines y pratiquent une vie contemplative équilibrée par un fort travail manuel. Ils se consacrent à l'éducation, aux oeuvres charitables, à l'évangélisation.

- An 603 le Conflit avec
l'Église Franque

Le Concile de Chalon est réuni pour statuer sur la question du calcul de la date de Pâques qui est fixée différemment par l’Église Romaine et les Irlandais. L'Église Franque suit le canon ou cycle Pascal déterminé pour (532) ans, à partir de la 28ème année de l'ère, en (457) ou (462) par Victorin d'Aquitaine, qui utilise le calendrier Julien. Il a été adopté par le concile d'Orléans de (541). Le calendrier Irlandais est calculé à partir du comput de St Anatole évêque de Laodicée qui vivait en Syrie au (IIIème siècle) vers (276). Colomban s'oppose aux évêques Mérovingiens, ne cède pas, en appelle au pape, Grégoire Ier.

- An 607 le Conflit avec Brunehilde

Colomban rencontre à Boucheresse Trévilly Brunehilde, grand mère du Roi Thierry II de Bourgogne. Alors qu'elle souhaite lui présenter ses petits enfants, Colomban s'insurge, "ils ne recevront pas le sceptre royal car ils sont issus de mauvais lieux". Pour lui, ce sont des "bâtards". En effet, le Roi Thierry II de Bourgogne n'avait pas d'épouse légitime et ses enfants étaient issus de plusieurs concubines. De guerre lasse, Thierry II avait épousé Ermenberge, princesse Wisigothique en (607), mais elle fut répudiée au bout d'un an. Cette entrevue est le début des ennuis de Colomban avec Brunehilde.

- An 610 l'Expulsion ratée

La Reine Brunehilde profite du conflit de Colomban avec l'Église Franque pour lui ordonner de partir avec ses disciples Irlandais et Armoricains. C'est donc le départ de Luxeuil vers Nantes en suivant la Loire. Ils passent par Besançon, Autun, Auxerre, pour atteindre la Loire à Nevers. Ils continuent en bateau vers Orléans, Tours puis Nantes où ils embarquent sur un navire en partance vers l'Irlande. Mais c'est un faux départ. Après un échouage, ils se retrouvent sur la côte Sud de Bretagne. Colomban décide de rester sur le continent et d'aller voir le Roi de Neustrie. Lui et ses compagnons remontent vers le Nord en longeant l'Armorique où règne le jeune Roi breton Judicaël. Colomban le connaît par l'intermédiaire de son conseiller St Malo qui a séjourné à Luxeuil. Ils poursuivent leur route par Rouen, puis Soissons. Colomban est très bien accueilli par Clotaire II qui lui accorde son amitié et l'invite à s'installer près de lui.

- An 612 Bregenz

Colomban préfère poursuivre son périple vers les peuples Germaniques. Le groupe passe par Meaux, La Ferté sous Jouarre, puis Metz, capitale du Roi Théodebert II d'Austrasie. Le Roi lui propose aussi de s'installer sur son domaine mais Colomban doit quitter l’Austrasie à cause de la défaite de Tolbiac où Théodebert II est battu par son frère Thierry II de Bourgogne. Théodebert II est enfermé dans un monastère puis tué sur ordre de Brunehilde sa grand-mère. Thierry II s’approprie l’Austrasie. Colomban poursuit sa route avec la barque qui fut mise à sa disposition. Le bateau traverse Mayence puis remonte le Rhin jusqu'à Bâle puis Waldshut. En suivant l'Aar et le lac de Zurich, ils arrivent à Tuggen. Ils repartent pour aller s'installer à Bregenz, sur la rive Sud du lac de Constance, sous la protection du Roi Clotaire II de Neustrie. Ils construisent un nouveau monastère. Colomban s'isole à nouveau en montagne.

- An 614 Bobbio

A nouveau menacé par la haine de Brunehilde, au faîte de sa puissance après la victoire de Thierry sur Théodebert, Colomban préfère quitter Bregenz et passer les Alpes. Le groupe des moines Irlandais a vieilli. La maladie atteint Gall qui s'arrête en route et fonde le monastère de St Gall qui porte son nom. A Coire, le moine Sigisbert se sépare du groupe et serait parti fonder un monastère à Disentis. Enfin Colomban atteint le col du Septimer et redescend vers le lac de Côme et la plaine du Pô. Colomban sollicite près d'Agilulf, Roi de Lombardie, l'octroi d'une terre. Il obtient la protection du Roi et surtout de la Reine Théodoline. Après quelque temps à Milan, Colomban part s'installer dans la vallée de Bobbio (PC). Lui et ses moines construisent, de nouveau, un monastère autour d'une vieille chapelle. La communauté de Bobbio a pris son rythme. Colomban s'est retiré dans un ermitage sur les hauteurs de Coli. C'est là qu'il meurt le 21 Novembre (615).

- Règle de St Colomban

Plusieurs règles sont attribuées à Colomban de Luxeuil, toutes destinées à organiser et conduire la vie des moines des monastères. St Colomban mit par écrit les principes sévères du monachisme Irlandais à destination des monastères Gaulois. Les oeuvres qu'il a laissées, connues sous le nom de "règles" sont en fait des textes très différents par leur nature et leur destination :

Rédigée entre (591) et (610) à l'intention des monastères continentaux d'Annegray, Luxeuil et Fontaines que le Roi Mérovingien Gontran lui avait demandé de réformer, elle insiste sur les vertus des moines. Cette règle est d’abord en vigueur à l’abbaye de Luxeuil, la 1ère fondée par St Colomban (594), puis à celles de Lure et de Fontaine lès Luxeuil. Lorsque Colomban doit quitter Luxeuil, il s’établit à Eustaise, puis fonde les monastères de Bobbio et 18 autres, Jouarre, abbaye de Remiremont. La règle connaît un certain succès, et près de 90 monastères l’adoptent, soit fondations des disciples de Colomban, comme Attala, Gall et Colomban le Jeune, soit imitation. Elle est de même utilisée par des monastères féminins ou doubles. Mais, extrêmement sévère, parfois imprécise, elle est modifiée ou abandonnée, dès (628), la règle de St Benoît est associée à celle de St Colomban dans les monastères qui en relèvent. En (745), le concile des Francs, dirigé par St Boniface de Mayence, préconise l’adoption de la règle bénédictine pour tous les monastères du royaume. La règle n’est jamais utilisée dans les îles Britanniques. Cependant, lors de sa réforme au (IXème siècle), St Benoît d'Aniane reprend quelques articles de la règle de St Colomban qu’il incorpore à la règle de St Benoît.

- Contenu de la règle

La règle est généralement jugée sévère, et comme insistant sur les mortifications. Elle s’articule autour d’une liste des devoirs du moine, découlant de 10 vertus, et des punitions en cas de manquement à ces devoirs.

Vertus du moines

Les 10 vertus commandées par la règle de St Colomban sont, outre la pauvreté, la chasteté et l’obéissance demandées par la plupart des règles monastiques, le silence, la frugalité dans l’alimentation, la récitation des psaumes, la modération, dans le comportement individuel, la mortification et la perfection.

Devoirs

Pour atteindre ces vertus, découlent des devoirs, la vie en communauté permet d’obtenir l’obéissance, au père abbé, qui donne l’humilité, la patience et la douceur, en côtoyant d’autres moines aux personnalités différentes. Le moine de St Colomban est pauvre, il abandonne tous ses biens, ne peut rien léguer, ni rien amasser durant sa vie. Le mépris des biens de ce monde est pour St Colomban la 1ère des vertus. La pauvreté doit s’étendre au monastère, il ne peut posséder que ses troupeaux, et donner aux pauvres tout don en numéraire. Pour préserver la chasteté, et comme la règle permet les monastères doubles, il est interdit à un moine de passer une nuit dans une auberge où se trouve une vierge, d’avoir des conversations régulièrement avec une vierge, de voyager avec une vierge. Le jeûne quotidien est également conseillé. Les jeûnes du mercredi et du vendredi sont obligatoires, dans les monastères suivant cette règle, on désignait le mercredi par certain, le 1er jeûne, et le vendredi par certain, le 2ème jeûne.

Les interdits et les pénitences

La règle de St Colomban se distingue par la sévérité et le nombre de punitions prévues pour les manquements à la règle. Le devoir d’évangélisation est une forme de pénitence, dite "pereginatio Dei". Elle existe déjà de façon informelle dans les monastères Irlandais. Il est recommandé de dormir le moins possible, il ne faut se coucher qu’épuisé. Pour y parvenir, la règle prévoit de nombreux travaux, manuels et intellectuels, de vastes "scriptoria" sont aménagés pour y recopier des manuscrits enluminés, et les moines travaillent la terre, dont les fruits nourrissent les moines et les pauvres.

La Règle conventuelle

C'est un pénitentiel, typique du particularisme Irlandais, destiné à assigner des peines ou satisfactions aux différentes fautes commises par les moines, il semble avoir été rédigé en 2 temps, caractérisés chacun par un style et un vocabulaire propre. Les 9 1ers chapitres sont considérés comme un recueil de sentences prononcées par Colomban alors qu'il était en Bourgogne. Il s'agit de guérir les coupables par des peines immédiates, principalement formulées en nombre de coups. Le 2ème pénitentiel, plus long que le 1er, traite 65 fautes. Il a probablement été rédigé dans la période qui a suivi le séjour Bourguignon, durant la migration vers l'Italie. Les pénitences sont formulées en jours de jeûne ou en récitations de psaumes et destinés à une communauté moins séparée du monde que la précédente. En outre la "Regula conventualis" comporte, dans 2 sources médiévales, des additions.

Le Pénitentiel

Recueil de sanctions pour les fautes commises, pour les laïcs, les clercs, et les moines. Cette oeuvre réunit 2 pénitentiels de structure identiques. Les fautes graves sont traitées d'abord, puis les légères. La confession et la proclamation des coulpes ne sont pas distinguées, toutes 2 sont publiques et communautaires.

Haut de page