- Saint Gilles

Selon les traditions, c'est vers le milieu du (VIIème siècle) à Athènes, que naquit saint Gilles, en Occitan "sent Gely ou sent Geris"> de son nom grec , Ne pas confondre avec "Ægidius", général Romain (Vème siècle). Son éducation fut brillante, comme elle devait être pour un jeune homme de race royale. On lui a attribué de remarquables ouvrages de médecine et de poésie; mais sa science était surtout celle des Saints.

Un jour qu'il se rendait à l'église, il rencontre un pauvre mendiant malade et presque nu, qui lui demande l'aumône. Ému de compassion, Gilles se dépouille de sa riche tunique et la lui donne: à peine le malheureux en est il revêtu, qu'il se trouve en parfaite santé. Le jeune homme comprit, à ce miracle, combien l'aumône est agréable à Dieu. Peu de temps après, à la mort de ses parents, il distribua tous ses biens aux pauvres et se voua lui même à la pauvreté, à la souffrance et à l'humilité. Mais Jésus-Christ ne Se laissa pas vaincre en générosité, et les miracles se multiplièrent tellement sous les pas du Saint jeune homme, qu'il en fut effrayé lui-même et se résolut à quitter son pays et à faire voile pour l'Occident. Pendant la traversée, il calma par ses prières une effroyable tempête et débarqua bientôt à Marseille, où il guérit la fille de son hôtesse.

Très vite, il s'illustra par des miracles mais du fuir sa renommée et aborda en Provence. Plus tard, on le retrouve à Orléans, Rome, Nuria en catalogne, où il sculptera une vierge pour les bergers, et où par la suite son culte se développera. Il se retire ensuite dans une forêt au Sud de Nîmes, où il vivra en ermite. Il sera chaleureusement accueilli à Arles, au bord du Gardon, par St Vérédème avant de se retirer en ermite dans la vallée Flavienne. Il la trouva dans une grotte sauvage, où, dégagé de toute préoccupation terrestre, il ne vécut que pour Dieu. Ses jours, ses nuits presque entières s'écoulaient dans une prière continuelle, dans l'adoration et la contemplation. Il jeûnait tous les jours; le lait d'une biche de la forêt, que Dieu lui envoyait, suffisait à son entretien.

Depuis 3 ans, Gilles habitait ce lieu solitaire, quand un jour Wamba, Roi des Visigoths d'Espagne, vint chasser jusque dans les forêts voisines avec une suite nombreuse. La biche qui nourrissait le Saint ermite, poursuivie par les chiens allait succomber; enfin, exténuée de fatigue, elle vint se jeter aux pieds de son maître. Gilles, ému jusqu'aux larmes, pria le Seigneur de protéger la vie de l'innocent animal. Une flèche, lancée par un chasseur, vint frapper la main de l'homme de Dieu et lui fit une blessure qui ne devait jamais guérir. La biche était sauvée, car le Roi, plein d'admiration pour cet homme qui lui apparaissait avec l'auréole de la sainteté sur le front, donna ordre de cesser la poursuite. Emu, il lui offrit la vallée Flavienne, il fit même, à la demande de Gilles, bâtir là un monastère.

Devenu abbé, St Gilles conseille les plus grands, Pape et Rois, "Charles Martel ou Charlemagne ?". On raconte qu'un grand personnage lui avait demandé l'absolution pour un très grand péché. Ce fut, selon la tradition, un "inceste" de Charles Martel ou Charlemagne, ce qui n'est pas possible au yeux de l'histoire, les dates ne correspondant pas. Il faut voir dans cet épisode la symbolique du geste et le désir de faire correspondre les miracles à de grands personnages, alors que St Gilles célébrait la Messe, un ange plaça sur l'autel un parchemin où était consignée la faute. Au fur et à mesure du déroulement de l'office, les traces écrites du péché s'effacèrent sur le parchemin !. La légende est liée à la fondation de l'abbaye de St Gilles, Gard, lieu de pèlerinage important sur la route de St Jacques de Compostelle.

Placé sous la juridiction de Rome, le monastère autour duquel se bâtit la ville, connut un très grand rayonnement. Dédié à St Pierre et St Paul, l'édifice verra mourir l'ermite le 1er Septembre (†720) ou (†721). Il se peut que le bâtiment ait été construit sur l'emplacement d'un ancien "Oppidum". Son culte se répandit rapidement, de nombreux pélerins venus de pays lointains, Flandres, Danemark, Hongrie, Norvège, Pologne, s'acheminèrent vers son tombeau, invoquant St Gilles contre le cancer, la stérilité des femmes et la folie. St Gilles reste un Saint invoqué aussi pour les peurs enfantines, les convulsions, les dépressions, particulièrement en Normandie, par exemple dans l'Eure à Iville, St Germain Village ou à Bernay ou encore dans le Calvados, à Touques, la peur et le feu, pour la guérison des maladies nerveuses, des lépreux, des mères allaitants, par référence à la biche qui le nourrissait de son lait, des maréchaux-ferrants et même des écoliers. La simple invocation de St Gilles efface tous les pêchés. Gilles est le Saint patron des infirmes. Mais le monastère, encore vers l'an (900), ne portait pas le nom de St Gilles. Plus tard, des villes et villages en France et à l'étranger portèrent son nom et plus de 2.000 églises le désignèrent comme patron. Le Saint, dont la 1ère "vita" connue fut écrite vers l'an mil, a son tombeau dans la crypte, de l'abbatiale de la ville de St Gilles du Gard.

En (1050), ce lieu devint l'un des 4 plus importants pélerinages de la chrétienté, après Jérusalem, Rome et St Jacques. Les pèlerins s'y arrêtaient et chantaient les louanges de St Gilles à leur retour dans leur pays. Au Moyen Age, le culte de St Gilles était très important, non seulement en Provence et dans le Languedoc, mais dans la plupart des pays de la chrétienté. Il était surtout invoqué comme Saint susceptible d'aider les pénitents lors des aveux difficiles. Il est aussi le St patron d’Édimbourg, Graz, Nuremberg, Osnabrück, Sankt Gilgen, Brunswick, Wollaberg, St-Gilles Bruxelles à Bruxelles, et St Gilles Waes. En (1630), une église de Trastevere à Rome lui est dédiée, l'église Sant'Egidio qui depuis (1968) abrite la Communauté de "Sant'Egidio".

En (1066), le monastère est affilié à Cluny, et en (1096), Urbain II consacre l'autel de la nouvelle église. En (1116), l'abbé Hugues rouvre le chantier de l'abbaye. De (1132) à (1179), c'est la période de prospérité. Le port sur le Rhône est en plein essor, marchands, croisés et pélerins animent la cité aux 7 paroisses. En (1208), l'assassinat du légat du Pape Pierre de Castelnau envoyé pour enrayer l'hérésie cathare provoque le début du déclin. En (1226), l'abbaye est soumise au Roi de France.

- La vierge de Saint Gilles

Selon la tradition, St Gilles est arrivé dans la vallée de Nuria aux alentours de l'an (700). Il résida dans la vallée pendant 4 ans. Toujours selon la légende, ce Saint sculpta une image de la vierge pour la vénération des bergers, la "Mare de Deù", qu'il cacha dans une grotte avant de fuir les Romains et leurs persécutions contre les chrétiens. Il laissa aussi derrière lui la marmite qu'il utilisait pour faire la cuisine, la croix qu'il utilisait pour ses prières et la cloche avec laquelle il appelait les bergers pour venir manger.

En (1072), un pèlerin originaire de Dalmatie appelé Amédeus, suivant une révélation divine vint chercher l'image de la Vierge dans vallée. Il construisit une petite chapelle où venaient les pèlerins. En (1079) il trouva la statue ainsi que la croix, la marmite et la cloche, et il transféra tous les objets sacrés dans la chapelle. La statue vénérée de nos jours est datée du (XIIème siècle). Il s'agit d'une sculpture en bois de style Roman et fait partie des "Vierges Noires Européennes". De traits primitifs, la sculpture conserve encore sa polychromie en parfait état. La Vierge tient l'enfant Jésus sur son genou gauche. Celui-ci a une de ses mains levée en signe de bénédiction. Tant Marie que l'enfant sont revêtus d'une cape et d'une tunique qui portent les couleurs traditionnelles des vierges noires. Avant la restauration, la statue avait une couleur noirâtre. Cette couleur lui a valu le surnom de "moreneta du Pirineu".

Une curieuse tradition a survécu jusqu'à nos jours. Les femmes qui souhaitent avoir des enfants mettent leur tête sous la marmite de St Gilles et font sonner la cloche. Chaque carillonnement représente un enfant que l'on espère béni par la Vierge. Les bergers considéraient la Vierge de Nuria comme la patronne de la fertilité. St Gilles du Gard possède une reproduction de cette vierge en majesté, copie, presque, à l'identique en bois, offerte à l'abbatiale le 8 Mai (2003).

- L'abbatiale Saint-Gilles

Avec le développement du pélerinage, l'église dédiée à St-pierre et à St-Paul du monastère primitif s'avère trop petite. En (1116), les moines entreprennent de construire un nouvel édifice, sur un plan absidial, au-dessus de l'église primitive qu'on appelle improprement crypte aujourd'hui et où reposera le corps du Saint. Elle sera plus vaste, de 98 mètres de long, large de 25 mètres, avec un déambulatoire et 3 nefs. La nef centrale, qui s'élevait à 26 mètres, arrivait jusqu'au choeur semi-circulaire et les nefs latérales aboutissaient à un déambulatoire flanqué de 5 chapelles rayonnantes et 2 chapelles latérales orientées. Malheureusement, des démolitions ont eu lieu pendant les guerres de religion (1562)-(1622) et la révolution française. C'est en (1650) que les catholiques de la ville purent envisager de restaurer une partie de l'église car les moyens financiers manquaient.

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