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Le
"Monachisme Bénédictin" est rapidement
dévoyé par l'immixtion des laïcs,
Empereurs, dans l'élection des Abbés, par la
perception d'impôts par les monastères. Une
1ère réforme est engagée par
Benoît d'Aniane et Louis le Pieux qui imposent la
règle Bénédictine, en
réduisant fortement la part laissée au travail,
et rétablissent la libre élection des
Abbés (818). Néanmoins, cette tentative
échoue après le partage de Verdun, les
monastères se placent sous la tutelle des Seigneurs afin
d'être protégés contre les pillards.
L'ordre clunisien s'inscrit dans la filiation de cette
réforme, il est plus conservateur qu'innovateur. En (909),
Guillaume le Pieux, abbé laïc de Brioude, fait don
de son domaine à Pierre et à Paul, pour qu'y soit
fondée une abbaye Bénédictine, qui
n'aurait d'autre tutelle que celle du Pape.
Représentation de Cluny III
C'est le 1er Abbé de
Cluny, Bernon, choisi par Guillaume le Pieux, qui fonde l'ordre.
Celui ci reçoit, en (931), le droit de rendre justice et de
prendre la direction de tout Monastère se plaçant
sous sa protection, ce qui lui permet de créer rapidement un
puissant réseau. Les principaux traits distinctifs de Cluny
sont la prière Perpétuelle, l'aide aux pauvres et le culte des
morts, qui constitue l'une des principales ressources du
monastère, le travail, si
important dans l'équilibre Bénédictin,
est laissé aux Convers. Cluny est profondément
ancré dans l'ordre Segneurial et Aristocratique. Le
monastère de Cluny fonctionne comme une sorte de place
forte, intégrant un bourg et ses activités
économiques. Au delà des murs s'étend
la Seigeurerie. Les moines sont défendus
d'éventuelles attaques par des Seigneurs alliés,
puis par les Bourgeois du bourg au milieu du (XIIème
siècle).
La seconde phase d'expansion de Cluny
se fait sous l'Abbatiat d'Odilon (994)-(1049). L'ordre reçoit
le privilège d'exemption, qui le libère
totalement de la tutelle de l'évêque
Diocésain. Accordé à Cluny seul en
(998), ce droit s'étend en (1024) à toutes ses
dépendances. Odilon instaure de véritables liens
juridiques entre Cluny et les divers monastères qui se sont
placés sous sa protection, formant une véritable
"Congrégation monastique". A cette époque sont
rédigées des Hagiographies des abbés,
l'histoire de Cluny et les "Cartulaires - Coutumes".
Cluny veut alors se charger de réformer non seulement les
moeurs de l'Eglise mais aussi celles de la
société, en étant à
l'origine, par exemple, de la "trêve de Dieu". C'est sous
l'abbatiat d'Hugues de Semur (1049)-(1109) que l'ordre connaît
son apogée, en Europe et jusqu'en terre Sainte. Cluny
participe aux grands choix ecclésiastiques,
réforme Grégorienne, développement du
pèlerinage de Saint Jacques. Le pape Urbain II, qui lance la
1ère croisade, est clunisien. Au début du
(XIIème siècle), l'ordre regroupe 1.400 maisons
et 10.000 moines. L'ensemble clunisien est
considéré comme un corps dont Cluny serait la
tête. Les conflits entre la "tête et les membres"
sont arbitrés par le Pape lui même.
Cependant, les 1ères
difficultés commencent à se faire sentir. En
(1098), la fondation de Cîteaux, en réaction
à Cluny, annonce une vive concurrence entre les 2 ordres.
Pierre le Vénérable (1122)-(1156), dernier grand
abbé de Cluny, doit soutenir des polémiques
contre Bernard de Clairvaux. Il se distingue de celui ci notamment par
sa plus grande tolérance à l'égard
d'Abélard. De nombreuses critiques affectent l'ordre, on lui
reproche son faste, son formidable enrichissement, qui ont cependant
favorisé le développement de l'art Roman, et son
relâchement moral. Pierre le Vénérable
entreprend donc une Réforme. La mise en place du faire
valoir direct rend l'ordre indépendant des dons.
Le 1er "Chapitre
Général" est réuni en (1132). Sous
l'abbatiat d'Hugues V (1199)-(1207), de nouveaux statuts sont
rédigés, qui instaurent un "Chapitre
Général Annuel". Si la situation de l'ordre se
stabilise grâce à ses efforts, il ne retrouve pas
son prestige initial, même s'il compte dans ses rangs
Richelieu et Mazarin. La généralisation de la
Commende, ajoutée à la dégradation de
la situation financière des monastères, amoindrit
la puissance clunisienne. A une phase de rémission, au
(XVème siècle), succède une
période de conflit au (XVIIIème
siècle). Comme à Citeaux, des divisions
apparaissent entre 2 Observances, "étroite observance" et
"ancienne observance". Richelieu, puis Mazarin, tentent en vain d'unir
l'étroite observance avec le mouvement de "St Maur" puis
celui de St Vanne, mouvement Lorrain. Les querelles internes ne
s'apaisent qu'avec la reconnaissance du Dualisme. L'ancienne Observance
réunit 30 Prieurés et l'étroite
observance 20 Monastères, parmi lesquels on trouve les
plus importants, Cluny, la Charité. A la même
époque, la congrégation de St Maur regroupe
190 monastères. L'ordre de Cluny est
définitivement supprimé à la
Révolution.
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