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- Abbaye de Fontfroide


- Présentation
* Culte : Catholique romain
* Type : Abbaye
* Diocèse : Carcassonne
* Patronage : Sainte Marie
* Début de la construction : (1093)
* Fin de la constuction : (1210)
* Origine religieuse : Ordre de St Benoît
* Cistercien : depuis 7 Mars (1146)
* Dissolution : (1791), (1848), (1904).

* Abbaye Mère :
- Grand Selve (1146)-(1791)
- Senanque (1848)-(1904)

* Lignée de :
- Clairvaux (1146)-(1791)
- Lérins (1848)-(1904)

* Abbayes Filles :
- Poblet (1141)-(1835)et (1940)
- Valbonne en (1940) (1242)-(1791)

* Congrégation :
- Bénédictin (1093)-(1146)
- Cisterciens (1146)-(1791)
- Cisterciens (1848)-(1904)


* Style : Roman
* Protection : Classsé Monument Historique (1862)
* Protection : Inscrit Monument Historique (1988)
* Protection : Classé Monument Historique (2001)
Situation
* Pays : France.
* Province : Languedoc
* Région : Occitanie Midi Pyrénées
* Département : Aude
* Ville : Narbonne

- Neuf cent ans d'Histoire

L'abbaye de Fontfroide est une abbaye Cistercienne. Initialement abbaye Bénédictine (1093), elle est intégrée à l'ordre cistercien entre (1144) et (1145). Dans la 2ème moitié du (XIIème siècle), elle reçoit d'importants dons en terres d'Ermengarde de Narbonne, puis au milieu du (XIIIème siècle), d'importants dons en terres et en nature d'Olivier de Termes qui lui permettent de réaliser de nouvelles constructions. Au (XIVème siècle), l'un de ses abbés, Jacques Fournier, fut élu pape sous le nom de Benoît XII. L'abbaye est classée à partir de (1862) au titre des Monuments Historiques.

L'abbaye Ste Marie de Fontfroide est située dans le massif des Corbières, près d'un torrent. C'est à cette source d'eau fraîche "fons frigida" qu'elle doit son nom. Les armes de l'abbaye représentent d'ailleurs une fontaine. A son apogée, elle possédait 24 granges et 30.000 hectares de terres. L'abbaye est fondée le (12) des Calendes de Juin (1093), sur des terres données par Aymeric II, Vicomte de Narbonne. En (1144), Fontfroide est rattachée à l'abbaye bénédictine de Grand Selve. (1) an plus tard, lors du passage de St Bernard dans la région, Grand Selve demande son affiliation à Cîteaux, dans la filiation de Clairvaux. En (1146), Fontfroide est à son tour rattachée à Cîteaux. Protégée par la noblesse de Narbonne, de Toulouse et de Béziers, elle prospère et essaime à son tour. On trouve dans sa filiation, entre autres, le monastère de Poblet en Catalogne (1149) et celui de Valbonne (1242). Fontfroide, située à la frontière du pays Cathare, devient, à la fin du (XIIème siècle), le bastion de l'Orthodoxie et ses moines sont envoyés par le Pape prêcher contre l'hérésie. C'est l'assassinat en (†1208) de l'un d'eux, Pierre de Castelnau, légat d'Innocent III, qui déclenche la croisade contre les Albigeois.

La paix revenue, les travaux de construction reprennent et le rayonnement de Fontfroide s'étend à nouveau sur toute la région. L'abbaye avec ses 24 granges entre Béziers et Perpignan, essentiellement vouées à l'élevage des moutons dont elle vend la laine, est une des plus riches de l'ordre. Jusqu'à la fin du (XIVème siècle), son influence reste considérable. 2 de ses Pères Abbés occupent les plus hautes charges de l'Eglise, Arnaud Nouvel, Cardinal, Chancelier de l'Eglise, Légat du Pape au procès des Templiers, puis Jacques Fournier qui devient Pape en (1317) sous le nom de Benoît XII. Mais en (1348), la peste noire frappe durement Fontfroide qui voit disparaître les 3 quart de ses moines. La communauté ne s'en relève pas. L'abbaye est prise dans la tourmente du Schisme d'Occident (1378). D'abord partisans de l'anti pape Clément VII, les moines de Fontfroide s'attirent l'ire d'un autre anti pape, Benoît XIII, qui met leurs biens sous séquestre jusqu'à l'arrivée d'un 3ème anti pape, Jean XXIII, qui les leur restitue. Un autre scandale éclate au milieu du (XVème siècle), l'abbé Pierre Ferrer est expulsé par le Chapitre Général, il reprend possession de l'abbaye par les armes. Il résiste à toutes les sommations jusqu'à sa mort en (†1454). Peu de temps après, en (1476), l'abbaye passe sous le régime de la Commende. Le nombre de religieux chute. Fontfroide perd son titre d'abbaye et est rattachée à l'évêché de Perpignan en (1764). En (1791), le monastère est vendu, mais pas détruit. Au (XIXème siècle), des travaux de restauration sont effectués, puis l'abbaye est rachetée en (1858) par les Cisterciens de Sénanque.

- l'Abbaye

Aujourd'hui, miraculeusement conservée, l'ancienne abbaye Cistercienne de Fontfroide est un témoignage exceptionnel de l'architecture religieuse des (XIIème siècle) et (XIIIème siècle). L'église Abbatiale de la fin du (XIIème siècle) est un pur chef d'oeuvre de l'art Cistercien alliant le plus grand dépouillement et la perfection de la construction, longue de 51 mètres. La grande nef en berceau brisé, qui culmine à 20 mètres de hauteurs, comporte 5 travées, elle repose sur des piliers dont les tailloirs à 2 mètres de hauteur semblent la rehausser encore. Dans les collatéraux, éclairés par des fenêtres en plein cintre, la voûte est en demi berceau. Au (XIVème siècle), des chapelles latérales ont été ajoutées au niveau du collatéral Sud. Le revers de la façade Occidentale est percé des 2 baies et d'une Rose. Des vitraux colorés ont au début du siècle remplacé les Grisailles Cisterciennes et irradient l'Abbatiale aux différentes heures de la journée. Remarquable abside à 5 pans.

A la croisée du transept s'élève un clocher hexagonal, dont la base est, à l'extérieur, percée de baies géminées. Le transept, légèrement saillant, a 2 croisillons d'une travée chacun. Il date des années (1230)-(1240). Dans le croisillon Sud, on trouve la tourelle d'escalier qui permet d'accéder au clocher. Dans le croisillon Nord, l'escalier mène au dortoir. 2 chapelles s'ouvrent dans chacun des croisillons, une Absidiole et une chapelle carrée qui sépare l'Absidiole du Choeur. Au niveau de l'Absidiole Sud, on trouve une chapelle du (XIIIème siècle). Les Absidioles, comme l'abside centrale sont voûtées en cul de four, voûtes d'ogives dans les travées droites, tandis que les chapelles carrées sont voûtées en berceau. L'abside est éclairée par 3 étroites baies en plein cintre. Dans le mur qui comble la différence de niveau entre la voûte de la nef et celle de l'abside, on trouve une fenêtre à 5 lancettes. La toiture est composée de dalles posées à même les voûtes. Dans l'angle Nord-Est, on trouve un petit clocher hexagonal à 2 étages, ornées de baies en plein cintre.

- Le cloître et les bâtiments conventuels

La construction du 1er cloître s'étend de (1180) à (1210). La partie basse du cloître date encore de cette époque mais de nombreux remaniements ont été effectués dans la 2ème moitié du (XIIIème siècle). Les galeries, qui comportent 4 baies, ne sont pas uniformes. Les galeries du cloître du (XIIIème siècle) sont voûtées d'ogives et s'ouvre sur le préau par des arcades plein cintre reposant sur des colonnes géminées. Les tympans s'ajourent d'oculi ou d'une rose. A droite du cloître le bâtiment des moines avec au rez de chaussée le réfectoire et à l'étage le dortoir. Le cloître a été construit entre le (XIIème siècle) et (XIIIème siècle). Du (XIIème siècle) datent les colonnettes de marbre polychrome et les arcs plein cintre. Au (XIIIème siècle), de grands arcs de décharges sont ajoutés, les galeries surélevées et voûtées d'ogives en remplacement de la toiture primitive en tuiles.

- la Nef

La construction de la nef fut entreprise dès l’affiliation à Cîteaux en (1145) ou, au plus tard, après la donation définitive par la Vicomtesse Ermengarde de Narbonne en (1157). Contrairement aux usages, on commença les travaux par la nef. Rythmées par 5 travées, la nef élève jusqu’à 20 mètres sa voûte en berceau brisé que soutiennent de massifs doubleaux rectangulaires. Ces arcs prennent appui sur des colonnes géminées, engagées dans de gros piliers carrés et s’arrêtant sur des consoles en quart de rond, à 2 mètres du sol. Des stalles sont disposées de part et d’autre de la nef pour constituer le choeur des moines. Cette nef contient également 2 collatéraux dont la voûte en demi berceau monte à 14 mètres. Ils communiquent avec la nef par de grandes arcades, à rouleaux soutenus par des colonnes engagées dans les piliers et reposant sur des piédestaux, à la même hauteur que les consoles de la nef. Dans le collatéral sud s’ouvrent 5 chapelles qui datent très certainement du (XVème siècle).

- Les vitraux

Dans cette église cistercienne, les vitraux peuvent surprendre. Du temps des moines, selon une règle rigoureuse, les fenêtres sont seulement garnies de verres en grisaille. Quand Gustave Fayet acquiert Fontfroide les verrières ont disparu. Ils adoptent alors le parti pris de la couleur avec son ami René Billa, musicien et peintre, ils installent dans la Bièvre la verrerie des Sablons. L’ensemble des vitraux de l’église sort de cette verrerie en (1913). Dans ce vaste ensemble, une originalité apparaît, les 5 vitraux du collatéral Nord présente la vie de St François d’Assise.

- le Transept et le choeur

Elevé après la nef, à la fin du (XIIème siècle), le transept a peut-être été remanié un siècle plus tard ou même au début du (XIVème siècle). Au fond de la croisée du transept Nord, un escalier relie directement l’église au dortoir des moines. Dans chacun des croisillons s’ouvrent 2 chapelles, toutes 4 orientées à l’Est. Les plus proches du sanctuaire ont une forme rectangulaire à chevet plat, les autres plus profondes, se terminent par une petite abside à 5 pans. A la croisée centrale du transept, la clef de voûte est remplacée par une ouverture circulaire, un oculus. L’édifice de l’église a dû s’achever par le sanctuaire, comportant choeur et abside. Légèrement surélevé de 2 marches, le 1er est couvert d’une voûte d’ogives. Du côté de l’Évangile, on aperçoit les vestiges, très mutilés, de tombeaux dont on peut penser qu’ils furent ceux des Vicomtes de Narbonne.

- Galerie et salle Capitulaire

Le mur de la galerie Est, immédiatement contigu à la porte de l’église, laisse deviner, derrière une statue Bourguignonne de la Vierge à l’Enfant et au panier de roses, l’emplacement obturé de l’Armarium. Dans cet évidemment ménagé sous l’escalier du transept étaient conservés les livres nécessaires aux offices, les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, les oeuvres des Pères de l’Église. La porte qui s’ouvre aussitôt après introduit à la sacristie, belle pièce voûtée en berceau. 5 travées rythment la galerie Est et la travée centrale apparaît vers le jardin entièrement évidé, sans arcature de colonnettes au dessus de la banquette et sans tympan, ouverture symétrique de celle qui, lui faisant face, constitue l’entrée de la Salle Capitulaire. Cette salle qui s'ouvre dans la galerie Est est un pur chef d'oeuvre de l'art Roman. La superbe voûte est soutenue, au centre, par 4 colonnes de marbre blanc surmontées de chapiteaux ornés de 2 rangs de feuilles de citel. Elle est couverte de 9 voûtes Romanes disposées sur des croisées d'Ogives. L'aile Nord de la galerie a été refaite entre le (XVIIème siècle) et le (XVIIIème siècle).

Le seuil servant de transition entre le cloître et la salle elle même marie la sobriété et la majesté, la puissance et la légèreté. L’arcade centrale en plein cintre s’appuie sur 2 groupes de 4 colonnes de marbre entourant une 5ème. La salle a vraisemblablement été construite entre (1180) et (1280). Contre les 3 murs pleins, arcs et nervures reposent sur les chapiteaux très simples de colonnes engagées. Au centre, ogives et doubleaux sont soutenus par 4 colonnes de marbre. Leurs chapiteaux évasés s’ornent de 2 rangs de feuilles plates, représentations stylistiques du Cistel, le roseau d’eau des étangs de Bourgogne qui a donné son nom à Cîteaux. A travers les colonnes du chapitre et de la galerie, répétée au delà par celles des autres travées du cloître, se découvre une surprenante perspective, fûts de marbre et arcs de pierre multipliés imposent l’image d’une forêt au profond recueillement. 2 bancs de pierre superposés courent le long des murs. A l’Est, 3 fenêtres éclairent la salle au delà de la Salle Capitulaire, un passage conduit au 2ème cimetière, celui de la communauté du (XIXème siècle). A l’origine, il servait pour le rangement des outils que prenaient les religieux avant de rejoindre les jardins ou les ateliers. A l’extrémité de la galerie Est, enfin, un escalier donne à l’étage du dortoir.

Au (XVIIIème siècle), les quelques moines restant, fort riches, aménagent certaines parties de l'abbaye selon le goût de l'époque. Ils construisent un logis abbatial et rectifient les alignement pour créer la Cour Louis XIV. Ils élèvent dans la cour d'honneur un fronton classique et un élégant porche d'entrée. Les jardins, implantés sans doute ici par Constance de Frégose au temps de l’Abbatiat Commendataire de ses 2 fils, à l'Italienne, à l'intérieur de l'enceinte du monastère, apportent des notes de couleur. Un tapis de lavandes illumine l'immensité minérale de la Cour Louis XIV, des géraniums rouge fleurissent chaque été dans le cloître alors que les rosiers rassemblés en 11 massifs de couleurs différentes irradient le collatéral Sud de l'abbatiale. Ils partirent en (1791).

- le Dortoir

Le dortoir des Frères Convers, fut construit au dessus de la Salle Capitulaire au début du (XIIIème siècle). A l’Ouest, 8 ouvertures durent être occultées aux 2 tiers vers (1250) quand les galeries du cloître furent surélevées pour faire place aux voûtes d’ogives. C’est une superbe salle à voûte de grès rose, en berceau brisé, sans aucun doubleau sur toute sa longueur. Dans sa partie la plus Méridionale, cet espace contenait un grenier où les sacs de grains étaient hissés par des ouvertures latérales, dont l'arc descend jusqu'au sol. La pièce est éclairée par 2 baies cintrées. Le dortoir des moines est identique. La partie opposée représente ce qui subsiste du dortoir des Convers après les transformations du (XVIIIème siècle).

- les Réfectoires

Refait au (XVIème siècle) et (XVIIème siècle), le réfectoire des moines présente la particularité d'être parallèle au cloître au lieu de lui être perpendiculaire, comme c'est habituellement le cas. Le réfectoire des convers, situé au Sud-Ouest, comporte 5 travées voûtées d'ogives, avec des arcs doubleaux qui retombent à 1 mètre du sol. Les imposantes dimensions de celui ci, dont la longueur avoisine les 50 mètres, amènent à imaginer une communauté de 180 à 200 Frères. Ce réfectoire donne sur la ruelle des Convers, un passage voûté en demi berceau qui permettait aux convers d'aller directement à l'église, sans perturber les moines. L’office est décorée à l’espagnole. Une remarquable fresque en céramique évoque la vie quotidienne populaire du (XVIIIème siècle). La cuisine fut aménagée à la fin du (XVIIIème siècle), avec son four à pain, dans l’ancien Scriptorium des moines.

- la Ruelle des Convers

Dans les abbayes cisterciennes normalement orientées, comme c’est le cas de Fontfroide, le sanctuaire étant disposé vers l’est, le cloître contigu et les bâtiments adjacents occupent la partie orientale du monastère. Les frères convers se trouvent donc installés dans la partie Occidentale, tournée vers l’extérieur. Là s’ouvre la porte principale par laquelle ces ouvriers peuvent sortir pour gagner le lieu de leur travail. C’est à partir de cette entrée que s’organise la distribution intérieure des bâtiments. Celle ci doit faciliter et en même temps réglementer la communication entre les 2 groupes de religieux. Il s’agit d’établir, tout en maintenant la séparation, des points de contact entre les lieux de vie. Par elle les Frères Convers avaient accès au cellier et au réfectoire, au passe plat de la cuisine, commune aux profès et aux convers. C’est en cheminant sous cette longue voûte en demi berceau qu’ils se rendaient au fond de l’église, sans déranger l’office psalmodié par les moines installés, eux, dans la partie opposée de la nef. Au (XVIIème siècle), les convers ayant disparu depuis longtemps, leur ancien dortoir, à l’étage, à été aménagé en spacieuses cellules pour des hôtes. Un grand escalier, que soutient un arc en anse de panier, conduit à l’entrée.

- Les derniers Moines

L'abbaye traverse la Révolution sans destructions irrémédiables.En (1858) une communauté de Cisterciens venus de Sénanque redonne vie au monastère, sous la direction du Père Jean, c'est le dernier abbé de Fontfroide, il meurt en (†1895). Après la loi contre les Congrégations Religieuses, les moines s'exilent en Espagne en (1901), laissant l'Abbaye à nouveau à l'abandon. Fontfroide est mise à la vente aux enchères en (1908), et est achetée par Gustave et Madeleine Fayet, des amateurs d'art qui la sauve du démantèlement et entreprennent une restauration exemplaire.

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