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Glossaire - Biographies
le Siège
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- Chronologie


* Xème siècle : Imposante forteresse de France et d'Europe. Fortifié dès le (XIème siècle), le château fut édifié à l'origine sur un promontoire rocheux émergeant d'un marécage, sur 2 hectares de roche, entouré de marécages, tandis que la rivière nommée Le Nançon emplit ses douves et entraîne un Quadruple moulin à eau. Le château de Fougères, l'une des principales clefs du duché de Bretagne, fut maintes fois assiégé, ruiné et reconstruit entre le (XIème siècle) et le (XVème siècles). Il offre un panorama complet de l'architecture militaire, depuis l'époque Romane jusqu'aux constructions de l'artillerie triomphante. A cet intérêt architectural s'ajoutent la richesse des souvenirs historiques et guerriers, et le caractère spectaculaire.

* XIème siècle : Les Seigneurs de Fougères sont maîtres du lieu. Lors de la conquête de l'Angleterre par les Normands, en (1066), l'un deux accompagne Guillaume le Conquérant et fait bonne figure à la bataille d'Hastings. Aussi reçoit il en récompense quelques terres en Normandie et quelques fiefs en Angleterre.

* XIIème siècle : 100 ans plus tard, Henri II Plantagenêt, Roi d'Angleterre, est déjà maître de la Normandie, puis par la dot de sa femme Aliénor d'Aquitaine, du Poitou, de la Guyenne et de la Gascogne. La Bretagne lui paraît une proie facile. Il assiège le château de Fougères dont le Seigneur, Raoul II (1130)-(1194), a ouvertement pris la tête d'un mouvement de résistance à ses visées. Le château, valeureusement défendu, est pris de haute lutte et démantelé. Le donjon est rasé en (1166). Des fouilles récentes ont découvert les vestiges d'une tour à colombages au sommet du promontoire rocheux autour duquel s'élève le château. Il s'agit très probablement des restes de l'édifice détruit en (1166). Raoul II cependant, sûr de l'intérêt stratégique du site, va reconstruire avec obstination une vaste forteresse aux solides et hautes murailles de pierre, hérissées de tour. Depuis lors, à l'étranger qui parvient au bord de ces collines, le château apparaît soudain, à la croisée des vallons, puissante enceinte qui défie le temps et les hommes. Son combat exemplaire contre les Anglais vaudra à Raoul II d'être un chef reconnu et respecté. Sa grande piété fera de lui le bienfaiteur insigne de l'abbaye de Savigny, à quelques lieues de Fougères, et le conduira à prendre part à la 3ème Croisade, aux cotés de Philippe Auguste et de Richard Coeur de Lion. Rentré à Fougères, il mourra sous l'habit monastique.

* XIIIème siècle : La place de Fougères est désormais pièce maîtresse dans les défenses avancées du Duché Breton. Or, ses Barons sont vassaux des Ducs de Bretagne, lesquels sont les vassaux du Roi de France. Si d'aventure l'ambition conduit quelquefois les Ducs au désaccord avec leur suzerain, voire à la rébellion, les Seigneurs de Fougères, dans la position clef qui est la leur, restent, par delà leur allégeance bretonne, fidèles au Roi. Ainsi Raoul III fait hommage de Fougères à St Louis, alors que Pierre de Dreux, dit Mauclerc, époux de l'héritière de Bretagne, est en révolte ouverte contre le Roi. C'est par surprise que Mauclerc s'empare de Fougères en (1231). L'armée du Roi de France reprend la cité, et St Louis en personne arrive bientôt sous les murs de Fougères, déterminé à en finir avec le Duc félon, retranché à St Aubin du Cormier. Raoul III, armé Chevalier par St Louis, devient son familier et son compagnon d'armes lors de la 7ème croisade, en Égypte. A son retour, il marie sa fille unique, Jeanne de Fougères, à Hugues de Lusignan, issu d'une vieille famille Poitevine qui fait remonter son origine à l'ensorcelante fée Mélusine. Après la mort de son père en (†1256), Jeanne sera une châtelaine très aimée du bon peuple, car elle embellit sa ville et la fortifie. Le château trouve un profil nouveau et une vraie majesté avec la construction des grandes tours, "Mélusine et Gobelin", et la cité, dotée de portes fortifiées, s'enferme dans un corset de remparts. Cette position de force et de sécurité permet un rapide développement du commerce et de l'artisanat. Fougères connaît la paix et la prospérité.

* XIVème siècle : Le mariage d'amour des Lusignan et des Fougerais ne dure malheureusement pas longtemps. Dès (1307), la Baronnie de Fougères est confisquée par Philippe le Bel, Prince aux méthodes expéditives, et elle appartiendra désormais à des maîtres lointains, Rois de France d'abord, Charles IV le Bel, Philippe VI de Valois, Jean II le Bon, puis aux Prince d'Alençon qui la reçoivent en apanage. Ces derniers, sollicités qu'ils sont par la meurtrière Guerre de 100 Ans, Charles d'Alençon est tué à Crecy, n'occuperont guère le château, malgré l'aménagement du logis intérieur. A tel titre que le nouveau Duc de Bretagne Jean de Montfort, soutenu par les anglais, conscient de l'importance de la place forte, va y mettre bon ordre et y installer sa propre garnison, comme il l'a fait à St Aubin et ailleurs. Du Guesclin, le fidèle Connétable de Charles V, vient délivrer les villes de haute Bretagne pour le compte du Roi de France et rend Fougères à son Seigneur Pierre d'Alençon en (1373).

* XVème siècle : Le château de Fougères va connaître le fond du malheur. Raoul II le valeureux était jadis le recours, le défenseur de la cité. Aujourd'hui, les Alençon sont loin. Jean d'Alençon 1er du nom, a été tué à Azincourt, et Jean, 2ème du nom, a été fait prisonnier à Verneuil. Des bandes mettent la région Fougeraise à sac. La ville, plus ou moins livrée à elle même, se tourne vers le Duc de Bretagne. D'ailleurs, c'est au Duc que Jean II d'Alençon vend la château de Fougères pour payer sa rançon aux Anglais, en (1428). Fougères place fortifiée, citadelle avancée, il lui manque un chef, une âme, comme on va le voir en (1449). En pleine trêve, un aventurier Aragonnais du nom de Surienne, à la tête d'une troupe anglaise, attaque les remparts au milieu de la nuit. L'effet de surprise est total, car la défense est inorganisée. Les habitants sont, pour beaucoup, massacrés, et la ville est pillée de fond en comble. C'est un désastre. Devant l'émotion générale, Charles VII reprend enfin les armes pour bouter cette fois les anglais hors de France. 4 ans plus tard, c'est la fin de la Guerre de 100 ans. Fougères cependant, où Surienne s'est retranché, aura dû subir pendant 2 mois un nouveau siège de la part du Duc de Bretagne François II. Une épidémie de peste s'est déclarée, et l'aventurier a dû se rendre.

* Le Duché : breton semble donc pouvoir compter à nouveau sur le bastion Fougerais. Pour mieux parer les coups de l'artillerie, devenue redoutable, le château est même doté de 2 tours trapues, aux assises puissantes, la "Françoise et la Tourasse". En (1488) un nouveau contentieux surgit entre la France et la Bretagne, et Fougères va se trouver une fois encore au centre de l'événement. La Tremoille, "Lieutenant Général" des armées Royales, s'empare vivement de St Aubin puis de Dol. Il encercle bientôt la place. Sa puissance de feu a raison des portes de ville, tandis que l'assèchement des étangs met la courtine du château à portée des troupes. Fougères tombe en 1 semaine. 3 jours plus tard, La Tremoille défait l'armée Bretonne 4 lieues plus loin, sur la lande de la rencontre, près de St Aubin du Cormier. Ces journées portent en elles, à terme, la fin de l'indépendance bretonne. Sans délai, le Roi de France met une garnison à Fougères, et s'y maintient, si bien que la ville devient Française plusieurs années avant l'ensemble de la Bretagne. C'est aussi la fin du rôle actif du château de Fougères dans l'histoire militaire. A l'ombre du château, devenu inutile, la ville retrouve la paix et se fait oublier.

* XVIème siècle : Pourtant, Fougères a un nom. Sa grandeur passée et ses fières murailles en font un apanage de choix. Aussi retient elle l'attention de la faveur Royale qui l'octroie d'abord à un valeureux Capitaine qui s'est illustré à Pavie. Puis, de (1547) à (1566), elle échoit à la favorite d'Henri II, la belle Diane de Poitiers. Ainsi parvient de la lointaine Italie et de la cour de France l'esprit nouveau de la "Renaissance", qui est l'art de vivre. Le Protestantisme, en revanche, ne touchera pas Fougères. Fief Catholique, alors que Vitré, sa voisine, abrite de nombreux Huguenots, la ville est pratiquement épargnée par les guerres de religion. Mais lorsque le Duc de Mercour, gouverneur de Bretagne et chaud partisan de la Ligue, se rebelle contre la mollesse et la tiédeur d'Henri III, quand il investit la place de Fougères, s'y enferme, s'y fortifie, attisant la guerre civile à 20 lieues à la ronde, châteaux et villages sont mis à mal, une fois de plus, par des mercenaires des 2 camps, Royaux et Ligueurs. Mercour ne rendre la ville qu'après l'abjuration d'Henri IV, et Fougères obtiendra son pardon.

* XVIIIème siècle : Fougères, derrière ses remparts d'un autre âge, attendra près de 2 siècles un nouveau rendez vous avec l'histoire. Vers (1775), des sociétés de pensée réunissent régulièrement les beaux esprits, nobles et bourgeois, dans les hôtels de la haute ville. D'autres fréquentent assidûment la loge maçonnique. Le Marquis de la Rouërie, un Fougerais, avec la généreuse turbulence de la jeunesse, franchit les mers pour mettre son épée au service des insurgés Américains en lutte pour l'"Indépendance et la Liberté". Revenu des États Unis, il veut défendre aussi, à Versailles, les prérogatives du Parlement de Bretagne, mais il se fait embastiller pour 2 mois. Son retour à Fougères sera triomphal. Les idées nouvelles se sont donc répandues. "Démocratie et Liberté" sont à la mode. Aussi la réunion des "Etats Généraux" de (1789) suscite t'elle tout d'abord un vif enthousiasme. Mais la constitution civile du clergé, l'installation effective de prêtres assermentés, puis la conscription, vont rapidement indisposer une grande partie de la population. Un homme du renom de la Rouërie peut facilement rameuter toute la noblesse des châteaux environnants et de Haute Bretagne, et les enrôler dans la "Conjuration Bretonne", surtout après les massacres Parisiens de Septembre (1792). Cette fidélité au Roi, beaucoup la paieront de leur vie.

* Dans : le même temps apparaît la Chouannerie, qui s'allume simultanément en forêt de Fougères et en Mayenne, non loin de Laval. Le mouvement est paysan, plus Catholique encore que Royaliste, mais bien des chefs sont Nobles, tel Aimé du Bois Guy, un Fougerais de 17 ans, aussi impétueux que brave. Les Chouans rejoignent l'armée Vendéenne en route vers Granville, et 30.000 hommes assiègent Fougères. Les Républicains, retranchés dans la ville, sont vite submergés. Château et cité succombent sous le nombre, le maire est fusillé. Les Bleus reviendront en force 15 jours plus tard, puis l'armée "Catholique et Royale" investira Fougères à nouveau. Flux et reflux des troupes laisseront chaque fois leur jonchée de cadavres, et l'on achèvera même les blessés sur leurs grabats d'hôpital. Dans tout le pays fougerais, embuscades, tueries, pillages, dénonciations, vengeances, engendreront des haines tenaces qui subsisteront bien après la fin de cette guerre inexpiable, en (1800).

* XIXème siècle : L'Empire déploie ses fastes, Napoléon parcourt l'Europe, une cohorte de vainqueurs à ses cotés. Parmi eux, un Fougerais, le Général Baston de la Riboisière, de qui relèvent les foudres de l'artillerie, à Austerlitz comme à Iéna, à Eylau comme à Smolensk, ou encore à la Moskova. Mais à Fougères, les blessures sont trop fraîches, et les combats fratricides trop récents, pour être facilement oubliées aux fanfares de la gloire nouvelle. Tout ce bruit ne dure guère, et Fougères reste comme stupéfaite et secrètement nostalgique de ce long passé qui semble s'en être allé. Aussi elle s'accommode de ses fières murailles, même envahies par le lierre. Dans un site qui garde sa grandeur, le château désormais déserté dresse encore son solide profil. Fougères est prête pour la poésie. Elle voit venir à elle écrivains et artistes, qu'elle va séduire par ses vallons romantiques autant que par son étonnante histoire. Elle entre dans les lettres, déjà, elle avait longuement reçu Chateaubriand. Descendu chez ses soeurs, il était adopté. Voici aujourd'hui Balzac, Hugo, Musset, Devéria, Maxime du camp, et plus tard Nerval et Mérimée. Tous restent sous le charme, et trouvent l'inspiration. Si la vie artisanale et commerciale est certes restée très active à Fougères, on peut dire cependant que la ville se réveille au milieu du siècle. Elle s'ouvre à l'ère industrielle qui va lui donner un essor nouveau et remodeler la configuration de son emprise urbaine, à tel titre qu'après (1900), elle sera connue surtout comme centre de manufactures de chaussures et comme ville ouvrière. La promotion touristique est pour plus tard.

* XXème siècle : Fougères devait souffrir une fois encore l'épreuve de la guerre. Occupée depuis (1940) par l'armée Allemande, elle subit le 9 Juin (1944) un sévère bombardement de l'aviation Anglo Américaine. Le bilan fut lourd, 300 mort, 500 blessés, certaines usines inutilisables, la moitié des habitations détruites ou gravement endommagées. Les Fougerais ont relevé les ruines avec courage, mais le visage de la ville à nouveau s'est trouvé profondément modifié. Après les combats de la Libération, Fougères s'est vu décerner la "Croix de Guerre", comme le rappelle à tous, non sans fierté, une décoration florale du jardin Public. Cette distinction voulait rendre un juste hommage aux combattants, aux résistants et aux déportés Fougerais. Elle honore aussi une cité qui paya de bien des assauts et de bien des drames sa position de citadelle avancée du duché breton, toujours exposée au coups, mais dont la loyauté fidèle, malgré ses maîtres du moment quelquefois, ne manqua jamais au pays de France.

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