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Biographies
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Chronologie -
le Trésor -
les Abbés
Photos
- Abbeye de Conques
- Présentation
* Culte : Catholique Romain
* Type : Abbatiale
* Rattachement : Ordre des Prémontrés
* Début de la construction : (XIème siècle)
* Fin des travaux : (XIIème siècle)
* Style dominant : Roman
* Protection : Classé Monument Historique (1840), (2002)
* Patrimoine mondial : (1998)
- Situation
* Pays : France
* Région : Occitanie
* Département : Aveyron
* Ville : Conques
- Sur le Chemin de Compostel
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Dans
la 1ère moitié du (VIIIème siècle), Dadon, noble Rouergat ayant vu
sa mère torturée par les Sarrasins, se fit ermite, entraînant avec lui
quelques disciples. C'est dans une vallée Aveyronnaise dont la forme
rappelle celle d'un coquillage, une Conque, "Concha" en latin, qu'ils
construisirent leur
1ère église. Pris sous la protection des Rois Carolingiens, le
monastère se dota assez rapidement d'un
trésor conséquent. Cependant, il apparut assez vite qu'une pièce
essentielle à l'essor de
Conques manquait, des Reliques, ceci était en effet indispensable pour
être considéré comme
une Grande Etape et non une halte quelconque, sur les chemins de, St
Jacques de Compostelle et pour drainer les offrandes des fidèles.
Ainsi, après avoir échoué dans la quête des restes prestigieux de St
Vincent en Espagne, les moines Conquois jetèrent leur dévolu sur ceux
d'une Ste moins connue et néanmoins populaire, Ste Foy, qui
étaient alors conservés à Agen. La vie de Ste Foy est contée dans un
poème Occitan
du (XIIème siècle), la Chanson de Ste Foy. La petite Foy, issue d'une
riche famille Agenaise, fut convertie au
catholicisme par l'évêque Caprais, à l'âge de (12) ans.
Le Proconsul Dacien, en application de
l'édit de Dioclétien, à l'origine de nombreuses persécutions, condamna
la future Sainte à mourir brûlée vive sur un gril, un
orage providentiel ayant éteint le gril, la petite Foy fut finalement
décapitée. Plusieurs miracles se
produisirent par la suite autour du tombeau de la Sainte, ce qui fit sa
notoriété. On lui attribue notamment le fait
d'avoir délivré des prisonniers. Le moine Aronis s'introduisit chez les
religieux Agenais, et, après (10) ans
pendant lesquels il sut gagner leur confiance, il obtint la garde des
reliques qu'il put alors aisément dérober en
(866). Conques devint alors un lieu de pèlerinage important sur la
route de St Jacques, via Podiensis. L'Abbaye
connaît son apogée au (XIème siècle). Une nouvelle église est alors
construite entre (1041) et (1082). Les 1ers signes de déclin
apparaissent au début du (XIIIème siècle). L'Abbaye subit de grands
dommages pendant la Révolution, si les habitants parviennent à sauver
le trésor, le Cloître est détruit. Depuis (1873), l'Abbatiale est
occupée par une
communauté de Prémontrés. La pièce maîtresse du trésor est le
reliquaire de Ste Foy, ce reliquaire en bois, couvert d'or et de pierre
précieuses, représente la Sainte sur un trône. Les traits de la statue
semblent un peu masculins, ils proviennent en fait de la récupération
d'un masque antique du (IVème siècle). Les pieds paraissent
extrêmement longs. On est loin de la représentation réaliste d'un
fillette de 12 ans.
- la Construction
A
la tête du
monastère durant 20 ans (1087)-(1107), le grand Abbé Bégon III déploya
une intense activité de bâtisseur, faisant monter tout l'étage des
tribunes dans l'église, ainsi que le cloître. Par la suite, aucun
document ne permet de
préciser le rôle exact de l'Abbé Boniface, son successeur, dans le
1er tiers du (XIIème siècle). Mais il faut probablement lui
attribuer le voûtement de l'Abbatiale et la construction de la façade
Occidentale.
Les étapes de la construction. La
grande expansion du (XIème siècle) devait permettre à l'Abbé Odolric
(1031-1065) d'entreprendre, sur l'emplacement de la basilique du (Xème
siècle), la construction de l'Abbatiale Romane actuelle. Les 1ères
campagnes de travaux se soldèrent par l'édification des parties basses
du chevet, Abside et Absidioles notamment, dont les murs se caractérisent
par l'emploi d'un grès de couleur
rougeâtre, extrait des carrières de Combret dans la vallée du Dourdou.
Ce matériau, jugé peut être trop friable, fut
abandonné sous Étienne II (1065)-(1087) qui assura la poursuite des
travaux vers l'Ouest. On voit se
généraliser alors le Rousset, un beau calcaire jaune vif provenant du
plateau de Lunel. Sa chaude tonalité
s'harmonise parfaitement avec le schiste gris local qui, dans la
maçonnerie, assure le remplissage partout où la
présence de pierres de taille ne s'impose pas.
L'édifications et la reconstruction.
La coupole Romane de la tour Lanterne, lancée trop hardiment au dessus
de la croisée du transept, s'effondra à
une date inconnue. La faiblesse des Trompes d'angle, destinées à
assurer le passage du Carré à l'Octogone, serait responsable du
désastre. La coupole fut remontée à la fin du (XVème siècle), entre
(1460) et (1490), en utilisant les techniques de l'architecture Gothique.
(I siècle) plus tard, en (1568) exactement, l'Abbatiale faillit bien
s'écrouler à la suite de l'incendie allumé par les Protestants. Les
grandes colonnes du choeur ayant éclaté sous l'effet des flammes, il
fallut les cercler de fer et les noyer dans un massif de maçonnerie.
Les tours de façade furent arasées, ainsi que le clocher central. Ce
dernier, exhaussé par la suite d'un
étage et surmonté d'une flèche charpentée, prit alors son aspect actuel.
- Une Nef élancée.
Une
fois franchi le Narthex couvert d'une voûte basse un peu écrasante, un
élancement audacieux, le jaillissement du vaisseau central qu'accentue
encore son étroitesse. Le plein cintre pour les arcs, des verticales
pour les supports, sans aucun ornement pour en atténuer la rigueur et
la sévérité en dehors des chapiteaux. A la croisée du transept, 4
forts piliers montent d'un seul jet jusqu'aux arcs qui soutiennent
au dessus du vide le tambour Octogonal de la coupole. Au delà, le
sanctuaire proprement dit comprend 1 travée droite prolongeant en
élévation la disposition de la nef, puis le fer à cheval du choeur
coiffé d'une voûte en cul de four allongé.
- Le Choeur.
Autour
du sanctuaire, les magnifiques grilles Romanes, faites d'enroulements
de fer forgé et terminées à près de 3 mètres de haut par des
pointes acérées, assuraient la protection des reliquaires contre toutes
les convoitises. Derrière elles, les pèlerins se trouvaient cantonnés
dans le Déambulatoire où ils disposaient de bancs de pierre pour se
reposer des fatigues de la longue route. Il faut noter la division du
déambulatoire en 7 travées, ce chiffre symbolique déjà rencontré à
propos des arcades du choeur et des chapelles Orientales, semble donc
caractériser les parties tournantes de l'Abbatiale.
- Les Tribunes.
Les
tribunes offrent des vues plongeantes d'un effet saisissant. Leur
fonction est beaucoup plus Architecturale qu'utilitaire puisqu'elles
assurent, en fait, la stabilité de l'ensemble du monument. Au dessus
des Collatéraux, leurs voûtes en quart de cercle viennent s'appliquer à
la naissance même du grand berceau de la nef et des Croisillons, de
chaque côté, à l'endroit où les poussées sont les plus fortes. Elles
l'épaulent sur toute sa longueur, jouant le même rôle que les
arcs boutants Gothiques, mais de manière continue. Ce système cohérent,
apparu presque simultanément à Conques, à St Sernin de Toulouse et à St
Jacques de Compostelle, favorisa à la fois le développement de la nef
en hauteur et l'évidement de ses murs latéraux. En effet, les tribunes
sont largement ouvertes grâce à une série de baies groupées par paires
et inscrites dans un arc de décharge.
- Les Chapiteaux.
A
Ste Foy de Conques, les structures internes multipliaient comme à
plaisir le nombre des Chapiteaux. Et ceux ci offraient un champ immense
à l'ornementation sur les faces des corbeilles ou des tailloirs, tout
en jouant leur rôle Architectonique de support, partout où règne
l'arcade. L'Abbatiale recèle intérieurement plus de 250
chapiteaux qui se répartissent, en majorité, soit à la retombée des
grandes arcades du Déambulatoire, du transept et de la nef, soit aux
tribunes. A l'extérieur, l'austérité a prévalu et les chapiteaux,
30 à peine n'ont pu se loger que sous les voussures des portes
et au chevet. Les 1ères campagnes de travaux, sous les Abbatiats
d'Odolric et d'Étienne II dans le 3ème quart du (XIème siècle),
nous ont livré le plus important ensemble connu de chapiteaux à
entrelacs avec celui de St Pierre de Rode, en Catalogne.
Ils sont 30 , tous taillés
dans le grés rose, à l'intérieur des Absidioles du transept et autour
du chevet, ainsi qu'au portail Septentrional. Les 4 chapiteaux à
entrelacs et palmettes du portail du croisillon Nord, par leur
richesse, se classent parmi les plus belles réussites de la sculpture
ornementale à l'époque Romane. Les 1ères expériences de
représentation de la figure humaine, sur fond d'entrelacs encore,
réalisées dans le déambulatoire, préparaient l'avènement du chapiteau
Historié, c'est à dire le complet épanouissement de la sculpture
Romane. Ainsi, dans le croisillon Sud, le cycle de St Pierre occupe
3 chapiteaux avec "l'Arrestation, la Délivrance et la Crucifixion,
la tête en bas, du prince des Apôtres". Sur la pile séparant les 2
travées droites du choeur, au Midi, le sacrifice d'Isaac est à
l'emplacement habituellement réservé à cette préfiguration du sacrifice
du Christ sur la Croix, c'est à dire à proximité du maître Autel.
- La condamnation de Ste Foy.
L'un
des derniers chapiteaux en date, sur la 4ème pile Nord de la nef,
est consacré à la condamnation de Ste Foy, victime des persécutions de
l'empereur Dioclétien. 6 personnages s'alignant autour de la
corbeille à intervalles réguliers, les pieds posés sur l'Astragale. Sur
le côté droit, un ange porteur d'une croix pose la main sur l'épaule de
Ste Foy, devant lui, comme pour l'encourager dans l'épreuve. Un homme
saisit la Sainte par le bras et semble l'entraîner de vive force pour
comparaître devant le proconsul Romain, Dacien. A l'angle opposé, ce
dernier est assis sur un trône et remet
lui même au bourreau la longue épée qui servira au supplice de la
décapitation. Sur le côté gauche de la corbeille, le mauvais génie de
Dacienait le pendant de l'ange gardien, il est représenté sous les
traits d'un diable hideux tenant à mains un serpent. Cette scène
expressive, d'une facture très sûre, annonce déjà le tympan du "Jugement
dernier".
- Les Vitraux de Pierre Soulages.
Si
à Conques, les fenêtres sont nombreuses, on en compte 104 pour un
édifice de 56 mètres de long seulement, c'est qu'il convient que
l'espace intérieur soit, imprégné de lumière, car il est, selon
l'expression du Médiéviste, l'image de la "Cité céleste", illuminée par
la gloire de Dieu. C'est la lumière émanant des baies qui, évoluant
avec la course du soleil, rythme cet espace et l'écoulement des heures
et des saisons, faisant de la basilique, une vaste machine à
emprisonner le temps. Quant à la bigarrure éventuelle des vitraux
d'origine, que laisse supposer le goût des moines de Conques pour la
rutilance des gemmes, rien ne la justifie plus aujourd'hui que les murs
de l'édifice sont nus, dépouillés de toute "fresque ou tenture". Et c'est
précisément dans la nudité de ses lignes, de ses plans, de ses pierres
, note Georges Duby, que cette architecture nous touche. C'est en
(1994), qu'il achève la réalisation de 95 verrières et
de 9 meurtrières visibles de l'intérieur comme de l'extérieur qui
respectent, tout en la magnifiant, l'austérité Romane et ses symboles
et invitent la lumière à pénétrer dans l'église. A partir d'un matériau
opalescent, l'artiste a trouvé un signe plastique singulier et
authentique retenant à la fois le monde sensoriel comme émotion et le
monde spirituel comme révélation finale.
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