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- Fonctions et Habitants d'une abbaye Bénédictine
* L'Abbé : les abbayes en règle sont dirigées par des Abbés Réguliers qui participent pleinement à la communauté de l'abbaye et qui sont garants de sa fonction religieuse. La règle de St Benoît regorge de mots tels que arbitrium "pouvoir", judicium "décision, jugement", praeceptum "règle", voluntas "bon vouloir", permissio "permission", qui soulignent fortement combien le gouvernement du monastère est personnel et tout entier dans les mains in arbitrio de l'abbé à qui il est recommandé au §27,17 de ne pas exercer un pouvoir tyrannique.
* Dérive de la fonction : fréquemment, l'autorité Royale a modifié le statut des monastères en abbayes en Commende. Ainsi elle nommait à leur tête un clerc non moine appelé Abbé Commendataire, qui pouvait vivre en dehors de l'abbaye, voire ne jamais s'y rendre, et bénéficiait de revenus liés à l'entretien de sa charge. La commende, abus fréquent, a entraîné le déclin de nombreuses abbayes, avec la paupérisation de la communauté et l'abandon progressif de sa vocation initiale religieuse, conséquence des frustrations et colères qu'elle a engendrées chez les moines. Certaines villes furent dirigées par les supérieurs d'une de leurs abbayes, on parle alors de "Prince Abbé", ce fut le cas de "St Riquier, Quedlinbourg, Gandersheim ou Fritzlar".
* Le Prieur : l'Abbé se choisit un Prieur pour le seconder durant son abbatiat. Il est au 1er rang des "Officiers" obaedentiarii qui sont chargés d'aider l'abbé à gouverner les hommes et à administrer les choses. Dire que ce fonctionnaire a les faveurs de Benoît de Nursie serait excessif, le partage des pouvoirs n'a pas ses faveurs. Il précise aussitôt, ce Prieur exécutera "avec respect tout ce qui lui sera ordonné par l'Abbé, il ne fera rien contre la volonté ou les ordres de l'Abbé, il observera d'autant plus soigneusement les préceptes de la Règle qu'il a été placé au dessus des autres." Le chapitre 65 , qui décrit l'institution des Prieurs, débute par les mots scandala "mauvais exemple, scandale", superbia "orgueil", tyrannides "tyrannie", dissensiones "discorde", invidiae "envie, jalousie", rixae "querelle"), detractationes "contestation".
* Les Doyens : Dès le chapitre 21 de sa Règle, Benoît parle des "doyens" ou dizeniers, c'est à dire des "frères de bonne réputation et de sainte vie, choisis non d'après le rang, mais selon leur mérite de vie et la sagesse de leur doctrine, afin qu'en toute sûreté, l'Abbé puisse, en partie, se décharger sur eux". Mais même dans le cas de ces hommes d'élite, la Règle prévoit § 21, 11-12 que l'un ou l'autre pourrait se gonfler d'orgueil et se montrer répréhensible. St Benoît ne nourrit guère d'illusions sur ses ouailles.
* Le Cellérier : le Cellararius est l'économe, l'intendant, l'administrateur général. Il veille au ravitaillement de la communauté, achète et vend les terrains et les bois, surveille les granges et les ateliers. Il est demandé à ce personnage important d'avoir au moins les qualités suivantes, l'obligeance, la mesure, la courtoisie, la bonne humeur, la politesse. Il a sous ses ordres, le chevecier de capicerius, étymologiquement "celui qui a la garde du chevet de l'église", aussi appelé luminier il est chargé du luminaire de l'église, sorte de trésorier qui règle les émoluments des chanteurs, du maréchal ferrant et du vétérinaire, et s'occupe des ornements d'autel et des vêtements des religieux.
* le Réfectoriste :.
* le Grainetier : spécialement chargé de veiller au bon ensemencement des terres, et qui avait le boulanger pistor sous ses ordres.
* le Jardinier : hortulanus.
* les Gardiens : des viviers, des vignes et des grains.
* le Pitancier : pistancerius.
* le Connétable : ou gardien des écuries.
* un Organisateur : de la cuisine et des repas, aux côtés duquel oeuvrent le cellerarius coquinae de la cuisine et le cellerarius vini des vins.
* Le Camérier : dit aussi chambrier, chambellan "chamberlain" en anglais, reçoit les revenus du monastère, gère et ordonne les fonds, tient sous clé l'argent, les reliques, les archives, les titres de propriété, les contrats d'affaires. Il doit veiller au confort des frères et leur fournir notamment les essuie mains, l'eau chaude pour le rasage, le savon, le cirage, aidé en cela par un vestiarius. Le sous chambrier allume les lampes au crépuscule et les éteint à l'aurore.
* Le Préchantre: praecantor, donne le ton à l'église, règle les rythmes des offices, enseigne le chant aux moines et aux enfants, a la charge de la bibliothèque, a la responsabilité du scriptorium. Son adjoint, le succentor, a pour mission, durant les offices de nuit, de rappeler à l'ordre les frères quelque peu somnolents.
* L'Hôtelier: hostiliarius, hospitalerius, est chargé d'accueillir les hôtes de passage, spécialement les "frères dans la foi et pèlerins". Il doit être au moins affable, souriant, diligent, d'allure respectable, de conversation agréable, disert, de contact facile, en un mot "extraverti". Il veille à la parfaite propreté des locaux, du linge, de la vaisselle, des couvertures, des nappes et des couverts, et, en hiver, fait préparer du feu et des chandelles. Il veille à ce que le cérémonial qui est prévu pour accueillir les hôtes soit en tous points respecté. Il s'entretient avec les hôtes et leur propose, si besoin il y a, de se laver les mains, manger, boire, se reposer. Le jour du départ, il procède à une tournée d'inspection pour vérifier que les hôtes n'oublient rien ou n'emportent rien.
* Le Maître des Novices : dans la Règle, il n'est cité qu'en passant, sous le nom de senior §58, 11-12 "apte à scruter les âmes et à surveiller les novices attentivement". "Où que ce soit, on les gardera en surveillance jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge de raison 15 ans à l'époque de la Règle".
* Le Chancelier : les abbayes ont, très tôt, une chancellerie, dont les officiers portent le nom de scriptor, notarius, cancelarius.
* Les Marguilliers : imatricularius, le religieux qui tient les registres, la matricule.
* Le Sacristain : le sacrorum custos a la responsabilité des vases sacrés et du trésor de l'église. Il veille à la propreté et au bon ordre de l'église, assure l'éclairage de l'église, du réfectoire, des appartements de l'abbé, du cellier, des locaux occupés par les hôtes. Il fournit les charbons ardents qui permettent à l'officiant de se réchauffer les mains, procure, en été, le foin et les plantes aromatiques nécessaires pour couvrir la terre des salles où il n'y a ni plancher, ni pavement.
* L'Infirmier : a la charge des malades. Il doit être au moins "craignant Dieu, dévoué et soigneux". Il doit s'occuper du jardin aux plantes médicinales, donner les soins nécessaires, assurer l'entretien du feu dans l'infirmerie et son éclairage, la nuit, et célébrer la messe chaque jour. L'infirmerie n'accueille pas que les malades, les vieillards, les infirmes, les déprimés y ont aussi leur place. On peut y parler, on y joue de la musique à l'intention des frères mélancoliques. On est dispensé de l'office et du travail, toutes bonnes raisons de se porter malade plus souvent qu'il n'est nécessaire.
* L'Aumônier : l'elemosynarius est chargé de distribuer les aumônes aux pauvres, aux mendiants, aux pèlerins, aux veuves, aux orphelins, aux clercs démunis, aux voyageurs, aux lépreux. Il doit au moins se montrer bon, modéré, rempli de compassion et de charité, supporter sans impatience les plaintes et les récriminations de ceux qui l'assaillent sans cesse.
* Les Visiteurs : de tous les "officiers", les plus importants sont les visitatores, ces "missi dominici" du pouvoir central, chargés de vérifier, sur place, si la vie quotidienne des couvents se déroule comme il convient, conformément aux préceptes de la Règle et aux décisions du "chapitre général". Leurs pouvoirs sont grands ce sont ceux que leur ont délégués le pouvoir central. Ils vont jusqu'à leur permettre de déposer un abbé ou de déplacer un religieux d'une abbaye dans une autre.
- Habitants du Monastère
Au Moyen Age, l'abbaye grouille de personnes qui ne sont pas des religieux, "frères lais; artisans; serfs" qui, en échange de leur travail, participent aux prières et aux bonnes oeuvres du monastère et ont, de ce fait, quelques garanties pour leur salut personnel; serfs volontaires, hommes libres engagés vis à vis de l'abbaye par un lien de servage personnel et la prestation d'un cens annuel, "affranchis et colons, tenanciers d'un lopin de terre monastique, prébendiers vieux ménages, accidentés du travail, serviteurs vieillis, vétérans plus ou moins valides" qui, en échange de la donation de leurs biens, des menus services qu'ils peuvent encore rendre ou parce qu'ils jouissent d'un bénéfice appelé "pain de l'oblat", reçoivent une pension alimentaire, travailleurs salariés, apprentis, écoliers, enfants "offerts" par leurs parents à l'abbaye, oblats aussi appelés "offerts, donnés, voués, rendus", laïques qui ont offert leur personne, leur travail et leurs biens au monastère, qui promettent obéissance à l'abbé, mais gardent leur liberté juridique.
L'économie intérieure de l'abbaye suppose la présence active de "moines profès", ce sont des moines ayant prononcé leurs "Voeux Religieux" au cours d'une cérémonie solennelle. Les profès sont assimilés aux clercs, à l'origine, les Prêtres étaient assez rares parmi eux. Mais assez vite, et en tous cas dès le (Xème siècle), une grosse partie des moines a accédé aux ordres sacrés. On trouve aussi des "novices, des convers, ou familiers", moines entrés adultes au monastère et le plus souvent illettrés. Au début, ils ne sont pas des religieux à part entière, on leur confie surtout des travaux manuels et leurs prières sont plus courtes, mais à la fin du (XIème siècle), ils sont admis à prononcer des voeux, sans devenir des moines au sens plein du terme .
Logement du candidat aux voeux § 58 de la Règle, le candidat aux voeux est mal reçu, on le fait attendre à la porte pendant 4 ou 5 jours, s'il persiste dans sa demande, on le loge pendant quelques jours dans le logis des hôtes. De là, il passe dans le logement des moines où il est pris en charge par un doyen (Cf supra). S'il persiste après 2 mois, on lui lit la "Règle Intégralement", s'il tient bon, on le conduit à la maison des novices où, durant 6 mois, il étudie, médite, mange et dort. On lui relit la "Règle", s'il tient bon, son stage est prolongé de 4 mois et on lui relit la "Règle" une fois de plus. S'il promet de garder toutes choses et d'observer tout ce qui lui sera commandé, alors il est reçu et logé dans la communauté
Prêtres et Moines étrangers, pour être admis dans le monastère, le prêtre doit insister, lui aussi, s'engager à respecter la discipline de la Règle et garder le rang où il est entré dans la communauté. Le moine "étranger, survenant de contrées lointaines" est admis à la condition qu'il ne vienne pas "troubler le monastère par ses vaines exigences", qu'il ne soit "ni prétentieux ni vicieux". S'il ne répond pas à ces critères, il est "poliment" invité à s'en aller.
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