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- les Verrières
Au (XIIème siècle) et
(XIIIème siècle), il était de règle que les
verrières soient exécutées en même temps que
les constructions des murs, des clôtures provisoires en
verrine, en paille ou en toile huilées n'auraient pas
résisté aux intempéries, et celles en vitrerie
incolore auraient coûté trop cher. Chartres possède
le plus important ensemble vitré du (XIIIème siècle)
présent dans un même édifice. 163
verrières subsistent de ce siècle alors qu'il ne reste
plus que 4 vitraux du (XIIème siècle) et 21
autres qui à compter du (XIVème siècle) ont
remplacé ceux du (XIIIème siècle). C'est donc 184
verrières dont 43 Roses et 141 lancettes, soient 2.600
mètres carrés de verre qui illuminent, les
après midi de soleil la pierre de la nef par des jeux de
lumières bleues, or, rouge. 158 verrières ont
été installées entre (1205) et (1235), c'est
à dire en (30) années. On compte en tout 3.889 figures
qui presque toutes datent du (XIIIème siècle),
3 grandes Rosaces, 35 Rosaces moyennes, 12 petites. Les
Vitraux de cette Cathédrale ont peu d'équivalent dans le
Monde.
La
plupart sont des dons d'abord des Rois de France et de leur famille
mais ausi de grands Seigneurs et des Corporations de la ville de
Chartres. La Rosace de la Façade Nord a été
donnée par la Reine Blanche de Castille et son fils St Louis.
La Rosace de la Façade Sud a été donnée par
Pierre Mauclerc Comte de Dreux puis Duc de Bretagne. L'Abside
possède 14 grandes verrières de 14 mètres de
haut. Dans les travées les vitraux de l'étage
supérieur sont consacrés aux Apôtres et aux Saints.
ceux de l'étage inférieur présentent des
scènes de la Bible et de l'Evangile. Les vitraux illustrent la
Geste de Charlemagne et relatent différents
événements et situations de cette époque
liés à la lutte contre les Sarrazins. On y retrouve en
particulier l'histoire de la mort de Roland à Roncevaux. Ces
vitraux ont été donnés par les Marchands de
Fourrures de Chartres. L'artiste s'est inspiré de la chronique
de Turpin et de Vincent de Beauvais. Les Cordonniers ont donné
les vitraux retraçant les vies de St Martin et de St
Etienne. Les Sculpteurs, Maçons et Tailleurs de pierre ont
donné l'histoire de St Chéron, les Tisserands
l'histoire de St Théodore et celle de St Vincent, les
Vanniers l'histoire de St Antoine et de St Paul.
- l’arc et la poussée
L'orsqu’après
l’incendie de (1194) on entreprend de reconstruire la
cathédrale, c’est une nouvelle
génération du Gothique qui est en train de jaillir. Le
génie des architectes a, (15) ans plus tôt,
inventé l’art de cueillir la poussée à la
racine des voûtes les plus hautes, au lieu de la ramener à
de plus modestes altitudes et de la compenser à la base par de
lourds contreforts. Dès lors que la croisée
d’ogives
concentre la poussée en quelques points, aux retombées
des travées, la poussée contraire qui combat
l’écartement des voûtes peut bien ne s’exercer
qu’en ces points précis, et non plus tout au long du mur.
Après l’ogive, voici l’arc boutant, encore, il faut
savoir où appliquer cette poussée. Lorsqu’en
(1214), l’architecte contre bute aux flancs de la nef les
1ères ogives de la nouvelle cathédrale, il en est
encore à tâtonner, c’est un appareil complexe, raidi
par 2 arcs superposés, qu’il accole au mur sur une
hauteur de 5 mètres, la précaution est
évidente, et pourtant,
on s’aperçoit vite que le mur bouge au dessus de ces
arcs boutants placés à l’évidence trop bas,
un 3ème arc, maladroitement ajouté, viendra allonger
la hauteur d’appui du système boutant.
Lorsque
vers (1216), un autre maître d’oeuvre élève
les voûtes de l’abside, c’est au contraire avec une
grande sûreté qu’il applique à la naissance
des poussées des arcs minces et élancés. On
n’en est pas encore à l’arc unique, mais la
précision permet déjà la
légèreté, tout comme sous la voûte,
où les ogives n’ont cessé de
s’alléger, les lourds arcs diagonaux des années
(1100) ont laissé la place à de fines nervures, et
l’appareillage finement calculé des ogives du
(XIIIème siècle) suffit à assurer la
rigidité de ces arcs dont les moulures multiplient les jeux de
l’ombre et de la lumière.
- le plan "Barlong"
Pendant le même
temps, la voûte change, avec la voûte d’arêtes
Romane comme avec la croisée d’ogives, la travée
carrée limitait l’ampleur des nefs, tout
élargissement avait pour 1ère conséquence
d’espacer les retombées au long des murs, donc
d’alourdir la charge de chacune. Le (XIIème siècle)
avait vu s’élever des voûtes à 6
compartiments, un arc supplémentaire soulageait en son milieu
la travée, cette voûte sextuple, qui est celle de la
cathédrale de Laon ou de N.D.de Paris, faisait donc
alterner le long des nefs des piles fortes, qui recevaient les ogives
et les doubleaux séparant les travées, et des piles
faibles chargées des seules nervures intermédiaires. Au
mieux avait on, à Laon comme à Paris, trompé
l’oeil en établissant la fausse égalité de
fortes colonnes inégalement chargées, dont la
poussée se répercutait dans les collatéraux sur
des piliers à colonnettes d’inégale
résistance.
La
génération suivante, qui allège encore les
voûtes, ose dans les années (1200) ce qui sera la
disposition définitive du voûtement Gothique, la
travée rectangulaire, le plan Barlong. Cela veut dire
qu’on élargit la nef, elle a 16m,40
à Chartres, sans espacer à l’excès les
retombées au long des nefs, l’alignement des piliers, dont
le profil continue maintenant jusqu’au sol, avec leurs
colonnettes, celui des nervures de la voûte, prend cette
régularité, ce qui donne son unité à la nef
de Chartres. L’architecte veille à ce que
cette unité ne soit pas uniformité, il fait se
succéder, à l’étage des grandes arcades qui
ouvrent sur les collatéraux, des piliers Carrés
cantonnés de colonnettes Circulaires et des piliers Circulaires
cantonnés de colonnettes Polygonales. La nuance est à
peine perceptible, qui rythme cependant fort bien les jeux de
lumière essentiels, c’est à dire verticaux, et
rompt la monotonie d’un long vaisseau sans altérer
l’unité des structures.
Colonnettes,
moulures, le décor intérieur est maintenant
architectural, c’en est fini des chapiteaux sculptés de
personnages et d’histoires, devenu simple élément
de l’architecture, le chapiteau ne porte plus qu’un
décor végétal qui évoluera lentement vers
un certain naturalisme, l’ampleur des espaces voûtés
est soulignée par ces jeux d’ombre qui changent
d’heure en heure au long des nervures et de colonnes qui se
prolongent, à peine reliées par de légers
chapiteaux au décor végétal, le décor
maintenant.
- La Lumière de Chartres
Le temps qui voit
s’élever les nefs de Chartres est bien celui d’une
victoire soudaine rapide, sur l’obscurité que voudront
retrouver les Romantiques en croyant comprendre l’idéal du
Moyen Age. C’est à 3 progrès purement
architecturaux que l’on doit cette lumière qui donne son
éclat au vitrail.
Le 1er , c’est la
suppression des tribunes qui surmontaient les nefs latérales,
dès lors que des arcs boutants contre butent la poussée
principale, il n'est plus besoin de cette superposition de voûtes
qui consolidait l’édifice mais multipliait les
écrans. Les nefs latérales montent maintenant d’un
seul jet, elles laissent ainsi passer jusqu’au coeur de la
cathédrale, par des arcades hautes de 14 mètres, la
lumière venue des fenêtres extérieures.
Le 2ème , c’est
l’arc engagé dans les murs, que l’on monte sur le
côté de la travée voûtée
d’ogives, cet arc formeret, qui souligne la rencontre du
voûtain et du mur, n’est pas qu’une
élégance de dessinateur, il soulage le mur, il facilite
le percement des fenêtres. Là encore, c'est la
lumière qui gagne.
Le 3ème progrès
se réalisera par étapes. L’arc boutant n’a
pas été élevé pour cela, mais il va
procurer l’avantage complémentaire d’une
évacuation des eaux de pluie collectées sur le toit,
jusque là, à Chartres le toit de la nef principale se
déverse sur celui, à simple pente, de la nef
latérale, couvrir celle ci d’un toit à double pente
serait une sottise, on concentrerait les eaux en une gouttière
sans issue, le toit à double pente ne deviendra possible
qu’au moment où l’arc boutant permettra la descente
d’une gouttière. Le mur qu’ornent à Chartres
les arcatures quintuples et quasi continues d’un Triforium
aveugle pourra alors s’ajourer. Le triforium subsistera encore
pour un temps, mais transformé en un étage de
fenêtres, un étage nouveau entre les fenêtres Hautes
qui ouvrent sur la nef à la racine des voûtes, et les
fenêtres Basses par lesquelles le collatéral reçoit
sa lumière. Un jour viendra où fenêtres et
triforium s’uniront en un seul étage de très hautes
fenêtres. Nous n’en sommes pas encore là quand
s’élèvent les hautes voûtes de Chartres. Le
vitrail, cependant, a déjà commencé de prendre le
1er rôle dans le décor Iconographique de
l’intérieur.
- du mur à la Rose
Les murs qui ferment
l’espace bâti perpendiculairement aux nefs, à la nef
principale comme aux 2 bras du transept, ne supportent qu’une
poussée légère, aisément absorbée
par le poids des massifs architecturaux sur lesquels
s’élèvent ou devaient s’élever les
tours, et ces murs singulièrement amincis, et de ce fait
porteurs d’ombres légères sur les fenêtres,
offrent maintenant une place de choix à cette éclatante
irradiation que procurent les rosaces. A l’Ouest, alors que les
audaces en sont encore à leurs débuts, le mur de la
façade rénovée de la vieille cathédrale de
Fulbert est encore extrêmement présent, mais les 3
immenses fenêtres que surmontera, au début du
(XIIIème siècle), une Rosace à l’ossature
fortement maçonnée, donnent déjà au verre
son importance nouvelle, la Rosace, c’est, et cela restera , un
complexe d’arcs opposés, jouant les uns contre les autres
et assurant ainsi la rigidité architectonique de la surface non
bâtie, même si le maître d’oeuvre mesure ses
risques et restreint la Rosace Centrale en l’entourant de 12
petites Roses, il n’en porte pas moins la verrière aux
limites que donne au mur l’appui de la voûte.
Le
temps d’une génération a passé. Les
architectes se croient tout permis. Aux façades du transept, que
l’on songe à doter de tours comme la façade
Occidentale, la rigueur des structures est bien la même, mais les
arcs rayonnants, sur leurs minces colonnettes, suffisent à
remplacer le mur. La façade Sud garde encore, vers (1229)
, 2 massifs de maçonnerie aux écoinçons qui
séparent, sur les côtés, la Rosace offerte par la
famille de Dreux des fenêtres hautes où les
Evangélistes apparaissent juchés sur les
épaules des Prophètes. Au Nord, 5 ans, plus tard, il
n’y a plus de mur, et les écoinçons sont
eux mêmes occupés par des verrières où les
fleurs de Lys de France et les châteaux de Castille rappellent le
mécénat de St Louis et de sa mère, la Reine
Blanche de Castille. Des hautes fenêtres, celles qu’ornent
les effigies des précurseurs du Christ à la Rose, la
façade n’est plus que verre, et le prudent agencement de
petites Roses autour d’une grande Rose laisse la place à
l’explosion lumineuse d’une constellation de
médaillons. La pierre s’efface. La couleur l’emporte
sur les jeux d’ombre.
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