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Glossaire - Biographies
Chronologie - St Nazaire
les Tours - les Murs - la Cité

(Carcassonne, Chef lieu du Département de l'Aude, sur l'Aude et le Canal du Midi.)

- Naissance de la Cité.

Vers le (VIIIème siècle) avant Jésus Christ, l'oppidum de Carsac est établi à 2 kilomètres au sud de la cité actuelle. L'agglomération étendue sur les hauteurs d'un plateau sur plus de 20 hectares est protégée d'un fossé et d'entrées en chicane. Sous la pression d'un accroissement démographique, le site est réorganisé et agrandi vers la fin du (VIIème siècle), un 2ème fossé complété par des levées de terre et des palissades en bois est alors aménagé pour assurer la protection de la nouvelle extension. L'"Oppidum de Carsac" est abandonné au début du (VIème siècle) avant Jésus Christ pour être transféré sur la butte dominant la plaine de l'Aude. Les vestiges recueillis lors de fouilles archéologiques témoignent de l'occupation de ce site du "1er Age du Fer jusqu'à la conquête Romaine", murettes en pierre sèche, silos à grains, fours de potiers ou de bronziers. La découverte d'un mobilier abondant, plus particulièrement de céramiques, amphores, coupes, vases, attestent l'activité de cette agglomération ouverte aux échanges commerciaux établis entre le pays Audois et le bassin Méditerranéen.

- Des Gallo-romains
aux Wisigoths.

Dès le (VIème siècle) avant Jésus Christ, le site connaît l'implantation d'un village Gaulois, puis le développement d'une ville Romaine. Des restes d'un Oppidum fortifié, "oppidum Carcaso", ont été mis au jour par des fouilles archéologiques, ainsi que des restes de céramiques de style Campanien et d'amphores. La ville subit des attaques diverses et se retranche derrière une 1ère série de remparts Gallo Romains. En (333) avant J.C. , les textes d'un pèlerin mentionne le "Castellum de Carcassonne". la fin du (IIème siècle) avant J.C. , l'agglomération désignée alors sous le nom de Carcaso est intégrée à la colonie de la Narbonnaise dont la fondation, en (118), constitue le 1er jalon de la conquête Romaine sur le Sud de la Gaule. Ce petit centre administratif et commercial placé sur la voie d'Aquitaine devint dans le dernier quart du (Ier siècle) avant notre ère le chef lieu de la colonie "Julia Carcaso" dont l'emprise occupe la partie Occidentale du bassin Audois. Ces remparts sont encore visibles dans certaines parties de l'enceinte et servent de soubassement aux actuelles murailles. Les tours de la Marquière, de Samson et du Moulin d'Avar sont les témoins de cette enceinte. Cette muraille a un rôle protecteur contre les attaques extérieures. En (453), la cité fortifiée devient une ville frontière au nord du royaume Wisigoth.

La cité de Carcassonne est située entre la Montagne Noire et les Pyrénées sur l'axe de communication allant de la mer Méditerranée à l'Océan Atlantique. En (507), les Wisigoths sont chassés d'Aquitaine mais conservent la Septimanie dans laquelle se trouve la cité de Carcassonne. En (508), Clovis lance en vain une attaque contre les Wisigoths pour prendre la cité de Carcassonne. En (585), la cité est de nouveau attaquée et les Francs en prennent le contrôle. Mais, les Wisigtohs la récupèrent dans la foulée. Au cours du (VIème siècle), Carcassonne est, avec Agde et Maguelone, le siège d'un évêché. Une cathédrale Wisigothique dont l'emplacement n'est pas déterminé est alors construite. De (725) à (759), la cité est aux mains des Musulmans et elle est reprise par les Francs grâce à Pépin le Bref. C'est cette époque qui inspira aux auteurs de l'histoire la légende de "Dame Carcas".

- Les Comtes de Carcassonne.

Au début de la Féodalité le 1er Comte mis en place par les Carolingiens est le Comte Bellon puis le Comte Oliba II. Ils sont censés dirigés la région tout en étant dépendant du Royaume Carolingien. En (1082), la famille Trencavel prend le pouvoir et englobe la cité dans une vaste principauté allant de Carcassonne à Nîmes. Bernard Aton Trencavel, Vicomte d'Albi, de Nîmes et de Béziers fait prospérer la ville et ordonne de nombreuses constructions. C'est pendant cette période qu'une nouvelle religion s'installe, le Catharisme. Le Vicomte de Trencavel permet en (1096) le début de la construction de la basilique St Nazaire dont les matériaux sont bénis par le Pape Urbain II. En (1107), les Carcassonnais refusent la domination de Bernard Aton et font appel au Comte de Barcelone pour le chasser. Mais, avec l'aide du Comte de Toulouse, Bernard Aton reprend le contrôle de la cité. En (1120), de nouveau, les Carcassonnais se révoltent mais il rétablit l'ordre quelques années plus tard. En (1130), il ordonne le début de la construction du Château Comtal appelé Palatium et la réparation des remparts Gallo Romains. Dès lors, la cité de Carcassonne est entourée de sa 1ère fortification complète. La cité est riche et constituée de 2 bourgs contenant environ 3.000 à 4.000 personnes. Le bourg le plus au Nord-Est le bourg St Vincent et le bourg St Michel est celui qui se situe au Sud de la "Porte Narbonnaise".

La "Croisade des Albigeois", ordonnée par le Pape Innocent III devant la montée du Catharisme, fait que la cité est alors assiégée en (1209) par les croisés. Raimond Roger Trencavel se rend très rapidement en échange de la vie sauve de ses habitants. Les bourgs autour de la cité étaient aux mains des croisés. Le Comte meurt de dysenterie dans la prison même de son château le 10 Novembre (†1209). Les terres sont données à Simon de Montfort, chef de l'armée Cathare. Ce dernier meurt lors de la bataille de Muret et son fils récupère la cité mais est incapable de la gérer. En (1224), Raimond II Trencavel reprend la cité. Une 2ème croisade est lancée par Louis VIII en (1226) et Raimond Trencavel doit fuir. La cité de Carcassonne est alors annexée au Royaume de France et une période de terreur s'installe à l'intérieur de la ville. La chasse aux Cathares entraîne la multiplication des bûchers et des dénonciations sauvages.

- L'époque Royale.

Louis IX ordonne la construction de la 2ème fortification pour éviter les guerres avec de long siège. Raimond Trencavel réfugié en Aragon et prêt à reprendre ses terres, mais aussi se protéger d'une possible attaque du Royaume Aragonais. De plus, ces constructions permettent de marquer les esprits de la population et gagner leur confiance. La cité fait partie du système de défense de la frontière entre la France et l'Aragon détenu par les Rois Espagnols. Les 1ères constructions concernent le château Comtal adossé à la muraille Ouest. Il est entouré de murailles et de tours à l'intérieur même de la cité pour assurer la protection des représentants du Roi. Ensuite, une 2ème fortification est commencée sur environ 1 kilomètre et ½ avec 14 tours. Cette enceinte est efflanquée d'une barbacane qui contrôle les abords de l'Aude.

En (1240), supporté par quelques Seigneurs, Raimond Trencavel tente de récupérer la cité. Mais, il est obligée de lever le siège et de prendre la fuite face à la défense du Sénéchal Guillaume des Ormes et à l'arrivée des renforts du Roi Louis IX. En (1247), il renonce devant le Roi Louis IX à ses droits sur la cité. La cité de Carcassonne est définitivement rattaché au "Royaume de France".

Cette place forte ne fut plus attaquée et résista même à la guerre de 100 Ans. De nombreux changements et agrandissements divisés en 3 phases eurent lieu dans la cité. Une 1ère phase de travaux est entreprissent après cette dernière attaque. Elles permettent de réparer les enceintes, aplanir les lices, ajouter des étages au château et construire la tour de la Justice. D'autres travaux constituant la 2ème phase sous le règne de Philippe III, dit le Hardi, furent organisées, constructions de la "Porte Narbonnaise", de la "Tour du Trésau", de la "Porte St Nazaire" et toute la partie de l'enceinte environnante, réparation de certaines "Tours Gallo Romaines" et de la "Barbacane du Château Comtal". Les bourgs de St Vincent et de St Michel sont détruits afin d'empêcher des éventuels soulèvements de leurs habitants. Enfin, une 3ème et dernière phase de travaux se déroule durant le règne de Philippe le Bel et consiste à moderniser la place forte. De nombreuses parties de l'enceinte sont reconstruites avec les dernières techniques de l'époque. Les murailles antiques de l'Ouest sont rénovés.

- La Cité est abandonnée.

En (1258), le traité de Corbeil fixe la frontière au niveau de Carcassonne. Louis IX renonce à sa Suzeraineté sur la Catalogne et le Roussillon et le Roi d'Aragon renonce sur les terres du Languedoc. La cité joue un rôle majeur dans le dispositif de défense de la frontière. Et sert d'arrière garde dissuasive aux différents postes avancés que sont les châteaux de Peyrepertuse, Aguilar, de Quéribus et de Termes. Au (XIIIème siècle), la cité de Carcassonne est l'une des place forte les mieux pourvues de France. A cette époque, de l'autre côté de l'Aude, une nouvelle ville dite ville basse se construit sous forme de bastide. La cité n'est jamais attaquée ni inquiétée et les troupes sont peu à peu réduite. En (1418), les hommes des garnisons occupent en général un 2ème métier.

En (1659), la cité de Carcassonne perd sa position stratégique militaire par la signature du Traité des Pyrénées qui fixe la frontière entre la France et l'Espagne à son emplacement actuel et rattache le Roussillon à la France. La cité est aussi abandonnée des habitants et ce n'est plus qu'un quartier pauvre de tisserands. Le siège Episcopal est même transféré de la cathédrale St Nazaire dans la cité vers l'église St Michel dans la ville basse. La ville basse prospère grâce à l'industrie drapière. Devenue arsenal, entrepôt d'armes et de vivres sous l'Ancien Régime puis sous la Révolution, elle fut rayée de la liste des places de guerre entre (1804) et (1820) et abandonnée, puis reclassée en 2ème catégorie. L'armée est alors prête à céder la cité aux démolisseurs et récupérateurs de pierres.

- La Restauration de la Cité.

L'abandon de la cité de Carcassonne provoqua sa détérioration. A la fin du (XIXème siècle), on recensera 112 maisons qui ont envahi les lices. Les tours se délabrent et la plupart sont converties en garages, hangars et autres bâtiments de stockage.

En (1850), la cité est sauvée de la destruction totale par Jean Pierre Cros Mayrevieille, notable, historien et habitant au pied de la cité. Il s'émut de la destruction de la barbacane dont les pierres étaient pillées par les entrepreneurs locaux. C'est à lui que l'on doit les 1ères véritable fouilles dans la cathédrale de la cité et la découverte de la chapelle de l'évêque Radulphe. L'écrivain Prosper Mérimée, inspecteur général des "Monuments Historiques", se prit également d'amour pour cette cité en déperdition. L'architecte Eugène Viollet le Duc, qui avait commencé la restauration de l'église St Nazaire, fut chargé d'étudier la restauration de la cité.

En (1853), les travaux commencent par la partie Ouest Sud-Ouest de l'enceinte intérieure puis par les tours de la "Porte Narbonnaise" et l'entrée principale de la cité. Les fortifications sont ça et là consolidées mais le gros du travail s'est concentré sur la restauration des toitures des tours, sur les créneaux et sur les hourds du "Château Comtal". Il ordonne aussi l'expropriation et la destruction des bâtiments construits le long des remparts. Eugène Viollet le Duc laissa de nombreux croquis et dessins de la cité et de ses modifications. A sa mort en (†1879), son élève Paul Boeswillwald reprit le flambeau.

Cette restauration fut fortement critiquée concernant les toitures, Viollet le Duc, fort de ses expériences de restauration sur les châteaux du Nord de la France, choisit d'utiliser l'ardoise et de restaurer les toitures en forme de pointe. Mais pour lui cela avait une logique historique, car Simon de Monforts et les autres chevaliers qui participèrent à la croisade des Albigeois venaient tous du Nord. Si dans la région, les toitures étaient plates et faites en tuile, il n'est pas impossible que ces Nordistes, qui étaient venues combattre dans le Sud en contrepartie de terre et de butins, n'aient pas ramené avec eux leurs propres architectes et techniques. C'est pour cela qu'aujourd'hui, on peut observer différents types de toitures dans la "Cité de Carcassonne". Le pont levis présent à l'entrée Narbonnaise est un autre exemple d'aberration effectuée lors de la restauration. Cependant, malgré ses erreurs, Eugène Viollet le peut être considéré comme un architecte de génie qui a offert aux visiteurs actuels cette superbe et imposante cité de Carcassonne.

En (1997), la Cité de Carcassonne est classée au "Patrimoine Mondial par l'UNESCO" et devient un site touristique important qui reçoit plus de 200.000 visiteurs au cours des 4 mois d'été.

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